Suite et fin sur le 16e Sommet des BRICS+ à Kazan en Russie (dossier-2024)
Ceci est le quatrième dossier que nous avons constitué sur le 16e Sommet des BRICS+ qui s’est tenueà Kazan en Russie du 22 au 24 octobre 2024. L’événement pourrait être historique si ce 16e Sommet constitue le point de départ de l’Alliance impérialiste orientale – que nous appelons aussi, l’Alliance du Pacifique, afin de marquer son opposition à l‘Alliance impérialiste Atlantique (États-Unis, Union européenne, OTAN)…le monde se rapproche de plus en plus d’une guerre globale.
Notre premier dossier est disponible ici : Que devons-nous attendre du 16e Sommet des BRICS+ le 22 au 24 octobre à Kazan en Russie? (Dossier) – les 7 du quebec
Notre deuxième dossier est disponible ici : Clôture du XVIe sommet des BRICS+ (Dossier-rétrospective) – les 7 du quebec
Notre troisième dossier est disponible ici : Les BRICS+ suite au 16e sommet mondial (dossier-2024) – les 7 du quebec
Veuillez prendre note que ces dossiers présentent plusieurs articles et divers points de vue sur l’organisation BRICS+. Le webmagazine n’endosse pas nécessairement ces opinions ou ces allégations. Chaque lecteur est libre de se forger sa propre opinion. Pour notre part nous présenterons notre analyse en zone Commentaire de notre blogue.
Les BRICS marquent l’histoire – peuvent-ils préserver le Momentum
par Pepe Escobar
Les coups du sort pas si simples permettent toujours à certaines villes de marquer l’Histoire d’une manière ineffable. Yalta. Bretton Woods. Bandung – un incontournable de la décolonisation en 1955. Et maintenant Kazan.
Le sommet des BRICS qui s’est tenu à Kazan, capitale du Tatarstan, sous la présidence russe, a été historique à plus d’un titre. Il a été suivi avec beaucoup d’attention par l’ensemble de la Majorité mondiale et avec perplexité par une grande partie de l’ordre occidental en déclin.
Il n’a pas changé le monde – pas encore. Mais Kazan devrait être considérée comme la gare de départ d’un voyage en train à grande vitesse vers le nouvel ordre multinœudal émergent. La métaphore était également spatiale : les pavillons de la «gare» du centre d’exposition de Kazan, qui accueillait le sommet, étaient simultanément reliés à l’aéroport et au train aéro-express menant à la ville.
Les effets des BRICS 2024 à Kazan seront perceptibles pendant les semaines, les mois et les années à venir. Commençons par les avancées.
Le manifeste de Kazan
1. La déclaration de Kazan. Il s’agit ni plus ni moins d’un manifeste diplomatique détaillé. Mais comme les BRICS ne sont pas un agent révolutionnaire – ses membres ne partageant pas d’idéologie – la meilleure stratégie consiste sans doute à proposer une véritable réforme, de l’Agenda 2030 des Nations unies au FMI, à la Banque mondiale, à l’OMC, à l’OMS et au G20 (dont le sommet se tiendra le mois prochain à Rio).
Le noyau de la Déclaration de Kazan – qui a été débattue pendant des mois – est de s’orienter concrètement vers des changements institutionnels en profondeur et de rejeter l’hégémonie. La déclaration sera présentée au Conseil de sécurité des Nations unies. Il ne fait aucun doute que l’Hégémon la rejettera.
Ce paragraphe résume la volonté de réforme : «Nous condamnons les tentatives visant à soumettre le développement à des pratiques discriminatoires à motivation politique, notamment, mais pas exclusivement, les mesures coercitives unilatérales incompatibles avec les 5 principes de la Charte des Nations unies, la conditionnalité politique explicite ou implicite de l’aide au développement, les activités, visant à compromettre la multiplicité des fournisseurs internationaux d’aide au développement».
2. La session de sensibilisation des BRICS. C’était Bandung 1955 sous macro-stéroïdes : un microcosme de la façon dont le nouveau monde, réellement décolonisé et non unilatéral, est en train de naître.
Le président Poutine a ouvert la séance et a donné la parole aux dirigeants et aux chefs de délégation des 35 autres pays, la plupart au plus haut niveau, notamment la Palestine, plus le secrétaire général des Nations unies. Plusieurs discours ont été tout simplement épiques. La session a duré 3h25. Elle circulera dans toute la Majorité mondiale pendant des années.
La session a été liée à l’annonce des 13 nouveaux partenaires des BRICS : Algérie, Biélorussie, Bolivie, Cuba, Indonésie, Kazakhstan, Malaisie, Nigeria, Thaïlande, Turquie, Ouganda, Ouzbékistan, Vietnam. Un tour de force stratégique comprenant notamment 4 puissances d’Asie du Sud-Est, les deux premiers «stans» d’Asie centrale, 3 Africains, 2 Latino-américains et la Turquie, membre de l’OTAN.
3. La présidence russe des BRICS elle-même. On peut dire qu’aucun autre pays n’aurait été en mesure d’organiser un sommet aussi complexe et impeccable, qui s’est tenu après plus de 200 réunions liées aux BRICS organisées tout au long de l’année dans toute la Russie par des sherpas anonymes, des membres de groupes de travail et le Conseil d’affaires des BRICS. La sécurité était considérable – pour des raisons évidentes, compte tenu des risques d’un faux drapeau ou d’une attaque terroriste.
4. Les corridors de connectivité. C’est le principal thème géoéconomique de l’intégration de l’Eurasie et de l’Afro-Eurasie. Poutine a explicitement nommé, plus d’une fois, les nouveaux moteurs de croissance du futur proche : L’Asie du Sud-Est et l’Afrique. Les deux se trouvent être des partenaires clés de plusieurs projets chinois très médiatisés de l’Initiative Ceinture et Route (BRI). En outre, Poutine a nommé les deux principaux corridors de connectivité de l’avenir : la Route maritime du Nord – que les Chinois décrivent comme la Route de la soie arctique – et le Corridor international de transport Nord-Sud (INSTC), dont les trois moteurs sont la Russie, l’Iran et l’Inde, membres des BRICS.
Ainsi, la Chine des BRICS traverse l’Eurasie d’est en ouest, tandis que la Russie, l’Iran et l’Inde des BRICS la traversent du nord au sud, avec des ramifications sous toutes les latitudes. Et avec tous les ajouts énergétiques, avec l’Iran qui se positionne comme un centre énergétique crucial, ouvrant la possibilité enfin réalisable de construire l’oléoduc Iran-Pakistan-Inde (IPI), l’une des sagas inachevées de ce que j’ai décrit au début des années 2000 comme le Pipelineistan.
Le retour du triangle Primakov
Dans toute la Majorité mondiale, on s’attendait à une percée majeure à Kazan dans le domaine des systèmes de paiement alternatifs. Les experts russo-chinois réalistes en technologie financière ont déclaré qu’ils ne voyaient «rien du tout, à part une nouvelle série d’initiatives concernant la bourse des céréales, la bourse des métaux précieux et la plateforme d’investissement. Le BRICS Clear est en train de se développer d’une manière ou d’une autre, mais le reste ne fonctionnera pas sans une infrastructure souveraine appropriée».
Et cela nous ramène au projet UNIT – une forme de «monnaie apolitique», adossée à l’or et aux monnaies des BRICS+, qui a fait l’objet de discussions approfondies au sein des groupes de travail et qui est parvenu au ministère russe des Finances. La prochaine étape nécessaire est un essai par un grand conglomérat d’entreprises. Cela pourrait se produire bientôt et, en cas de succès, incitera d’autres grandes entreprises des pays des BRICS à suivre le mouvement.
Quant à la plateforme d’investissement numérique des BRICS, elle est déjà en place. Parallèlement à la NDB – la banque des BRICS, et Poutine a encouragé l’ancienne présidente brésilienne Dilma Rousseff à rester à sa tête -, elle facilitera l’accès du Sud mondial au financement sans les redoutables conditionnalités d’«ajustement structurel» du FMI et de la Banque mondiale. La bourse aux céréales des BRICS, qui établit des règles claires et transparentes, sera essentielle pour garantir la sécurité alimentaire du Sud mondial.
Les BRICS ont clairement indiqué que le mouvement complexe vers une nouvelle infrastructure de règlement/paiement est inévitable, mais qu’il s’agit d’un long travail en cours, en particulier lorsque le G7 – qui, à toutes fins utiles, détourne l’ordre du jour du G20 le mois prochain à Rio – veut financer au moins 20 milliards de dollars d’un paquet de 50 milliards de dollars destiné à l’Ukraine avec des recettes provenant d’actifs russes volés.
Et cela nous amène aux problèmes les plus criants des BRICS. Il est extrêmement difficile de parvenir à un consensus sur des dossiers difficiles – et cela pourrait conduire, à long terme, les BRICS à s’orienter vers un mécanisme de majorité absolue pour faire avancer les choses.
Le cas du Brésil, qui a opposé son veto au Venezuela en tant que partenaire des BRICS, n’a pas été bien accueilli par les membres, les partenaires et le Sud mondial. L’actuel gouvernement Lula est peut-être soumis à une pression énorme de la part de l’establishment démocrate de l’Hégémon, mais cela n’explique pas en soi la décision.
Il existe un lobby anti-BRICS massif dans les plus hautes sphères du gouvernement brésilien, «facilité», comme d’habitude, par des ONG américaines ainsi que par la Commission européenne (CE), fortement infiltrée parmi les proverbiales élites compradores. Cette année, Brasilia a privilégié le G20 par rapport aux BRICS. Cela laisse présager des problèmes pour l’année prochaine, lorsque le Brésil assumera la présidence des BRICS.
Les perspectives ne sont pas vraiment brillantes. Le sommet des BRICS de l’année prochaine est prévu pour juillet – et la décision semble être définitive. Cela n’a pas de sens – faire la récapitulation d’un programme de travail au milieu de l’année. L’excuse officielle est que le Brésil doit également organiser la conférence sur le climat Cop-30 en novembre. L’économiste brésilien Paulo Nogueira Batista Jr suggérera donc d’organiser une session parallèle de synthèse des BRICS lors du sommet du G20 de 2025, qui se tiendra en Afrique du Sud, pays membre des BRICS.
Le président Poutine s’est montré très conciliant – proposant même à Dilma Rousseff de rester à la tête de la NDB. Pourtant, la présidence russe de la NDB commence techniquement l’année prochaine ; un candidat plus approprié à la tête de la NDB serait Aleksei Mozhin, qui était jusqu’à récemment le représentant russe au FMI.
Il y a une conclusion importante à tirer de tout ce qui précède. Kazan a prouvé que la force motrice des BRICS est en fait le fameux triangle Primakov – ou RIC (Russie, Inde, Chine). Il est désormais possible d’y ajouter l’Iran, ce qui en ferait le RIIC. Tout ce qui est important dans les processus interconnectés d’intégration des BRICS et de l’Afro-Eurasie dépend du RIIC.
L’Arabie saoudite reste une proposition ouverte. Même Poutine n’a pas répondu à la question de savoir si Riyad est dedans, dehors ou de l’autre côté du mur. Des sources diplomatiques laissent entendre que MbS attend le résultat des élections présidentielles américaines. Autant la richesse de l’Arabie saoudite est investie dans la sphère anglo-américaine – et peut être volée en un rien de temps – autant les relations avec le partenariat stratégique Russie-Chine au plus haut niveau sont excellentes.
Le RIC a marqué un grand coup juste avant le sommet de Kazan avec l’annonce par Pékin et New Delhi de la normalisation de leurs relations au Ladakh. Ce résultat a été obtenu grâce à la médiation russe. Erdogan a tenu à souligner son enthousiasme pour les BRICS pendant les quelques heures qu’il a passées à Kazan. Plus tard, à Istanbul, les universitaires ont confirmé qu’il était tout à fait sérieux quant au statut de partenaire de la Turquie et à son a dmission éventuelle en tant que membre à part entière.
Dans le langage des symboles, les minarets de la mosquée Kul Sharif, dans le Kremlin de Kazan, ont été la marque de fabrique de facto du sommet : la multipolarité graphique en vigueur. Les terres d’Islam ont bien reçu le message, avec des répercussions sérieuses et de bon augure. Quant aux chefs de train, alors que le train multi-nodal à grande vitesse quitte la gare, toute leur attention devrait se concentrer sur le RIIC. Que tous les habitants du Sud mondial fassent bon voyage.
source : Sputnik Globe Sur : Les BRICS marquent l’histoire – peuvent-ils préserver le Momentum – Réseau International
À Kazan (Russie), l’ordre du monde a basculé
par Thierry Meyssan
Le sommet des BRICS à Kazan a marqué la fin de la domination du G7 sur le monde. Les règles anglo-saxonnes qui organisaient les relations internationales seront progressivement remplacées par les engagements pris par chacun qui devront désormais être respectés. Cette révolution nous ramène aux tentatives de la Russie et de la France, en 1899, de fonder un droit international, mises à mal par la Conférence de l’Atlantique et le duopole États-Unis/Royaume-Uni.
Le XVI° sommet des BRICS élargis s’est tenu à Kazan (Russie), du 22 au 24 octobre 20241. Outre les neuf chefs d’État et de gouvernement déjà membres de cette organisation, onze autres y ont assisté, et une vingtaine d’États supplémentaires ont déposé leur demande d’adhésion.
Cet évènement est l’aboutissement de la stratégie initiée en 2009 par le président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, le président du gouvernement russe, Vladimir Poutine, le Premier ministre indien, Manmohan Singh, et le président chinois, Hu Jintao. Ces quatre hommes avaient imaginé des relations internationales, fondées sur la charte des Nations unies, permettant à chaque pays de se développer. Il ne s’agissait pas pour eux de se dresser contre l’impérialisme occidental du G8 (dont la Russie était membre jusqu’au coup d’État occidental du Maïdan), mais d’explorer une autre voie, sans les Anglo-Saxons.
Vladimir Poutine a joué un rôle central dans la création de cet organe de coopération économique comme le tsar Nicolas II l’avait joué dans l’invention du droit international, en 18992. C’est lui qui a organisé le premier sommet à Iekaterinbourg, même si c’est le président Dmitri Medvedev qui y représentait la Russie.
Dans une interview à l’occasion du sommet de Kazan, Vladimir Poutine, citant les propos du Premier ministre indien, Narendra Modi, a réaffirmé que «les BRICS ne sont pas une organisation antioccidentale, mais non-occidentale».
Dans leur déclaration finale, les chefs d’État et gouvernement abordent quatre sujets distincts3 :
Le multilatéralisme ;
La coopération pour la stabilité et la sécurité ;
La coopération économique et financière ;
Les échanges interpersonnels.
Le multilatéralisme (unipolaire ou multipolaire)
Après avoir observé que, indépendamment des centres de pouvoirs occidentaux, de nouveaux centres émergent. Ils réaffirment leur attachement à la Charte des Nations unies à la rédaction de laquelle tous participèrent, sauf les Émirats arabes unis qui n’étaient pas encore indépendants. Puis ils plaident pour une réforme de l’ONU et de ses agences afin que ses institutions s’adaptent au monde actuel et intègrent les nouveaux pouvoirs. S’ils ne donnent aucune date pour une réforme du Conseil de sécurité et du FMI, ils fixent l’horizon 2025 pour obtenir celle de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) et celle du conseil d’administration de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) .
Ils qualifient les «mesures coercitives unilatérales», c’est à dire les «sanctions» prises hors du Conseil de sécurité, comme «illégales», qu’elles soient politiques ou économiques.
Ils appuient les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), mais ne se prononcent pas sur les conclusions que les Occidentaux en tirent. Ils se disent profondément préoccupés par les tentatives visant à lier la sécurité au programme relatif aux changements climatiques. Plus loin dans le texte (§ 83), ils condamnent l’usage du prétexte climatique pour imposer des mesures protectionnistes unilatérales, punitives et discriminatoires. En outre, ils soutiennent les coopérations en matière de lutte contre les gaz à effet de serre, conformément à l’article 6 des accords de Paris (§ 85). Rappelons que l’académie des Sciences de Russie récuse l’interprétation anthropocentrique occidentale des changements climatiques.
Ils s’engagent à promouvoir et à protéger les droits de l’homme, y compris le droit au développement, et les libertés fondamentales dans le cadre des principes d’égalité et de respect mutuel. Identiquement, ils s’engagent à intensifier la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y sont associées, ainsi que la discrimination fondée sur la religion, la foi ou la conviction, et toutes leurs formes contemporaines dans le monde, y compris les tendances alarmantes de l’augmentation des discours haineux.
Ils s’entendent sur une position commune face aux conflits actuels non sans avoir fait référence à la résolution 2686 (2023) du Conseil de sécurité (qui dénonce les discours d’intolérance et de haine) et à la résolution 46/182 (1991) de l’Assemblée générale des Nations Unies (sur l’aide humanitaire d’urgence). De même, ils rappellent la nécessité de respecter les préoccupations légitimes et raisonnables en matière de sécurité de tous les pays.
Suit une longue liste de prises de position.
• Gaza (§ 30)
Ils soulignent qu’il est urgent d’instaurer un cessez-le-feu immédiat, global et permanent dans la bande de Gaza, de libérer immédiatement et sans condition tous les otages et détenus des deux parties qui sont détenus illégalement en captivité et de fournir de l’aide humanitaire durable et à grande échelle, et de mettre fin à toutes les actions d’agression. Ils soutiennent cependant la solution à deux États (initialement le plan colonial de Lord Peel) qui leur paraît la seule solution pacifique possible.
• Liban (§ 31-32)
Ils condamnent «l’acte terroriste prémédité» consistant à faire exploser des bipers et des talkies-walkies, le 17 septembre 2024. Ils condamnent identiquement les attaques contre le personnel de l’ONU, les menaces à leur sécurité et demandent à l’État hébreu de cesser immédiatement ces activités au Liban. Ils se prononcent pour un strict respect de la résolution 1701 (2006), étant entendu qu’elle s’applique identiquement à Israël qui doit donc se retirer derrière la «ligne bleue» (ligne de démarcation).
• Yémen (§ 33)
Ils se prononcent pour la liberté de navigation, mais, au lieu de condamner Ansar Allah comme les Occidentaux, ils entendent s’attaquer aux causes du conflit, et soutiennent le dialogue et le processus de paix sous les auspices de l’ONU.
• Syrie (§ 34)
Ils insistent sur le fait que la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie doivent être strictement respectées. Ils condamnent la présence militaire étrangère illégale qui entraîne une augmentation des risques d’un conflit à grande échelle dans la région. Ils soulignent que les «sanctions unilatérales» illégales exacerbent gravement les souffrances du peuple syrien. Ils se prononcent par ailleurs (§ 43) contre l’occupation israélienne du Golan syrien.
• Iran (§ 35 et 37)
Ils condamnent l’attaque contre les locaux diplomatiques de la République islamique d’Iran à Damas. Ils rappellent que l’accord JCPOA a été validé par le Conseil de sécurité et les États-Unis ne peuvent pas s’en retirer comme ils l’ont fait.
• Ukraine (§ 36)
Ils soulignent que tous les États devraient agir conformément aux buts et principes de la Charte des Nations Unies dans leur intégralité (ce qui donne raison à l’interprétation russe du conflit). Ils notent avec satisfaction les propositions pertinentes de médiation et de bons offices (de la Chine, de l’Afrique du Sud et de l’Inde), visant à régler pacifiquement le conflit par le dialogue et la diplomatie.
• Soudan (§ 40)
Ils condamnent l’attaque, par les troupes du président Abdel Fattah al-Burhan, contre la résidence du chef de la mission de l’ambassade des Émirats arabes unis, le 29 septembre 2024 ; une attaque comparable à celle des locaux diplomatiques iraniens en Syrie par Israël. Ils appellent à un cessez-le-feu immédiat, permanent et inconditionnel.
• Afghanistan (§ 42)
Ils défendent le principe d’un État indépendant, uni et pacifique, exempt de terrorisme, de guerre et de drogue. Ils soulignent la nécessité de fournir une aide humanitaire urgente et ininterrompue au peuple afghan et de protéger les droits fondamentaux de tous les Afghans, y compris les femmes, les filles et les différents groupes ethniques, ce qui implique l’annulation des interdictions effectives des études secondaires et supérieures.
• Désarmement (§ 43-46)
Ils se prononcent pour accélérer l’application des résolutions sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient (c’est-à-dire pour la dénucléarisation d’Israël), conformément à la proposition iranienne.
Ils se prononcent également pour la prévention d’une course aux armements dans l’espace, malgré l’opposition des États-Unis.
• Terrorisme (§ 47-49)
Ils rejettent toute tentative de politisation des questions de lutte contre le terrorisme et l’utilisation de groupes terroristes pour atteindre des fins politiques et soulignent que seuls les BRICS sont une organisation efficace en la matière —allusion directe aux opérations secrètes des États-Unis et du Royaume-Uni— . Ils plaident pour l’adoption rapide de la Convention générale sur le terrorisme international dans le cadre des Nations Unies.
• Criminalité transnationale (§ 50-53)
Sous l’impulsion de la Russie, les BRICS abordent les questions des drogues, de la criminalité transnationale et de la corruption en renforçant une réponse coordonnée répressive.
Coopération économique et financière
Les BRICS étudient d’abord la nécessité de disposer d’une chambre de compensation pour échanger des liquidités entre eux (sans avoir à passer par le système SWIFT créé par les réseaux stay-behind de l’OTAN) et d’un système de réassurance pour sécuriser les transports de marchandises (sans avoir à passer par des sociétés anglo-saxonnes ou indirectement contrôlées par elles).
Ils n’abordent pas le commerce sous l’angle du libre-échange ou des droits de douanes, mais sous celui de la sécurité, de la résilience, de la stabilité et de l’efficacité des chaînes d’approvisionnement. Ils mettent place depuis un an un programme pour harmoniser et coordonner leur usage de l’informatique (PartNIR) dans l’économie et le commerce.
Concernant la lutte contre les maladies, les BRICS , tout en se félicitant du travail de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), développent leur propre système d’alerte et d’entre-aide.
Concernant la propriété intellectuelle, les BRICS, ayant conscience que les droits d’auteurs et autres brevets sont aujourd’hui la principale source de revenus des Anglo-Saxons (et non pas leur production réelle ou financière), les BRICS entendent remettre ce système d’aplomb en ciblant la lutte contre les contrefaçons et non plus en valorisant leurs revenus. Ils entendent multiplier les coopérations dans les programmes de recherche, de développement et d’innovation dans les secteurs biomédicaux, les énergies renouvelables, les sciences spatiales et astronomiques, les sciences océaniques et polaires.
Les échanges interpersonnels
Les BRICS entendent principalement lutter contre l’idéologie anglo-saxonne de la «guerre des civilisations»4 en s’appuyant sur deux agences de l’ONU, l’UNICEF et l’Alliance des civilisations. Ils souhaitent multiplier les échanges interpersonnels entre eux dans les domaines des médias, de la culture, de l’éducation, des sports, des arts, des jeunes, de la société civile, de la diplomatie publique et des échanges universitaires.
Les BRICS se dressent là contre un retour en arrière : le concept de guerre des civilisations, qui avait été une pièce essentielle du discours du président George Bush Jr., semblait définitivement oublié. Il revient à la mode avec la candidature de Kamala Harris soutenue par les néo-conservateurs. Il ne s’agit, ni plus ni moins, que d’une forme prétendument savante du vieux discours violent des années 1930-1945 : pour survivre, les Occidentaux n’ont d’autre choix que d’éliminer les autres.

Remarques sur ce sommet
Ce sommet s’est tenu alors que le monde assiste en direct à un nettoyage ethnique israélien, d’abord à Gaza, puis au sud du Liban. Simultanément, l’opération militaire spéciale russe visant à appliquer en Ukraine la résolution 2202 du Conseil de sécurité (les accords de Minsk) tourne au profit de Moscou. L’armée ukrainienne ne passera pas l’hiver et les «mesures coercitives unilatérales» occidentales ont toutes échoué. Désolé, d’un point de vue de la «guerre des civilisations», les arabes de Gaza et les russes d’Ukraine menacent l’Occident et doivent être éliminés.
La participation aux BRICS apparaît donc comme une révolte contre l’Ordre mondial anglo-saxon. On ne peut donc qu’être déçu par le recul du président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, qui n’a pas osé venir à Kazan et s’est fait représenter par son ministre des Affaires étrangères, Mauro Vieira. Le Brésil est pourtant membre fondateur des BRICS. Cependant, il est vrai que le Brésil est impliqué puisqu’il assure la présidence de la Nouvelle banque de développement. Celle-ci est présidée par l’ancienne présidente Dilma Youssef qui avait été renversée lors d’une opération téléguidée par les États-Unis et Israël.
La même remarque doit être faite à propos du refus, au dernier moment, du prince Mohammed Ben Salmane d’Arabie saoudite de prendre parti pour l’un ou l’autre camp et de se rendre à Kazan, alors même que son allié privilégié, les Émirats arabes unis, sont désormais membres des BRICS et que leur président, cheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyane, était présent.
La Russie avait choisi pour héberger ce sommet Kazan, capitale du Tatarstan, car cette ville dynamique illustre à la fois l’intégration des musulmans à la Fédération de Russie et la capacité de Moscou à déléguer ses pouvoirs.
Au plan économique, le sommet a avancé dans la dédollarisation du commerce international. Les BRICS se dirigent vers un étalon monétaire numérique. Ont été évoquées des pistes vers une autorité fiscale commune, celles d’un tribunal pour l’arbitrage des litiges économiques entre pays membres, ou encore l’idée d’une bourse aux céréales. Également la possibilité d’établir une infrastructure indépendante de règlements et de dépôts transfrontaliers, «BRICS Clear». Enfin, les BRICS avancent dans l’élaboration d’un système de carte de paiement dénommé «BRICS Pay», présenté lors du sommet de Kazan. Son fonctionnement paraît relativement classique : la carte «BRICS Pay» devrait permettre de régler des paiements en devise nationale via l’utilisation d’un QR-code en débitant un portefeuille électronique alimenté via une application éponyme, en y rattachant une carte bancaire Visa, MasterCard ou Mir. Le problème est de conserver une souveraineté complète tout en participant à une monnaie collective.
Le sommet a surtout montré, au plan politique, en présence du secrétaire général de l’ONU, António Guterres, que les BRICS rejettent les changeantes règles occidentales, fixées par le G7 à la tête du client, et lui préfèrent le respect de la parole donnée, c’est-à-dire le droit international. Les pays du «Sud global» (par opposition à «l’Occident collectif») ont une conscience aigüe des engagements et traités signés par les Anglo-Saxons et violés sans vergogne par eux. Les Occidentaux considèrent en effet qu’au nom de la démocratie, un chef d’État ou de gouvernement élu peut ne pas se sentir obligé par la signature de ceux qui l’ont précédé, tandis que les autres États, qu’ils soient à leurs yeux illibéraux ou dictatoriaux, ont l’obligation de le faire. Par exemple, Donald Trump a laissé tomber le JCPOA (accord sur le nucléaire iranien) que son prédécesseur, Barack Obama, avait longuement négocié. Ou Joe Biden ne s’est pas considéré comme engagé par deux documents signés par son ami Barack Obama, ni par celui d’Istanbul (19995), ni par la résolution 2202 (2015) sur les accords de Minsk. Il prétend donc que la Russie a envahi l’Ukraine et viole la Charte des Nations unies, alors que de nombreux textes ultérieurs montrent que la Russie est la seule à en avoir suivi tous les principes à la lettre.
Le FMI vient de revoir ses modes de calculs et de placer le PIB russe en parité de pouvoir d’achat en quatrième position derrière celui de la Chine, des États-Unis et de l’Inde. Il a donc brusquement augmenté de 23 % et quitté la 48° place où il se morfondait. Cependant, au-delà des réalités économiques (les BRICS représentent 37 % du PIB mondial et 45% de l’humanité, tandis que le G7 ne représente plus que 29% du PIB et 10 % de la population mondiale), ce sommet a ouvert les yeux de nombreux malvoyants. Le monde a basculé. Il n’est plus dominé par Washington et Londres.
Sur https://www.voltairenet.org/article221436.html
16e sommet des BRICS – Premier pas vers un avenir commun de multipolarité souveraine?
Les BRICS 16ième La réunion annuelle à Kazan, en Russie, du 22 au 24 octobre 2024, appartient à l’histoire.
Le sommet a-t-il été un succès ?
En fonction de ce que l’on regarde et de ce qui est considéré comme un succès.
Au départ, ce fut un succès, ne serait-ce que parce qu’il a ouvertement mis sur la table des questions et des différences pour qu’elles soient contestées et finalement résolues.
La réunion elle-même n’a pas produit beaucoup de nouveautés. Par exemple, de nombreux événements remarquables, des résolutions de différends et des accords ont eu lieu en marge du sommet ou avant. Plus particulièrement, ce qui ne s’est pas produit, c’est une autre expansion de l’alliance des BRICS.
Depuis le sommet des BRICS de 2023 à Johannesburg, lorsque l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran et les Émirats arabes unis (EAU) ont rejoint les cinq membres initiaux, le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, aucun nouveau membre n’a rejoint l’UE. Cependant, deux autres pays qui ont été invités à Johannesburg en 2023 à devenir membres – l’Argentine et l’Arabie saoudite – ont soit refusé (Argentine), soit, jusqu’à présent, n’ont pas agi pour devenir membres (Arabie saoudite). En fait, le dirigeant par intérim de l’Arabie saoudite, le prince héritier Mohammed ben Salmane, figurait parmi les absents notables à Kazan.
Pourrait-il s’agir de pressions occidentales – de la part des clients occidentaux des hydrocarbures de l’Arabie saoudite et de ses partisans militaires ?
Les divisions ou désaccords internes aux BRICS concernent les conditions d’adhésion des nouveaux membres. Il manque également un ensemble commun de règles internes qui conféreraient à l’alliance stabilité et crédibilité vis-à-vis du monde extérieur.
Les BRICS n’ont pas non plus de secrétariat commun et de principes directeurs communs sur les politiques de coopération commerciale, économique et militaire.
Pour qu’un nouveau membre soit accepté, il a besoin du soutien unanime des membres existants – actuellement neuf.
Par exemple, le Venezuela est un candidat enthousiaste pour rejoindre le Club, mais le Brésil y a opposé son veto, pour des raisons qui ont plus à voir avec les relations bilatérales entre les deux pays qu’avec l’élargissement des BRICS.
De tels conflits bilatéraux n’aident pas la cohérence et la crédibilité du groupe, l’organisation du Sud la plus importante à ce jour.
Déjà en septembre 2024, la Turquie avait exprimé son intérêt à rejoindre les BRICS et avait effectivement demandé à y adhérer. La Turquie serait le premier membre de l’OTAN à rejoindre les BRICS, mais jusqu’à présent, son adhésion est au point mort.
Cependant, Mark Rutte, le nouveau chef de l’OTAN, lorsqu’il a été récemment interrogé, n’a pas du tout objecté, affirmant que la Turquie était un pays souverain et pouvait rejoindre l’alliance des BRICS de son plein gré. Il a ajouté que la Turquie resterait néanmoins l’un des membres les plus importants de l’OTAN.
Peut-être que l’adhésion de la Turquie à l’OTAN était une épine dans les yeux de certains États du Sud. Cependant, l’Inde, qui n’est pas membre de jure de l’OTAN, entretient des relations étroites avec l’OTAN et les États-Unis. Pourtant, l’Inde est un membre fondateur des BRICS. Peut-être que les perceptions ont changé depuis la formation de l’alliance en 2006.
Le président russe Vladimir Poutine, à droite, et le président de la République populaire de Chine Xi Jinping, à gauche, lors de la réception officielle du 16e sommet des BRICS. (Alexey Nikolskiy / Agence Photohost brics-russia2024.ru)
M. Poutine a déclaré qu’il y avait une trentaine de pays qui souhaitaient rejoindre les BRICS, notamment l’Azerbaïdjan, l’Algérie, le Vietnam, l’Indonésie, le Pakistan, la Malaisie, le Nigeria, la Thaïlande, le Venezuela, la Palestine, la RD Congo, le Gabon, le Bangladesh, Bahreïn, le Koweït, le Sénégal et la Bolivie.
D’autre part, le Kazakhstan, le plus grand voisin de la Russie en Asie centrale, a été invité par la Russie à rejoindre les BRICS, mais dans une décision de dernière minute, il a choisi de ne pas y adhérer. La Russie a été non seulement surprise, mais pas du tout satisfaite de cette décision abrupte, et a rapidement interdit les importations d’une gamme de produits agricoles en provenance du Kazakhstan en représailles.
Selon l’Oil & Gas Journal (OGJ), le Kazakhstan dispose de réserves prouvées de pétrole brut de 30 milliards de barils, 2Nd la plus grande dotation d’Eurasie après la Russie, et la 12e plus grande au monde, juste derrière les États-Unis. Avec 172 champs pétroliers, le Kazakhstan possède 3 % des réserves mondiales de pétrole, ce qui le place parmi la douzaine de premiers pays du monde en termes de gisements de pétrole.
Se pourrait-il que le Kazakhstan ait réagi à des pressions, peut-être à un chantage, de la part des clients pétroliers occidentaux ?
L’une des résolutions de conflit les plus importantes en marge de la réunion s’est peut-être produite lors d’un dialogue en face à face entre le Premier ministre indien Narendra Modi et le président chinois Xi Jinping, le premier en cinq ans.
Il y a quelques mois à peine, les tensions entre New Delhi et Pékin étaient suffisamment intenses pour que M. Modi refuse de participer au sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Astana, au Kazakhstan. Pourtant, les deux pays sont maintenant parvenus à un accord sur leur différend frontalier de longue date.
Les deux membres les plus peuplés et, en termes de PIB, les plus puissants économiquement de la coalition des BRICS ont non seulement l’occasion de reconstruire leurs relations, mais aussi de créer un élément constitutif pour aider à surmonter les désaccords des BRICS.
If one mentions BRICS internal disagreements, it may be important to notice that external, meaning western interference in terms of threats and coercions to say the least, may have played an important role in the organization’s disarray that prevented – for now – a further expansion.
Improved relations between China and India could generate a momentum for BRICS to deliver on its ambitious agenda to develop, and ultimately implement, a vision for a new multi-polar global order.
It would lead into the direction of what Mr. Putin said in his opening address during the BRICS summit, that the BRICS alliance was not anti-west but merely a movement for independence, or potentially a shift from an anti-western to a non-western agenda.
Strangely but also remarkably, one of the west’s most feared “threats” of the BRICS summit was the summit’s talk and potentially resolution on the alliance’s dedollarization. It appears that none of that has happened.
Many of the BRICS countries are not interested in dedollarizing their economies, such as Brazil, India, the Emirates, and others. Let alone potential candidates like Saudi Arabia, Turkey, and Venezuela.
Instead, Mr. Putin put forward the idea of a new BRICS lending platform for a collective, coercion-free economic advancement and investment agenda, for infrastructure, industrial as well as social services development. Mr. Putin noted that the IMF and the World Bank, the Bretton Woods Institutions created at the end of WWII, were heavily influenced by the west, especially the United States.
He did mention the BRICS bank, but not necessarily as a lending platform, as it is also fully dollarized, hence, not free from western coercive interferences.
However, China’s creation, the Asian Infrastructure and Investment Bank (AIIB), already involved with some of the BRICS, could become a more important development investment instrument in the future.
Image: President of Russia Vladimir Putin, right, and UN Secretary-General Antonio Guterres during their meeting on the sidelines of the 16th BRICS Summit in Kazan, Russia. (By Ekaterina Chesnokova / Photohost agency brics-russia2024.ru)
In an open conversation with Mr. Antonio Guterres, UN Secretary General who also attended the Kazan summit, Mr. Putin mentioned that it was time for the UN to “adapt to the realities of the 21st century” to be effective. This meant foremost reconfiguring the Security Council to give the emerging Global South, for which BRICS might be representative, a more prominent role.
Citing the UN Chief, saying
“You’ve mentioned we all should represent one big family,” the Russian president responded,
“and that is how we live. Families, unfortunately, have disagreements, scandals, division of property. They even fight at times.”
Mr. Putin is right. Implicit in this statement is often outside, speak western, meddling to foster disagreements and rifts within groups of countries, who want to go their own way, like the BRICS.
The Kazan summit may have been a precursor for things to come. But western interference will not be able to stop the BRICS alliance and cooperation towards a new multi-polar world order.
Click the share button below to email/forward this article to your friends and colleagues. Follow us on Instagram and Twitter and subscribe to our Telegram Channel. Feel free to repost and share widely Global Research articles.
Des oiseaux, pas des bombes : luttons pour un monde de paix, pas de guerre
Peter Koenig est un analyste géopolitique et un ancien économiste principal à la Banque mondiale et à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), où il a travaillé pendant plus de 30 ans dans le monde entier. Il est l’auteur de Implosion – An Economic Thriller about War, Environmental Destruction and Corporate Greed, et co-auteur du livre de Cynthia McKinney « When China Sneezes : From the Coronavirus Lockdown to the Global Politico-Economic Crisis » (Clarity Press – 1er novembre 2020).
Peter est associé de recherche au Centre de recherche sur la mondialisation (CRG). Il est également chercheur principal non résident à l’Institut Chongyang de l’Université Renmin de Pékin.
Photo de couverture : Le président russe Vladimir Poutine s’adresse à la réception officielle du 16e sommet des BRICS. (Par Alexey Nikolskiy / Agence Photohost brics-russia2024.ru)
Effet BRICS N°1 – L’inde se détourne des États-Unis pour se tourner vers la Chine
Par Moon of Alabama – Le 25 octobre 2024
Certains commentateurs ont écrit que ce blog, et d’autres, avait négligé le sommet actuel des BRICS. Ils ont raison, jusqu’à un certain point.
Les BRICS sont un projet à long terme. C’est le développement d’un conglomérat économique et politique d’organisations supranationales conçues pour être une alternative à celles créées par “l’Occident” après la deuxième guerre mondiale.
On trouve plusieurs malentendus et beaucoup de vœux pieux à propos des BRICS dans les médias alternatifs.
Les BRICS ne remplaceront pas le dollar américain.
Tout plan à court terme visant à remplacer le moyen mondial de transactions financières actuellement le plus important (et non le commerce de choses réelles) est irréaliste. Yves de Naked Capitalism a écrit plusieurs articles pour expliquer cela.
Les BRICS ne sont pas une alliance militaire. L’adhésion de l’Iran aux BRICS ne signifie pas que la Russie, la Chine ou quiconque d’autre viendra à sa défense si les États-Unis/Israël attaquent le pays. Bien qu’ils fourniraient probablement une aide en arrière-plan, les deux éviteront probablement toute implication directe.
La construction des BRICS prendra plusieurs décennies. Rendre compte et commenter ad hoc l’un de ses sommets n’a pas beaucoup de valeur sans détailler les contextes plus larges. Nous le ferons chaque fois que le sujet le mérite.
Au cours de la session actuelle des BRICS, le problème le plus sensationnel avec des conséquences à long terme s’est produit peu de temps avant le sommet.
L’Inde a abandonné ses politiques anti-chinoises, qui plaisaient aux États-Unis, qu’elle avait mises en œuvre au cours des deux premiers mandats du gouvernement Modi. Il se fait (encore une fois) gentil avec la Chine et la Russie tout en évitant les tentatives américaines d’en faire un acolyte des politiques américaines en Asie.
Cet article d’Asia Times fournit le contexte :
L’Inde et la Chine ont récemment convenu de se désengager de leur impasse frontalière prolongée dans le secteur ouest de la frontière himalayenne Indo-chinoise, en marge du 16e sommet des BRICS. Les tensions mijotaient depuis le 15 juin 2020, quand 20 soldats indiens et un nombre inconnu de soldats chinois ont été tués dans un affrontement en haute montagne.
…
Sur le front géopolitique, pendant ce temps, l’Inde a considérablement perdu. Il considérait autrefois l’Asie du Sud et l’océan Indien comme sa sphère d’influence traditionnelle, mais après être devenu un allié des États-Unis, aucun de ses pays voisins n’est resté dans sa sphère. Au lieu de cela, l’Inde est sans doute devenue davantage un allié subordonné des États-Unis.
…
Cela était évident lorsque les États-Unis ont mené l’Opération de liberté de navigation (FONOPS) dans l’océan Indien le 7 avril 2021, qui a suscité une forte réaction dans les médias et le monde universitaire indiens, bien que l’Inde soit un partenaire des États-Unis. De plus, les États-Unis ont été accusés d’alimenter le sentiment anti-indien dans les pays voisins et d’aider secrètement à évincer les gouvernements pro-indiens au Sri Lanka, au Népal et aux Maldives. [le journaliste omet le récent coup d’État américain au Bangladesh. Note de l’auteur]
Cela a fait comprendre à l’Inde que les États-Unis s’attendent à ce qu’elle renonce à son “autonomie stratégique” et que les prétentions de l’Inde à une sphère d’influence régionale en Asie du Sud sont inacceptables pour Washington.
…
En fin de compte, après quatre années d’expérimentation en politique étrangère, le gouvernement Modi a compris que la coopération avec la Chine était essentielle au développement économique de l’Inde. Le conseiller économique du Premier ministre a fait valoir que la Chine s’abstiendrait probablement de s’immiscer dans les problèmes frontaliers de l’Inde en raison de sa dépendance à l’égard de l’Inde, associée à la perspective d’une augmentation des investissements chinois.
…
Les premier et deuxième mandats du gouvernement Modi ont marqué l’une des pires décennies de l’histoire de l’Inde en matière de relations internationales. Au cours de cette période, l’Inde a engagé des coûts d’opportunité sans précédent tout en expérimentant des stratégies internationales et géopolitiques. Dans son troisième mandat, Modi cherche à inverser la tendance en passant des États-Unis à la Chine.
L’article soutient correctement que c’est l’arrogance des États-Unis envers l’Inde qui a provoqué ce changement.
L’Inde devient sympathique avec la Chine et évite les États-Unis, c’est un immense changement géopolitique. Les deux plus grands pays de cette planète en termes de population, plus la Russie, le plus grand pays en termes de masse continentale, sont à nouveau amicaux les uns avec les autres. Ils coordonneront leurs mouvements là où c’est dans leur intérêt trilatéral.
Ce changement dans les relations aura des conséquences énormes similaires à celles du récent rétablissement des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran.
C’est un désastre pour le “pivot vers l’Asie” des États-Unis.
Mais les médias américains et d’autres médias “occidentaux” en ont à peine rendu compte.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone. Sur https://lesakerfrancophone.fr/effet-brics-n-1-linde-se-detourne-des-etats-unis-pour-se-tourner-vers-la-chine
Versão em Língua Portuguesa:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2024/10/continuacao-e-fim-da-16-cimeira-brics.html
En complément sur le thème de nouveaux organismes financiers internationaux :
https://www.youtube.com/watch?v=ZKLa50gL0q0
robert bibeau
BRICS PAY se confronte au système SWIFT de l’empire américain
C’est la bonne façon de concurrencer le dollar américain
https://youtu.be/O5PsQq7jJGQ
robert bibeau