7 au Front

Du nettoyage ethnique au génocide jusqu’à l’extermination du peuple arabe de Palestine (Eyal Sivan)

hommes de jabalia

Avant d’être déportés en « Israël » pour y être soumis à la torture et aux mauvais traitements, les hommes de Jabalia sont séparés de force de leurs familles, déshabillés et parqués sous la menace des armes – Photo : via réseaux sociaux
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Je voudrais commencer par une pensée pour Abdelaziz, né sous les bombes, mort de faim et de déshydratation à 5 mois. À 5 mois, il aurait dû avoir doublé son poids de naissance ; il pesait moins qu’à sa naissance.

Une pensée pour Anwar, né sous les bombes, mort de faim et de déshydratation à 3 mois. Tous deux ont souffert de famine tout au long de leur courte vie, dès le jour de leur naissance. (1)

« Survivre est devenu une bataille quotidienne, et bouger sans cesse d’un endroit à un autre nous achève émotionnellement et physiquement. En deux jours, nous avons vécu plus de bombardements que pendant tout le mois de septembre. Nous sommes de plus en plus faibles. Innombrables sont les malades, nombreux les blessés, et beaucoup sont les deux. Ce que vous imaginez être l’enfer, nous y sommes. En pire » : les mots de Musabah Almadhoun, depuis le Nord de Gaza. (2)

Dans le Nord de Gaza, l’armée israélienne, assurée de son impunité, ne se livre pas à une énième orgie de massacres… Elle exécute un plan – le Plan de Généraux : il s’agit de vider le Nord de Gaza de toute vie. Elle somme les 200 000 personnes présentes à Jabaliya, Beit Lahiya et Beit Hanoun d’évacuer, bombarde et cible au fusil de précision ceux qui tentent de partir, et désigne ceux qui restent – blessés, malades, sceptiques – comme des « cibles terroristes ». (3)

Fuir sous les bombes ou rester et mourir – sous les bombes ou de faim.

Depuis trois semaines, le siège total infligé par l’armée génocidaire au Nord de Gaza bloque toute arrivée de nourriture et d’eau. Les hôpitaux sont privés de fournitures médicales et du fuel nécessaire aux générateurs. L’armée d’occupation mène l’assaut dans les hôpitaux, y sème la terreur, assassine et enlève des chirurgiens, détruit les réservoirs d’eau et les unités d’oxygène.

Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies Volker Turk évoque des « crimes d’atrocités » et « crimes contre l’humanité ». (4) Les patients en soins intensifs, dont les prématurés, meurent. Le Dr. Husam Abu Safiyeh, à Kamal Adwan, décrit son hôpital comme « un charnier ». Sa caméra se pose sur un bébé prématuré blessé à la tête, avec une infection secondaire, orphelin de père, de mère, de grand-mère.

Le Dr. Amin Abu Amsheh : « C’est une extermination. Mais malgré le manque de nourriture, l’exténuation, le siège, les drones, nous, médecins palestiniens, nous resterons. » (5)

La réalité est atroce, brutale, violente, et s’aggrave de jour en jour. Maintenant que les besoins sont les plus grands, il y a moins de ressources que jamais, ce qui accroît les morts et la souffrance. « Ils ont survécu à douze mois de guerre, aux déplacements répétés, aux bombardements, à la perte des proches, de leur maison, aux privations de nourriture, d’eau, de soins. Et depuis [trois] semaines, on est encore passé à une autre échelle en termes de bombardements [et de privations] », ainsi s’exprime Sam Rose, de l’UNRWA. (6)

Parole d’un infirmier à l’hôpital indonésien :

« Nous sommes exténués. La réserve d’eau est vide. J’ai du mal à parler, je suis à bout de forces, j’ai la nausée, des vertiges. Tous ces gens comptent sur moi pour leur donner de la nourriture, de la sécurité, et les soins dont ils ont besoin. Nous ne pouvons pas. Mais nous faisons tout ce que nous pouvons et prions Dieu qu’il sauve notre peuple dans l’hôpital. » (7)

Dans le Nord de Gaza, il n’y a plus rien pour soigner les patients. Une seule mission sur cinquante-quatre a pu entrer à Gaza la première quinzaine d’octobre, et chaque mission entravée est une menace concrète pour la survie. Joyce Msuya, de l’OCHA, rapporte que 85% des mouvements coordonnés avec Israël ont été refusés, les autres entravés ou annulés en raison du danger. (8)

Six camions par jour sont entrés à Gaza entre le 9 et le 16 octobre. Ça confine à l’absurde. Depuis un an, 250 000 camion ont été empêchés d’entrer à Gaza par l’occupant. (9) Des camions contenant à 100% des biens de première nécessité essentiels à la survie.

Philippe Lazzarini, de l’UNRWA, dénonce l’utilisation de l’aide humanitaire comme « arme de guerre ». « Les gens n’attendent plus que de mourir », dit-il. (10) Pour Riyadh Mansour, ambassadeur de Palestine à l’ONU, « ce n’est pas une guerre, c’est un enchaînement sans fin de crimes, de violations du droit international. Les Palestiniens n’ont le choix qu’entre rester et mourir ou affronter la mort ailleurs. » (11)

Pas besoin d’être juriste pour se douter qu’empêcher l’accès aux biens de première nécessité est un crime. C’est une question de bon sens, et c’est condamné par le Statut de Rome de la CPI (1998). Il n’y a pas une règle qu’Israël n’ait violée.

Nous assistons en live au génocide des Palestiniens ET à la guerre déclarée d’Israël contre le droit international et les institutions internationales. Israël bombarde les locaux de l’ONU à Gaza, confisque les locaux de l’ONU à Jérusalem-Est, désigne l’UNRWA comme organisation terroriste, décrète le secrétaire général des Nations Unies non grata en Israël, tire sur les Casques bleus au Liban.

Comment israël peut-il encore bénéficier de l’impunité, du soutien de ses alliés occidentaux ? Soutien à quoi ? Au massacre de masse des enfants ? À l’extermination d’un peuple ? Au nom de quelles valeurs ? L’apartheid, le mépris du droit et de la vie humaine ?

De quoi s’agit-il au juste lorsque l’Occident met en avant le droit d’Israël à se défendre ? La défense de l’expansionnisme, du colonialisme, de l’assujettissement et de l’oppression d’un peuple ? (12) Le droit de se défendre n’inclut jamais, quelles que soient les excuses qu’on trouve, les crimes que sont la décimation délibérée du système de soins, le ciblage des journalistes, le blocage systématique de l’aide humanitaire, la torture, le blocus.

Répétons en outre qu’en 2004, la CPI a dénié à Israël, puissance occupante, le droit de se défendre vis-à-vis du peuple palestinien sous occupation. Israël n’a envers les Palestiniens que des devoirs : de santé, d’éducation, de protection. Le droit ne se négocie pas, il s’applique. Sanctions immédiates contre Israël, Etat génocidaire. Laisser faire, c’est être complice.

Je souhaiterais terminer par une pensée pour les quatorze jeunes enfants assassinés hier soir à Khan Younis, dans le Sud de la Bande de Gaza, par les bombes israéliennes. Une pensée pour Abdallah, 11 ans, assassiné par un tir de sniper mardi à Naplouse, alors qu’il lançait une pierre sur un véhicule blindé de l’armée d’occupation qui menait un assaut dans sa ville. Une pensée pour les quatre ingénieurs assassinés le 19 octobre à Khan Younis alors qu’ils réparaient l’installation d’eau.



Notes :

(1) Cf. Mark Scialla, Starving since the day he was born. How famine stalks Gaza’s children, Al Jazeera 20.10.2024

& Defense for Children International Palestine, « My son cried all night from hunger » : The Palestinian children starved to death by Israeli authorities, 24.7.2024
(2) Musabah Almadhoun, Northern Gaza is what you imagine hell to be, and probably worse, Al Jazeera 24.10.2024

  • (3) Mehdi Hasan, Meet the Architect Behind Israel’s Genocidal « General’s Plan », Zeteo 24.10.2024
  • (4) Al Jazeera 25.10.2024
  • (5) Qassam Muaddi, « This in an extermination » : Israel’s assaults on North Gaza’s last functionning hospital, Mondoweiss 23.10.2024
  • (6) Sam Rose, Al Jazeera 23.10.2024
  • (7) A staff nurse at the Indonesian Hospital in North Gaza, Instagram 22.10.2024
  • (8) ONU info 16.10.2024
  • (9) Gaza Media Office in Al Jazeera 22.10.2024
  • (9) Al Jazeera 22.10.2024
  • (11) ONU info 16.10.2024

(12) Cf. Palestine in the UK, Husam Zomlot, Palestinian ambassador addresses the prestigious Oxford Union on the current « annihilation » of Gaza, 11.10.20

https://www.youtube.com/watch?v=e6Xu3T_LH6U

 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

4 réflexions sur “Du nettoyage ethnique au génocide jusqu’à l’extermination du peuple arabe de Palestine (Eyal Sivan)

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  • Normand Bibeau

    Tout est horriblement vrai et n’est que «la pointe submergée de l’iceberg» des ignominies, des monstruosités, des infamies, des vilénies et des «déshumanités» perpétrées par les mercenaires génocidaires israéliens, ce «peuple réactionnaire tout entier» au service du capitalisme mondial. (Friedrich Engels, «Archives Marx-Engels,I,(VI),p. 315,lettre à Bebel,17/11/1885, sur le concept de «peuple réactionnaire tout entier»).
    Ce «peuple réactionnaire ‘juif ‘ tout entier» connu une étape historique cruciale de son actualisation à Bâle, en 1897, lors du premier congrès international des sionistes alors que selon la doctrine du livre de Herzl sur «l’État juif», la religion judaïque et la «résurrection» de l’«hébreu» comme langue nationale, il fut résolu de coloniser la Palestine comme «foyer national juif» à l’exclusion des arabes autochtones qui La peuplaient.
    «À ( cette) époques des rivalités coloniales, la Grande-Bretagne appela à la formation d’un haut comité composé de 7 États européens, qui remit à son premier ministre Henry Campbell- Bannerman, en 1907, un rapport dans lequel étaient soulignés les dangers potentiels ( aux intérêts des colonialistes européens,ndlr) représentés par les pays arabes, l’Empire ottoman et la population arabe-musulmane qui vivaient dans ces provinces», qu’ils recommandaient de neutraliser en créant:
    «en Palestine un ‘État tampon’,par l’implantation d’une barrière humaine,allogène et solide,constituant une puissance opposée aux autochtones arabes et servant les intérêts des États (colonialistes,ndlr) européens».
    Ce plan colonialiste visant à dominer les arabes-musulmans était complété par les objectifs de:
    «[P]romouvoir des troubles,des dissensions et des divisions dans la région;
    [C]réer des micros-États artificiels et les placer sous la tutelle des puissances coloniales; [C]ombattre toute vélléité d’unité,qu’elle soit soit intellectuelle, spirituelle ou historique et trouver les moyens pratiques pour fractionner populations et territoires».
    Ce programme colonialiste fut actualisé en 1909 entre les puissances colonialistes britanniques,françaises et russes à l’occasion des accords «secrets» de Paris pour implanter un «coin» divisif dans le panarabisme naissant.
    Vinrent ensuite les accords «Sykes-Picot» de 1916 sur le partage du Moyen-Orient après le démembrement de l’empire ottoman et la déclaration Balfour de 1917 à l’effet de créer «un foyer national ‘juif’ en Palestine» comme étant cet «’État tampon’,allogène et solide constituant une puissance opposée aux autochtones arabes et servant les États (colonialistes,ndlr) européens».
    ( In,Histoire de l’autre, Liana Levy, 2004).
    Cette puissance «allogène» serait composée d’un «peuple différent» par «l’origine, la langue, la culture,le niveau de développement économique et la religion» et tablant sur le principe que «là où il y a différence, il y a contradiction» (Mao Tsé-Toung), ce «peuple» «opposé aux autochtones» dépendrait du peuplement, du financement et de l’armement de ces États colonialistes européens, en somme, ce «peuple réactionnaire tout entier» ainsi créé serait condamné à servir leurs intérêts colonialistes pour survivre dans cette océan d’autochtones «opposés».
    Ainsi, la première vague «moderne» d’immigrants «juifs» en Palestine fut celle du «mandatorat» britannique de 1919 à 1948 qui sous l’impulsion de la déclaration Balfour et suite à la révolution bolchévique, la montée de l’antisémitisme en Europe qui culmina avec l’Holocauste nazie-fasciste-collaborationniste, l’expansion du bloc «communiste» soviétique formellement «athée» après la Seconde guerre mondiale vit 452,212 «juifs» entrés en Palestine, une moyenne de 14,125 par année de 1919 au 14 mai 1948, faisant passé la population de la Palestine de 24,000 «juifs» en 1882 soit une infime poignée concentrée dans 4 villes saintes: Jérusalem,Safed,Tibériade et Hébron, puis de 57,000 en 1919 à 630,000 en 1947, soit 32% de la population de la Palestine à qui l’ONU sous la botte des occidentaux eu l’indécence d’attribuer 52% de toute la Palestine au mépris odieux des 68% des palestiniens auxquels ne fut accordé que 48% du territoire volé.
    Cet apport colossal d’«immigrants ‘juifs’ européens» sous la protection,le financement et l’armement des colonialistes occidentaux réalisa enfin l’objectif de Comité Campbell-Banerman, du traité «secret» de Paris, des accords «Sykes-Picot» et de la déclaration Balfour: «créer cet ‘État tampon’,allogène et solide,opposé aux autochtones», ce «coin» contre le panarabisme et «au service des intérêts des États (colonialistes,ndlr) européens» et depuis la fin de la Seconde guerre mondiale,des intérêts du capitalisme mondial avec l’arrivée au premier plan des nouvelles puissances dominantes: les U$A et l’URSS.
    Dès lors, fort de ce nouveau rapport de force, les impérialistes mondiaux encouragèrent leurs mercenaires «juifs» à proclamer leur indépendance unilatéralement le 14 mai 1948 et à «créer» l’État d’Israël sur encore plus de territoire, à en chasser par le terrorisme 750,000 arabes-palestiniens de leurs terres ancestrales.
    En même temps, leurs «sponsors» capitalistes en plus de les armer, les financer, de neutraliser la Communauté internationale réunie à l’ONU, instruit par la propagande nazi hitlérienne lancèrent une vaste campagne de propagande démagogique et mensongère en faveur de son «peuple réactionnaire ‘ juif’ tout entier» consistant à accuser les agressés arabes-palestiniens d’être les agresseurs et les agresseurs sionistes israéliens d’être les agressés.
    Les propagandistes de la bourgeoisie mondiales poussèrent le mensonge jusqu’à promouvoir l’aberration historique de la «terre sans peuple pour un peuple sans terre» alors que 750,000 autochtones arabes-palestiniens furent chassés par le terrorisme de leurs terres et que les envahisseurs du «peuple réactionnaire ‘juif’ tout entier» qui ne constituaient que 32% de la population totale de la Palestine n’étaient qu’un ramassis de ressortissants de pays étrangers venus coloniser la Palestine pour le compte du capitalisme mondial.
    Démasqués par les faits sur cette théorie démagogique, les propagandistes de la bourgeoisie passèrent à la théorie que la «Palestine n’aurait été qu’un désert» que les colons «juifs» auraient transformé en «jardin» alors qu’en réalité la Palestine produisait des olives et des agrumes en quantité telle qu’Elle en exportait et que sa population arabe-palestinienne croissait régulièrement dans la paix.
    Démasqués encore sur cette propagande, les propagandistes du capitalisme mondial en sont réduit à promouvoir la théorie la plus démentielle qui se puisse concevoir: «le peuple réactionnaire ‘juif’ tout entier» selon leur interprétation démentielle aurait reçu la Palestine et tout le Moyen-Orient de son Dieu Yahvé, il y a 3000 ans comme il serait écrit dans leurs Talmud et Ancien Testament, 2 romans de propagande religieuse, rédigés par des rabbins pour leurs propres fins de domination de leurs ouailles.
    Voilà où en est rendu la propagande capitaliste pour justifier le génocide des arabes-palestiniens par son «peuple réactionnaire ‘juif’ tout entier» au service de la dictature sanguinaire du capitalisme mondial pour assurer son contrôle du pétrole arabe, son «or-noir», le sang de son industrie.

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