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Démocratie, ça ne veut pas dire grand chose

Recherche menée par Robert Gil

La démocratie, ce n’est pas élire un dictateur « à la romaine (1) » pour une période de cinq ans et d’aller ensuite vaquer à ses occupations s’en se soucier de ce qui se passe. La démocratie c’est que le peuple puisse demander des comptes à ceux qu’ils ont élus sans se faire gazer ou emprisonner. La démocratie, c’est lorsque les élus respectent le pacte qu’ils ont passé avec l’ensemble des citoyens qui leur ont accordé leur confiance. La démocratie devrait être une notion universelle, avec des bases bien définies, alors qu’en Europe par exemple tous les pays se réclament de la démocratie, idem pour les Etats-Unis et Israël, pourtant aucun n’a le même régime politique et certains ont des lois très différentes. Le point commun de ces démocraties est l’allégeance au même système économique : le capitalisme. Cela suffit-il pour faire une démocratie ? Dans le monde, y compris en occident, seulement 53% des personnes (2) pensent que leur pays est réellement démocratique.

Notre démocratie accepte le transfert d’argent dans des paradis fiscaux, admet la création de sociétés écran pour échapper au fisc, favorise le secret des affaires pour échapper à toute poursuite ou dénonciation de faits compromettants. Notre démocratie approuve des lois qui permettent en toute impunité à certains d’en exploiter d’autres, tout en criminalisant ceux qui ne veulent pas se laisser exploiter. Notre démocratie légalise un partage inégal, au profit d’une minorité, de ce qui a été produit par la majorité. Quand un système promulgue des lois pour une minorité et favorisent les puissants au détriment des plus humbles, peut-on appeler cela une démocratie ?

Est-ce une démocratie, un système qui prétend se doter de médias libres et indépendants, mais qui en fait appartiennent à une poignée de milliardaires (3) ? Comment se fait-il que dans notre prétendue « démocratie » il n’y a aucune voix discordante dans les médias mainstream, alors que justement la base de la démocratie c’est d’avoir des voix discordantes et de débattre. Covid, Ukraine, Palestine tout est sous contrôle. Emettre des idées différentes sur le Covid c’est être complotiste, sur la guerre en Ukraine c’est être pro-Poutine, sur la guerre à Gaza c’est être antisémite, et si l’on critique le capitalisme et bien « on a qu’à aller vivre en Corée du Nord ! ». Réfléchir, c’est devenir un être controversé pour la bien-pensance qui fait l’opinion !  Tout débat devient de facto impossible car source de tension entre amis ou au sein de la famille. D’impossible, le débat devient ensuite interdit. Que pensez-vous de cette phrase prononcée par le sénateur Roger Karoutchi, le 11 octobre 2023, sous un tonnerre d’applaudissements « Faites en sorte, madame la Première Ministre, que celles et ceux qui trahissent les valeurs de la Nation en ne soutenant pas l’État d’Israël […] soient sévèrement punis » ? Le 9 octobre, Gérald Darmanin avait déjà annoncé que « des procédures de dissolution sont étudiées à l’encontre des collectifs qui soutiennent la Palestine », et que le porte-parole du NPA, Philippe Poutou, est visé par une enquête pour « apologie du terrorisme » après avoir dénoncé les bombardements sur Gaza. Dans la foulée, Le sénateur Les Républicain Stéphane Le Rudulier réclame à Élisabeth Borne la dissolution du NPA mais aussi de La France Insoumise, premier parti de gauche en France ! le 12 octobre, le ministre de l’intérieur, Gérard Darmanin ordonne « l’interdiction systématique des manifestations pro-palestiniennes et l’interpellation des participants » … Et tout cela au nom de la « démocratie » ! De toute façon, il est de plus en plus dangereux de manifester dans le « pays des droits de l’homme ». Est-on en démocratie quand lorsque l’on manifeste, on prend le risque de perdre un œil, une main, de se faire tabasser et de finir en prison ? L’on a transformé les gardiens de la paix en forces de l’ordre qui ressemblent de plus en plus à des milices destinées à réprimer le peuple, à protéger les intérêts privés et à faire régner l’ordre. « J’ai vu des démocraties intervenir contre à peu près tout, sauf contre les fascismes. », André Malraux.

Notre démocratie légalise les moyens d’échapper à l’impôt, et protège un système inégalitaire basé sur la subordination du salarié à son employeur. On ne peut pas appeler cela « démocratie ». Le pouvoir du peuple, pour le peuple et par le peuple, ça existe peut-être, mais pas chez nous ! Il n’y a aucun contrepouvoir, les décisions sont prises en petit comité au sommet de l’Etat, et ensuite l’assemblée nationale est réduite à une chambre d’enregistrement ; nous ne sommes en rien un modèle démocratique. Ce sont des technocrates et des hauts fonctionnaires qui passent du privé au public (4), du public au privé, et prennent des décisions par rapport à leur plan de carrière et à des intérêts privés. L’Etat n’est plus du tout au service de la population. Nos présidents sont issus de la haute administration, leur cercle privé est composé de collègues, de tout bord politique confondu, et du petit monde de la finance et de l’économie. Est-ce que voter à intervalle régulier pour désigner un président, issu de milieux hyper favorisés et qui n’a aucun compte à rendre, est la preuve que l’on soit en démocratie ? Et que penser du modèle de sélection issue de 500 parrainages d’élus (5) ?

L’accointance entre nos élites politiques et nos élites économiques posent de vrais problèmes, car ces gens-là ne sont pas des mécènes. Et le retour sur investissement ne manque pas d’arriver, comme on le voit années après années et quelle que soit la couleur présumée du parti au pouvoir. Notre démocratie c’est l’art de faire croire aux pauvres que leur avenir est directement lié au bien être des riches. Notre démocratie c’est de faire croire au peuple que l’on met en place des commissions exclusivement composées de banquiers, de chefs d’entreprises, et de hauts fonctionnaires pour pondre des rapports qui vont améliorer le sort des plus humbles. Notre démocratie puise ses idées dans des think-tank, comme « l’institut Montaigne (19) » ou des clubs d’influence comme « Le Siècle (20) », qui organisent des diners où se côtoient banquiers, hommes d’affaires, politiques et journalistes.

Nos démocrates se posent facilement en donneurs de leçon et n’hésitent pas à dénoncer certains pays qui ne respecteraient pas nos principes en matière de démocratie. Mais alors pourquoi n’interviennent-ils pas dans des pays crapuleux qui permettent le blanchiment d’argent, provenant de fraudes, d’activités mafieuses (prostitution, drogue, trafic d’armes, racket …), et même de certains réseaux terroristes ? Ces pays participent au pillage des richesses de nombreux pays au profit de quelques personnes, et savent qu’ils n’ont rien à craindre, même s’ils ne possèdent pas de force militaire, car nos démocraties les protègent.  Oui, il s’agit des Paradis Fiscaux, avec lesquels nos dirigeants sont très compréhensifs. Certains de ces Paradis sont même situés à l’intérieur de l’UE dont Jean-Claude Juncker, Premier Ministre du Luxembourg fut président de la Commission européenne de 2014 à 2019. L’UE refuse de lister le Luxembourg comme paradis fiscal (6) malgré les différents scandales dont il est le centre. Tout cela montre bien que nos démocraties sont à géométrie variable et ne s’embarrassent pas de scrupules.

Le principal principe d’une démocratie capitaliste est « la dictature de la bourgeoisie », c’est-à-dire la domination d’une classe minoritaire sur l’ensemble de la population. Pour faire un parallèle, « la dictature du prolétariat » décrit par Karl Marx est exactement l’inverse. La dictature du prolétariat, est la prise du pouvoir par l’ensemble de ceux qui forment la plus grande partie de la population : ouvriers, salariés, employés, tous ceux qui sont obligés de travailler sous les ordres de la classe dirigeante pour pouvoir vivre. Il s’agit tout simplement de s’affranchir des liens de domination qui enchainent les exploités aux exploiteurs. Il s’agit de reprendre le pouvoir politique et économique concentré dans les mains d’une minorité, et de la redonner à une majorité !

La Grande Bourgeoisie au pouvoir a les moyens de s’offrir un personnel dévoué à ses intérêts : police, justice, presse, télé, radio, etc… Les élections sont une farce électorale, le rapport des forces est inégalitaire entre le candidat millionnaire et le militant ouvrier. La propagande des médias aux ordres a peu à peu inséré dans l’esprit des classes laborieuses que la société telle qu’elle est, est la plus juste possible et que l’on ne peut pas faire autrement. Insidieusement par des pubs, des émissions ou par les déclarations anodines des uns ou des autres, l’on nous persuade de l’irréversibilité du système. L’illusion du choix se concentre sur les divers enjeux sociétaux, souvent clivants, qui peut mobiliser les foules mais sans jamais remettre en cause la domination des classes possédantes. Le système est tellement bien cadenassé, que jamais l’élection ne remet en cause le pouvoir des 1% les plus riches (7). Quel que soit le résultat, c’est toujours cette petite classe qui contrôle l’économie et la finance. Ensuite, c’est encore à leur demande que le nouveau président entreprend des réformes pour détricoter les services publics et tous nos acquis sociaux. Alors, toujours sûr d’être en démocratie ?

Références:

(1) À Rome dans l’Antiquité, un dictateur était nommé en cas de crise grave que les consuls n’arrivaient pas à résoudre. Les pouvoirs du dictateur étaient très importants : il recevait les pleins pouvoirs. Il est secondé par un maitre de cavalerie, qui est une sorte de chef d’état-major Pendant ses fonctions le dictateur ne peut quitter l’Italie. Il ne dispose pas du trésor public, il doit se débrouiller avec les moyens que le sénat lui alloue. Bien que nommé pour six mois, il démissionne de sa charge dès qu’il a résolu les affaires pour lesquelles il avait été nommé. (2) Les crises.fr, le 09/06/2021 : « Devant la Russie et la Chine, les États-Unis sont considérés comme une grande menace pour la Démocratie ». (3) La Tribune, le 04/09/2015 : « La concentration actuelle des médias pose un vrai problème démocratique ». (4) Lire « La caste » de Laurent Mauduit. (5) BFMTV, le 20/11/2021 : « Parrainages : un système anti-démocratique ? ». (6) 20 Minutes, le 08/02/2021 : « Paradis fiscaux : Le Luxembourg de nouveau épinglé ». (7) Les crises.fr, le 10/03/2022 : « Ultra-riches : La richesse absurde et grandissante des milliardaires sape la démocratie ».

4 réflexions sur “Démocratie, ça ne veut pas dire grand chose

  • Soyons iconoclastes ! La seule vraie démocratie est l’anarchie égalitaire.
    https://ti1ca.com/t8oqg46m-Anarchie-A5-2018-08-Anarchie-A5-2018-08.pdf.html
    Mais on peut s’en rapprocher, en changeant de Constitution, et en prenant pour base que A TOUS LES NIVEAUX le Peuple en son entier est le souverain qui décide en dernier ressort en cas de litige quel qu’il soit. Cela suppose une pléthore nécessaire de garde-fous. Mais cela peut être cohérent. Un exemple :
    https://ti1ca.com/wx242x0g-const001-const001.pdf.html
    Cette suggestion n’est bien entendu pas parfaite, mais elle peut donner des idées.
    Cependant cela ne peut se faire que si le personnel financier, politique, judiciaire, journalistique de haut niveau soit remplacé, et que bien entendu la France ne soit plus assujettie ni à l’OTAN ni à l’union européenne.

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  • Normand Bibeau

    Tout ce qu’écrit Robert Gil est rigoureusement exact et prouve à l’évidence ce que Marx a décrit avec force et détails:
    «Les idées dominantes sont les idées de la classe dominante, la classe qui possède les moyens de la production matérielle de la vie en possède les moyens de la production des idées».( L’idéologie allemande).
    La «démocratie» est un concept qui comporte intrinsèquement deux ingrédients: celui du pouvoir décisionnel direct de ceux qui le détiennent ( décision du «peuple» dans l’agora) et celui de ceux qui exercent ce pouvoir décisionnel: le «peuple».
    Ainsi, dès sa conception historique la «démocratie» fut d’une part: le pouvoir décisionnel direct et, d’autre part: le pouvoir d’un «peuple», un «peuple» qui dans l’Antiquité où le concept fut conçu excluait les femmes (50% de la population),les esclaves (25% des citadins) et les métèques 15%) c’est-à-dire le pouvoir décisionnel totalitaire et absolu d’un «peuple» qui représentait 15% de la population et qui tous devaient porter ou avoir porter les armes pour défendre la cité donc des militaires ou des ex-militaires retraités,
    Ces démocraties «esclavagistes» sanguinaires ont été remplacées par des «démocraties» féodales tout aussi sanguinaires c’est-à-dire celle des seigneurs et des religieux (15% de la population) détenant directement tous les pouvoirs à l’exclusion des serfs et des métèques (85% de la population).
    Aujourd’hui, dans les «démocraties» bourgeoises, le droit de votes est accordé à «tous citoyens» inscrits sur la liste électorale et qui votent (50-60% de la population dont le vainqueur obtient 50%, soit 25-30% du total) peut-on en conclure comme le proclame la propagande de la bourgeoisie qu’il s’agirait du pouvoir du «peuple», par le «peuple» et pour le «peuple», soit que les maîtres ont renoncé à leur pouvoir et se soumettent à la volonté de leurs serviteurs?
    Il suffit d’examiner qui sont candidats et surtout qui sont élus pour constater que rien n’est plus faux, archi-faux.Effectivement, la quasi totalité des candidats et des élus sont comme par magie des petits-bourgeois, professionnels, aristocrates syndicaux ou carrément des bourgeois et des grands bourgeois, jusqu’y compris des milliardaires, à l’exclusion de l’immense majorité de la population composée de prolétaires et d’agriculteurs.
    L’exemple de Trump, l’archi-milliardaires et son sponsors Musk, l’homme le plus riche du monde,
    illustrent quand aucun moment, les maîtres n’ont renoncé à leur dictature «démocratique» sur leurs esclaves salariés.
    Comment ont-ils réussi le subterfuge de maintenir leur dictature «démocratique» en donnant le droit de vote à la majorité? En dénaturant la notion de «démocratie» en celle d’«électoralisme».
    Ainsi, la bourgeoisie a dénaturé le pouvoir direct du peuple de décider de sa destinée en le réduisant à sa forme la plus insignifiante consistant en l’élection, à date plus ou moins fixe, des représentants détentant un pouvoir absolu pour toute la durée de leur mandat, en somme, des rois à durée limitée.
    Ces «rois élus» n’ont aucun compte à rendre à leurs électeurs durant la durée de leur mandat, ils sont inamovibles, irresponsables et non imputables, ils sont des dictateurs élus, disposés à se prostituer en faveur de n’importe lequel proxénète pour peu qu’il en paie le prix, en réalité, la «démocratie élective bourgeoise» se résume en l’élection d’un dictateur pour la durée de son mandat.
    Chaque élection n’est qu’une foire aux promesses, une surenchère de mensonges, de vœux pieux et de bouillie grandiloquente où le plus menteurs, pour peu qu’ils en aient les moyens et jouissent de l’appui des merdias mainstream qu’ils les graissent de publicité hors de prix, l’emportent à coup sûr, empressés de renier ses engagements aussitôt élu, prétextant d’autres mensonges.
    Comme le chantait Félix Leclerc: «[A]vant les élections,il m’appelait fiston;après les élections,il avait oublié mon nom».
    La «démocratie électoraliste» bourgeoise n’est qu’une mascarade où les bonimenteurs à la solde du capital concourent afin d’obtenir de généreuses prébendes pour eux-mêmes et l’accès au pouvoir pour leurs bailleurs de fond électoraux afin qu’ils rentabilisent leurs investissements dans l’industrie électorale en s’accaparant des impôts et des taxes des contribuables et contrôlent les pouvoirs législatif et exécutif: dans le système capitaliste tout n’est que profit pour le vainqueur et pertes pour les perdants.
    Sous la dictature du prolétariat, la démocratie pour toute décision de proximité sera exercée directement par ceux qui subissent la décision et pour les décisions d’intérêt général nécessitant représentation: les élus seront redevables par jugement face à leurs électeurs et révocables en tout temps durant la durée de leur mandat sur le vote par référendum de leurs électeurs sur pétition de 10% de ceux-ci.
    Ainsi, les menteurs qui trahissent leurs engagements seront chassés du pouvoir aussitôt et jugés en conséquence, laissant la place aux représentants qui respectent leurs engagements: dehors les bonimenteurs, la racaille, les faux-culs, les renégats et tous les bourgeois.

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