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Pourquoi Trump veut-il s’attribuer le mérite d’avoir «tué» le gazoduc Nord Stream…les préparatifs de guerre se poursuivent (Korybko)

Par Andrew Korybko. Sur Voici pourquoi Trump vient de s’attribuer le mérite d’avoir « tué » Nord Stream II

Nos précédents articles sur le méga gazoduc Nord Stream https://les7duquebec.net/?s=nord+stream

 

Trump voulait dissiper les doutes que certains électeurs indécis pourraient encore avoir sur ses liens avec la Russie en leur rappelant qu’il avait imposé des sanctions contre ce mégaprojet, qui a démystifié les affirmations des démocrates sur le Russiagate et a même été hypocritement abandonné par Biden pour une période de neuf mois.

Trump s’est vanté lors de son interview en direct avec Tucker Carlson lors d’un événement caritatif en Arizona jeudi soir qu’il était responsable de la « tuerie » de Nord Stream II. Selon ses propres mots, « les démocrates aiment dire que j’étais un ami de la Russie, que je travaillais pour la Russie, que j’étais un espion russe. Le plus gros travail que la Russie ait jamais eu [était] Nord Stream 2. C’est le plus grand gazoduc du monde, il va de la Russie à l’Allemagne et dans toute l’Europe. Je l’ai tué. Personne ne le tuerait à part moi. Je l’ai arrêté. Il a un point qui va maintenant être développé.

Pour commencer, il ne faisait clairement pas référence à l’attaque terroriste de septembre 2022 puisqu’il n’était pas en fonction à l’époque et qu’il ne pouvait donc rien avoir à voir avec celle-ci. Ce qu’il voulait plutôt transmettre, c’est que les fausses affirmations des démocrates selon lesquelles il est une marionnette russe sont démystifiées par le fait qu’il a sanctionné Nord Stream II, ce qui a été fait dans le but de débaucher le marché européen de l’énergie de la Russie. Dans une tournure inattendue des événements, Biden a renoncé à ces sanctions en mai 2021, un mois avant de rencontrer Poutine.

Un haut responsable du département d’État a déclaré à CNN : « Bien que nous restions opposés au gazoduc, nous sommes parvenus au jugement que les sanctions n’arrêteraient pas sa construction et risquaient de saper une alliance critique avec l’Allemagne, ainsi qu’avec l’UE et d’autres alliés européens. » Dans le même temps, Biden a justifié cette décision en disant que « Nord Stream est terminé à 99 %. L’idée que quelque chose allait être dit ou fait allait s’arrêter, ce n’était pas possible.

On peut toutefois faire valoir qu’il ne s’agissait que d’un « geste de bonne volonté » pour avoir facilité sa rencontre avec Poutine à Genève en juin de cette année-là pour discuter de l’éventail des liens bilatéraux de leurs pays après le renforcement militaire de la Russie le long de la frontière ukrainienne au printemps. Aucune percée n’a eu lieu, ce qui peut être attribué avec le recul aux faucons anti-russes dans les bureaucraties militaires, diplomatiques et de renseignement permanentes des États-Unis (« État profond ») qui privilégient l’endiguement de la Russie par rapport à celui de la Chine dans la nouvelle guerre froide. Voilà un thème qui oppose deux cliques au sein de la bourgeoisie américaine et donc de l’État profond (les bureaucrates de Washington).

En réfléchissant à cette occasion manquée, les États-Unis ont apparemment pensé qu’ils pourraient abaisser la garde stratégique de la Russie en renonçant aux sanctions sur ce mégaprojet dans l’espoir que Moscou ignorerait ensuite l’infiltration de l’OTAN vers ses frontières, y compris via son expansion clandestine en Ukraine. Ce sont ces mouvements militaires qui ont permis à Poutine de partager ses demandes de garanties de sécurité en décembre, qui ont été rejetées et suivies de la réimposition de ces mêmes sanctions un jour avant le début de l’opération spéciale …en résumé – tractations-magouilles entre puissances impérialistes belligérantes dans lequel le peuple russe du Donbass ne compte pour rien (NDÉ).

La raison pour laquelle il est important de s’y référer est que cela prouve que Biden a hypocritement promulgué une politique favorable à la Russie (quel que soit le motif astucieux qui la sous-tend) après que son parti ait utilisé la théorie du complot du Russiagate comme arme pour empêcher Trump d’améliorer ses liens avec la Russie. En particulier, Biden a renoncé aux mêmes sanctions que Trump a imposées et l’a sans doute fait comme un « geste de bonne volonté » pour faciliter la rencontre de Biden avec Poutine, qui a rencontré Trump sans aucune condition préalable implicite.

Il ne faut pas non plus exclure que la décision de Biden de réimposer des sanctions contre Nord Stream II un jour avant le début de l’opération spéciale soit ce qui a poussé Poutine à autoriser cette campagne en cours après que les États-Unis ont repris la grosse carotte qu’ils avaient donnée à la Russie neuf mois auparavant pour avoir ignoré l’expansion de l’OTAN. De son point de vue, il n’y avait plus aucune raison de ne pas aller jusqu’au bout de ce qu’il avait alors signalé comme étant ses plans possibles de démilitarisation de l’Ukraine, rendant ainsi peut-être tout inévitable d’ici là.

Trump a parfois du mal à transmettre les complexités des relations internationales, comme lorsqu’il n’a pas réussi à expliquer la pertinence de la raison pour laquelle il a décidé de se vanter d’avoir « tué » Nord Stream II lors de son interview avec Tucker. Tout ce qu’il voulait faire, c’était montrer comment ces sanctions démystifiaient la théorie du complot du Russiagate. Il aurait pu en dire plus sur ce sujet comme l’a fait cette analyse, mais en tout cas, c’était un point valable à faire valoir pour dissiper les doutes que certains électeurs indécis pourraient encore avoir sur ses liens avec la Russie.

 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

3 réflexions sur “Pourquoi Trump veut-il s’attribuer le mérite d’avoir «tué» le gazoduc Nord Stream…les préparatifs de guerre se poursuivent (Korybko)

  • Ping : Pourquoi Trump veut-il s’attribuer le mérite d’avoir «tué» le gazoduc Nord Stream …les préparatifs de guerre se poursuivent (Korybko) | Raimanet

  • Normand Bibeau

    PREMIÈRE PARTIE:
    Korybko écrit que la politique U$ opposerait «2 cliques au sein de la bourgeoisie américaine»: celle de «Killer Jos, le grabataire sénile et Kamala, la hyène rieuse idiote» et celle de l’«agent fasciste orange destructeur Trump et Vance,l’évangéliste apocalyptique», sur la paternité de la rupture du cordon ombilical gazier Nordstream entre le fournisseur russe et le client européen parce que les premiers ont opté pour un attentat terroriste criminel et l’autre pour des sanctions toutes aussi terroristes et criminels, cependant là où il nous induit en erreur c’est d’insinuer que ces 2 «cliques au sein de la bourgeoisie américaine» ne serviraient pas la même cause, «qu’il ne serait pas bonnet blanc et blanc bonnet» pour servir le capital au frais du travail, les capitalistes sur le dos du prolétariat.
    Pour déterminer la nature de classes de toutes politiques comme l’enseigne le marxisme, il faut traverser la forêt des ombres, des apparences, des mensonges, des subterfuges, des tactiques et de toutes les supercheries déployés dans les superstructures politique et idéologique pour plonger dans l’infrastructure économique, là où trônent les déterministes réelles.
    Ainsi, la question ultime se résume à identifier et à évaluer les déterministes économiques de la rivalité entre les capitalistes U$ et russes sur la question de l’approvisionnement du marché européen en gaz naturel que représentait le pipeline Nordstream et surtout des profits en découlant pour chacune des bourgeoisies impliquées, tant américaines que russes,européennes,chinoises,indiennes et tous les autres vampires capitalistes assoiffés de plus value.
    Comme l’enseigne la sagesse populaire: «suivez l’argent et vous trouverez le coupable».
    À suivre.

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