La spirale des nationalismes, la guerre et la réponse des prolétaires révolutionnaires
Éditorial : impasse du capitalisme et responsabilité des révolutionnaires
Par Tendance Communiste Internationaliste. Le numéro 24 de Bilan et Perspectives, octobre 2024, est disponible ici: B&P numéro 24
La nomination en septembre d’un nouveau gouvernement français, resserré autour de la droite et dépendant du soutien du Rassemblement National, a temporairement mis fin à une longue séquence de flottement gouvernemental. La chute de la coalition macroniste aux élections européennes, puis la décision surprise de dissolution de l’Assemblée nationale, surprenant jusque dans les rangs de la majorité, n’a cependant accouché d’aucune solution de fond, présageant même d’une nouvelle dissolution une fois passé le délai incompressible d’un an. C’est un gouvernement minoritaire qui se constitue, sans qu’aucune formule parlementaire alternative crédible n’apparaisse.
Ainsi s’achève dans la confusion et la débâcle l’itinéraire « disruptif » du macronisme, dont le point de départ avait été marqué par la chute des deux partis pivots du spectre politique.
Le recul historique sur la vie politique bourgeoise donne une signification particulière à ces dernières péripéties. Depuis la fin des années 50, les institutions étaient confiées à de fortes majorités de droite, puis aux partis de gouvernement regroupés autour de deux blocs assez cohérents et alternants au pouvoir. Ce cycle semble avoir pris fin, sans qu’aucune perspective de long terme ne se distingue à l’horizon : la bourgeoisie avance à vue, sans nouveau remède capable de soulager sa sénilité politique.
Les nouveaux gestionnaires font mine de découvrir la situation catastrophique de l’endettement de l’État, mais celle-ci n’a rien pour étonner. En 2000, la dette des administrations publiques s’établissait à 854,8 milliards € ; au 2ème trimestre de 2024, son niveau a plus que triplé pour dépasser les 3 228 milliards €. Par ailleurs, le taux de croissance atteindrait seulement 1,1 % en 2024. Il existe évidemment une relation entre dépenses publiques et activité économique : les premières sont employées massivement pour soutenir l’économie et enrayer la stagnation.
Depuis 2008, les crises ont rebondi et l’endettement privé des entreprises n’a pu être absorbé que par l’endettement global des États. La politique du «quoi qu’il en coûte» quel qu’en soit le motif est une nécessité pour les gouvernants, confrontés à la diversité et la gravité des crises générées par le mode de production capitaliste.
La position de l’impérialisme français s’est vue singulièrement dégradée par ces derniers événements. La dissolution avait fait bondir l’écart entre le taux auquel emprunte la France et celui auquel emprunte l’Allemagne. Depuis et en raison du dérapage de l’endettement, la France se finance plus cher que la Grèce ou l’Espagne. Avec une dette équivalente à 112 % de son PIB, seules la Grèce et l’Italie affichent une dette plus élevée dans l’Union européenne.
Éjecté de la nouvelle commission européenne, Thierry Breton signale également : « La France est désormais reléguée au même niveau que l’Italie, l’Espagne, la Pologne, la Finlande ou la Roumanie. Son poids est très dilué par rapport à la Commission précédente. Mon portefeuille de commissaire a été réparti entre cinq commissaires ! Dans certains journaux à Bruxelles, on présente Ursula von der Leyen comme « l’impératrice de l’Europe » »[1].
Dans l’immédiat, la réponse du gouvernent Barnier consistera à redoubler les mesures d’austérité. Il prétend répartir les efforts par une imposition exceptionnelle sur les plus hauts revenus et les grandes entreprises, mais l’austérité retombera inévitablement sur les travailleurs exploités, qu’ils soient en activité ou non : baisse des dépenses de santé et du niveau réel des retraites, hausse des prix de l’électricité, renforcement des contrôles sur les arrêts maladie, etc.
Parallèlement, le projet de loi présenté par M. Barnier confirme la hausse du budget de la Défense. Celui-ci progresserait de 3,3 milliards pour atteindre 50,5 milliards €, atteignant l’équivalent de 2 % du PIB national. Ce niveau correspond en fait aux objectifs fixés par l’OTAN aux pays membres de l’Alliance atlantique, dont les détails ont « fuité » dans la presse allemande avant le sommet du 12 octobre à Ramstein. Mark Rutte, nouveau secrétaire général de l’OTAN, a fait du réarmement des pays membres du bloc occidental la première priorité, déclarant lors de son investiture : « Nous avons besoin de forces plus nombreuses et mieux équipées, d’une industrie de défense transatlantique plus robuste, d’une capacité de production accrue dans le domaine de la défense ». L’aggravation des tensions depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine constitue d’évidence la toile de fond de la course aux armements des deux côtés du front, marquant une étape nouvelle dans la dynamique historique des impérialismes.
Sur le plan intérieur tout comme sur la scène européenne, ces mesures s’accompagnent d’une virulente démagogie anti-immigrés, qui a déferlé sur toute la période électorale. Une même vague nationaliste emporte toute l’Europe. Cette démagogie présente l’immense intérêt de diviser la classe exploitée, de l’opposer suivant des critères nationaux, religieux ou identitaires supposés, mais il faut bien comprendre que sa portée ne se limite nullement à la sphère idéologique.
En Allemagne, la coalition dirigée par la social-démocratie a réalisé un rapide tournant par rapport à sa politique extérieure en rétablissant, de façon unilatérale, les contrôles aux frontières avec ses neufs pays voisins. L’Italie dirigée par le parti « post-fasciste » Fratelli d’Italia a mis en place un système offensif de rétention des réfugiés en dehors de ses frontières, par l’intermédiaire de la Tunisie, de l’Égypte ou de la Libye. Par un accord avec l’Albanie, elle a également mis en place des centres de rétention de droit italien dans ce pays pour classer les demandes d’asile. Giorgia Meloni a « bénéficié du soutien constant de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sur ce dossier. La dirigeante d’extrême-droite a aussi reçu les louanges du premier ministre britannique travailliste, Keir Starmer, qui, en visite à Rome le 16 septembre, a salué les « remarquables progrès » de l’Italie dans sa lutte contre les entrées illégales »[2]. Ces convergences sont bien le signe que cette évolution barbare ne connaît pas de frontières politiques, embarquant tous les partis au pouvoir. Il n’existe pas, en particulier, de moindre mal qu’il faudrait préférer, tel que le Nouveau Front populaire, car il serait lui-même pris dans la même logique s’il occupait le pouvoir.
Les articles de cette revue se proposent d’éclairer la situation de quelques-uns de ces pays ou régions. Au-delà de la nécessaire dénonciation de l’impasse du nationalisme, ils entendent montrer que les tensions, points chauds et guerres ouvertes sur la surface de la planète, doivent bien être vus non comme des cas isolés et à part, produit de leurs seuls contextes locaux ou de l’irrationalité apparente de leurs protagonistes, mais plutôt comme des expressions révélatrices des contradictions propres au capitalisme. Voir le numéro 24 ici: B&P numéro 24
La guerre qui persiste et s’enkyste en Ukraine, les milliers de morts de Palestine et d’Israël, les destructions massives de logements et la pollution qui en résulte dans tout l’environnement, présagent d’un repartage violent des marchés et des sources de matières premières, accomplissant une destruction de moyens de production et de vies humaines. La crise économique et la tendance à la guerre existent en tout point du marché capitaliste, c’est à ce défi que doit se préparer le prolétariat, en opposition à toutes les pressions pour l’amener à prendre parti pour tel ou tel des camps en présence.
Nous reprenons volontiers cette adresse du BIPR, ancêtre de la TCI, paru en 1987 au sujet de la crise au Liban et en Palestine :
A nous, prolétaires, révolutionnaires, de nous faire l’écho de la plainte des martyrs que le capital assassine partout sur la planète ; à nous de relever le défi monstrueux des guerres interminables, non par des pleurnicheries pacifistes, mais par la reprise et la poursuite inlassable du combat de classe de tous les exploités contre les bourgeoisies.[3]
Seule la classe exploitée possède la force matérielle pour répondre au défi que lui lancent les diverses fractions bourgeoises impliquées dans le désordre impérialiste. Il est cependant indispensable que, en son sein, les prolétaires les plus conscients s’organisent pour y porter les éléments essentiels de sa conscience de classe, sa conscience communiste.
Cette continuité fondée sur la réflexion et la critique est, en particulier, portée par l’organisation des communistes, dont les membres individuels sont confrontés, particulièrement lorsque le combat de classe reflue, à des tâches multiples et exigeantes. Cette revue s’ouvre donc par un hommage à notre camarade Olivier, récemment disparu, qui a pris une part considérable à l’existence et à la défense du communisme et de l’internationalisme. Hommage politique autant qu’à ses qualités humaines.
La revue se conclut par un de ses derniers textes, que nous publions en parties dans les prochains numéros de B&P, et qui a pour ambition de décrire la dynamique de luttes au cours des décennies 60 et 70, afin d’en dégager des perspectives sur le développement de la lutte de classe et la tendance à l’autonomisation de celles-ci par rapport aux appareils d’encadrement bourgeois.
S’il a particulièrement contribué à transmettre les combats historiques de la classe ouvrière et de ses organisations, Olivier estimait aussi, à raison, qu’il ne fallait pas chercher dans cette histoire des recettes toutes faites, qu’il suffirait de simplement répéter ou de réaffirmer sans considération pour les conditions dans les lesquelles se déroulent les lutte entre les classes. Il s’élevait donc contre le « psittacisme » politique qui consiste à croire que la simple répétition serait une condition suffisante de la politique communiste.
La complexité de ces tâches est donc premièrement une exigence posée aux organisations communistes qui prétendent contribuer à leur résolution. Mais cette exigence est aussi posée à tous les individus en recherche d’une perspective révolutionnaire, qui fait aujourd’hui cruellement défaut. A ces nouveaux camarades qui se lancent dans la bataille, à ces sympathisantes et sympathisants des positions de classe, nous lançons donc une fois encore un appel à contribuer à l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique révolutionnaire.
NOTES
[1] Le Monde. 1er octobre 2024.
[2] Le Monde. 29-30 septembre 2024.
[3] « L’impérialisme au Moyen-Orient et la question palestinienne », Revue communiste, n°6, p. 25.
Versão em Língua Portuguesa:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2024/11/a-espiral-dos-nacionalismos-guerra-e.html
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Comment écrire que le prolétariat, la classe la plus révolutionnaire de toute l’histoire, armé de son idéologie révolutionnaire scientifique invincible:le marxisme, conscient de la nécessité absolue de s’unir et de s’organiser pour accomplir sa mission historique:EXPROPRIER TOUTE LA BOURGEOISIE, SANS COMPENSATION ET AU BOUT DU FUSIL, DE SA PROPRIÉTÉ DES MOYENS DE PRODUCTION,DE CIRCULATION ET DE COMMUNICATION AFIN D’ ENLEVER DES SES MAINS GÉNOCIDAIRES LES OUTILS DE SA DICTATURE MORTIFÈRE n’aurait pas de programme.
Marx et Engels ont démontré hors de tout doute que le fondement matériel de la dictature de la bourgeoisie réside essentiellement dans sa propriété privée des moyens de production, d’échanges,de commercialisation et de communication, moyens à l’aide desquels elles dominent la vie même de tous, depuis l’alimentation,l’éducation,la santé,la distraction,jusqu’y compris la pensée et les rêves de chacun.
Le prolétariat n’a d’autre programme que d’abolir la propriété privée et dès lors, la bourgeoisie perdra tous ses moyens de domination et de corruption.Le nerf de toute guerre c’est l’argent et l’argent provient de l’extraction de la plus-value des esclaves salariés, ceux qui ne possèdent rien d’autre que leur force de travail et qui doivent assumer les frais de sa reproduction, en abolissant et en rendant public toutes formes de propriété des moyens de production, d’échanges,de commercialisation et de communication, le prolétariat s’emparera de tout le pouvoir afin d’exercer sa dictature.
Les prolétaires du monde entier doivent s’unir et abolir la propriété privée et grâce aux immenses surplus dont ils disposeront après s’être assuré une subsistance digne de tout être civilisé, partout sur la terre, il pourra résoudre les immenses défis que la bourgeoisie décadente et dégénérée a créé en termes de pollution,de réchauffement climatique,de crises humanitaires,de drogue,de prostitution,de criminalité et de toutes ces activités capitalistes barbares et inhumaines qui la définissent.
PROLÈTAIRES DU MONDE ENTIER,UNISSEZ-VOUS,ORGANISEZ-VOUS AU SEIN DE VOTRE PARTI RÉVOLUTIONNAIRE ET EXPROPRIEZ AU BOUT DU FUSIL LES CAPITALISTES DE VOS USINES,DE VOS BANQUES,DE VOS COMMERCES ET DE VOS MÉDIAS,LÀ EST LA SEULE VOIE POUR VOTRE SALUT.