Décanter la grève du contrôle syndical à la SAQ !
Ca fait six mois depuis le débrayage de deux jours des travailleurs de la SAQ- Québec à la fin du mois d’avril 2024. Depuis, la grève a été bloquée pendant que le syndicat “négocie » indéfiniment. Malgré un mandat de grève de quinze jours massivement approuvé par les travailleurs, le syndicat semble totalement désintéressé de poursuivre une véritable action militante, laissant les travailleurs dans un état d’incertitude. Mais face à la crise du coût de la vie, peut-être mieux représentée par le fait que 70% des travailleurs de la SAQ ont un statut de temps partiel, il est clair que ce qu’il faut, c’est une action militante de la classe ouvrière.
En effet, les travailleurs canadiens et du monde entier continuent d’être frappés par une crise économique de plus en plus profonde, et les salaires de la grande majorité de la classe continuent d’être rognés petit à petit. La lutte actuelle des travailleurs de la SAQ reflète cette précarité grandissante, notamment par la façon dont le système de paliers met en péril la grande majorité de sa main-d’œuvre. Les paliers garantissent que l’accès à des salaires décents est toujours sous le contrôle des quotas et des intermédiaires, ce qui, en raison de la nécessité pour le capital de maximiser le rendement du travail, garantit qu’il sera toujours rentable d’embaucher davantage de travailleurs aux échelons inférieurs. Les salaires tolérables restent donc réservés aux quelques privilégiés qui ont réussi à tenir bon pendant près de dix ans, puisque l’accès au niveau le plus élevé pour les caissiers équivaut en moyenne à 12 ans d’emploi continu à temps plein. C’est l’un des nombreux mécanismes auxquels sont confrontés les travailleurs des services en particulier et qui rendent leurs conditions plus précaires, et les travailleurs de la SAQ ne sont pas les seuls, ces deux dernières années, à s’être battus contre les mesures imposées par les patrons.
Par exemple, au début du mois de juillet 2024 en Ontario, les travailleurs de la LCBO ont également lancé une grève. Leurs demandes concernaient les salaires, le statut de travailleur à temps partiel et la politique du gouvernement conservateur en matière de distribution de bière et de vin. La grève devait se terminer par des concessions sur tous ces points, mais le nouveau contrat ne prévoyait qu’une augmentation de 8 % sur les trois prochaines années, ce qui ne ramènera même pas les salaires réels au niveau où ils étaient avant l’inflation, et encore moins au niveau du taux actuel projeté. Les travailleurs des casinos et de la BANQ ont tous été confrontés à des résultats similaires lors de grèves récentes. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres du fait que le cadre syndical sape les besoins réels des travailleurs, et que les progrès réels ne peuvent être obtenus que par l’auto-organisation de la grève elle-même. Au lieu de telles négociations à huis clos, nous, les travailleurs, devons nous organiser entre nous pour déterminer l’orientation et les revendications de la grève. Des leçons peuvent être tirées des travailleurs des garderies de la FTQ dans la Petite Bourgogne qui, en 2021, ont organisé une chaîne de courriels entre eux et se sont rendus aux piquets de grève de la CSN et de la CSQ contre la volonté de la FTQ.
Les travailleurs de la SAQ qui organisent la grève en dehors du contrôle du syndicat ne sont pas seulement mieux placés pour obtenir leurs revendications, mais ils peuvent aussi servir de référence à l’ensemble de la classe ouvrière face à cette crise générale. Ce n’est que sur la base d’une lutte de classe active et politique que les travailleurs pourront véritablement combattre les assauts massifs du capital.
Klasbatalo
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