La Ferme aux animaux trumpistes: la farce du 6 janvier au Capitole
Dans une de ses plus célèbres analyses politiques,
Marx, à la suite de Hegel, notait qu’il y
avait très souvent dans l’histoire un processus
de répétition mais que : « la première fois
comme une tragédie, la seconde fois comme
une farce. » (K. Marx : Le 18 Brumaire de Louis
Bonaparte, éditions sociales, p.15, Paris, 1969).
Que penser alors de la super farce de la pseudo
«insurrection» des partisans de Trump contre le Capitole :
certainement pas un coup d’État et tout au plus un coup d’éclat. Un peu plus d’un
siècle après l’extraordinaire «prise du Palais d’hiver» par les ouvriers, soldats et
paysans insurgés de Petrograd, qui signaient par là, la première victoire
révolutionnaire du vingtième siècle, la bouffonnerie trumpiste inverse tout.
Ce sont les contre-révolutionnaires qui attaquent leurs représentants élus pour empêcher la
validation d’une élection auquel ils ont ardemment participé. Certains avaient essayé de nous
vendre l’inapplicable «parlementarisme révolutionnaire», et maintenant le spectacle intégré
nous présente le « parlementarisme contre-révolutionnaire » ; l’électoralisme contre les
élections. Tous jouent en fait le même jeu démocratique, avec ses règles, ses magouilles et
ses tricheries.
Personne n’est dupe, ce qu’il faut au final s’est préserver le système pour que
tous ceux qui ont participé au jeu, surtout continuent de jouer. La crise du système de
représentation démocratique est telle qu’il faut le régénérer et le doper par la mise en scène de
sa propre parodie et la peur de sa fin même caricaturale.
Pour pouvoir encore croire en ce système ouvertement corrompu, mensonger et inefficace, il
faut pouvoir le voir comme une ultime solution face au chaos et aux catastrophes de tout type
à venir. La démocratie avait déjà ainsi essayé de se faire peur, pour mieux se relégitimer en
tant que moins mauvais des régimes capitalistes possibles. Le renforcement de la démocratie
apparait comme la solution alors qu’elle est pleinement responsable de la situation. Les
évènements du Capitole renforcent l’illusion qu’une meilleure démocratie permettrait de
résorber le chaos inhérent au système capitaliste. Capitalisme et démocratie ne font qu’un,
seul le prolétariat en action peut permettre d’envisager d’autres perspectives.
Force est de constater que pour l’instant, cette capacité d’action est au plus bas, ou inexistante.
Le 23 février 1981, le lieutenant-colonel Antonio Tejero, avait fait irruption l’arme à la main
dans le parlement espagnol pour « essayer » d’interrompre le processus démocratique qui
avait été mis en place en remplacement de la dictature franquiste devenue obsolète. Il fallait
en effet cet événement spectaculaire pour rendre crédible le retour d’un roi dauphin désigné
par Franco, pour jouer à contre emploi, le rôle de sauveur de la démocratie. Il s’agissait
d’assainir une fois pour toutes, les restes du franquisme historique et faire passer
définitivement le pacte de la Monclova comme seule perspective capitaliste crédible.
Il est clair que face à ce rappel d’événements dramatiques, les farces de Trump peuvent
paraitre nettement plus grossières et vulgaires. Il n’empêche que aujourd’hui encore, il s’agit
de restaurer la démocratie américaine mise à mal par quatre années de pitreries et une « crise
sanitaire » majeure toujours en cours. (Voir L’escroquerie https://les7duquebec.net/archives/296136 )
Il faut donc bien que le plus vite possible ce «bon peuple américain» puisse se réconcilier et que,
une fois la peur du putsch passée, l’on puisse dans un élan d’union nationale reconnaitre que
grâce à ces élections agitées, un nouveau consensus national sera enfin trouvé pour pouvoir
revenir au plus vite à la normale capitaliste et à ses catastrophes à venir.
Par Fj et Mm, sur https://materiauxcritiques.wixsite.com/moncompte
Versão em Língua Portuguesa:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2024/12/a-quinta-dos-animais-trumpistas-farsa.html