La démocratie, vous la préférez comment?
Recherche menée par Robert Gil
La démocratie peut être conjuguée à toutes les sauces, sociale, nationale, autoritaire, libérale, bref, la démocratie est une vaste fourre-tout (10) qui permet à chaque gouvernement de pouvoir donner des leçons à ceux qui ne seraient pas démocrates. En occident, nous avons décrété que la meilleure forme de démocratie est notre « démocratie capitaliste », et nous trouvons normal que la gestion de notre économie dépende entièrement de la soi-disant « main invisible du marché ». Nous soutenons sans aucun problème des régimes totalitaires, tant que ceux-ci partagent notre vision du marché, ne s’immiscent pas contre nos intérêts, et donc de notre notion de démocratie. Par contre, malheur au pays dont le dirigeant ne respecte plus nos règles du jeu et décide que les intérêts de son pays et de son peuple sont plus importants que les profits de nos multinationales. Dans ce cas-là, nous n’hésiterons pas à employer la manière forte, s’il le faut, pour le ramener à la raison afin qu’il reprenne le chemin de notre démocratie libérale.
Ce qui se rapprocherait le plus d’une démocratie serait un système socialisé, où le peuple serait régulièrement consulté et prendrait part directement aux décisions économiques et politiques importantes, et où ses représentants pourraient être révoqués en cas de non-respect du programme pour lequel ils ont été élus. Dans les pays de l’Est, même si une partie de la population aspirait à des changements, fascinée par notre société de consommation, la grande majorité voulait rester dans une économie socialiste, et ne voulait pas d’économie de marché. Ils pensaient sincèrement qu’il était possible d’accéder à notre société de consommation sans rien lâcher sur les aspects positifs du socialisme. Ils se sont lourdement trompés ! Les cas les plus frappant sont ceux de la RDA (11) et de la Russie. La RDA a été dépecée par les grandes entreprises et les banques ouest allemande (12). En Russie, Eltsine (13) et ses semblables, soutenus par les USA et l’UE, se sont accaparés tous les secteurs rentables de l’économie. La Russie est passée d’un « régime communiste » à une « démocratie capitaliste », sans que pour autant cela ne satisfasse l’occident (14) dont le but final était de dépecer et diviser le pays en plusieurs nations plus facilement contrôlables. Vladimir Poutine est officiellement élu président de la fédération de Russie le 26 mars 2000, et l’occident comprend rapidement que ses projets de destruction de la Fédération de Russie sont durablement compromis.
La différence entre la Russie (18), la Chine (15) et les USA, c’est que l’économie des deux premiers est dirigée par « la main de fer » de l’Etat, même si en Russie il faut composer avec les milliardaires issus de la décomposition de l’Etat des années 1990, et du coup d’état d’Eltsine de 1993 (14), tandis que celle des Etats-Unis est dirigée par de puissants lobbys représentant les intérêts d’une oligarchie militaro-financière. Les multinationales américaines, si elles ont d’immenses moyens financiers et coercitifs pour s’implanter et imposer leurs intérêts dans de nombreux pays, ont en revanche beaucoup plus de difficultés pour dicter leurs volontés dans des pays où l’économie est tenue par « la main de fer de l’Etat ». Mais combien de temps une économie administrée par l’Etat, et qui tolère des milliardaires, peut-elle tenir face à une économie dirigée par ce que l’on nomme pudiquement « la main invisible du marché » ? Je présume que les milliardaires russes ou chinois ont les mêmes ambitions que les milliardaires américains ou français : s’enrichir toujours plus ! C’est comme cela, on ne peut sans doute rien y faire : c’est pathologique. Il n’existe aucune loi pour les obliger à se faire soigner, et aucun vaccin pour l’empêcher.
Ici, en France, « pays des droits de l’homme », la volonté populaire n’existe pas. En 2005 les français disent « non » au traité européen suite à un référendum, mais en 2008 le parlement réuni en Congrès à Versailles vote « oui » à ce traité (16). Ce coup d’état contre la volonté populaire aurait dû nous faire réagir, sortir dans la rue, protester, mais non, nous sommes restés sagement à la maison à nous lamenter en se disant que de toute façon l’on ne peut rien y faire ! Ma grand-mère disait « à force de baisser son pantalon, on ne peut plus marcher »
Alors cette démocratie, vous la voulez comment ? le système économique détermine le système politique avec lequel il désire cohabiter, le politique n’est qu’un instrument, au service de ceux qui dirigent cette économie. Le capitalisme est profondément inégalitaire, et est basé sur un rapport de domination d’une classe sur une autre. Donc, lorsqu’un système politique est au service d’intérêts privés issus du capitalisme, nous ne pouvons pas appeler cela une démocratie (17). Une démocratie ne repose pas sur la compétition du chacun pour soi, mais sur la coopération du tous ensemble. Donc, ne nous faisons pas d’illusion, je pense que dans une société qui est entièrement basée sur le pouvoir de l’argent, dans laquelle une infime minorité de personnes possède tous les leviers économiques, financiers, médiatiques et donc politiques, il ne peut y avoir ni libre-choix, ni liberté, ni démocratie. Actuellement, notre démocratie est en réalité la dictature de la minorité (Grande Bourgeoisie) sur la majorité (le peuple). Une véritable démocratie serait exactement l’inverse.
Toutes les références sont dans Miscellanées Politiques N°2 : « Cogitation d’un quidam ordinaire »
Versão em Língua Portuguesa:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2024/12/como-e-que-prefere-democracia.html
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