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Proxy syrien effondré – Puissances gagnantes et perdantes dans cette guerre par procuration

Proxy syrien effondré – Puissances gagnantes et perdantes dans cette guerre par procuration

La Syrie est tombée.

Il est maintenant très probable que le pays s’effondre. À l’extérieur comme de l’intérieur, les puissances dominantes de l’économie mondiale tenteront d’absorber et/ou de contrôler autant de parties du cadavre que chacun d’entre eux le peut. (Voir les articles  suivant sur le magouillage des puissances suzeraines au Moyen-Orient occupé :  Qui sont les gagnants et les perdants de l’effondrement du proxy syrien ? – les 7 du quebec  et « Révélations » sur le magouillage inter-puissances impérialistes en Syrie (Husson-Meyssan) – les 7 du quebec ).

Des années de chaos et de conflits s’ensuivront.

Après la Syrie…

Muslims offer prayers during Eid al-Fitr at the velodrome de Champ-Fleuri in Saint-Denis de la Reunion on the French Indian Ocean island of Reunion on June 26, 2017.

Je réfléchissais aux conséquences à long terme (20+ ans) de la chute de la Syrie, mais je n’ai pas réussi à faire de prédictions sensées.

Il y a trop d’intérêts et de nations en jeu, trop de points chauds prêts à exploser. (Trop de proxys prêts à éclater autour de ce proxy en cours d’implosion. NDÉ).

Mais ce que je trouve le plus difficile à prévoir, c’est la conséquence de la désécularisation (sic) systématique que nous pouvons observer dans une zone plus large.  Chaque gouvernement fantoche qui tombe semble être remplacé par un gouvernement fantoche plus religieux, plus ethnocentrique (voir Iran, Irak, Yémen, Libye, Israël, Liban, Syrie…).   Il est difficile d’estimer le pouvoir des (mauvaises) interprétations eschatologiques des différentes écritures chauvines. (sic)

Source: MdA – Après la Syrie


Israël s’empare d’une autre grande quantité de terres syriennes. Il a pris le contrôle de la ville syrienne de Quneitra, ainsi que des villes d’Al-Qahtaniyah et d’Al-Hamidiyah dans la région de Quneitra. Il a également avancé dans le mont Hermon syrien et est maintenant positionné à seulement 30 kilomètres de la capitale syrienne (et au-dessus).

Il démilitarise également davantage la Syrie hier le proxy russe, demain le proxy étatsunien…  en bombardant tous les sites de stockage militaire syriens à sa portée. Les positions de défense aérienne et l’équipement de levage sont ses principales cibles. Pour les années à venir, la Syrie, ou quoi qu’il en découle, sera totalement sans défense contre les attaques extérieures…comme d’habitude NDÉ.

Israël est pour l’instant le grand gagnant en Syrie. Mais avec des djihadistes agités maintenant à sa frontière, il reste à voir combien de temps cela durera.

Les États-Unis bombardent le désert central de la Syrie. Il prétend frapper l’EI, mais la véritable cible est toute résistance locale (arabe) qui pourrait empêcher une connexion entre l’est de la Syrie contrôlé par les États-Unis et le sud-ouest contrôlé par Israël. Il se pourrait bien qu’il y ait des plans pour construire davantage cette connexion dans un Eretz Israël, un État contrôlé par les sionistes «du fleuve à la mer»  (Voir la carte ci-haut).

La Turquie a joué et a toujours un grand rôle dans l’attaque contre la Syrie. Il finance et contrôle l’Armée nationale syrienne (anciennement l’Armée syrienne libre), qu’il utilise principalement pour combattre les séparatistes kurdes en Syrie.

Il y a environ 3 à 5 millions de réfugiés syriens en Turquie que l’aspirant sultan Erdogan souhaite, pour des raisons de politique intérieure, voir revenir en Syrie. Le chaos en cours ne le permettra pas.

La Turquie avait nourri et poussé Hayat Tahrir al-Sham, dérivé d’Al-Qaïda, à prendre Alep. Il ne s’attendait pas à ce qu’il aille plus loin. La chute de la Syrie est en train de devenir un problème pour la Turquie alors que les États-Unis en prennent le contrôle. Washington essaiera d’utiliser HTS pour ses propres intérêts qui ne sont pas nécessairement compatibles avec ce que la Turquie pourrait vouloir faire.

L’une des principales cibles de la Turquie sont les insurgés kurdes en Turquie et leur soutien des Kurdes en Syrie. Organisés sous le nom de Forces démocratiques syriennes, les Kurdes sont parrainés et contrôlés par les États-Unis. Les FDS combattent déjà l’ANS d’Erdogan et toute nouvelle intrusion turque en Syrie sera confrontée à eux.

Les FDS, soutenues par l’occupation américaine de l’est de la Syrie, contrôlent les principaux champs de pétrole, de gaz et de blé dans l’est du pays. Quiconque veut gouverner à Damas devra avoir accès à ces ressources pour pouvoir financer l’État.

Bien qu’il ait reçu une récompense de 10 millions de dollars sur la tête, le chef de HTS, Abou Mohammad al-Golani, est actuellement présenté par les médias occidentaux comme le nouveau dirigeant unificateur et tolérant de la Syrie. Mais son HTS est lui-même une coalition de djihadistes extrémistes de divers pays. Il ne reste plus grand-chose à piller en Syrie et dès que ces ressources seront épuisées, les combats au sein de HTS commenceront. Al-Golani sera-t-il en mesure de contrôler les pulsions sectaires de ses camarades lorsque ceux-ci commenceront à piller les sanctuaires chiites et chrétiens de Damas ?

Au cours des dernières années, la Russie était moins investie dans le gouvernement Assad qu’il n’y paraissait. Il savait qu’Assad était devenu un partenaire presque inutile. La base méditerranéenne russe de Khmeimim dans la province de Lattaquié est son tremplin vers l’Afrique. Il y aura des pressions américaines sur tout nouveau leadership en Syrie pour expulser les Russes. Cependant, tout nouveau leadership en Syrie, s’il est intelligent, voudra garder les Russes à l’intérieur. Il n’est jamais mauvais d’avoir un autre choix si l’on en a besoin. La Russie pourrait bien rester à Lattaquié pour les années à venir.

Avec la chute de la Syrie, l’Iran a perdu le maillon majeur de son axe de résistance contre Israël. Ses défenses avancées, fournies par le Hezbollah au Liban, sont maintenant en ruines.

Comme l’ancien général Wesley Clark l’a rapporté à propos d’une conversation qu’il a eue un jour au Pentagone :

« Il s’agit d’une note de service qui décrit comment nous allons éliminer sept pays en cinq ans, en commençant par l’Irak, puis la Syrie, le Liban, la Libye, la Somalie, le Soudan et, pour finir, l’Iran. » Voilà le complot américain contre ses rivaux au Moyen-Orient (NDÉ).

Six des sept pays mentionnés dans cette fameuse note de service ont maintenant été plongés dans le chaos. L’Iran est -jusqu’à présent- le seul survivant de ces plans. Il devra d’urgence renforcer ses défenses locales. Il est grand temps maintenant qu’il se dote enfin de véritables armes nucléaires.

La nouvelle administration Trump considère la Chine comme son principal ennemi. En plongeant la Syrie (et l’Ukraine) dans le chaos, l’administration Biden sortante a garanti que Trump devra rester impliqué au Moyen-Orient (et en Europe de l’Est).

L’énorme « pivot vers l’Asie » des États-Unis devra à nouveau attendre. Cela donne à la Chine plus de temps pour construire sa sphère d’influence. C’est peut-être la seule puissance qui a été gagnante dans ce domaine.

Posté par b le 9 décembre 2024 à 13:50 UTC | Permalien

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

4 réflexions sur “Proxy syrien effondré – Puissances gagnantes et perdantes dans cette guerre par procuration

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