Asie/Afrique

Les Kurdes syriens seront détruits si les États-Unis n’interviennent pas pour les sauvegarder (Korybko)

Il reste à voir si l’Amérique viendra une fois de plus à leur secours ou finalement les abandonnera.

Le Wall Street Journal a cité de hauts responsables américains anonymes pour rapporter plus tôt cette semaine que la Turquie se prépare à une autre intervention militaire conventionnelle en Syrie contre les Kurdes armés. Le département d’État a ensuite révélé que le cessez-le-feu entre la Turquie et les « Forces démocratiques syriennes » (FDS) soutenues par les États-Unis mais dirigées par les Kurdes avait été prolongé jusqu’à la fin de la semaine. Pour le contexte, les États-Unis ont des bases dans le nord-est de la Syrie tenu par les FDS, qui est riche en agriculture et en énergie.

Le même jour, le chef kurde des FDS, Mazloum Abdi, a proposé une zone démilitarisée (DMZ) supervisée par les États-Unis à Ayn al-Arab/Kobané, ce qui a coïncidé avec la proclamation par le chef militaire de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) désigné comme terroriste qu’ils rejettent le fédéralisme et ne l’accorderont pas aux Kurdes. La première déclaration vise à ce que les États-Unis sauvent une fois de plus le projet d’autonomie des Kurdes syriens, tandis que la seconde signale clairement qu’il ne sera pas toléré dans la soi-disant « nouvelle Syrie ».

Le patron turc de HTS considère les Kurdes syriens armés comme des terroristes et le soutien des États-Unis à leur égard est le principal responsable des relations turco-américaines troublées au cours de la dernière décennie. Le rejet du fédéralisme par HTS, associé à des rapports crédibles sur un renforcement militaire turc le long de la frontière syrienne, suggèrent que ces deux derniers se préparent à détruire les FDS. Les États-Unis peuvent donc soit laisser cela se produire, soit risquer une crise de la corde raide avec la Turquie en désespoir de cause pour l’arrêter.

En ce qui concerne le premier scénario, le but de soutenir les Kurdes syriens armés était de priver le gouvernement Assad des ressources nécessaires à la reconstruction du pays tout en cultivant sournoisement une menace à la sécurité pour contrôler la politique étrangère multipolaire de la Türkiye, les deux sous un prétexte spécieux anti-ISIS. Le premier impératif n’est plus pertinent alors que le second reste pertinent, mais les coûts politiques et militaires que l’accrochage à cette politique pourrait entraîner pourraient être considérés comme inacceptables pour les décideurs, en particulier Trump.

Déclencher une grave crise au sein de l’OTAN à cause de terroristes désignés par la Turquie un mois seulement avant que Biden ne quitte ses fonctions et alors que l’Ukraine est sur la défensive serait désavantageux pour les États-Unis. L’administration sortante pourrait donc décider d’abandonner complètement ses alliés kurdes syriens armés ou de signaler que c’est le début de la fin pour elle, mais en prolongeant le processus jusqu’après l’entrée en fonction de Trump. Cela pourrait prendre la forme d’un accord pour superviser la DMZ proposée pendant que les Kurdes désarment et démobilisent.

Les membres de l’élite des FDS pourraient également être autorisés à quitter la Syrie en toute sécurité, que ce soit vers le gouvernement régional kurde voisin en Irak ou peut-être même vers les États-Unis ou certains pays européens, au motif qu’ils craignent des représailles une fois que HTS, soutenu par la Turquie, aura établi son autorité sur la région sous son contrôle. Cette séquence d’événements serait la meilleure pour les intérêts globaux des États-Unis, à la fois stratégiques et réputationnels, bien qu’il reste à voir si les décideurs politiques sont d’accord.

En ce qui concerne le deuxième scénario où l’on risque une crise de la corde raide avec la Turquie en désespoir de cause pour arrêter la destruction imminente des FDS, l’administration sortante ne voudra peut-être pas que ses dernières semaines soient définies par un retrait désastreux de Syrie qui rappelle à tout le monde son retrait antérieur d’Afghanistan. À cette fin, ils pourraient tenir leur position en affrontant les troupes turques aux dépens des intérêts stratégiques et de réputation des États-Unis mentionnés ci-dessus.

Dans ce cas, ce serait la prérogative de la Turquie de l’escalade, et non celle des États-Unis. Une ligne de conduite pourrait être de s’appuyer sur HTS comme mandataire pour inciter les États-Unis à exercer des représailles militaires contre les mêmes soi-disant « héros » que l’Amérique et ses médias viennent d’acclamer pour avoir « sauvé la Syrie ». Cela jetterait les États-Unis dans un dilemme de soft power qui les discréditerait quelle que soit la réponse qui s’ensuivrait. Tout compte fait, il serait préférable pour les États-Unis de réduire leurs pertes de manière à « sauver la face », mais ils ne se comportent pas toujours de manière rationnelle.

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

3 réflexions sur “Les Kurdes syriens seront détruits si les États-Unis n’interviennent pas pour les sauvegarder (Korybko)

  • Normand Bibeau

    «DES PAROLES DE MIEL SUR LEURS LÈVRES, UN POIGNARD DANS LEUR SEIN».
    Comment Erdogan pourrait-il, intelligemment, accorder la moindre confiance à ceux-là même qui ont ourdie le coup d’État militaire de couleur des «terroristes» du mouvement Gülen et de leur chef planqué et protégé aux U$A par la CIA avec pour mission de lui infliger le même sort qu’à son confrère «frèriste» Morsi: l’arrestation, la détention, un procès bidon et son exécution, sort funeste qui lui fut évité de justesse par les services secrets russes?
    Qui à part les «fous du sous-sol» washingtonnien et leurs va$$aux occidentaux, «les fous de Bruxelles», oseraient imaginer qu’Erdogan soit atteint d’un Alzheimer si puissant qu’il aurait oublié les manœuvres électorales frauduleuses et la campagne de propagande déchaînées auxquels ils viennent de se livrer outrancièrement pour lui faire perdre les élections législatives de 2024 et des accusations de corruption et sa condamnation inéluctable?
    Comment Erdogan pourrait-il ignorer que «ses amis OTANO-américains sans limite» lui ont ravi les champs pétroliers et gaziers iraquiens de Mossoul ,puis syriens d’Alep et ses champs de blé, voler et piller criminellement par les U$A pour s’en enrichir et financer leurs ennemis héréditaires kurdes?
    À cette liste de félonies et de trahisons commises envers Erdogan lui-même, il faut ajouter toutes celles commises envers ses «alliés» circonstanciels, les mercenaires «djihâdistes égorgeurs», dont tous les chefs historiques depuis Ben Laden (2011), au calife Abou Bakr Al-Baghadi ( 2017), en passant par Abou Hassan al-Hashimi al-Qourashi (2022) et dont les soldats furent combattus, massacrés et les survivants emprisonnés à Iblid en Syrie avant d’être recrutés par Erdogan pour servir ses plans de récupérer «ses» champs pétrolifères et gaziers confiés pour pillage aux fantoches iraquiens et syriens.
    La trahison et la félonie, le pillage et le brigandage, le mensonge et le parjure, sont les marques de fabrique de la «diplomatie démocratique de la canonnière» des U$A et de ses va$$aux et nul personne censée ne peut l’ignorer à moins de vouloir se faire planter un poignard dans le dos aussitôt le service rendu.
    Après avoir menti éffrontément sur leur soi-disant «lutte contre Daesh et le califat au Levant» alors qu’en réalité, ils combattaient l’armée syrienne arabe, les américains et leurs sbires occidentaux, une fois la sale besogne des mercenaires djîhadistes égorgeurs terminée ont voulu les exterminer,mal leur en pris, ils réussirent à se réfugier dans la province syrienne d’Idlib où les turques les recrutèrent pour mener à bien leurs projets de détruire l’État kurde offert par les U$A aux mercenaires kurdes et pour récupérer les champs pétroliers et gaziers iraquiens et syriens pillés par les U$A et leurs nouveaux «amis sans limites».
    L’empire occidental est comme la Rome décadente alors que les armées de mercenaires qu’Elle employait puis trahissait, sont aux portes de la ville, résolus à la mettre à sac et à occire les romains obèses, repus et gavés de la chair et du sang de ses victimes.
    LE MÉPRIS NE DURE QU’UN TEMPS.

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