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Le lancer libérateur

OLIVIER CABANEL — Depuis que Georges Bush a évité de peu un lancer de godasse, les agressions sur les « grands » de ce monde se multiplient.

Des gestes symboliques qui ne sont pas anodins

Au début, les lancers étaient assez « tarte à la crème » et plutôt bon enfant : ils étaient le fait de celui qui s’est nommé l’entarteur.

De son vrai nom Noël Godin, il a le lancer facile, et la liste de ses victimes s’allonge.

Sous les cris de « entartons, entartons », il projette des tartes à la crème sur des personnalités qu’il choisit.

PPDA, Pascal Sevran, Patrick Bruel, Doc Gyneco, Jean-Luc Godard, Maurice Béjart, Bill Gates, Bernard Henri Levy (un récidiviste : entarté 7 fois) en ont fait les frais.

Jusqu’à ce qu’il s’en prenne à un politique, et pas n’importe lequel : il a entarté Nicolas Sarkozy lors de sa visite au salon de l’agriculture.  lien

Sans le savoir, avait-il lancé aussi un mouvement ?

Pour Bush, l’affaire est entendue, puisque le coupable a bénéficié de quelques mois de rétention, et a été libéré pour bonne conduite.

Bien sûr, il s’agissait d’un acte condamnable, visant un chef d’état, mais sur le fond, il a plutôt provoqué le sourire.

Ce geste de révolte et d’humour a fait depuis des petits.

Sarkozy, lors de plusieurs visites, en a été à son tour la cible.

Pourtant il avait pris toutes les précautions, ayant invité les militants UMP à lui faire un mur d’accueil pour lui éviter toute disconvenue.

A Valence, ils étaient trois mille encartés UMP invités à jouer ce rôle protecteur en échange d’un pot payé par nos impôts. lien

Le 12 janvier 2009, sous les cris de « Sarko, on n’est pas des godillots », ce dernier a pu éviter le lancer de plusieurs chaussures, lors de sa venue à Saint Lô.

A défaut d’atteindre le chef de l’Etat, ces chaussures ont couté sa place au préfet. lien

Wen Jiabao, le premier ministre chinois,  a essuyé à son tour un jet de chaussure, lors d’un discours qu’il faisait à Cambridge. lien

C’était le 2 février 2009.

Dominique Strauss Kahn a été le suivant sur la liste en octobre 2009, lors d’une visite en Turquie.

Quelques heures après le jet vengeur, l’agresseur  était libéré, DSK ne l’ayant pas poursuivi.  lien

C’était l’acte du correspondant politique du journal de gauche « Birgun ».

En effet, confrontée à la crise financière de 2001, la Turquie avait demandé au FMI de l’aider.

Ce qui avait été refusé, alors que le ministre de l’économie turc annonce pour 2010 un taux de croissance de 3,5%.

Ces actes, somme toute bon enfant, sont symboliques.

Les médias évoquent pour ce genre d’agressions des gestes de déséquilibrés.

Mais le sont-ils vraiment ?

N’est-ce pas plutôt de l’humour marquant la volonté des citoyens de s’exprimer différemment ? c’est surtout l’amour propre de la cible qui est touché.

D’ailleurs au mois de février 2009, les facs ont lancé un jeu : il s’agit de lancer un soulier virtuel sur Sarkozy, et sur la ministre de l’enseignement.

Aux dernières nouvelles, Pau détenait le record avec 38601 coups réussis, suivi par Lyon I et Reims, ceux-ci talonnés de près par Paris I et Mulhouselien

Les évènements se précipitent et prennent depuis peu une tournure plus violente.

Récemment, Sylvio Berlusconi, a essuyé un jet de statue en bronze représentant la cathédrale de Milan, qui lui aurait cassé le nez et des dents. lien

L’agresseur, Massimo Tartaglia serait suivi depuis dix ans pour des problèmes psychiatriques. lien

Mais Il y a d’autres pistes.

Tout cela est peut-être porté par la légende qui veut que « lancer porte-bonheur ».

Comme chacun sait, lancer du riz sur un couple qui vient de se marier est un gage de fertilité. lien

Le lancer de crêpe relève aussi de cette croyance.

En Picardie, il fallait lancer une crêpe sur le dessus de l’armoire, en tenant une pièce d’or dans le creux de la main gauche afin d’avoir bonheur et richesse toute l’année.

Tout çà se passait à la Chandeleur, au début du mois de février.

Cette fête païenne Celte consistait à célébrer la fertilité, en parcourant la campagne et portant des chandelles (d’où chandeleur).

On lançait des crêpes sur le toit des maisons (ou parfois aux quatre coins d’un terrain) pour apporter fertilité et richesse, la crêpe symbolisant le disque solaire et annonçant la fin de l’hiver. lien

L’église en ayant constaté le succès récupéra très vite cette fête, tout comme elle l’avait fait pour Noël. lien

Car comme disait un vieil ami africain : «si haut que parvienne une chose lancée, elle finit toujours par retomber».

Une réflexion sur “Le lancer libérateur

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