6 février 1934 – La réinformation, c’est la propagande d’extrême-droite (vidéo 10’19)
https://mai68.org/spip3/spip.php?article2792
« réinformer » signifie informer à nouveau, informer par dessus, en supposant que la première information a été faite par le pouvoir. Il n’y a pas de raison de penser que la deuxième information, celle qui vient recouvrir la première, soit de meilleure qualité ; surtout que le mot « réinformation » ayant été été inventé par l’extrême droite, il faut forcément se méfier de leur « information » à eux.
L’extrême gauche a complètement tort de reprendre le mot « réinformation » à son compte. Personnellement, je ne fais pas de la réinformation, mais de la désintoxication, on peut aussi dire « contre-propagande » en considérant que le pouvoir fait sans arrêt de la propagande mensongère.
L’extrême droite étant évidemment la roue de secours du pouvoir, elle en fait partie, comme nous avons pu le constater quand Macron a dissous l’Assemblée au moment où il espérait que, le Front National étant au plus haut, il allait prendre la direction de l’État.
Sous la vidéo, je vais essayer de contrer la propagande très adroite et très à droite de Xavier Moreau.
Réinformation sur la tentative de coup d’État du 6 février 1934
Xavier Moreau – 6 février 2025 – Extrait du Stratpol 224
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Le 6 février 1934 est bien, malgré ce qu’en dit Xavier Moreau, une tentative ratée de coup d’État. Le contexte historique, dont s’abstrait bien évidemment Xavier Moreau, le prouve. En Italie, il y avait eu le coup d’État de Mussolini en 1922, et en 1933 en Allemagne l’arrivée de Hitler, nommé au pouvoir par Hindenburg (*), suivie immédiatement d’un coup d’État permettant à Hitler de devenir führer. L’extrême droite a tout simplement voulu rééditer à Paris la marche sur Rome de Mussolini :
https://mai68.org/spip3/spip.php?article526
Xavier Moreau prétend que LES historiens sont maintenant d’accord avec son interprétation ; mais, il ne cite qu’une seule référence, le livre d’Olivier Dard (**).
Quant à la Révolution Française, il est bien clair que, contrairement à ce que dit Xavier Moreau, elle a été faite par « le peuple contre les élites ». Le problème, c’est qu’avec le 10 thermidor et la décapitation de Robespierre, la bourgeoisie a réussi à récupérer cette tentative révolutionnaire.
Xavier Moreau assimile les coups de feu tirés sur les émeutiers du 6 février 1934 au massacre des Gilets Jaunes par Emmanuel Macron. Alors que cela n’a rien à voir. Les Gilets Jaunes, c’était le retour de la lutte de classe ; alors que le 6 février 1934, les émeutiers souhaitaient un coup d’État qui établirait un État fort prônant la collaboration de classe, comme chez Mussolini et Hitler.
Et, c’est là où l’on voit l’adresse de Xavier Moreau, il reproche à l’extrême droite française de dire la vérité, c’est-à-dire que le 6 février 34, il s’agissait bien d’une tentative de coup d’État. On peut dire que Xavier Moreau est négationniste. Voyant la défaite arriver, Hitler avait fait détruire le plus possible d’archives attestant du génocide des Juifs afin que, plus tard, le nazisme puisse renaître de ses cendres. De la même façon, Xavier Moreau explique à l’extrême droite qu’il faut nier que le 6 février a eu lieu une tentative de coup d’État pour pouvoir faire croire que l’extrême droite est gentille.
Quant à l’affaire Stavisky, elle avait été montée en épingle pour servir d’excuse à la mobilisation de l’extrême droite. Une autre excuse aurait été trouvée s’il avait fallu.
« Le colonel de la Rocque avait compris que ces manifestations ne servaient à rien » nous dit Xavier Moreau. Dans ce cas, pourquoi y a-t-il été ? Pourquoi y a-t-il appelé ?
Xavier Moreau parle d’une alliance entre la « gauche bourgeoise » et les sans-culottes lors de la révolution française, et dit que cette alliance continue de nos jours. Il traite les sans-culottes de punk-à-chiens. Les sans-culottes étaient les « ouvriers des faubourgs », c’est-à-dire le prolétariat. Pour Xavier Moreau, c’est la racaille…
C’est la canaille, et bien j’en suis :
http://mai68.org/spip2/spip.php?article4649
Mais, en réalité, la « gauche bourgeoise » (l’expression de Xavier Moreau est bien choisie) n’est pas alliée avec les révoltés, elle tente seulement de les récupérer. De la même façon qu’on a vu Mélenchon, un peu tardivement — dès il a vu que le mouvement ne cesserait pas rapidement —, faire la cour aux Gilets Jaunes qui ne voulaient ni partis ni syndicats, il faut remarquer le discours qu’a tenu Saint-just devant l’Assemblée pour la convaincre de voter la décapitation de Louis XVI : « Si vous ne décapitez pas le roi vous même alors le peuple de Paris vous tuera tous pour pouvoir tuer le roi lui-même ! »
Il est totalement faux de dire que l’ultra-gauche était avec la police contre les Gilets Jaunes. Les Black Blocs ont même été applaudis par ceux-ci :
http://mai68.org/spip2/spip.php?article3575
http://mai68.org/spip2/spip.php?article3251
http://mai68.org/spip2/spip.php?article2955
Je pensais que si le colonel de la Rocque avait été réhabilité par de Gaulle c’était parce que de Gaulle lui même était arrivé au pouvoir par un coup d’État. Mais, un commentaire de Gilles m’apprend qu’en fait la direction des Croix de feu était payée par les fonds secrets de Camille Chautemps (devenu par la suite ministre d’État du Front populaire en 1936). Ce qui fait du PSF (Parti Social Français) de de la Rocque une opposition contrôlée.
Bien sûr, quelques personnalités de « gauche » ont trahi, mais ceux qui ont préparé la défaite de 1940, ce n’est pas la gauche, c’est Pétain et sa clique. Quand « on » nous parle de l’« inefficacité » de la ligne Maginot, « on » semble totalement ignorer qu’elle n’allait pas jusqu’à la mer. Elle s’arrêtait juste avant de longer la frontière Belge. Et, comme c’est bizarre, c’est un certain Pétain qui avait dit que c’était inutile de la prolonger jusqu’à la mer. Il prétendait que les Allemands ne passeraient pas par la Belgique pour envahir la France, sous prétexte que la Belgique était un pays neutre. Pourtant, les Allemands étaient déjà passés par la Belgique en 1914 pour envahir la France ; chose que Pétain ne pouvait ignorer puisqu’il avait acquis sa réputation lors de la guerre de 14-18 !
Remarquez aussi qu’en 1940, pour envahir la France, les Allemands ont contourné la ligne Maginot en passant par la Belgique. Si la ligne Maginot avait été aussi inefficace qu’on nous le dit souvent aujourd’hui à la télé, pour quelle raison les Allemands ne l’ont-ils pas franchie ? Tout simplement, les Allemands savaient très bien que la ligne Maginot était infranchissable, puisque c’est une firme française d’une compagnie allemande qui avait construit les réseaux électriques de cette fortification sabotée dans sa conception même par le futur dictateur collaborationniste, le traitre Pétain qui, après l’échec de la tentative de coup d’État fasciste de 1934, s’était vendu à l’ennemi nazi dans le but de faire une guerre contre l’Allemagne, une guerre qu’il voulait perdre afin qu’Hitler l’installe, lui, Pétain, au pouvoir en France pour mener sa « révolution nationale », une contre-révolution, en fait :
http://mai68.org/spip/spip.php?article3490
Notes :
(*) Macron a voulu imiter Hindenbourg avec la dissolution. Il a dissous l’Assemblée au moment où le Front National était électoralement au plus haut, espérant ainsi avoir une bonne excuse pour nommer la Le Pen première ministre :
https://mai68.org/spip3/spip.php?article736
(**) Olivier Dard d’après wikipédia : « En 2018, il participe au lancement de la Fondation du Pont-Neuf, cercle de réflexion conservateur qui chercherait des « convergences entre droite dure et extrême droite », selon Marianne. La fondation aurait pour objet de « fournir des notes aux proches de Marion Maréchal mais aussi aux équipes de Laurent Wauquiez », d’après Le Canard enchaîné. Selon les dires de Dard, rapportés par Le Monde, il n’a pas été « dans le cercle fondateur » de cette fondation lancée par une de ses relations, le maurrassien Frédéric Rouvillois avec qui il a dirigé un Dictionnaire du conservatisme. Le Monde présente Dard comme un compagnon de route de cette fondation en avril 2018. Par ailleurs, Olivier Dard demeure « un assez proche compagnon de route » de l’Action française, où il « anime régulièrement des Cercles de formation », selon le sociologue Emmanuel Casajus »
Sur Olivier Dard, on pourra lire aussi Annie Lacroix-Riz. Extrait : « Des politistes tel Patrick Weil, historiens et journalistes, de Guillaume Erner à Daniel Schneiderman, découvrent, sidérés, qu’Olivier Dard, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris-Sorbonne, n’a « pas écrit le mot “antisémitisme” » dans la notice que le ministère de la culture l’avait chargé de de rédiger sur Charles Maurras « dans le grand livre officiel des commémorations » ».
Retrouvez cet article avec un complément sur Olivier Dard par Annie Lacroix-Riz :
https://mai68.org/spip3/spip.php?article2792
Bien à vous,
do
http://mai68.org/spip3
Versão em Língua Portuguesa:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2025/02/6-de-fevereiro-de-1934-reinformacao-e.html