Une question bien posée comporte sa propre réponse
OLIVIER CABANEL — A la lumière des enquêtes d’opinion toujours plus nombreuses, on est parfois surpris du résultat de certains sondages.
En effet, lors d’une récente enquête d’opinion proposée aux français, concernant leur avis sur les hôpitaux, nous découvrons que 90% des français sont satisfaits de ceux-ci. lien
C’est ce qu’on pouvait apprendre en écoutant Jean Louis Ezine le 18 janvier 2010, dans sa chronique matinale à France Culture « des histoires à ma façon ». lien
Quel était le panel des 1000 français interrogés ?
La question est d’importance.
On peut imaginer sans peine que si le sondage avait été réservé uniquement à ceux qui sont soignés et à ceux qui soignent, il est probable que l’indice de satisfaction aurait-été largement inférieur aux 90% annoncés précédemment.
En effet, ceux qui sont en bonne santé ne connaissent pas fatalement les services proposés dans un hôpital, et n’ont donc aucune raison d’en être mécontent.
Autre interrogation : est-on content de l’hôpital, ou content d’être à l’hôpital, content d’en être sorti ?
Pour faire un peu d’humour noir, on pourrait affirmer que 100% des français sont contents de leurs pompes funèbres, pour la bonne et simple raison que ceux qui en ont fait les frais ne sont plus là pour donner leur avis, et que ceux qui n’ont pas encore eu l’occasion de les fréquenter ont un a priori favorable.
On peut bien sur prendre le contrepied de cette réflexion.
Imaginons un sondage d’opinion concernant Nicolas Sarkozy qui serait fait uniquement auprès des membres de l’UMP.
Tout porte à croire que la cote de popularité du président serait bien supérieure aux 32% actuels. lien
Sauf que dans ce cas, la politique pratiquée par Sarkozy concerne tout le monde, et pas seulement les membres de son propre parti.
On le voit, pour que le sondage de l’hôpital soit crédible, ne faut-il pas le limiter à ceux qui en dépendent, qui en vivent, qui y travaillent ?
Question subsidiaire : la question concernait-elle tous les hôpitaux, qu’ils soient publics ou privés ?
Ce qui change tout.
Le choix de société libérale mené par Sarkozy fait de la gestion de la santé une marchandise.
Le système hospitalier public est soumis aux règles en vigueur dans le privé, suite à la loi Bachelot. lien
La création des ARS (agences régionales de santé) permet aux représentants de l’Etat d’organiser cette marchandisation, ceci entrainant une pénurie de médecins, un manque d’infirmières, des horaires démentiels et des heures supplémentaires non payées.
Du coup 29 des 31 CHU (centres hospitalo-universitaires) sont dans le rouge. lien
Au contraire de la générale de santé, qui possède 180 cliniques privées a pu verser 420 millions d’euros à ses actionnaires. lien
Quand on connait les problèmes que rencontrent aujourd’hui les services de santé, suite à la suppression de postes, à la fermeture de centres, on imagine sans peine que le sondage donnerait un résultat bien plus critique.
Ces problèmes de différence de tarif entre l’hôpital public et l’hôpital privé sont connus depuis longtemps. lien
1035 hôpitaux français connaissent des problèmes graves entraînant des accidents à répétition. lien
En 2003, 20 000 réclamations avaient déjà été déposées, donnant lieu à 500 millions d’euros de dédommagement. lien
162 hôpitaux ont été concernés en 2009 par les maladies nosocomiales, lien
Ces difficultés qui grèvent l’hôpital public font les beaux jours des hôpitaux privés.
Par contre, ce qui est certain, c’est qu’en mai 2009, 74% des Français se disent opposés à la réforme de l’hôpital. lien et 7 français sur dix pensent « que les personnels hospitaliers ont raison de s’opposer à cette loi, car elle risque de privilégier la logique comptable au détriment de la logique de santé ».
Comme on le découvre, la manière et le contenu de la question lors d’un sondage peuvent changer beaucoup de choses.
Pour avoir un résultat significatif, il faut que le rédacteur de sondage ait un minimum de déontologie.
Il faut donc que la question posée ne soit pas orientée, et dans le cas présent, il semble bien que çà n’ait pas été le cas.
Car comme disait un vieil ami africain : «quand le chat n’a pas faim, il dit que le derrière de la souris pue».
Sur l ‘article concernant la santé en France presque aucun lien ne fonctionne
Renvoyer à des données de 2003 et 2009 est gênant. Rappel nous.sommes en 2024.
Même si on peut considérer que tout s ,’est aggravé. Les 430 millions d’euros beneficiaires pour les cliniques privées doit dater bon nombre sont en difficultés, Et rien n’est dit des dépassements d’honoraires dans le secteur privé: ex 1000 euros pour une opération 2 yeux de la cataracte .
Versão em Língua Portuguesa:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2025/03/uma-pergunta-bem-formulada-tem-sua.html