L’aggravation des tensions entre l’Algérie et l’Alliance sahélienne place la Russie dans un dilemme difficile
Par Andrew Korybko. Sur Worsening Tensions Between Algeria & The Sahelian Alliance Put Russia In A Predictable Dilemma
Rétrospectivement, il était impossible pour la Russie de trouver un équilibre entre eux étant donné leurs points de vue diamétralement opposés sur la question touareg, que chacun considère comme faisant partie intégrante de leurs intérêts respectifs en matière de sécurité nationale, obligeant ainsi la Russie à choisir qui soutenir au détriment de ses liens avec l’autre.
L’Algérie a récemment abattu un drone armé malien qui, selon elle, avait traversé plusieurs kilomètres de l’autre côté de la frontière, mais dont son voisin insiste sur le fait qu’il était resté dans son espace aérien souverain. Ils ont ensuite fermé leur espace aérien aux avions de l’autre et le reste de l’Alliance sahélienne, qui comprend le Burkina Faso et le Niger, a suivi l’exemple du Mali en retirant ses ambassadeurs d’Algérie. L’aggravation des tensions découle des points de vue diamétralement opposés des deux camps sur la rébellion armée touareg au Mali, comme expliqué ci-dessous :
* 29 juillet 2024 : « Le conflit touareg est beaucoup plus complexe que ce que les observateurs occasionnels pourraient imaginer »
* 30 août 2024 : « L’Algérie, proche partenaire de la Russie, veut que Wagner se retire du Mali »
* 23 février 2025 : « Le soutien de la Russie au Mali pousse l’Algérie à diversifier ses partenariats militaires »
Pour résumer, le Mali et ses alliés (dont la Russie) considèrent les rebelles comme des terroristes soutenus par l’étranger, tandis que l’Algérie estime que leur rébellion est une réponse légitime à l’abandon par Bamako de l’accord d’Alger de 2015 en janvier 2024, que Bamako affirme que les Touaregs ont violé à plusieurs reprises. Le Mali, le reste de l’Alliance sahélienne et la Russie ont également affirmé que les Touaregs s’amusaient avec les terroristes islamiques, l’Occident (à savoir la France) et même l’Ukraine, à laquelle l’Algérie n’a accordé aucun crédit.
La Russie a considérablement étendu son influence au Sahel ces dernières années en s’alliant politiquement et militairement avec cette alliance trilatérale nouvellement créée, dont les dirigeants sont tous arrivés au pouvoir lors de coups d’État anti-français que Moscou considère comme accélérant collectivement les processus multipolaires régionaux. Ces développements ont transformé l’Afrique de l’Ouest en un nouveau front dans la nouvelle guerre froide, principalement entre la France et la Russie, mais avec un certain soutien américain et ukrainien pour Paris, soupçonné d’être l’instigateur de la rébellion des Touaregs.
Le soutien étranger susmentionné à cette partie de ce conflit a sans doute été facilité par l’Algérie. Du point de vue d’Alger, les Touaregs ont des griefs légitimes, mais la campagne militaire de Bamako soutenue par Moscou risque de les radicaliser et donc d’exacerber les menaces latentes préexistantes pour l’Algérie. Tout comme le Mali et le Niger, membres de l’Alliance sahélienne, l’Algérie abrite également une communauté touareg géographiquement étendue, et elle craint que le dernier conflit ne se répande à ses frontières s’il ne se termine pas bientôt.
Même si l’Algérie est donc menacée par le spectre de sa propre campagne séparatiste touareg, elle espère contenir cette menace en cooptant politiquement les rebelles désignés comme terroristes et en facilitant passivement le soutien militaire d’autres pays qui leur sont apportés, ce qui en ferait un participant officieux aux hostilités. Cependant, le rôle de l’Algérie n’est devenu formel qu’après avoir abattu ce drone armé malien et pourrait s’étendre à un rythme rapide si l’aggravation des tensions l’amène à envisager la création d’une « zone de sécurité » au Mali.
Ces dynamiques militaro-stratégiques défavorables étaient tout à fait prévisibles, comme le prouvent les trois analyses citées précédemment, et ont donc placé la Russie dans un dilemme prévisible compte tenu de ses liens historiquement étroits avec l’Algérie. Il a été placé dans cette position en raison du calcul qu’il pourrait cultiver l’Alliance sahélienne en tant que partenaire stratégique régional complémentaire par le biais d’un soutien militaire contre les Touaregs et leurs alliés terroristes présumés sans nuire aux relations avec l’Algérie. C’était bien intentionné, mais cela s’est retourné contre vous.
Comme on peut le constater, la question touarègue est une question à somme nulle pour l’Algérie et le Mali puisqu’aucun compromis n’est possible entre eux en raison de leurs points de vue diamétralement opposés sur cette question sensible, que chacun considère comme faisant partie intégrante de ses intérêts respectifs en matière de sécurité nationale. Il était donc impossible pour la Russie de trouver un équilibre entre les deux, quelle que soit la noblesse de sa tentative de le faire. La Russie ne veut pas mettre en danger la sécurité de l’Algérie par son soutien militaire à l’Alliance sahélienne, mais elle ne se débarrassera pas non plus de ses nouveaux alliés.
Cet état de choses présagera donc probablement une détérioration des relations russo-algériennes, bien que probablement loin d’être aussi grave que celle entre l’Algérie et l’Alliance sahélienne, et les deux parties pourraient faire de leur mieux pour gérer de manière responsable les perceptions du public en traitant cela en grande partie à huis clos. S’il s’agit d’un problème connu du public, alors les précédents suggèrent que cela serait dû à l’Algérie, comme ce fut le cas à la fin de l’année dernière qui a été analysé dans l’une des trois analyses citées précédemment, et non à la Russie.
Un autre d’entre eux a mentionné comment l’Algérie se diversifie de sa dépendance démesurée aux armes soviétiques et russes en explorant davantage de partenariats militaires avec l’Inde et les États-Unis. D’une part, l’Algérie pourrait essayer de tirer parti des revenus que la Russie reçoit de l’exportation de pièces de rechange et de nouveaux équipements pour amener Moscou à reconsidérer son soutien au Mali, mais la Russie pourrait également en tirer parti en retardant ces exportations sous n’importe quel prétexte pour amener l’Algérie à reconsidérer son soutien aux Touaregs maliens armés.
Toute tentative de la part de l’un ou l’autre pourrait être contre-productive en détruisant la confiance mutuelle qui subsiste entre eux si leur homologue ne réagit pas comme prévu, ce qui enflammerait leurs liens et provoquerait par conséquent l’un ou l’autre à « surjouer » en doublant leur position respective. Cela pourrait à son tour augmenter la probabilité d’une guerre conventionnelle entre l’Algérie (peut-être soutenue par la France) et l’Alliance sahélienne soutenue par la Russie si les tensions qui en résultent deviennent encore plus incontrôlables.
L’Algérie, puissance militaire régionale, atteindrait probablement son objectif minimal de créer une « zone de sécurité » pour les Touaregs au Mali, tout comme la Turquie en a créé quelques-unes pour ses propres partenaires locaux en Syrie au fil des ans, mais la situation pourrait s’aggraver de façon spectaculaire si du matériel russe est utilisé contre ses forces. Dans ce scénario, non seulement des décennies de relations étroites entre la Russie et l’Algérie pourraient disparaître en un instant, mais l’Algérie pourrait exploiter cela comme prétexte pour s’enfoncer encore plus profondément au Mali dans le but d’un changement de régime.
Cela pourrait mettre en danger les plans ambitieux de la Russie dans la région si elle réussit, car l’Alliance sahélienne aurait du mal à survivre sans le noyau malien du bloc. Un tel résultat ferait avancer les intérêts occidentaux, et en particulier français, beaucoup plus efficacement que de maintenir leur guerre par procuration actuelle. On peut donc en conclure que la France pourrait œuvrer discrètement à la réalisation de cette opération, qu’elle aurait pu promouvoir dans le cadre de son récent rapprochement qui a réparé ses liens précédemment tendus.
La France aurait pu promettre à l’Algérie des services de renseignement, une aide logistique et peut-être même une aide armée dans le cas où l’Algérie lancerait une opération militaire conventionnelle au Mali pour défendre ce qu’elle considère sincèrement comme ses intérêts de sécurité nationale. En outre, le contexte de détérioration progressive des relations russo-algériennes pourrait avoir joué un rôle dans la décision d’Alger de régler ses problèmes avec Paris, avec lequel les liens ont été historiquement compliqués au cours des six décennies qui ont suivi l’obtention de son indépendance de ce pays.
À l’avenir, les tensions entre l’Algérie et l’Alliance sahélienne vont probablement s’aggraver, ce qui pourrait également conduire à une détérioration des relations russo-algériennes. Bien qu’une guerre conventionnelle ne soit pas inévitable, pas plus que l’éclatement du partenariat stratégique russo-algérien si elle éclate effectivement, les chances augmentent dangereusement et un faux mouvement de l’une ou l’autre des parties pourrait déclencher une conflagration régionale. La Russie espère éviter cela, mais cela nécessiterait de se débarrasser de l’Alliance sahélienne, qu’elle n’envisage pas du tout.
Le problème source des autres est l’énorme différence des prix TTC des carburants moyen de toute activité dans ces régions à faible densité, en Algérie-Libye-Soudan et tout le Sahel, ratio de 1 à 6. La contrebande des carburants, établissant les réseaux de corruption et de mafias, est la mère des autres contrebandes, armes, drogues, alcools, migrants…. Des drones sont le moyen économe et efficace pour contrôler le trafic transfrontière. La convergence progressive des taxes des carburants entre la Méditerranée et le Nigéria, à pré-annoncer au plus tôt, est le moyen principal, essentiel, voire unique, pour arrêter les violences, les mafias et les tentations séparatistes. Rien à voir avec les religions, le chef de Boko Haram est un soudard, les politiques français furent des aveugles loin des terrains.
Versão em Língua Portuguesa:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2025/04/a-escalada-das-tensoes-entre-argelia-e.html
c’est un point de vue. L’Algérie a toujours proné le principe du « lavage de linge sale en famille ». En l’occurence, la france ayant été sortie de la région il n’aurait pas fallu la remplacer par une autre entité (russie, wagner, états-unis…); ces entités-là ne sont pas intéressés par la région mais pas leurs poches, et elles vont toujours s’arranger pour qu’on ait besoin d’eux. Donc le mali, par complexe d’infériorité, corruption, ou autre a choisi de renverser la table en sortant des accords et en s’alliant à droite et à gauche; tant pis. quant au drone, je ne comprends pas, l’auteur a l’air de reprocher à l’Algérie de l’avoir abattu? c’est genre fais ce que je te dis et ne fais pas ce que je fais c’est ca….
Reste à voir si les généraux algériens sont totalement maîtres du pouvoir c’est à dire font ce qu’ils veulent dans le Sahara sans contrôle politique
Vous prenez vos délires pour la réalité ? l’Algérie peut gagner quelle guerre contre le Mali ou l’AES ? En Plus on parle de guerre conventionnelle pour les puissances nucléaires. Ce que l’Algérie n’est pas. Puisqu’il y a une si belle idylle entre Alger et Paris pourquoi l’Algérie a récemment expulsé une dizaine de diplomates français ? l’Algérie va se mettre dans une très mauvaise posture en se brouillant avec tous ses voisins ce qui est déjà le cas avec le Maroc véritable puissance africaine puisque le Maroc fait des réalisations d’envergure dans tout le continent africain alors que l’Algérie brille par son absence hormis son soutien au terrorisme islamique. Attaquer militairement l’AES sera une erreur fatale. Là où l’Europe et les USA ont été chassés c’est la pleurnicheuse Algérie qui ferait quoi ? Vous faites rire 😂
🤪🤣 Plaisanterie ou ignorance? Ou les deux! Plein de contradictions!
Reste à voir si les généraux algériens sont totalement maîtres du pouvoir c’est à dire font ce qu’ils veulent dans le Sahara sans contrôle politique
« La France aurait pu promettre à l’Algérie des services de renseignement, une aide logistique et peut-être même une aide armée dans le cas où l’Algérie lancerait une opération militaire conventionnelle au Mali pour défendre ce qu’elle considère sincèrement comme ses intérêts de sécurité nationale. »
—
Stupide comme réflexion!
Elle est en contradiction avec la phrase qui suit!
L’auteur ne semble connaître bien le sujet, car il évite ou omet de parler du jeux malsain du Maroc partenaire principal de la France dans sa stratégie de regagner l’Afrique. La dernière manifestation au Mali pour protester contre l’Algérie (suite à l’incident du drone abattu,) on voyait des dizaines de drapeaux marocains!