Gaza – La journaliste savait qu’elle risquait de mourir (vidéo)
« Elle savait qu’elle risquait de mourir » : L’histoire de Fatma Hassouna, héroïne d’un documentaire sur Gaza présenté à Cannes (vidéo 1’40)
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ENTRETIEN – La photojournaliste palestinienne de 25 ans avait appris la veille de sa mort que Put Your Soul on Your Hand and Walk serait présenté au festival. La réalisatrice Sepideh Farsi raconte.
Elles devaient se rencontrer pour la première fois sur la Croisette en mai. Mardi 15 avril, la réalisatrice franco-iranienne Sepideh Farsi s’est empressée d’appeler son amie et collègue Fatma Hassouna, photojournaliste palestinienne de 25 ans, pour lui annoncer la bonne nouvelle. Leur documentaire Put Your Soul on Your Hand and Walk a été sélectionné pour concourir au Festival de Cannes dans la section indépendante concoctée par l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (Acid). 24 heures après, Fatma Hassouna et neuf membres de sa famille perdaient la vie dans leur immeuble situé à Al-Touffah, dans le nord de Gaza, rapportent les médias locaux, dont Al Jazeera.
« J’ai appris la nouvelle mercredi midi par une de mes collègues, qui m’a partagé des publications annonçant sa mort. Je n’arrivais pas à y croire. Je n’arrive toujours pas à y croire. La veille, on s’était quittées sur la note qu’on ferait tout pour qu’elle puisse venir à Cannes et pour qu’on se rencontre pour la première fois. Mais ça n’arrivera pas », déclare avec émotion la réalisatrice Sepideh Farsi au Figaro.
« Elle savait qu’elle risquait de mourir mais on n’en parlait jamais ouvertement. Il y avait comme une sorte de pudeur. C’était une femme forte, fière d’être Palestinienne. Tout ce qu’elle voulait c’était pouvoir vivre une vie normale. » Sepideh Farsi et Fatma Hassouna ont fait connaissance virtuellement en avril 2024, par le biais d’un ami. La réalisatrice souhaitait travailler sur un documentaire, Put Your Soul on Your Hand and Walk, pour raconter la réalité de Gaza. Mais comment raconter la guerre lorsque l’on ne peut pas se rendre sur place ? Sepideh Farsi, refusée d’entrer à Gaza à cause des routes bloquées et pour faute de visa, cherchait donc à tout prix une personne présente sur place, capable de lui montrer le quotidien des Palestiniens. La photojournaliste est arrivée au bon moment.
Montrer ce que « les médias ne montrent pas »
Avec Put Your Soul on Your Hand and Walk, Sepideh Farsi voulait « comprendre comment on peut tenir sous le siège, sous les bombes, ce que ça fait d’être coincé dans un pays sans pouvoir jamais en sortir ». Un scénario qui fait écho à son vécu, la réalisatrice ne pouvant plus rentrer dans son pays depuis plus de quinze ans. Elle voulait montrer une « voix de l’intérieure de Gaza, un point de vue palestinien trop absent du paysage médiatique » et donner « une voix et un visage à cette présence palestinienne ». Pour construire ce documentaire de 1h50, la réalisatrice s’est basée sur des appels vidéos réalisés avec Fatma Hassouna. Par ailleurs, le film montre beaucoup de photographies de la photojournaliste. Et des extraits de journaux télévisés sur la guerre.
« Il y a des moments de désespoir, où elle craque et rappelle qu’elle aimerait vivre une vie normale. Elle vivait avec le bruit des drones 7/7 jours, 24 h/24. On entend des bombardements, des explosions », précise la réalisatrice.
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Quel avenir pour le documentaire, pas encore fini ?
Le film, actuellement en post-production, est quasiment fini. Son montage n’évoquera pas la mort de la jeune photoreporter. Crédit SEPIDEH FARSI/RÊVES D’EAU PRODUCTIONS
Pour l’Acid, qui a rendu hommage à la photojournaliste, « ce n’est plus le même film que nous allons porter, soutenir et présenter dans toutes les salles, en commençant par Cannes. » Après la mort de Fatma Hassouna, se pose en effet la question de l’avenir du documentaire. Le film, actuellement en post-production, est quasiment fini. Il ne reste plus qu’à travailler sur le son et l’étalonage. Faut-il changer le contenu de Put Your Soul on Your Hand and Walk après les récents événements ? Pour la réalisatrice, la réponse est non. « Je n’ai pas envie de changer le montage. J’ai envie que le film reste comme il l’était lorsque Fatem (surnom donné par ses proches – NDLR) était encore en vie. »
Le carton de fin honorera la mémoire de la photoreporter. Sepideh Farsi réfléchit toutefois à intégrer un « petit bout de leur dernier appel vidéo » après le Festival. Plus de 250 journalistes et membres des médias palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre 2023.
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Bien à vous,
do
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