Mâle Alpha. Foutaise Omega. Contre le social-darwinisme de ce temps
YSENGRIMUS — Le cirque débute avec une sorte de zoologiste farfelu du nom de Desmond Morris. Ses ouvrages, populaires et vendus massivement dans les supermarchés des années 1970 (le Singe nu, le Zoo humain), nous racontaient avec un simplisme désarmant –par exemple- que les seins et les lèvres de la femme humaine sont une transposition des fesses et de la vulve de la guenon, transposition apparue lors du passage de notre ancêtre à la station verticale pour perpétuer les attraits primaires de la séduction simienne originelle. Dans cette continuité, un certain journalisme de folliculaires nous raconte que si les femmes trouvent plus facilement que les hommes les fruits et les légumes dans un supermarché, ce n’est pas le résultat d’un conditionnement social, non, non, non, c’est parce que chez notre ancêtre arboricole, la femelle, vouée à détecter les fruits pour ses petits, captait et sélectionnait plus facilement les couleurs vives que le mâle. Explication similaire pour la préférence des petites filles pour le rose et les jouets passifs, la préférence des petits garçons pour le noir et les jouets agressifs (si tant est que cela se vérifie!). Cela est censé relever de la division des rôles de cueillette et de combat dans la horde lointaine et atavique des contemporains de Lucy… La chose se sophistique parfois en doctrine sociale de toc. On nous annonce alors que les hommes riches sélectionnent de jolies femmes sur les bases du principe darwinien de la survivance du plus apte et que le tout est un cas de figure inexorable de la sélection naturelle la plus ancienne et la plus fatale qui soit. Pour tout dire, il est de vogue en ce moment de tout expliquer de nos comportements sociaux sur la bases d’analyses semi-élucubrantes renvoyant à certaines caractéristiques biologiques (habituellement sélectionnées de façon superficielle et éclectique) censées provenir de notre fond primate archaïque. Dans la même dynamique, au lieu de parler, comme autrefois, d’un homme séduisant, on parle désormais d’un Mâle Alpha, en référence, un peu snobinarde, à la hiérarchie que certains primatologues font des communautés de gorilles.
Le social-darwinisme (ou darwinisme social pour causer comme les gens bien) est une théorie sociale réactionnaire (Spencer, Malthus, etc) qui se donne comme procédure de s’approprier intempestivement les catégories descriptives de la biologie darwinienne et de les appliquer mécaniquement à la description de la vie sociale humaine. Le social-darwinisme saute donc par-dessus l’Histoire (et par-dessus un certain Karl Marx) pour plonger directement ses explications totalisantes et totalitaires dans la toute inévitable biologie. Le fait que l’être humain se soit historicisé et, ce faisant, qu’il ait altéré sinon inversé nombre de ses déterminismes biologiques ne compte pas pour le social-darwinisme. Le social-darwinisme ne reconnaît pas les classes sociales, la lutte des classes, les révolutions, les modes de production et le développement historique. Tout pour lui procède des castes biologiques de la zoologie la plus simplette et est donc fondamentalement immuable. Les hommes riches sont voués à s’acheter des jolies femmes (qui restent pour toujours à vendre) de toute éternité. Ces dernières, pour employer la formulation explicite de certaines pages féminines à la mode, sont «biologiquement compétitives», puisque les détails les plus compulsifs, les plus perfides et les plus mesquins de la société bourgeoise contemporaine sont tous, sans exception, censés procéder de la lointaine fatalité du gorille et de la guenon… Le social-darwinisme est une déviation naturaliste qui légitime et perpétue l’ordre social en cours par un pur baratin de pseudo-science. Il est assez difficile de s’y objecter au premier degré d’ailleurs car, ce faisant, on semble rejeter le darwinisme (donc la science!), ce qui classe d’emblée, aux yeux des myopes, les objecteurs du social-darwinisme au nombre des créationnistes obtus et autres théogoneux ineptes qui ne veulent pas entendre parler de l’homme qui descend du singe…
Alors attention. La théorie de Darwin s’applique sans problème au fait que de mille glands tombés de cinquante chênes, il ne poussera que dix-huit arbres, les dix-huit plus forts, et le reste passera en humus. Gaspillage spermatosoïdesque dans la nature, survivance du plus résistant par pure inertie biologique. Si des petits écureuils se mettent à enterrer certains glands un peu partout, altérant la croissance initiale des chênes et l’augmentant, c’est encore un effet naturel qui verra les meilleures forêts de chênes se peupler d’écureuils qui, encore une fois, gaspillent en se donnant vingt caches de glands et en n’en retrouvant que cinq, le reste devenant des arbres. Mais si, d’un coup sec, toute la forêt est rasée avec de la machinerie lourde, appartenant à une multinationale à visées lucratives, pour bâtir des habitations au Canada ou des navires en Norvège, là, l’évolution naturelle vient de se faire radicalemnt bousculer par le développement historique. C’est que l’animal dénaturé (l’humain, selon le mot de Vercors) vient d’intervenir et les explications darwiniennes ne tiennent plus. C’est ici que Darwin débarque et que Marx embarque…
Je ne suis pas un primate tout court… Je suis un primate radicalement altéré par le développement historique. Il m’est donc possible de changer radicalement ma nature grâce à mes acquis historiques. Je peux voler en avion, je peux nager sous la mer en scaphandre, je peux cesser de traiter ma femelle en inférieure, elle peut ne pas se laisser engrosser par moi si elle me trouve trop sot, et je peux changer le tout de ma vie et elle aussi. Il n’y a donc rien de «fatal», rien de «naturel» rien de «biologique», rien de «génétique» dans mes pratiques sociales, et le social-darwinisme, la théorie implicite des hommes riches qui achètent des jolies femmes compétitives et souhaitent ardemment qu’il en soit toujours ainsi en misant compulsivement sur le patriarcat musculeux des gorilles, est une pure et simple fausseté.
Comme l’esclavage, la monarchie, l’apartheid et le polythéisme, bien des comportements que nos petits fatalistes auto-promotionnels contemporains croient éternels seront rejetés par le développement historique, et ce, dans pas si longtemps que cela d’ailleurs. Le social-darwinisme et ses divers implicites machos et élitistes sont certainement de ceux-là. Je n’aurai donc qu’un mot: Mâle Alpha. Foutaise Omega.
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Tiré de mon ouvrage, PHILOSOPHIE POUR LES PENSEURS DE LA VIE ORDINAIRE, chez ÉLP éditeur, 2021.
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Ce sont les luttes de sexes qui sont la véritable histoire morale de l’humanité. Ce sont elles qui ont créé les douleurs du monde et non les luttes de classes.
Expliquons cela avec l’histoire de la « Chute », conséquence naturelle du « Péché originel ».
L’homme subit, par cela seul qu’il naît homme, les conséquences d’un ordre de choses contre lequel, pour se sauver lui- même, il doit lutter.
« L’homme est un Dieu déchu qui se souvient des cieux », dit Lamartine.
La déchéance est certaine, elle suit la faute dont les conséquences pèsent, non seulement sur l’homme coupable, mais sur toute sa descendance. Cette condamnation contre laquelle les modernes protestent et qui leur semble une injustice absurde, est le résultat de l’hérédité. L’homme transmet à sa descendance ses facultés comme il lui transmet ses organes. S’il diminue ses conditions psychiques individuelles, il donne à ses enfants des facultés amoindries. Les rationalistes modernes disent : Chacun est responsable de ses fautes. Oui, quand ces fautes n’atteignent pas l’organisme ; mais quand la faute est de nature à modifier le fonctionnement physiologique de l’homme et à lui imprimer une tare qui est héréditaire, la faute retombe sur la postérité.
Le péché originel (le premier acte sexuel) a diminué la valeur morale de l’homme, il a donc été une cause de déchéance pour l’humanité tout entière.
Les conséquences premières de la chute, accumulées par la répétition de cette action dans chaque individu, à travers les générations, ont pris des proportions effroyables et mené les races à la dégénérescence finale.
Le mystère de la chute a une importance capitale, c’est le nœud de notre condition qui prend ses replis et ses retours dans cet abîme. Une preuve de plus de notre dégénérescence morale est celle-ci : L’ordre est partout, l’homme seul fait exception. L’Univers entier est ordre, l’homme seul est désordre.
Un choc perpétuel existe entre sa raison et son cœur, entre son entendement et son désir. Quand il atteint au plus haut degré des civilisations, il est au dernier degré moral ; il s’appauvrit en idées, en même temps qu’il s’enrichit en sentiments. Son péché s’étend comme un voile entre lui et l’Univers. L’unité du monde a été vaincue et l’humanité doit en porter la peine.
L’homme est tombé dans la conception misérable du fini, alors qu’il était né pour l’infini.
C’est le problème fondamental, le problème humain et divin. C’est le dogme intérieur de l’humanité. Une crise terrible fermente en ce moment, parce que le dogme de la chute masque les plus grands problèmes philosophiques.
Les premiers législateurs religieux, en faisant des lois morales pour entraver les fonctions sexuelles, n’avaient visé que le sexe mâle. C’est aux hommes que l’on recommandait de combattre l’instinct et d’obéir à la raison qui en est, pour ainsi dire, le pôle opposé.
Nous n’avançons rien de nouveau en disant que l’acte sexuel est le chemin qui conduit l’homme à l’abrutissement.
Léonard de Vinci n’a t’il pas dit : « Qui ne réfrène la volupté s’abaisse au rang de la brute. »
Or, qu’est-ce que l’abrutissement ?
C’est l’état physiologique et psychique qui rapproche l’homme de l’animal, c’est-à-dire la diminution de ses facultés sensitives et l’augmentation de ses facultés motrices.
L’instinct, en effet, c’est l’abandon de soi-même aux impulsions de la Nature. Or, depuis le moment où les sexes se séparent, le mâle est poussé par le besoin qu’il ressent d’éliminer l’élément sensitif, à s’enfoncer dans une voie décroissante qui lui donne des caractères physiques qui le rapprochent de l’animal, de l’Anthropoïde. (C’est alors qu’il affirme que le singe est son ancêtre, pour justifier cette ressemblance).
Rappelons au passage que les premiers hommes qui resplendissaient de la pureté morale de l’Enfant, de sa naïveté, de sa droiture, de son exquise sensibilité, ne sont pas plus les fils des singes qu’ils ne sont le vieil Adam des théologiens fait de toutes pièces par un Dieu inconnu.
On a dit, depuis des siècles, que l’homme livré à ses instincts se rapproche de la brute, et ce n’est pas une figure, c’est l’expression d’une vérité physiologique. Il n’y a que le Darwinisme qui ait nié cette vérité, et l’ai renversée.
L’homme décroit moralement, c’est-à-dire sensitivement, à mesure que la sexualité s’accentue en lui. Dans l’enfance il possède une douceur de caractère, une vivacité d’imagination, une rectitude de jugement, une lucidité d’esprit qui s’atténuent peu à peu, et disparaissent dans l’homme livré à ses passions.
C’est pourquoi tant d’hommes, qui n’ont pas su mettre un frein aux impulsions de leur instinct sont devenus des êtres dégradés chez lesquels tous les bons sentiments ont disparu et qui n’ont plus en partage que la brutalité, l’orgueil, l’envie, l’égoïsme. Chez eux, plus rien de l’exquise sensibilité de l’enfance et de l’activité intellectuelle qui en résulte, plus aucune élévation d’esprit, plus aucune notion de justice.
En considérant un homme arrivé à cet état de déchéance, dans son évolution sexuelle, on est forcé d’affirmer une loi toute contraire à celle de la théorie Darwinienne.
L’homme qui s’abandonne aux impulsions de sa nature, c’est-à-dire qui agit selon la sélection naturelle, cet homme-là ne vient pas du singe, il y va.
Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/psychologie-et-loi-des-sexes.html
Bonjour, À plusieurs reprises j’ai lu des articles de ce site : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com
Rien n’est plus étrangé que la philosophie de ces articles. Cela proviendrait d’un autre monde que je n’en serais pas surpris.
J’en suis venu à la conclusion, humblement, que c’est réellement « krishnamurtien ». Je ne peux que constater un paradoxe: l’homme idéal ne céderait pas à la nature féminine, donc extinction de cette race. Qu’en pense votre collaboratrice ?
À propos de « l’homme dénaturé », la biologie, elle, ne l’est pas. Ce qui se reproduit intégralement c’est la mitochondrie de souche matriarcale. C’est ce passager qui utilise toutes les espèces pour traverser le temps. Le moteur des cellules est occulté par le clinquant de la carrosserie. La médecine vétérinaire y est pour beaucoup dans cette supercherie économique.
Joyeux Noel 2.0
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Hé, ho !
Il débute quand le film d’horreur là ?
Ça sent traîne qu’on nous dit.
Donc, tsa-halle plus sa grande gueule devant les caméras, que ça porte ses couilles sur le terrain.
Un demi million de mecs et tout les moyens guerriers existants, contre cent vingt mille bonhommes…
Il est où le problème ?
Le darwinisme n’est plus plus ce qu’il était.
Je suis déçu, franchement, très très déçu.
Toujours aussi brouillon dans tes textes.
Il n’y a pas de mâle Alpha chez les humains seulement des exploiteurs, le loup l’Alpha par exemple prends soin de toute la meute, l’Oméga (dernier et bouc émissaire) à toute l’attention de l’Alpha qui lui réserve souvent des morceaux de choix (abats), chez l’humain qu’on dit Alpha (exploiteur) c’est tout pour ma gueule et rien pour toi.
« les dix-huit plus forts »
Pour ceux qui ont lu Darwin ce n’est pas le plus fort mais le plus adapté, c’est une différence, la roue ronde est adapté à la route et une roue carré aussi forte soit-elle sera déclassé, un avantage évolutif permet à un seul individu d’éliminer généralement sans combattre tous ceux de son espèce qui n’ont pas cet avantage évolutif.
Il n’y a pas de mâle Alpha chez les humains seulement des exploiteurs…
Toujours aussi brouillon dans tes commentaires. Ce que tu dis dans la petite citation que je reprends ici est la thèse principale du texte que tu prétends critiquer. Autrement dit: oui au darwinisme en biologie. Non au darwinisme social (Spencer, Malthus).
Un conseil, respectueux mais ferme. Lis le billet avant de le commenter. Cela t’évitera d’esquinter ta crédibilité, à petit tarif…
Bonjour Ysengrimus,
En ce qui me concerne j’ai bien aimé votre billet, néanmoins, je n’ai jugé bon que d’y faire un peu de plaisanterie, car en vérité, beaucoup de ce qui provient de « l’intelligence » des hommes de ces époques-là, nous sommes peut-être tous proches d’en payer un considérable prix à travers la plus violente guerre que cette planète ait jamais vue.
Darwin et Joseph Gobineau, entre autres, étaient des contemporains et quasiment du même âge, si nous devons au premier la théorie de l’évolution, le second théorisa, lui, l’inégalité des races.
Il y voyait une subdivision nettement différenciée: Le noir, le jaune et le blanc.
Ce ne sont certes pas là les germes du racisme, puisque les premières traites négrières datent du VIIième siècle, mais ce sont les fondations de nouvelles approches intellectuelles, prétendument, sciences.
Celle qui nous concerne ici étant celle, soi-disant… humaine.
Tout un tas mythes qui prospèrent encore et divisent les Hommes entre eux, même si il est plus pratique pour les aux suprémacistes de laisser aux opinions, que les oppositions se fondent sur de prétendues interprétations religieuses qui s’opposent.
Darwin et Gobineau étaient à peine mort quand Jules Ferry prononça ce scélérat discours, à propos du soi-disant droit et devoir des races supérieures, envers celles inférieures…
Bref, vous m’aurez, je l’espère, compris, beaucoup des constructions intellectuelles avec lesquelles le monde dysfonctionne et est prêt à s’anéantir pour qu’elles disparaissent, sont toujours opérantes.
Vous savez que je ne cherche pas la controverse, ma démarche est plutôt préoccupée par l’épistémologie de contenus prétendument scientifiques, ce qui m’intéresse, c’est que le passé légitime le présent sur des attendus vrais et irréfutables.
Cdt.
JA
Le rapprochement entre Darwin (le biologiste strict) et Gobineau me parait bien intempestif. Il faudrait fournir des citations de racialisme anthropologique chez Darwin (si elles existent, ce dont je doute). Quant à Gobineau, je suis certain qu’il ne connaissait pas le premier mot de la théorie de l’évolution et de la sélection naturelle des espèces.
La fixation contre Jules Ferry, pour sa part, est, elle, la marque d’une certaine idéologie de notre temps… Je n’epilogue pas sur cela (c’est hors-sujet, en plus).
Si vous avez la naïveté de croire en ce que vous écrivez là, libre à vous, néanmoins vous manifesteriez de sérieuses contradictions entre le paraître et l’être, mais, comme je vous lai dit, pas de polémiques.
Toutefois, il est impératif de maîtriser la compréhension de ce qui est écrit pour ne pas procéder que par a priori, relisez vous attentivement et vous comprendrez le ridicule de votre propos.
Soyez gentil, épargnez vous une réponse inutile.
Jacques Abel,
Hmm… épargnez-vous de me dire de me taire. Mème dans un style fleuri, ça fait quelconque.
Pour le reste, je persiste et je signe.
C’est malheureusement ce à quoi je m’attendais, vous évoquez, une idée de l’air du temps… en même temps que vous contestez que les idées de gens contemporains où se sont développés certaines théories, n’aient pas influencé un domaine et l’autre , vous avourez que ça puisse laisser perplexe.
C’est pourquoi je ne voulais pas de polémique, la compréhension entre nous est compliquée.
Je vais pour ma part considérer le sujet clos.
Très bonne nuit.