Résistance au fléau de l’Humanité
Kahwatsire ► “tous nos feux sont connectés”
(mot Kanienkeha/Mohawk)
Résistance71 a traduit et publié en août et septembre 2014 des extraits du livre “Wasase, voies indigènes d’action et de liberté” (2005, seconde édition 2009) de Taiaiake ALFRED, Professeur de Sciences Politiques à l’Univers de Victoria, Vancouver, Canada que j’ai réunifiés, à leur demande, dans ce PDF de 29 pages intitulé ► Résistance au Fléau de l’HumanitéSolutions anti-coloniales pour une décolonisation de l’empire.
La Grande Loi du Changement (Taiaiake Alfred) VERSION PDF par JBL1960
https://jbl1960blog.files.wordpress.com/2017/02/pdftalfred2014.pdf
Présentation par Résistance71 :
URL de l’article sur R71 : https://resistance71.wordpress.com/2017/02/11/solutions-anti-coloniales-pour-une-decolonisation-de-lempire-version-pdf-taiaiake-alfred/
Nous devons nous émanciper de l’idéologie coloniale qui a rendu et rend toujours possible les empires passés et l’empire actuel anglo-américain sur fond de mondialisme et de destruction des peuples et de la planète. Nous pensons que l’avenir de l’humanité passe par l’émancipation des peuples occidentaux de l’idéologie coloniale dominante et leur tenue côte à côte, main dans la main avec les peuples opprimés et colonisés du monde parce qu’en définitive, nous sommes tous des colonisés, ce n’est qu’une question de degré dans une matrice de la domination oligarchique.
Ce texte que nous avions publié en plusieurs parties en août et septembre 2014, traduit du livre du pr. Alfred “Wasase” (2005, 2009) est toujours d’une actualité brûlante pour la simple et bonne raison que rien ou pas grand chose n’a été fait pour sortir de ce marasme qui nous mène droit à l’abîme.
Nous pensons que ce texte fait partie de l’arsenal des outils de compréhension menant inévitablement à une solution de changement radical de la société, au besoin pour l’humanité de marcher enfin sur le chemin de l’harmonie une fois réalisé la fausse route que nous avons empruntée en suivant le modèle étatico-capitaliste de gestion de la société humaine. Place nette doit être faite dans les esprits et les attitudes, individuellement et collectivement, pour que surgisse et s’épanouisse la société des sociétés, la société humaine naturellement contre l’État et toute forme d’institution coercitive de domination.
Ainsi…
“Un guerrier confronte le colonialisme avec la vérité afin de régénérer l’authenticité et de recréer une vie digne d’être vécue et des principes pour lesquels on peut mourir. La lutte est de restaurer les liens qui ont été coupés par la machine coloniale… Traduire ce sens éthique en une philosophie politique concise est difficile. Je suggérerais en point de départ, de conceptualiser le terme d’ANARCHO-INDIGÉNISME. Pour prendre racine dans l’esprit des gens, la nouvelle éthique va devoir capturer l’esprit du guerrier en lutte et l’amener en politique. Il y a deux éléments fondamentaux: “indigène” qui évoque les racines culturelles et spirituelles de cette terre et de la lutte d’Onkwehonwe pour la justice et la liberté et la philosophie politique et le mouvement qui est fondamentalement anti-institutionnel, radicalement démocratique et totalement impliqué dans l’action pour amener un changement: l’anarchisme.”
“Le colon et le colonisé ont tous deux été forcés d’accepter de vivre dans un état de captivité. Ceci correspond au sens plus profond de la tournure qu’a pris le colonialisme moderne. Bien sûr tout ceci est possible parce que le grand mensonge a été incorporé dans tous les aspects de nos vies aussi loin que l’on puisse se rappeler comme étant la mémoire, l’identité et les relations politiques et économiques de domination et d’exploitation. Quelle type de culture a été produite par ce déni de vérité et en érodant l’authenticité des façons de vivre enracinée, saines et intelligentes, pour être au service du pouvoir politique et économique ? Cette question doit être posée non seulement aux assujettis mais également aux dominants.
Le colonialisme est une relation totale au pouvoir et il a façonné l’existence non seulement de ceux qui ont tout perdu mais aussi de ceux qui en ont profité.”
Dont voici quelques extraits qui permettent de saisir l’importance du propos de Taiaiake Alfred, pour instaurer un changement de paradigme en lien avec tous les Natifs, Indigènes, Aborigènes du Monde.
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L’État est un artifice de rationalité euro-américaine, c’est mécanique, bureaucratique et en fait assez simple. […]
Les non-colonisés possèdent un pouvoir qui est au-delà de la poigne et hors d’atteinte des autorités coloniales. Ils demeurent enracinés dans leur authenticité malgré les assauts physiques et autres activités coloniales, qui ne peuvent pas en fait être maintenues sur le long terme sans la coopération explicite et le consentement des gens. […]
L’autosuffisance individuelle et collective doit-être vue comme une nécessité absolue. C’est une situation qui voit notre dépendance économique être un atout majeur de contrôle utilisé par l’oppresseur colonial pour contrôler notre peuple (NdT : et par extension… Le peuple colon, lui-même colonisé au sein de son système, du moins du système de domination qu’il cautionne…).[…]
“Ils nous ont offert beaucoup de choses, de l’argent, des projets, de l’aide et quand nous avons tout rejeté, ils se sont mis en colère et nous ont menacé. C’est ainsi que nous avons compris qu’en refusant d’accepter l‘aide du gouvernement, en résistant, nous mettions les puissants en colère et il n’y a rien de mieux pour un combattant zapatiste que de mettre les puissants en colère. Alors, avec une joie singulière, nous sommes nous dédiés à résister, à dire NON, à transformer notre pauvreté en une arme, l’arme de la résistance.” […]
Une fois que le charme de la loi, de la moralité et de la fiction culturelle est brisé et que les gens peuvent voir par eux-mêmes que la seule chose sous-jacente de la relation de contrôle des colons sur Onkwehonwe est la force brute, il n’y a alors plus aucune légitimité envers l’entière entreprise coloniale. À partir de là. Il n’y a plus loin à aller pour un changement total de relation. […]
Il y a des réalités pratiques incontournables comme celles de se nourrir, de se loger, de s’habiller et de soutenir les gens qui sont impliqués dans le mouvement de manière indépendante ou du moins sans le financement du gouvernement ou d’entités commerciales. Tant que nous ne pourrons pas mettre de la nourriture dans nos bouches, nous héberger, nous vêtir, nous fournir en médicaments de manière indépendante sans être obligés de dépendre de nos adversaires, nous n’aurons pas de véritable mouvement de liberté et d’émancipation. […]
Cette affirmation du Pr Alfred se trouve confirmée en tout point par le texte de Zénon « Regards croisés » qui témoigne qu’une résistance se met en place dans les territoires français ; Puissante, profonde, et assez silencieusement pour le moment, et on comprend très bien pourquoi. JBL1960
C’est la logique de parvenir à vaincre l’intention génocidaire de l’impérialisme avec la persévérance et la survie continue de nos nations autochtones, outrepassant sa destruction culturelle avec nos existences sociales et culturelles revitalisées et en nous opposant à son imposition d’une isolation affaiblissante, en rétablissant des connexions cruciales qui renforcent et alimentent nos peuples. […]
Nous devons dépasser les contraintes et limites éthiques de l’héritage judéo-chrétien de l’empire, qui nous ont mis sur un chemin d’auto-centralisation et de compétition violente entre les peuples divisés au sujet de la folie de leur propre “supériorité”. […]
Reconnaître que la violence est la fondation même du pouvoir de l’État et que cette violence est implicitement exprimée au travers de toutes les institutions, nous devons reconnaître que la paix sociale n’est pas une situation bénigne. […]
La décolonisation, pour résumer, est le processus de découvrir la vérité dans un monde créé du mensonge… Dans une réalité coloniale, notre lutte prend forme avec toutes les formes existantes de pouvoir politique et dans ce combat, nous amenons notre seule véritable arme : la puissance de la vérité… […]
Sur le Mouvement Zapatista : Plutôt que de se décider à détruire ou remplacer l’État ou d’éjecter les colons, le but final devrait être formulé comme celui de la réalisation en termes positifs de la création d’une nouvelle société. Ceci est la libération par la transformation. […]
Nous avons émis des idées similaires sur Résistance 71 en disant qu’il n’y avait aucune solution au sein du système quel qu’il soit et que nous devions nous concentrer sur la création d’un contre-pouvoir populaire, sûrement autogestionnaire, ignorer l’État et toutes les institutions, qui tomberaient comme un fruit trop mûr une fois le contre-pouvoir en marche. Retirons notre consentement, refusons de servir, organisons le contre-pouvoir entre nous, la main dans la main avec nos frères indigènes du monde entier, libérés du joug colonial, à tout jamais. C’est ça l’émancipation véritable ! […]
Je ne saurais trop conseiller les lectures des pages 20 et 21, vraiment.
“Dans ce monde où l’arrogance impérialiste, les mensonges et la fausse conscience sont normaux, les voies Onkwehonwe sont les seules pouvant mener à la liberté. L’aboriginalisme, la redéfinition sociale et culturelle du génocide, ne peut offrir aucun mode de vie à Onkwehonwe. Ceci est basé sur le fait que tout ce qui est intégral à nos peuples est gelé dans le passé (et donc sans intérêt) et que si nous devons avoir un futur, c’en sera un qui sera défini et permis seulement à la totale discrétion de la société dominante.[…]
Il convient de dire que la source principale des problèmes générés par le défaitisme spirituel dans nos nations, est l’effet qu’a eu l’action des églises chrétiennes sur nos peuples… L’apport de l’effet de la chrétienté est clair : les églises ont apporté un soutien financier aux entreprises coloniales ; elles ont aidé à rationaliser le racisme pour leurs paroissiens blancs ; elles ont forcé Onkwehonwe à accepter l’éthique biblique de la souffrance et de normaliser leur oppression dans la recherche d’une rédemption transcendante plutôt qu’immanente ; elles furent responsables de la gestion des pensionnats pour Indiens, qui furent l’outil principal de la politique d’assimilation forcée. […]
La bible chrétienne a amené la peur dans les cœurs de nos peuples. Ceci est notre principale faiblesse. Je parle de peur parce que la combinaison d’une lecture autoritaire du texte, avec le manque d’expérience de la polémique et la menace permanente de la rétribution et de la violence, sont des choses terrifiantes. Cette peur a paralysé nos communautés, les empêchant de résister activement à l’agenda colonial de l’église et de l’état. […]
Nous devons penser à la restitution (des terres ancestrales) comme la première étape pour une justice réelle et une société morale hors de ce racisme immoral qui est le cœur même de la fondation de toutes ces nations coloniales. Ce qui a été volé doit être rendu, des reconnaissances et des excuses doivent être faites pour les crimes qui ont été commis, crimes qui ont donné aux colons, aux vieilles familles coloniales ainsi qu’aux immigrants plus récents, la facilité d’être des citoyens privilégiés de ces pays coloniaux. […]
Un changement ne pourra se faire que lorsque les colons seront forcés de reconnaître qui ils sont, ce qu’ils ont fait et ce dont ils ont hérité ; alors seulement ils ne pourront plus fonctionner comme des coloniaux et commenceront à s’engager avec les autres gens sur un plan respectueux et humaniste.” […]
Nous devons retirer impérialisme et colonialisme de l’espace où nous habitons et transformer ces espaces en quelque chose d’autre que ce pour quoi ils ont été conçus au sein de l’empire. Essentiellement, la rébellion en ces termes recrée la liberté et vise à mettre fin à l’humiliation d’identités vivantes qui ne furent créées que pour servir les autres. […]
Si le but est d’annihiler le pouvoir de l’oppresseur dans son entièreté, quelque défi que ce soit sera voué à l’échec ; si nous cherchons au contraire à initier une autre forme de défi, comme régénérer nos existences propres devant la fausse assertion d’autorité, de légitimité et de souveraineté de l’oppresseur, nous ne pourrons pas échouer et nous forcerons alors l’état à se transformer lui-même. […]
Le mouvement révolutionnaire et d’opposition au pouvoir d’état ainsi que l’action pour la défense de la vérité, sont au cœur même de la lutte anti-impérialiste et anticoloniale. Ainsi la lutte est le signal d’un peuple, d’une nation opprimée que son cœur bat toujours dans une situation coloniale. Dans une situation coloniale conçue et régulée par des forces d’oblitération et de consommation, nous devons nous battre pour ce qui nous est précieux ou ce sera volé et utilisé au bénéfice et au plaisir de quelqu’un d’autre. Luttons, ne parlons plus. Parler avec les forces du pouvoir est inutile si cela est divorcé de sources de force politique, économique et spirituelle organisées et coordonnées pour affecter directement le pouvoir colonial. La culture est une arme puissante quand elle rentre dans un cadre de lutte et est organisée comme une force au sein d’une politique de résistance et de défiance. […]
De l’investigation philosophique à la considération pratique d’une formule tactique, la ligne est claire : L’autorité coule de la légitimité fondée sur le respect exprimé dans la déférence. Pour déstabiliser l’autorité, la contre-formule est de délégitimer le système par l’irrespect, le mépris et la moquerie. La pierre angulaire de la survie d’un régime est la légitimité et la déférence qu’elles promeuvent parmi ces gens qui sont sujets aux ordres du régime. […]
Délégitimer le régime est l’action politique la plus fondamentalement radicale qui puisse être effectuée. […]
Note des Traducteurs : Notons au passage que tout ce qui est dit dans la dernière partie ci-dessus peut directement s’appliquer à nous, les peuples colonisés de l’intérieur, car pour que l’oligarchie puisse avoir le succès qu’elle a eu ces derniers siècles pour opprimer le monde, il a fallu qu’elle obtienne la validation de son modèle de domination en dominant elle-même ses propres populations, c’est à dire nous en première instance. Elle y est parvenue en imposant une hégémonie culturelle coloniale et colonialiste chez les sujets en amont comme en aval de la doctrine et de ses croyances sociologiques profondément racistes et antisociales. Le cadre de réflexion-action proposé ici par le professeur Taiaiake Alfred peut-être adapté et utilisé par nous, les peuples occidentaux phagocytés par l’idéologie dominante suprématiste, qui ne peut pas asservir les autres sans asservir d’abord ses sujets. […]
C’est en cela que nous sommes tous des colonisés et que le combat des peuples indigènes des Amériques, d’Australie, des États-Unis, de Nouvelle-Zélande et de Palestine est le nôtre, bien plus qu’on ne le croit. Si les détails varient, le cadre arrogant, méprisant et oppresseur est le même. […]
Nous ne le répèterons jamais assez : L’avenir de l’humanité passe par l’alliance de raison des peuples colonisés et colonisateurs émancipés, se tenant côte à côte, libres et passionnés pour vivre ensemble au sein d’un nouveau paradigme politico-social ► Résistance71
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C’est bien parce que je suis en parfait accord aussi bien avec la pensée de Taiaiake Alfred, que la synthèse faite par Résistance71 qui exposent les fondements d’une société des sociétés tel que le voyait notamment Gustav Landauer et que l’on nomme « anarcho-indigénisme » que je relaie sans faille cette nouvelle publication, comme toutes celles déjà réalisées sur ce blog, depuis plus d’un an…
Et dans l’espoir que ces petits clics déclencheront DE nombreux déclics.