LA DÉCLARATION D’ULURU DE PETER D’ERRICO D’ICMN

Peter d’Errico  est diplômé de l’école de droit de Yale en 1968.  Il a été avocat du personnel à Dinébe’iiná Náhiiłna be Agha’diit’ahii Navajo Legal Services, 1968-1970, à Shiprock.

Il a enseigné des études juridiques à l’Université du Massachusetts, Amherst, 1970-2002.

Il est avocat-conseil en questions autochtones.

Peter d’Errico sur lequel je me suis appuyée, entre autres, pour tenter d’expliquer pourquoi, à mon sens,  le temps de la décolonisation était venu nous livre ici une analyse au scalpel sur notre nécessité à rompre absolument avec le cycle, mortifère, de la colonisation pour engager une décolonisation concertée. Cette indispensable césure, nous pouvons, nous devons l’engager ensemble : Nous, les peuples occidentaux émancipés de l’idéologie et de l’action coloniales, debout, main dans la main avec les peuples autochtones de tous les continents pour instaurer l’harmonie de la société des sociétés sur Terre !

Et ça urge un peu quand même…

LA DÉCLARATION D’ULURU : Lutter pour une souveraineté sans domination

Peter d’Errico | Le 17/08/2017 | URL de l’article original en anglais ► https://indiancountrymedianetwork.com/news/opinions/uluru-statement-grappling-sovereignty-without-domination/

Traduit de l’anglais par Jo Busta Lally ► JBL1960

Comment la souveraineté des Autochtones d’un «temps immémorial»  peut-elle coexister avec la souveraineté britannique créée il y a 200 ans ?

«La souveraineté est un phénomène particulièrement étrange. … Il y a une incertitude déconcertante quant à ce que c’est exactement, ou où se trouve-t-elle, ou qui l’a et qui ne l’a pas, ou d’où elle est venue en premier lieu, et encore moins ce qui se passe maintenant ? A écrit RBJ Walker dans un essai de 1996, espace / temps / souveraineté.

La déclaration de Walker résonne aujourd’hui. Le monde voit des énigmes de souveraineté croissantes, y compris des « guerres humanitaires »: Les nations bombardent d’autres nations au nom de la protection des droits de l’homme ; L’éclipse économique des frontières politiques de l’État par les sociétés transnationales ; Et les crises écologiques qui ne connaissent aucune frontière d’état. Dans ce maelström, les Peuples indigènes se lèvent, exigeant l’autodétermination dans le cadre global de l’État-nation des Nations Unies.

The Economist a récemment déclaré : « Les Australiens devraient bientôt avoir la chance de voter sur [une] modification constitutionnelle concernant les droits ancestraux …, reconnaissant en quelque sorte les aborigènes comme premiers Australiens. Mais la question d’intense débat est, jusqu’à quel point faudra-t-il remonter ?

Lors de la Convention constitutionnelle nationale des Nations premières à Uluru en mai 2017, il a été proposé lorsque les délégués ont appelé à « Makarrata » -de se « rassembler pour combattre » – que ce soit réalisé par la « voix des Premières nations consacrée dans la constitution ».

La Déclaration d’Uluru reproduit les énigmes de la souveraineté. Elle affirme que :  «L’aborigène et l’insulaire du détroit de Torres … la souveraineté … n’a jamais été cédée ni éteinte et coexiste avec la souveraineté de la Couronne.»

La Déclaration demande alors : «Comment pourrait-il en être autrement ?» Mais, je demande, comment La souveraineté des Autochtones peut-elle être d’une part «d’un temps immémorial» et de l’autre coexister avec la souveraineté britannique créée il y a 200 ans ? Que signifie la « coexistence » de ces souverainetés ? Si le colonialisme signifie une invasion, les peuples d’origines conservent leur souveraineté, comment arriver à la conclusion que les deux coexistent, surtout lorsque l’envahisseur revendique une souveraineté dominante et essaie d’éradiquer les peuples d’origines ? La question fait écho au casse-tête posé par les programmes de «réconciliation» comme ceux au Canada, dans lesquels les envahisseurs coloniaux – qui ont rejeté une approche conciliante depuis le début – demandent aux peuples originaux de pardonner, d’oublier et de travailler dans le système de l’État canadien. Une vision sceptique ne considère pas cela comme une résolution du colonialisme, mais comme un autre effort d’assimilation.

Nous avons besoin d’un examen plus approfondi de la souveraineté si nous voulons résoudre ces questions. Comme l’a dit Carl Schmitt dans son essai classique de 1922, «Théologie politique», «Une jurisprudence qui concerne les questions quotidiennes ordinaires n’a pratiquement aucun intérêt pour la notion de souveraineté. Notre seule préoccupation est la reconnaissance (en tant que Nations souveraines) ; Tout le reste n’est que « perturbation ». [NdJBL : Jupiter 1er, en France, dirait du « pipi de chat »…]

La définition classique de l’État de «souveraineté» comme «pouvoir coercitif suprême» ne fournit pas un modèle approprié aux peuples non étatiques. Les premiers colons arrivant sur ce continent recherchaient des «rois» indigènes et présumèrent que les «chefs» étaient des monarques, sans comprendre les méthodes d’autodétermination des peuples autochtones. Plus tard, les négociateurs des traités américains ont insisté pour que les peuples autochtones adoptent des formes monarchiques.

Le général Sherman, en 1868, par exemple, en négociant le retour du peuple Navajo dans ses terres d’origines, a exigé que les Navajos nomment dix d’entre eux comme  «hommes principaux» (en français on dirait des chefaillons) et que ces 10 hommes principaux «sélectionnent un chef». Lorsqu’ils se « choisirent »  Barboncito  ;

Sherman a déclaré : « Maintenant, à partir de ce moment-là, vous devez faire comme Barboncito vous le dit, c’est avec lui que nous traiterons et tout cela pour votre bien. Lorsque vous partez d’ici et retournez dans votre propre pays, vous devez faire ce qu’il vous dit, et lorsque vous arrivez dans votre pays, vous devez lui obéir ou il vous punira, s’il n’a pas le pouvoir de le faire, il demandera aux soldats et c’est eux qui le feront. «

Les États-Unis ont donc imposé une forme monarchique de gouvernement, soutenue par les puissances américaines de l’armée, sur la Nation Navajo. Un demi-siècle plus tard, le Congrès des États-Unis (sous son prétendu «pouvoir plénier» sur les Indiens) a promulgué la Loi sur la réorganisation des Indiens de 1934, qui a fait comme son nom l’indique : La réorganisation des peuples autochtones, cette fois sous le modèle d’administration du conseil des entreprises, en violation des formes traditionnelles qui n’impliquaient pas le « vote » et la « représentation ».

Les critiques  les plus courantes des doctrines dites «normales» du «pouvoir plénier» du droit fédéral des États-Unis et de la «confiance» portent généralement sur la «perturbation» (contestation) de la théorie de la souveraineté des États-Unis, exposant la loi fédérale indienne comme une conséquence de la «découverte chrétienne» à ce jour,  fondement juridique des revendications des États-Unis de domination sur les peuples autochtones et leurs terres. Selon la loi indienne fédérale, les peuples «tribaux» ont une forme de souveraineté moindre, qui n’est pas en fait la souveraineté, mais la dépendance. Comme l’a déclaré un tribunal fédéral en 1973, «une tribu indienne est souveraine dans la mesure où les États-Unis lui permettent d’être souveraine, ni plus ni moins» [États-Unis c. Blackfeet Tribe]. Sur la base de cette théorie, les États-Unis ont forcé les peuples autochtones à sortir de leurs terres, sapé leurs organisations sociales et gouvernementales et ont refusé de reconnaître leurs pouvoirs d’autodétermination d’origine.

La Déclaration d’Uluru suggère une notion de souveraineté comme une vie commune ou partagée et non la suprématie et la domination : «Cette souveraineté est une notion spirituelle ». Le lien ancestral entre la terre ou la« mère nature »et les peuples aborigènes et insulaires du détroit de Torres qui en sont nés , restent attachés à cela, et doivent un jour y retourner pour être unis à nos ancêtres. Ce lien est la base de la propriété du sol, ou mieux, de la souveraineté « [emphase dans le texte original].

Nous pouvons lire la Déclaration d’Uluru comme une nouvelle phase dans l’autodétermination qui s’écarte des définitions classiques du pouvoir suprême, de la domination et de la supériorité. Cette possibilité mérite une réflexion approfondie, non seulement pour résoudre la colonisation australienne, mais aussi un réexamen du nœud gordien de la souveraineté de l’État qui lie la politique mondiale dans une situation à somme nulle : chaque État a le droit suprême de contraindre l’obéissance ses Sujets et de s’engager dans des conflits avec tous les autres états. Thomas Hobbes a déclaré que l’«état de la nature» était une «guerre de tous contre tous» ; La preuve ici que c’est tout le contraire : la civilisation d’État produit des guerres universelles et sans fin.

Si je le lis bien, les peuples autochtones et insulaires du détroit de Torres sont prêts à reconnaître une souveraineté partagée avec les envahisseurs coloniaux parce que même les envahisseurs –à l’heure actuelle- sont nés de la terre, sont « attachés à cela », et « doivent un jour revenir » …  dans les mêmes terres. Mais nous devons être prudents ; Les insultes persistent et l’appel de la Déclaration d’Uluru pour «une place légitime dans notre propre pays [et] le pouvoir sur notre destinée» [emphase originale] entre en collision avec l’affirmation selon laquelle ces changements obligeront « nos enfants … à marcher dans deux mondes … ».

La Déclaration d’Uluru suggère : « Une expression plus complète de la nationalité australienne« , mais exprime » les aspirations à une relation juste et véridique avec les habitants de l’Australie « [emphase rajoutée].

Les commentateurs australiens ont saisi l’opportunité d’une telle Déclaration qui signifie que les peuples autochtones et les habitants des îles du détroit de Torres sont prêts à céder leur autodétermination originale pour une assimilation dans l’État australien. Comme l’a dit un chroniqueur du journal australien, « il n’y a pas deux côtés. Nous sommes tous des Australiens. » Un autre commentateur – un professeur de droit et conseiller de la Convention des Premières Nations d’Uluru – a également pris une position d’inclusion : « les premières communautés politiques du continent, dont l’âge est compté en millénaires plutôt qu’en décennies, cherchent à obtenir une reconnaissance appropriée au sein de l’association fédérale australienne. Certes, les formes de reconnaissance recherchées par les Nations premières ne sont pas identiques à celles dont bénéficient les États et les territoires autonomes. Mais ils partagent sans aucun doute l’esprit fédéral qui sous-tend l’ordre constitutionnel australien ».

Les opinions inclusionistes peuvent atténuer les angoisses des colons coloniaux, mais cela a-il un sens pour les peuples autochtones? Et la combinaison de l’idée que les Nations Premières  «ne sont pas identiques … aux États» dans «l’esprit fédéral … de l’ordre constitutionnel australien» signifient-il quelque chose de différent de l’effort persistant du colonialisme pour assimiler ce qu’il ne peut pas éradiquer ? Aujourd’hui, les théoriciens autochtones réaffirment la «souveraineté». Mais la question de la définition – «quelle est exactement la souveraineté ?» – persiste. Qu’en soit, et de quelle manière, les peuples autochtones et insulaires du détroit de Torres peuvent intégrer toute forme de souveraineté dans une autodétermination partagée reste une question sans réponse. L’énigme de base reste : comment définissons-nous «le peuple», la communauté et l’identité politique sans invoquer les termes de domination ?

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Lectures connexes ;

https://jbl1960blog.wordpress.com/2017/03/21/la-reponse-de-laustralie-a-la-doctrine-de-la-decouverte-par-steven-newcomb/

https://jbl1960blog.wordpress.com/2016/10/20/ni-verite-ni-reconciliation-ni-reddition/

Tout comme Steven Newcomb, Peter d’Errico s’engage sur un plan juridique, légal, pour faire tomber l’empire anglo-américano-christo-sioniste qui au N.O.M. de la Doctrine Chrétienne de la Découverte entend bien mettre tout le monde sur un plan d’égalité et pourvu que rien ne change !

« NOUS SOMMES TOUS AUSTRALIENS » qui disent, surtout nous, les blancs hein ?

Mais nous le voyons bien actuellement au CANADA, comme aux ÉTATS-UNIS, en AFRIQUE DU SUD il n’est pas question d’abandonner l’idée que l’esprit de l’homme blanc est et doit rester supérieur, puisqu’il a de toute façon été pré-établi que l’homme qui n’est pas blanc est inférieur. Pire, Jules Ferry en 1885 a déclaré que « Les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures ». Et ne croyez pas que cela est dépassé, car je vous rappelle un extrait du discours d’un certain François Fillon sur la colonisation, dans « ses » terres de la Sarthe (sic) : La France n’est pas coupable d’avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Nord Source Marianne.

C’est pourquoi il est impossible à Donald Quicksilver Trump de renier l’héritage suprémaciste qui l’a porté au pouvoir d’ailleurs, et aussi bien les BUSH père et fils, qu’Oblabla, ne trompent absolument personne en venant bramer que l’Amérique n’est pas raciste !

Ah bon ? Vraiment ?

Le Président Andrew Jackson ; Le héros et modèle de Donald Trump, qu’il a maintes fois cité et vanté est le président américain Andrew Jackson, deux mandats entre 1829 et 1837. Voici ce qu’en dit l’Historien des États-Unis, Howard Zinn : « C’était Andrew Jackson. Il fut un spéculateur foncier, un marchand, un marchand d’esclaves et l’ennemi le plus agressif des Indiens de toute la jeune histoire des États-Unis. Il devint le héros de la guerre de 1812, qui ne fut pas comme le disent les livres d’histoire, seulement une guerre contre l’Angleterre pour la survie de la nation américaine, mais une guerre expansionniste d’une nouvelle nation, vers la Floride, le Canada et dans les territoires indiens. […] Si vous lisez les manuels d’histoire, vous y trouverez Jackson l’homme de l’expansion vers l’Ouest, Jackson le soldat, le démocrate et l’homme du peuple, mais jamais Jackson le spéculateur foncier, le bourreau des soldats dissidents ou l’exterminateur d’Indiens… »

Jackson est l’instigateur de l’Indian Removal Act ou loi sur la déportation des Indiens, qu’il fit voter et qui vit dans le temps, des centaines de milliers de membres des nations Seminole, Choctaw, Chicasaw, Cherokee, Black Hawk, être coercitivement déportés vers l’ouest du Mississippi, afin de s’emparer de leurs terres pour les colons voleurs et pilleurs de terres et de ressources. C’est çà l’héritage des États-Unis, c’est çà la toile de fond de l’empire ! Source Mohawk Nation News en français, traduction R71 ► PRÉDATEURS

Le Président George Washington Source Mohawk Nation News du 16/08/2017 qui était un propriétaire d’esclaves (et il n’était pas le seul) que la Nation Mohawk a surnommé : Ranatakaias ce qui veut dire: “Il est comme un chien enragé qui court dans le village et attaque, mord et tue tout, sans discrimination.” ICI, est à l’origine des Lois Fédérales Indiennes et du Tuer l’Indien et tout Indigène pour sauver l’homme, blanc et de surcroit chrétien…

Le Journal Libération ferait bien de lire Peter d’Errico, Steven Newcomb, Mohawk Nation News au lieu de titrer : George Washington et l’esclavagisme : l’argument de Trump qui n’excuse rien et rouvre des plaies ► http://www.liberation.fr/planete/2017/08/17/george-washington-et-l-esclavagisme-l-argument-de-trump-qui-n-excuse-rien-et-rouvre-des-plaies_1590308 Parce que c’est un peu court comme justification d’un côté comme de l’autre…

“Les Américains sont le seul peuple, à l’exception des Boers, qui, de mémoire d’homme, ont totalement balayé la population autochtone du sol où ils se sont installés.”  

Frantz Fanon

Et nous avons là l’occasion de rompre complètement avec la Doctrine Chrétienne de la Découverte ; ICI & MAINTENANT & D’OÙ NOUS SOMMES !

Et de prouver ainsi notre volonté d’enclencher un nouveau paradigme sans dieu ni maitre sans arme ni haine ni violence…

JBL1960

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