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Capitalisme, l’impossible moralisation

OLIVIER CABANEL — La crise, à défaut de voir s’affronter depuis plusieurs mois les économistes de tout poil, ne peut jamais finir. Elle ne peut que recommencer.

C’est bien ce qu’ont affirmé des spécialistes lors de l’émission de « la 3 » du 17 décembre « Ce soir ou jamais » de Fréderic Thaddeï. lien

Le plateau était bien fourni :

Suzan George, l’une des fondatrices d’ATTAC, Anne Salmon, sociologue, Guillaume Duval, rédacteur en chef d’alternative économique, jacques Marseille, historien et économiste, jean François Kahn, journaliste et fondateur de l’évènement du jeudi et de Marianne, Gaspard Koenig, philosophe, plume attitré de Christine Lagarde, et Claude Hagège, linguiste.

L’une des conclusions du débat a été l’impossibilité de moraliser le capitalisme.

La raison principale donnée s’appuie sur la pensée de Karl Marx.

« Le capitalisme ne peut pas se moraliser, car s’il le faisait, il perdrait toute raison d’être »… « Le capital ressent toute limite comme une entrave ».

Aujourd’hui, d’autres dénoncent l’immoralité du capitalisme, comme Sylvain Allemand, journaliste et auteur politologue dans cette rubrique.

Ceux qui tentent donc de nous faire croire que la leçon de cette dernière crise a été bien comprise, promettant que cela ne recommencera plus, pratiquent un cynisme douteux.

C’est ce qu’on note dans le discours de Nicolas Sarkozy prononcé le 23 septembre 2008 :

« On ne peut pas attendre pour moraliser le capitalisme financier. Trop longtemps, nous tous, nous nous sommes résignés à l’impuissance. Et trop longtemps, nous avons reculé devant la nécessité de doter le monde globalisé des institutions qui permettront de le réguler ». lien

Celui-ci à réitéré dans son discours de Toulon, en déclarant avec une belle indignation calculée, qu’il allait faire payer les responsables de la crise et punir ceux qui planquaient de l’argent dans des paradis dorés.

On attend toujours.

Pour Jean Ziegler, l’écrivain suisse sociologue bien connu, « l’argent du sang et de la misère va continuer à bénéficier du secret bancaire ».

La réalité, comme l’écrit très bien Alain de Benoist en octobre 2008 : « On assure maintenant qu’il suffirait de réguler ou de moraliser le système pour éviter ce genre de crise…Sarkozy parle de « dévoiement de la finance »…laissant entendre que la crise n’est due qu’à une insuffisance de réglementation et qu’un retour à des pratiques plus « transparentes » permettrait de faire revenir sur la scène un capitalisme moins carnassier. C’est une double erreur ». lien

C’est donc dans un étrange monde que nous sommes plongés.

La chute du mur de Berlin a entraîné la chute de l’URSS et du communisme censé y être pratiqué.

Pourtant à y regarder de plus près, ce soit disant communisme ressemblait plus à une dictature, camouflée sous cette idéologie.

Comme l’écrivait des 1938 le scientifique marxiste Anton Pannekoek  : « l’URSS est un régime capitaliste d’état, et le bolchevisme n’a jamais été marxiste ».

En face, le capitalisme mené par le libéralisme nous montre ses limites.

Le « Daily Telegraph » écrit « le 13 octobre 2008 restera dans l’histoire comme le jour ou le système capitaliste britannique a reconnu avoir échoué ».

Chacun tente de nous faire croire que nous sommes sortis de la crise.

Pourtant, si l’on a bien compris le mécanisme qui fait vivre l’économie, des que nous en serons un peu sortis, nous y replongerons encore plus profondément.

Comme le dit Nouriel Roubini, professeur d’économie à l’université de New York, en conclusion d’une interview parue dans le monde du 30 septembre 2008 : « à chaque fois, une bulle se reforme avec de l’argent facile et des régulateurs qui s’endorment ». lien

Aujourd’hui, il est de bon ton de redécouvrir le marxisme.

A preuve les déclarations d’Alain Minc, qui se déclare « le dernier marxiste français », et les ventes du « capital » de Karl Marx, dont on nous dit qu’il fait un retour remarqué en librairies. lien

En Allemagne, les ventes ont été multipliées par 3 en 2008…et la courbe des ventes s’est accentuée en 2009.

Un extrait du capital, pris au hasard, est d’une actualité troublante : « du fait que l’aristocratie financière dictait les lois, dirigeait la gestion de l’Etat, disposait de tous les pouvoirs publics constitués, dominait l’opinion publique dans les faits et par la presse, se reproduisait dans toutes les sphères, depuis la cour jusqu’au café borgne, la même prostitution, la même tromperie éhontée, la même soif de s’enrichir, non point par la production, mais par l’escamotage de la richesse d’autrui  ».

Alors bien sur, devant l’insatisfaction sociale montante, quelques grands patrons font des gestes.

A preuve ce recul des rémunérations des patrons du CAC 40 constaté par Proxinvest.

Leur rémunération moyenne est « tombée » à 3,6 millions d’euros, contre 4,7 millions en 2007.

Ça reste tout de même 211 fois le smic.

Alors, pour sortir du tunnel, ne faut-il pas envisager autre chose.

C’est le choix des « décroissants » qui affirment que la gauche et la droite partagent le même bilan :

« la droite et les milieux d’affaires entendent profiter d’un nouveau rapport de force qui leur est plus favorable pour faire payer aux pauvres la facture environnementale.

La gauche est aphone incapable de marier la justice sociale et les contraintes de la nature »

Entre ceux qui prônent à gauche « polluer un peu moins pour pouvoir polluer plus longtemps » et ceux qui à droite préfèrent « polluer pour pouvoir dépolluer », une autre voie est ouverte.

L’échec des négociations de Copenhague reste la preuve des égoïsmes d’Etat, qui ont beau jeu de montrer la Chine du doigt, responsable selon eux de « toute la pollution du monde ».

Mais, n’est-ce pas en délocalisant au profit de l’Asie, que nous avons provoqué une surproduction en Chine, accompagné de son lot de GES ?

Combien de cadeaux de Noel, dans la hotte du père Nicolas, seront estampillés « made in China » ?

La logique capitaliste veut que les produits soient payés le moins cher possible, afin d’augmenter les marges en Europe, dans la plus parfaite immoralité.

Mais n’est-il pas trop tard pour le comprendre ?

Car comme disait un vieil ami africain : « les ventres pleins partagent le même avis ».

Une réflexion sur “Capitalisme, l’impossible moralisation

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