Trouvailles

Ukraine-Russie, du fantasme à la réalité, de l’illusion à la désillusion (Antoine Martinez)

Par Général Antoine Martinez (France), juillet 2022.

Face à la guerre en Ukraine qui aurait pu et qui aurait dû être évitée, avons-nous encore le droit, dans un monde pourtant dit libre, d’appréhender cette situation dramatique avec une grille de lecture non manichéenne ou sommes-nous sommés de nous soumettre à la seule vérité dispensée officiellement sous peine d’être invectivés et insultés ?

Car oui, ce conflit pouvait être évité en admettant objectivement, après l’expansion continue de l’OTAN depuis la fin de la Guerre froide vers les frontières russes – une obsession devenue pathologique pour certains – que l’admission de l’Ukraine dans cette organisation n’est pas acceptable car elle constitue un casus belli pour la Russie.

Les enjeux de sécurité de la Russie, aussi légitimes que ceux des pays membres de l’UE, ne peuvent pas être ignorés et vouloir l’exclure, alors qu’elle est partie prenante, d’une architecture sur la sécurité européenne qui concerne l’ensemble du continent européen ne semble ni judicieux ni responsable.

Une telle situation est de nature à créer des tensions inutiles et dangereuses.

Alors, faire aujourd’hui un mauvais calcul, après avoir créé les conditions du déclenchement de ce conflit, en mésestimant la détermination de la Russie serait une erreur coupable aux conséquences dramatiques pour l’Europe tout entière.

Car lorsque Vladimir Poutine affirme que la question de l’Ukraine est devenue une question existentielle, il faut le croire. Il ira donc jusqu’au bout.

Le manque de culture historique de beaucoup de dirigeants actuels et de très nombreux journalistes, voire leur manque de discernement ou leur ignorance peuvent conduire à des dérives meurtrières.

Cinq mois après l’engagement des troupes russes sur le territoire ukrainien, il est important d’essayer de faire un point de la situation et de mener une réflexion sur cette guerre qui se révèle en réalité n’être pas qu’une guerre militaire entre deux Etats.

Un certain nombre de sujets doivent être évoqués, développés et analysés afin de mettre en évidence les véritables enjeux et les risques d’une confrontation généralisée qui n’est pas dans l’intérêt des Européens.


 

CONFLIT UKRAINE-RUSSIE : DU FANTASME À LA RÉALITÉ, DE L’ILLUSION À LA DÉSILLUSION

  • RAPPEL DU CONTEXTE OPPOSANT LE BLOC DE L’OUEST AU BLOC DE L’EST
  • LA RÉALITE SUR LA SITUATION MILITAIRE ET SES

CONSÉQUENCES

  • LE RÈGNE ABSOLU DES MÉDIAS
  • L’HOMME QUI A SACRIFIE L’UKRAINE
  • LA DEFAITE DE L’UKRAINE SIGNERA LA MORT DE L’OTAN
  • LES ETATS-UNIS PRETS A TOUT POUR IMPOSER LEUR HEGEMONISME
  • L’UNION EUROPEENNE SIGNE SON SUICIDE GEOPOLITIQUE ET GEOSTRATEGIQUE
  • FRANCE, UN RENDEZ-VOUS MANQUE AVEC L’HISTOIRE
  • UNE RAISON INAVOUABLE DE CETTE GUERRE
  • CONCLUSIONS

RAPPEL DU CONTEXTE OPPOSANT LE BLOC DE L’OUEST AU BLOC DE L’EST

Dans un premier temps, il est nécessaire de rappeler le contexte. La Guerre froide qui opposait depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale le bloc de l’Ouest (OTAN) à celui de l’Est (Pacte de Varsovie) s’est achevée au début des années 1990 par la victoire du premier acquise finalement sans combat, provoquant l’effondrement et la disparition de l’URSS. Les conséquences de ce bouleversement furent immédiates avec la disparition des fortes tensions qui avaient marqué pendant des décennies la région Centre-Europe, entraînant alors beaucoup d’espoir chez les peuples européens (suppression du rideau de fer, la destruction du mur de Berlin en étant le symbole le plus emblématique).

Ces conséquences sur le plan géopolitique se sont traduites par la dissolution du Pacte de Varsovie, par la réunification de l’Allemagne et la sortie des pays de l’Europe de l’Est du giron soviétique  pour celui de l’Europe de l’Ouest avec la volonté rapidement exprimée par ces anciens satellites de l’Union soviétique d’entrer dans l’OTAN avant même d’envisager leur adhésion à l’Union européenne (UE). Sur le plan géostratégique et politico-militaire, il faut bien reconnaître que les efforts consacrés à la défense – qui ont pourtant permis de gagner la Guerre froide – ont rapidement été oubliés. Il était temps, en effet, selon le mot resté célèbre, « d’engranger les dividendes de la paix » (L. Fabius).

C’est ainsi que, pendant plus de trente ans, les pays européens n’ont eu de cesse de réduire dangereusement et de façon irresponsable leurs moyens consacrés à la défense. La France, par exemple, est passée de 3,5 % du PIB à la fin de la Guerre froide à 1,2 % à la fin du quinquennat de François Hollande ! Alors, quand survient une crise majeure, comme celle que nous vivons sur le continent européen, il est impossible pour l’UE, collectivement ou pour un quelconque de ses membres, même pour la France, d’avoir la moindre influence ou la moindre capacité d’apporter une contribution sur le plan diplomatique ou d’exercer une pression pour permettre la désescalade. La diplomatie est rendue impuissante dans la mesure où elle ne dispose pas d’un bras armé adapté pour peser dans une crise majeure. Le maintien de l’OTAN – organisation originellement défensive mais devenue rapidement offensive – après la dissolution du Pacte de Varsovie est à l’origine de cette impuissance des pays européens qui ont cédé leur propre protection aux Etats-Unis.

L’OTAN s’est ainsi transformée en une organisation plus politique que militaire et est ainsi devenue un outil de contrôle des pays européens et de défense des intérêts des Etats-Unis. Plus de trente ans après la fin de la Guerre froide, ces derniers sont opposés et s’opposeront par tous les moyens à un rapprochement des pays européens avec la Russie. C’est pourquoi l’autonomie stratégique européenne – sans parler de l’industrie de défense européenne ou d’une hypothétique armée européenne – évoquée par certains, et en particulier par la France, ne pourra jamais exister, l’OTAN constituant un obstacle rédhibitoire à notre souveraineté et à celle des Européens.

Ce préambule sur le contexte est important car il pose le problème du renoncement et de la faiblesse des pays européens et donc de leur impuissance sur les plans diplomatique et militaire. L’adhésion prochaine de la Suède et de la Finlande à l’OTAN ne fait d’ailleurs – outre le fait de mettre de l’huile sur le feu – que consacrer, en fait, la vassalisation de l’Europe aux Etats-Unis. Toutefois, le conflit entre la Russie et l’Ukraine pourrait, paradoxalement, être à l’origine d’une défaite cuisante de l’OTAN, posant le problème de sa propre survie, lorsque l’Ukraine sera contrainte d’admettre sa défaite. Car la Russie, poussée à l’agression, est condamnée à ne pas perdre.


La suite du volume (44 pages) en format Word : julio-traduction-Ukraine-Russie-Du-fantasme-a-la-realite14540

La suite du volume (44 pages) en format PDF : julio-traduction-Ukraine-Russie-Du-fantasme-a-la-realite14540 


 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

Une réflexion sur “Ukraine-Russie, du fantasme à la réalité, de l’illusion à la désillusion (Antoine Martinez)

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