Dédollarisation… Est-ce vraiment la fin du dollar ?
La tenue du sommet des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) à Johannesburg en août 2023 s’est accompagnée de déclarations officielles dénonçant la place de la monnaie américaine dans l’économie mondiale. Moscou et Brasília ont annoncé vouloir limiter leur exposition au billet vert. Mais suffit-il de déclarer la fin de l’hégémonie du dollar pour la faire advenir ?
«Les nouvelles faisant état de mon trépas sont assez largement exagérées », aurait ironisé Mark Twain en 1897 alors qu’une agence de presse venait d’annoncer son décès. La récente flambée de déclarations claironnant la fin de l’hégémonie du dollar évoque le trait d’esprit de l’écrivain américain : en dépit de certains propos enflammés, l’actuel système monétaire international (SMI) n’est pas mort. Mais, tout comme l’auteur de Huckleberry Finn au moment de la publication de sa nécrologie prématurée, il est malade.
La remise en cause du rôle du billet vert dans l’économie mondiale ne date pas d’hier. Alors qu’il occupe l’Élysée, un certain Nicolas Sarkozy profite de la présidence française du G20 pour dénoncer un modèle qui rend « une partie du monde dépendante de la politique monétaire américaine (1) ». Il reprend alors la critique de Valéry Giscard d’Estaing, qui, ministre des finances, dénonçait le « privilège exorbitant » que l’utilisation internationale du dollar confère aux États-Unis. Moins de quinze ans après sa naissance, les déséquilibres dans le fonctionnement du SMI sont déjà suffisamment apparents pour qu’en 1958 l’économiste belge Robert Triffin pointe une « menace imminente sur un dollar américain qui a perdu sa puissance d’hier (2) ». Dès 1976, son homologue Charles Kindleberger en est convaincu : « C’en est fini du dollar comme monnaie internationale (3). » Et pourtant, le billet vert trône toujours au sommet du système économique mondial…
N’observerait-on donc aujourd’hui que la survivance d’une contestation désormais ritualisée, où chaque annonce d’un basculement est condamnée à vieillir moins bien que le bon vin ? Peut-être pas. Car, lorsque le président russe Vladimir Poutine prédit le « début de la fin (4) » pour le dollar et que l’ancienne présidente brésilienne Dilma Rousseff, aujourd’hui à la tête de la Nouvelle Banque de développement des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) (5), promet de « trouver les moyens de ne plus être (…) dépendants d’une seule devise (6) », ils s’expriment dans un contexte où la guerre en Ukraine a considérablement allongé la liste des récriminations formulées à l’encontre du SMI.
Retour du casino monétaire
Grands vainqueurs de la seconde guerre mondiale, les États-Unis imposent leur domination au monde à l’issue du conflit. Cette « pax americana » repose, entre autres, sur l’instauration d’un système monétaire dominé par le dollar et dont les accords de Bretton Woods organisent dès juillet 1944 les modalités. La monnaie américaine sera la seule à être directement convertible en or et jouera le rôle de pivot autour duquel tous les taux de change seront définis. Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, créés pour veiller à l’application des accords, seront logés à Washington ; les États-Unis jouiront d’un droit de veto au sein du premier et du pouvoir (officieux, mais bien réel) de nommer le président de la seconde.
En général, les pays endettés doivent trouver le moyen d’obtenir auprès de leurs partenaires les devises destinées à régler leurs emprunts. Pas les États-Unis, qui « s’endettent gratuitement en payant leurs dettes, en partie, avec des dollars qu’il ne tient qu’à eux d’émettre et non pas avec de l’or qui a une valeur réelle, qu’on ne possède que pour l’avoir gagné », dénonce le président français Charles de Gaulle lors d’une conférence de presse, le 4 février 1965. Cette situation singulière leur permet d’accumuler des déficits extérieurs. En d’autres termes, de dépenser sans compter.
Mais les critiques de Paris comptent d’autant moins que Washington tire un triple profit de cette situation. D’une part, les États-Unis financent aisément leurs dépenses militaires liées à la guerre froide. De l’autre, ils dopent artificiellement le niveau de vie d’une large partie de leur population. Enfin, leurs entreprises peuvent effectuer à moindre coût des investissements directs à l’étranger (IDE) qui assurent leur expansion dans l’économie mondiale. Résultat : la première puissance mondiale est le pays dont la dette extérieure est la plus élevée, estimée à 24 952 milliards de dollars (23 672 milliards d’euros) début 2023.
Très vite, il apparaît toutefois que le SMI fondé sur la domination du dollar — parfois qualifié de « dollar exchange standard » — est en proie à une contradiction menaçante : celle que l’économiste Triffin identifie dès la fin des années 1950. Le système doit en effet remplir deux fonctions incompatibles. Le SMI contraint la Reserve fédérale américaine (Fed), la banque centrale des États-Unis, à procéder à des émissions régulières de dollars pour accompagner l’accroissement des échanges internationaux. Pour les États-Unis, ce scénario permet de conserver leur « privilège ». Mais cela engendre une augmentation plus rapide des dollars en circulation que du stock d’or de Fort Knox, ce qui mine la confiance des pays étrangers dans le fait que leurs avoirs en billets verts pourront être convertis en métal précieux. Or le SMI repose dans le même temps sur le principe de parité or du dollar. Il impose donc aux États-Unis de réduire leurs déficits, même si cela entrave les échanges internationaux et déprime l’économie mondiale.
Alors que, de toute évidence, les États-Unis n’envisagent pas de renoncer au mécanisme qui cimente leur suprématie, le général de Gaulle les place dos au mur. En 1965, il exige la conversion des dollars détenus par la France en métal précieux — une décision qui froisse la Maison Blanche et lui vaut le surnom de GaulleFinger en référence à l’épisode de la série James Bond sorti un an auparavant, Goldfinger. Mesurant que le stock d’or américain ne permettra pas de répondre à la multiplication de demandes similaires, le président Richard Nixon décide, le 15 août 1971, de pulvériser le SMI imaginé à Bretton Woods : il suspend la convertibilité du dollar en or et inaugure de fait une nouvelle phase de flottement généralisé des monnaies. Non seulement la décision unilatérale de Washington conduit à la « réouverture du grand casino monétaire », comme l’explique l’économiste James K. Galbraith (7), mais elle permet un retour progressif à la libéralisation de la circulation des capitaux : les mécanismes que Bretton Woods avait cherché à endiguer du fait de leurs effets dévastateurs pendant l’entre-deux-guerres.
« Le système retrouve alors un potentiel de déstabilisation inédit depuis la seconde guerre mondiale, souligne un haut fonctionnaire du ministère de l’économie russe qui a accepté d’échanger avec nous sous couvert d’anonymat. Et il le fait dans un contexte où la “devise-clé” demeure une monnaie nationale, pilotée en fonction d’objectifs nationaux. » « Le dollar est notre monnaie, mais votre problème », aurait ainsi rétorqué le secrétaire au Trésor John Connally aux diplomates européens alarmés par la décision du président Nixon, en 1971. Dans ce domaine, rien n’a changé. Confrontée à un épisode inflationniste, la Réserve fédérale procède depuis mars 2022 à une remontée de ses taux d’intérêt motivée par des préoccupations internes. Une politique nationale qui, selon Mme Rousseff, se traduit « par une plus grande probabilité de réduction des perspectives de croissance et une plus grande probabilité de récession (8) » dans le reste du monde…
Jusque-là, rien de très nouveau, donc, dans les critiques formulées à l’encontre du dollar. Mais la guerre en Ukraine a récemment mis en lumière un autre dysfonctionnement du SMI : l’utilisation par Washington du double statut du dollar — monnaie nationale et devise-clé du SMI — pour imposer des sanctions à des acteurs économiques privés ou nationaux jugés hostiles. Ou, pour reprendre une formulation devenue courante depuis 2022, la « transformation du dollar en arme ».
La liste des mesures coercitives du Trésor américain, dont les premières datent de bien avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, comporte 2 206 pages, plus de 12 000 noms et touche 22 pays. Selon Christopher Sabatini, du think tank britannique Chatham House, « plus d’un quart de l’économie mondiale se trouve sous le coup d’une forme ou d’une autre de sanction (9) ». Le recours à ce type de dispositions s’est accéléré au cours de la dernière décennie alors que « les présidents américains successifs optaient pour une stratégie jugée peu coûteuse en efforts et en sang pour régler leurs problèmes de politique étrangère », analyse le Financial Times (10). Or, aux privilèges de l’endettement facile et de la coercition monétaire, le dollar ajoute celui de l’extraterritorialité : grâce au dollar, Washington est en mesure d’imposer ses décisions à tous les acteurs désireux d’utiliser sa monnaie. En 2015, la banque française BNP Paribas est condamnée à une amende record de 8,9 milliards de dollars pour n’avoir pas respecté l’embargo des États-Unis sur Cuba, le Soudan et l’Iran. La plupart des opérations effectuées par cette banque avec les trois pays « ennemis », en dehors de leur territoire, étaient libellées en dollars, et devaient de ce fait passer par une chambre de compensation sise aux États-Unis, ce qui les faisait tomber sous le coup du droit américain.
Après celles appliquées à Cuba, la Corée du Nord, l’Afghanistan, l’Iran ou encore le Venezuela, les sanctions prennent une dimension inédite dans la foulée du déclenchement de la guerre en Ukraine. Washington et ses alliés évincent Moscou du système de paiements internationaux Swift et saisissent 300 milliards de dollars de réserves russes libellées en billets verts et en euros : « Un vol pur et simple », observe le fonctionnaire russe cité plus haut.
Un SMI où la devise-clé est également la monnaie nationale du pays hégémonique n’est stable que s’il est perçu « comme donnant plus d’avantages par l’intégration commerciale et financière que d’inconvénients pour les pays subordonnés », observent les économistes Michel Aglietta, Guo Bai et Camille Macaire (11). Au contraire, « l’usage délibéré du système de paiement international en dollars pour bloquer les transactions privées concernant des pays que les États-Unis veulent sanctionner ne fait que confirmer l’instrumentalisation du dollar en pur moyen de domination politique ». Et impose aux adversaires de Washington de réagir : « Ça n’est pas nous qui nous débarrassons du dollar, plaide M. Poutine en 2020. C’est le dollar qui se débarrasse de nous (12). » Directeur exécutif pour le groupe de pays emmenés par le Brésil au FMI entre 2007 et 2015, M. Paulo Nogueira Batista Jr formule les choses autrement : « Aujourd’hui, le principal ennemi du dollar, ce sont les États-Unis. »
Pour tous les pays en froid avec Washington, ou craignant une glaciation de leurs relations avec le pays du billet vert, l’urgence serait donc de « dédollariser ». Un projet qui soulève toutefois une question épineuse : pour utiliser quelle monnaie ?
La première réponse tombe a priori sous le sens : si utiliser la monnaie d’une autre nation pose problème, utilisons les nôtres ! Ce que divers pays ont commencé à faire pour leurs échanges transfrontaliers. En avril 2023, l’Inde et la Malaisie ont annoncé qu’elles commerceraient en roupies, la monnaie indienne. Un mois plus tôt, Pékin et Brasília annonçaient inciter les transactions en reais brésilien et en yuans chinois. La France participe elle aussi de ce mouvement, puisqu’un cinquième de ses échanges avec l’empire du Milieu se font désormais en renminbi, autre nom de la monnaie émise en Chine (13). En dépit de déclarations empreintes de volontarisme lisant dans ce mouvement une « fronde antiaméricaine », toutes ces initiatives ne découlent pas nécessairement d’une volonté de contester la domination du dollar. La dédollarisation commerciale à vocation géopolitique en épouse en effet une autre, plus pragmatique : celle qui résulte d’un effort visant à réduire le coût des transactions, parfois alourdi par les conversions multiples (de la monnaie A vers le dollar, puis du dollar vers la monnaie B).
Rouble, roupie ou dirham ?
Quelles qu’en soient les motivations, ce grand mouvement de réajustement des échanges commerciaux est facilité par le formidable réseau international tissé par la Chine, premier partenaire commercial de 61 pays dans le monde (contre 30 pour les États-Unis (14)). Il se heurte néanmoins à une difficulté importante. « Comme les balances commerciales ne sont jamais parfaitement équilibrées, lors des échanges de ce type, l’un des deux pays est nécessairement amené à accumuler les devises de son partenaire, observe M. Nogueira Batista Jr. Or, dans certains cas, cela peut poser des problèmes. Notamment si la monnaie en question est soumise à des fluctuations de valeur ou si elle n’est pas facilement convertible ». C’est ce qui explique l’échec, en mai dernier, des pourparlers entre Moscou et New Delhi visant à commercer en roupies : les échanges entre les deux nations étant très déséquilibrés en faveur de la Russie, cette dernière craignait d’amasser des liasses de roupies inutilisables. L’Inde achète donc le pétrole russe… en dirhams émiriens (15).
« Pour que les échanges commerciaux en devises nationales fonctionnent vraiment, poursuit M. Nogueira Batista Jr, il faut que les monnaies concernées puissent être transformées en réserves de change. » C’est-à-dire en liquidités aisément disponibles et peu exposées à de violentes dépréciations. Pour l’heure, aucun des candidats traditionnels au remplacement du dollar — l’euro et le renminbi — ne satisfait aux conditions requises. L’euro parce que l’incertitude sur son avenir, manifeste depuis la crise des dettes souveraines de 2010, inquiète le reste du monde. Le renminbi parce que Pékin n’a pas libéralisé son compte de capital : la monnaie chinoise n’est pas convertible et demeure soumise à de sévères contrôles de change. Pour que le yuan « détrône » le dollar, un point de bascule que certains analystes un peu pressés annoncent déjà, il faudrait que la Chine procède à un improbable revirement en matière de politique monétaire.
Car Pékin n’ignore pas que l’utilisation du yuan par des non-résidents modifierait son modèle économique. En effet, plus une monnaie est demandée à l’étranger, plus sa valeur augmente par rapport aux autres devises. Et plus ses exportations se renchérissent : un danger majeur pour l’« atelier du monde » chinois. Par ailleurs, Pékin a pris la mesure des risques que les processus de dérégulation ont fait courir à ses voisins lors de la crise financière de 1997, et aux économies du Nord lors de celle de 2008. Ainsi, un épisode d’instabilité sur les marchés chinois à la suite d’une tentative de libéralisation financière, en 2015-2016, a été perçu comme suffisamment douloureux pour conduire le pouvoir à « redéfinir les risques financiers comme des atteintes potentielles à la sécurité nationale », nous explique le chercheur Nathan Sperber. Lequel souligne que, du point de vue des autorités chinoises, les contrôles de capitaux ne relèvent pas uniquement de préoccupations financières : « Si les riches Chinois pouvaient sortir leurs capitaux du pays sans restriction, ils seraient en mesure de sanctuariser leurs avoirs et donc leurs privilèges. Du fait des contrôles de capitaux, la propriété du capital demeure relative en Chine : elle est soumise au pouvoir politique, qui conserve la possibilité d’intervenir contre les individus qu’il souhaite sanctionner. »
De très commodes malentendus
Entre l’internationalisation de sa devise et la protection du modèle de développement chinois, Pékin a pour l’heure choisi. Et, lorsqu’une forme de dédollarisation en faveur du renminbi s’observe tout de même, il s’agit d’un processus « sous contrainte », souligne Sperber : « Ce n’est pas une dédollarisation motivée par le fait que le yuan serait supérieur au dollar comme monnaie d’échange ou de réserve pour les acteurs de marché, mais une internationalisation par le biais d’accords diplomatiques. » Signe de l’attrait continu du dollar, celui-ci demeure la valeur refuge préférée des marchés lors des crises financières, y compris lorsqu’elles trouvent leur origine… dans les dysfonctionnements des places américaines, comme ce fut le cas lors de la crise des subprime de 2008.
Derrière le vacarme des déclarations annonçant que « la suprématie financière américaine est terminée (16) », les chiffres dessinent donc un tableau plus mesuré. Selon les données de la dernière enquête triennale de la Banque des règlements internationaux (BRI), en 2022, le dollar reste, et de très loin, la monnaie la plus utilisée : 88 % des transactions de change y ont recours (pourcentage inchangé depuis 1989), contre 32 % pour l’euro, 17 % pour le yen, 17 % pour la livre sterling (17). La part du yuan chinois (7 %) demeure modeste, bien qu’en forte progression (+ 4 % en 2019).
Côté réserves de change, la part du dollar a fondu de 72 % en 2000 à 59 % en 2023, mais principalement au profit de monnaies émises par des alliés géopolitiques de Washington : les dollars australien et canadien, le won sud-coréen, la couronne suédoise… Sur la même période, la part du renminbi est passée de 0 à 2,6 %. C’est qu’il est très compliqué pour un pays de détenir des réserves dans une monnaie distincte de celle dans laquelle est libellée sa dette. Or l’internationalisation massive d’un marché obligataire en renminbi demeure inenvisageable sans libéralisation du compte de capital chinois…
Effondrement de la légitimité du dollar comme devise-clé du SMI, limites du commerce transfrontalier en monnaies nationales, absence de candidats au remplacement du dollar… Confrontés à une situation ressemblant fort à une impasse, la Russie puis le Brésil ont proposé d’agir au niveau des Brics. Le projet initial imaginé par Moscou visait la création non pas d’une monnaie, mais d’une unité de compte : un outil monétaire permettant d’établir des parités entre monnaies et de libeller des prix pour les matières premières non soumis aux fluctuations du dollar… Las, le 21 août 2023, la veille du sommet de Johannesburg, le ministre des affaires étrangères indien Vinay Mohan Kwatra profite d’une conférence de presse pour manifester l’opposition de New Delhi à un projet dont il semble penser qu’il vise, non pas à la création d’une unité de compte… mais à celle d’une « monnaie commune ». « Mais ce n’est pas ce dont il était question !, tempête notre interlocuteur russe. Toutes les personnes qui travaillent du côté économique savent qu’il était beaucoup trop tôt pour parler de monnaie commune. » Pour celui que nous interrogeons, aucun doute, le problème provient du fait que « dans les ministères des affaires étrangères, en Russie comme ailleurs, personne ne comprend rien aux questions monétaires. Même au plus haut niveau ».
On peut parfois les comprendre. Tentons d’éclaircir le malentendu : les monnaies (communes y compris) doivent remplir deux fonctions cruciales outre celles d’unités de compte : elles doivent également jouer le rôle d’instruments de réserve, c’est-à-dire pouvoir stocker de la valeur, et permettre les échanges. Imaginer une « monnaie commune » des Brics impliquait donc un degré de coordination bien supérieur à ce que requérait le projet russe. Chargé de présenter des pistes de travail sur la question monétaire lors d’un colloque organisé par Pékin en marge du sommet de Johannesburg, M. Nogueira Batista Jr présenta les choses ainsi : la création d’une unité de compte « serait relativement simple et (…) pourrait être mise en œuvre rapidement et à moindre coût » ; celle d’une monnaie commune requerrait, elle, « une réflexion et une planification qui n’ont pas encore débuté » (18). De toute évidence, il était déjà trop tard : le projet ne fut pas discuté à Johannesburg.
Les malentendus n’expliquent toutefois pas tout. Il arrive même qu’ils offrent un moyen commode d’entraver des projets dont on ne souhaite pas avoir à expliquer trop clairement qu’on s’y oppose. Or divergences géopolitiques et conflits internes — notamment entre la Chine et l’Inde, New Delhi souhaitant continuer à commercer avec les États-Unis — compliquent les travaux des Brics. C’était le cas lorsqu’ils étaient cinq ; les membres fondateurs ne peuvent ignorer que l’arrivée de six nouveaux membres à partir du 1er janvier 2024 ne contribuera pas à fluidifier les discussions. Or la question monétaire s’avère particulièrement délicate, comme le suggèrent les expériences antérieures d’unions monétaires régionales.
En Europe, le serpent monétaire européen de 1972, qui visait à protéger les économies concernées du flottement généralisé des monnaies, ne débouche sur la monnaie unique qu’en 1999, avec des succès plus que mitigés. En 2010, huit pays latino-américains lancent un système unitaire de compensation régionale des paiements (Sucre), ainsi qu’une unité de compte portant le même nom. Mais la faiblesse de l’intégration commerciale des pays concernés limite la portée de l’initiative. En Asie, la crise financière de 2008 conduit à la création d’un Fonds monétaire asiatique chargé d’encadrer les parités de change. Depuis, toutefois, les projets visant à prolonger la réflexion sur l’intégration monétaire n’avancent guère. Des analyses récentes mettent en avant le développement futur des monnaies numériques de banque centrale (MNBC). En pointe sur ce dossier, la Chine souhaite pouvoir court-circuiter les systèmes de paiement tels que Swift grâce à son e-yuan. Mais celui-ci fait également craindre la capacité de contrôle de Pékin…
Pour l’heure, le système organisé autour du dollar ne semble donc pas menacé. L’accroissement des tensions géopolitiques internationales pourrait néanmoins conduire à l’émergence d’une zone « hors dollar », pour les pays que les États-Unis considèrent comme leurs adversaires. La Chine « jouerait alors le rôle de pont entre les deux systèmes : le point fixe d’une structure multipolaire », estime Galbraith (19). Avant d’ajouter : « Si Pékin devait à son tour faire l’objet de décisions aussi sévères [que celles imposées à Moscou], alors une véritable rupture pourrait se produire, divisant le monde en deux blocs isolés. » Une situation cependant extrêmement coûteuse pour Washington, étant donné le volume du commerce entre la Chine et les États-Unis, et qui compliquerait le financement de sa dette.
Cela invitera-t-il la Maison Blanche à entendre l’agitation actuelle autour du dollar ? Miser sur une telle réaction pourrait en réalité constituer l’objectif inavoué d’une partie des Brics. « Vous savez, si les initiatives des Brics conduisaient finalement Washington à accepter de créer une monnaie véritablement internationale, cela me conviendrait parfaitement ! », confie notre interlocuteur russe à la fin de notre entretien. « C’est cela que souhaite la Chine », confirme Aglietta lorsque nous l’interrogeons.
Or cette « monnaie véritablement internationale » existe déjà, sous la forme des droits de tirage spéciaux, ou DTS, émis par le FMI (20). Créés en 1969, au moment où le système de Bretton Woods menaçait de s’effondrer, et similaires au bancor qu’avait imaginé John Maynard Keynes en 1944, les DTS présentent toutes les caractéristiques nécessaires pour devenir l’outil monétaire dont le monde a besoin : une devise internationale pilotée de façon concertée au sein du FMI, une institution imaginée pour cela. En 2009, l’idée avait été avancée par le gouverneur de la banque centrale chinoise, M. Zhou Xiaochuan, qui voyait dans le Fonds les prémices d’une banque centrale mondiale capable de gérer la liquidité internationale avec un objectif de stabilité des prix. La mesure impliquerait naturellement une réforme du FMI privant les États-Unis de leur droit de veto, car les élites américaines n’entendent pas se priver du privilège que leur octroie le dollar.
Pour l’heure, tout du moins. Le 3 octobre, la directrice du FMI Kristalina Georgieva expliquait au Financial Times souhaiter une réforme des droits de vote au sein du Fonds en adéquation avec « les changements dans l’économie internationale », à commencer par l’envol chinois. Bien qu’opposé à tout changement précipité, Washington aurait laissé la « porte ouverte » à une telle initiative, précise le quotidien de la City londonienne (21). De son côté, soulignent Astrid Viaud et Paul-Arthur Luzu, le président Donald Trump (2017-2021) n’a cessé de contester la « politique de déficit permanent des États-Unis, qui permet la domination du dollar » lorsqu’il était aux affaires. Un « signal fort » qui a « créé le doute sur la volonté américaine de fournir le monde en dollars » (22). Sans compter qu’en dépit des discours officiels et médiatiques lui ayant appris à considérer un dollar « fort » comme le symbole de la grandeur de son pays, la population américaine serait l’un des principaux gagnants d’un billet vert dont la valeur ne serait plus dopée par son statut international. Comme le note Galbraith, « la multipolarité [monétaire] pourrait être mauvaise pour l’oligarchie, mais bonne pour la démocratie, la protection de la planète et l’intérêt général. De ce point de vue, elle n’arrivera jamais trop tôt ». Malheureusement, prévient-il, « les grands bouleversements de l’ordre économique mondial n’adviennent qu’à l’occasion de crises extrêmes » (23).
Renaud Lambert & Dominique Plihon
(1) « Nicolas Sarkozy s’attaque aux paradis fiscaux et à la suprématie du dollar », Le Point, Paris, 13 décembre 2010.
(2) Cité par Herman Mark Schwartz, « American hegemony : Intellectual property rights, dollar centrality, and infrastructural power », Review of International Political Economy vol. 26, n° 3, Routledge, Milton Park, 2019.
(3) Charles Kindleberger, « The dollar yesterday, today, and tomorrow », Banca Nazionale del Lavoro Quarterly Review, n° 38, Rome, 1985.
(4) Lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, le 16 juin 2023.
(5) Lire Martine Bulard, « Quand le Sud s’affirme », Le Monde diplomatique, octobre 2023.
(6) Entretien sur CGTN, le 14 avril 2023.
(7) James K. Galbraith, « The dollar system in a multi-polar world », International Journal of Political Economy, vol. 51, n° 4, New York, 2022.
(8) Entretien sur CGTN, op. cit.
(9) Cité par Michael Stott et James Kynge, « China exploits sanctions to undermine dollar », Financial Times, Londres, 28 août 2023.
(10) Ibid.
(11) Michel Aglietta, Guo Bai et Camille Macaire, La Course à la suprématie monétaire mondiale. À l’épreuve de la rivalité sino-américaine, Odile Jacob, Paris, 2022.
(12) « America’s aggressive use of sanctions endangers the dollar’s reign », The Economist, Londres, 18 janvier 2020.
(13) « China wants to make the yuan a central-bank favourite », The Economist, 7 mai 2020.
(14) Direction des statistiques sur le commerce (DOTS), FMI.
(15) Nidhi Verma et Noah Browning, « Insight : India’s oil deals with Russia dent decades-old dollar dominance », Reuters, 8 mars 2023.
(16) Tom Benoît, « La fin du dollar roi », Le Point, 26 septembre 2023.
(17) Ces pourcentages portent sur un total de 200 %, car ils concernent un des deux côtés de chaque opération, qui implique deux devises.
(18) Nous remercions ici M. Nogueira Batista Jr de nous avoir transmis le texte de son intervention.
(19) James K. Galbraith, « The dollar system in a multi-polar world », op. cit.
(20) Lire Dominique Plihon, « Une “monnaie” mondiale contre le dollar ? », Le Monde diplomatique, octobre 2023.
(21) Colby Smith, « IMF head backs reforms that could give China more voting power », Financial Times, 3 octobre 2023.
(22) Astrid Viaud et Paul-Arthur Luzu, Entre dollar et cryptomonnaies. Le défi des sanctions pour L’Europe, Arnaud Franel Éditions, Paris, 2022.
(23) James K. Galbraith, « The dollar system in a multi-polar world », op. cit.
En perspective
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La prépondérance absolue du dollar
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« Dédollarisation… Est-ce vraiment la fin du dollar ? »
Tout d’abord,rappelons ceci au sujet de la monnaie : La monnaie, dans le régime masculin, contribua à changer complètement les mœurs, On créa le régime que Fabre d’Olivet appelle « Emporocratique », mot nouveau pour exprimer une idée nouvelle. Il est tiré du grec et signifie « marchand » et « force », c’est-à-dire la prédominance des intérêts économiques considérés comme mobiles de gouvernement. C’est le régime dans lequel tout se vend ; l’homme est un marchand, il se vend lui-même, c’est-à-dire vend ses services et vend tout ce dont il peut disposer. Notons au passage que les pays d’Europe où l’Emporocratie a dominé ont été successivement l’Italie, les Pays-Bas et l’Angleterre.
Les auteurs qui ont envisagé l’origine de la monnaie n’ont envisagé que cet aspect de la question. Ils font tout commencer au régime masculin et ne nous disent rien du régime antérieur (féminin). Cependant, tout existait déjà avant ce régime, et faisait partie des lois naturelles, « Jus naturale », qui contiennent l’explication de toutes les origines. Sans ces lois, nous ne pouvons pas comprendre le premier régime économique.
Du contrôle de la monnaie à la monnaie de contrôle : fin du Dollar
À partir de juillet 1944 (accords de Bretton Woods), le dollar américain devient à la fois monnaie nationale et monnaie mondiale de référence. Cependant, les « puissances d’argent » de la City de Londres soutenaient une autre option : celle d’une monnaie mondiale conçue comme un « panier » de monnaies.
Rappelons avec Valérie Bugault, et son ouvrage « Les raisons cachées du désordre mondial – Analyses de géopolitique économique, juridique et monétaire », que les fondamentaux sur lesquels repose la viabilité d’une monnaie sont, d’une part, l’adossement à des richesses réelles, tangibles ; d’autre part, que celle-ci doit être émise en quantité suffisante pour pouvoir être utilisée dans tous les échanges (nationaux et internationaux).
En 1967 toute la stabilité du Système Monétaire International basé sur les accords de Bretton Woods allait être vivement secouée en raison, en grande partie, de l’importante dévaluation de la Livre Sterling qui faisait suite à l’effondrement de l’économie britannique lié à « l’histoire secrète du pétrole ». Rappelons qu’en 1967, le président de la République Française déclarait : « La guerre du Vietnam et celle du Proche-Orient sont étroitement liées ». On sait aujourd’hui que la guerre des Six Jours fut largement une guerre du pétrole. On sait moins que la guerre du Viêt-Nam en est une autre. Dans son ouvrage « La guerre secrète du pétrole », Jacques Bergier rappelle que : « Malgré les liens privilégiés qui les unissent, les Britanniques ont toujours été de dangereux rivaux pour les États-Unis. Les grands « Maîtres du pétrole » des deux pays (Standard Oil « Chevron-Mobil-Exxon », Texaco, Gulf, Royal Dutch–Shell, British Petroleum, etc.) se sont de tout temps livrés une guerre acharnée. »
Dans la foulée de l’effondrement de l’économie britannique, allait également commencer la lente agonie du Dollar avec la désastreuse guerre du Vietnam.
En 1971, les USA n’ayant plus suffisamment d’or pour garantir l’intégralité des dollars en or, survient la fin de sa convertibilité dans ce métal précieux. Aussi, à partir de cette date, le dollar américain, en tant que monnaie mondiale sera désormais adossé au pétrole ainsi qu’à la seule force de l’économie américaine (via son dynamisme économique intérieure). Concrètement, à partir de ce moment-là, la valeur du dollar ne repose quasiment plus que sur la force brute des USA, c’est-à-dire leur capacité à faire militairement et monétairement respecter leur hégémonie dans les pays tiers.
Au niveau international, il résulte de cette situation la substitution de la notion d’« ordre juridique » par un retour à la « loi du plus fort ».
Le début des années 1970 sera aussi le début d’une grande dérégulation financière. Alors surviendra la « fabrication artificielle des actifs » (Subprimes, CDS ou « Credit Default Swaps », etc.), ainsi que la captation des réserves monétaires des pays tiers, c’est-à-dire les pays dits « alliés », les membres de l’U.E., etc., véritables « colonies » financières. On comprend alors, en partie, le pourquoi de la mise en place, en France, de la loi du 3 janvier 1973, dite « loi Pompidou-Giscard-Rothschild » (et aggravée depuis par l’article 123 du TFUE, Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne), qui modifie les statuts de la Banque de France et donne le coup d’envoi d’une dette qui augmentera incessamment et vampirisera toutes les richesses nationales produites.
Mais la France n’est nullement un cas isolé. Les dettes de tous les Etats, aidées par la conjuration de toutes les élites économiques (« sous influence ») des différentes nations, sont devenues des océans impossibles à écluser et les nations sont ficelées au bon vouloir d’institutions financières privées, de plus en plus arrogantes et gourmandes.
La titrisation, en faisant circuler dans le monde entier des « actifs douteux », associée à l’internationalisation du droit anglo-saxon (« Soft Law », Lobbying, Trust, propriété économique, etc.) permettront à ce système de fonctionner.
À compter des années 1990 (Chute de l’URSS, création de l’U.E., etc.), pendant que le « dynamisme économique intérieure » de l’Amérique faiblit, les besoins du dollar s’intensifient considérablement en raison du développement inédit des échanges économiques internationaux en même temps que celui de la concentration des capitaux (mise en place du libre-échange par l’OMC, organisme mondialiste tout comme l’OCDE qui favorise l’optimisation fiscale, etc.).
La solution de la « planche à billet » étant dorénavant exclue, les banquiers innovent avec le « Quantitative Easing » (QE). La création monétaire est désormais adossée à des rachats d’actifs de plus en plus pourris en raison de la dérégulation financière qui s’accentue (avec la bêtise et l’ignorance, la plus dangereuse des « pandémies » est la « soif de l’or »). En conséquence de cette « fuite en avant », le circuit financier international est devenu « non viable », ainsi que l’avait anticipé J.M. Keynes à Bretton Woods : une monnaie nationale était structurellement inapte à répondre au besoin d’une monnaie mondiale.
Le magazine « The Economist » avait, dès 1988, « prévenu » le public du fait qu’un panier de monnaies, le « Bancor » cette devise internationale originellement proposée par le « Fabian » Keynes en tant qu’étalon monétaire international, et que nous voyons d’abord apparaître sous la forme de D.T.S. (Droits de Tirage Spéciaux) au début du XXIème siècles, allait, tel le phénix, renaître de ses cendres autour des années 2018 (voir la couverture de « The Economist »).
L’avènement de cette monnaie mondiale « DTS-Bancor » a été préparé, dans le secret, comme beaucoup d’autres avènements par les « puissances d’argent », c’est-à-dire les principaux propriétaires de capitaux de la planète, et leurs divers affidés, notamment les banquiers centraux, lesquels se réunissent au sein de la Banque des Règlements Internationaux (B.R.I.), qui est la banque centrale des banques centrales, dont le siège se trouve à Baal… Bâle en Suisse, au sein même de la ville qui, pour la « petite histoire », a inauguré, en 1897, le premier congrès Sioniste.
Ceci avait été anticipé par ce que Brandon Smith appelle les « Globalistes », qui sont en réalité les descendants des « puissances d’argent » (Chargeurs/négociants) du Moyen Âge, qui ont pris, essentiellement par le biais de la corruption, le pouvoir politique au fil des siècles.
Le président étasunien F.D. Roosevelt disait : « En politique rien n’arrive par hasard. Chaque fois que survient un événement, on peut être certains qu’il avait été prévu pour se dérouler de cette façon. »
C’est pourquoi, actuellement, nous assistons à de grandes manœuvres géopolitiques consistant en la « démolition contrôlée » (devenue une habitude depuis un fameux mois de septembre) du dollar par l’entremise, plus ou moins adroite, de remise en cause de la suprématie américaine sur les échanges internationaux.
La Chine et la Russie, qui sont, rappelons-le, membres de la BRI, sont parties prenantes de cette stratégie : la Chine en tant que moteur principal des DTS tandis que la Russie a raccroché les « wagons du train » de la monnaie mondiale.
Aussi, et sous l’égide de la BRI, la prochaine étape de la stratégie, jusqu’ici gagnante, des « puissances d’argent » sera la mise au point d’une monnaie mondiale. Cette future monnaie, qui chapeautera toutes les monnaies du monde, devra circuler sous forme exclusivement dématérialisée. C’est précisément pour permettre la validation technique de ce projet que les médias et multinationales ont lancé à partir de mi-2020, (en plein confinement !) et en grande pompe, la « Libra », cryptomonnaie dématérialisée initiée par Facebook et consœurs ; elle avait pour fonction politique de permettre la vérification, in vivo, du fonctionnement de telles monnaies, de façon à les perfectionner et à les rendre parfaitement fonctionnelles. Une fois que les mises au point techniques seront faites, les DTS en tant que panier de monnaies, pourront circuler sous forme dématérialisées, en précisant que cette monnaie mondiale sera entièrement contrôlée par les élites bancaires globalistes.
Parallèlement à cette « évolution monétaire », une autre évolution est menée qui consiste en la suppression de la circulation monétaire sous forme d’espèces dans le monde entier.
Une fois en place, cette monnaie dématérialisée contrôlera parfaitement et définitivement la vie privée de tous ses utilisateurs, alors même que personne ne pourra échapper à cette dématérialisation monétaire pour les échanges nécessités par la vie courante.
« Celui qui contrôle la monnaie d’un peuple, contrôle ce peuple. », disait le président des États-Unis, J.A. Garfield, farouche partisan d’un « argent honnête », élu en 1880… et assassiné en 1881.
Par conséquent, celui qui contrôlerait la monnaie du monde contrôlerait le monde.
C’est pourquoi l’avènement de cette monnaie mondiale sera le premier pas institutionnel vers le gouvernement mondial oligarchique.
Rappelons que les oligarques à la manœuvre sont précisément ceux qui ont organisé et profité de toutes les formes que l’esclavage a pris ces 400 dernières années. Ils ont aujourd’hui conquis les pouvoirs politiques de la quasi-intégralité des pays du monde par le contrôle qu’ils ont pris sur les monnaies et sur le système économique mondial. Ce contrôle a pris la forme de la corruption (terme généralement remplacé aujourd’hui par l’expression « politiquement correcte » de « conflit d’intérêts ») élevée au rang légal par les Anglo-saxons : le « lobbying » est la transcription juridique, et donc la légalisation, de ce que le droit traditionnel appelait « corruption d’agents publics ».
Le Fonds pour l’Environnement Mondial ou FEM (lié à la lutte contre les effets du pseudo réchauffement climatique), est l’un des mécanismes clés dans le cadre du financement de la future monnaie mondiale.
Précisons que, à l’origine, le FEM est issu du « 4ème Congrès Mondial des Terres Sauvages » (4th World Wilderness Congress) organisé en 1987 par la Banque Rothschild, et le Baron Edmond de Rothschild lui-même. Quelque 1 500 banquiers et dirigeants parmi les plus puissants du monde ont assisté à ce congrès qui était présidé par l’homme politique, membre de la haute finance canadienne et agent de « N. M. Rothschild & Sons » à Londres, Maurice Strong (1929-2015). Co-fondateur du WWF, ancien Secrétaire général de la Conférence des Nations unies sur l’environnement et co-directeur de l’Aspen Institute, Maurice Strong était aussi membre fondateur du GIEC (créé en 1988) et de l’« Earth Council », dont il deviendra le Directeur. Créé en 1992, au Costa Rica, pour coordonner la réalisation des programmes de l’« Agenda 21 », l’« Earth Council » a aussi comme membre fondateur Klaus Schwab, accessoirement « Monsieur Great Reset », mais surtout fondateur du « World Economic Forum », les Symposiums annuels qui depuis 1971 réunissent à Davos, en Suisse, les hommes du « Big Business ».
Comme le dit l’expression : « Le monde (des hommes) est petit ».
Depuis la fin des années 1980 et le début des années 1990, beaucoup de choses se sont accélérées, et pas en bien.
Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/introduction-livres-de-femmes.html
Versão em Língua Portuguesa:
https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2024/10/desdolarizacao-sera-mesmo-o-fim-do-dolar.html
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Quand l’économie mondiale avec les BRICS sera plus importante que celle des États-Unis et de l’Union européenne, tous les autres pays se rangeront du côté du plus fort. La Chine joue sur les 2 tableaux mais viendra un jour où elle ne craindra plus une sanction américaine même de 500 milliards et à ce moment ce sera la fin de l’hégémonie américaine. Donc il est dans l’intérêt futur des États-Unis de mettre en place une nouvelle monnaie internationale, mais quelle monnaie me direz-vous? Une monnaie basée sur l’abolition des dettes en les créditant pour en faire une monnaie nationale de tous les pays du monde entier. Comment créditer? On annule une dette en permettant aux pays auxquels on doit de l’argent de mettre sur le marché la valeur de la dette. On annule les Accords de Bâle et toutes les banques privées. Il va falloir créer une vraie Banque Nationale Américaine puisque la FED est un ensemble de banques privées. La monnaie internationale doit être la moyenne de toutes les banques nationales avec quelques ajustements. Le gros bon sens réside dans les moyens à prendre pour éviter la faillite ou en amoindrir les effets.