L'intelligentsia : hier comme aujourd’hui, Chien de garde de l’ordre établi
Par Mesloub Khider. Le 4.02.2019. Sur le webmagazine http://www.les7duquebec.com
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4.2.2019. Mesloub-Intelligentsia English-Italian
“Oui, Messieurs, c’est la guerre entre les riches et les pauvres : les riches l’ont voulu ainsi ; ils sont en effet les agresseurs. Seulement ils considèrent comme une action néfaste le fait que les pauvres opposent une résistance. Ils diraient volontiers, en parlant du peuple : cet animal est si féroce qu’il se défend quand il est attaqué. » Louis-Auguste Blanqui – 1805-1881.
Depuis deux mois maintenant, journalistes et intellectuels se livrent à une surenchère de propagande haineuse contre le mouvement gilets jaunes, rivalisant d’ingéniosité pour les dénaturer, discréditer, insulter. Pour distiller contre eux les pires calomnies.
« On n’est pas couché », BHL a fustigé le mouvement des Gilets jaunes, qualifié de « mortifère » le mouvement et ses défenseurs de « populistes qui sont les profiteurs du désespoir, de la misère, pour casser la République et s’en prendre aux institutions« . Traduction : s’en prendre au capitalisme.
Ainsi, à l’occasion du surgissement de ce mouvement de masse des Gilets jaunes, l’intelligentsia a dévoilé sa véritable fonction d’auxiliaire intellectuelle servile de la classe dominante. Journalistes, intellectuels et membres de la classe dominante, toute cette mafia officielle, se sont ligués pour pilonner le mouvement jaune. Les journalistes, à coups de projections informatives insidieusement anti mouvement gilets jaunes ; le pouvoir, à coups de projectiles balistiques handicapants ; les intellectuels, à coups de projets de mobilisation de l’armée et de l’incitation de la police à user de leur arme contre les gilets jaunes.
Au demeurant, un autre intellectuel, Luc Ferry, frère d’arme de BHL, professeur de philosophie et ancien ministre, a défrayé la chronique en sommant la police à faire usage de leurs armes. Luc Ferry a demandé à la police de tirer à balles réelles contre les Gilets jaunes lors des manifestations. “ Qu’ils se servent de leurs armes une bonne fois, ça suffit, a-t-il déclaré lors d’une émission radiophonique intitulée “ Esprits libres. (Cela ne s’invente pas. Esprits libres… de massacrer le peuple quand il se révolte contre son esclavage). Mais aussi en exhortant l’armée à intervenir contre le mouvement des Gilets jaunes. Autrement dit, à écraser dans le sang ce mouvement. “On a la quatrième armée du monde, elle est capable de mettre fin à ces saloperies”, s’est-il exclamé sur un ton furibond.
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La dénonciation génocidaire des Gilets jaunes par Luc Ferry n’est pas le délire d’un esprit égaré, psychopathe. Mais la pensée profonde de ces “Esprits libres”, la majorité de cette intelligentsia décadente, et de ses maîtres, la classe dominante bourgeoise. Cette dernière, incapable d’appliquer d’autre politique pour protéger ses privilèges, notamment par la “redistribution des richesses”, impossible en cette période crise systémique, envisage officiellement de recourir à la répression de masse afin d’enrayer la révolte des Gilets jaunes. Au reste, dans l’urgence, elle a blindé son régime répressif par le vote de lois despotiques. En outre, le budget alloué à la répression étatique a agressivement augmenté.
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En effet, les dépenses en équipements et matériels des forces de police et de gendarmerie « ont progressé de 181% entre 2012 et 2017, passant ainsi de 132,4 millions d’euros à plus de 372 ». Le budget de l’armée et de la police est le seul à ne pas connaître la crise.
Ce ton haineux de l’élite contre le peuple rappelle étrangement celui des écrivains de l’époque de la Commune engagés de manière enragée contre le mouvement de révolte des communards. En effet, historiquement, ce déversement de haine contre le peuple révolté s’est déjà produit au cours de la Commune de Paris.
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La Commune est cet événement historique où le peuple parisien s’est emparé du pouvoir. En effet, du 18 mars au 21 mai1871, le pouvoir a été concentré entre les mains du peuple. Au cours de cette phase révolutionnaire, la Commune a gouverné dans la ville de Paris. La Commune a organisé la société dans l’unique intérêt du peuple. Elle a été le premier Etat ouvrier, première expérience de la « dictature du prolétariat ». Durant cette éphémère période de prise de pouvoir par le peuple, la classe dominante, réfugiée à Versailles, a déployé tous les moyens meurtriers pour récupérer les rênes de son pouvoir. Jusqu’à se compromettre avec l’Allemagne de Bismarck, la veille encore combattu sur les champs de bataille.
Contre la Commune de Paris, la bourgeoisie, effrayée par la mise à mal de l’ordre social, a trouvé aussitôt un allié de poids : l’intelligentsia littéraire, qui a mis sa vénale plume au service des classes dominantes. Dans un sursaut d’union sacrée de classe, la majorité des écrivains s’est associée à la bourgeoisie pour fustiger la Commune de Paris, pourfendre les révolutionnaires. La Commune de Paris a aussitôt déchaîné, chez ces littérateurs, un tombereau d’injures et de falsifications.
Par-delà leurs divergences politiques, tous ces écrivains ont trempé leurs plumes venimeuses dans l’encrier sanguinolent versaillais pour éructer leur belliqueuse hostilité assassine contre la Commune, pour appeler au massacre des communards. Ils ont transformé leurs plumes en baïonnettes.
Toutes origines sociales confondues, depuis les écrivains conservateurs à l’instar de Maxime Du Camp et Gustave Flaubert, en passant par les royalistes comme Alphonse Daudet, le comte de Gobineau, Ernest Renan, la comtesse de Ségur, Taine et bien d’autres, jusqu’aux réactionnaires Leconte de Lisle et Théophile Gautier, tous ces écrivains ont troqué leur costume de salon contre l’uniforme de mercenaire au service de Versailles.
Outre ces écrivains de l’ancien régime, est venue s’agréger à la canonnade contre la Commune les plumitifs d’obédience républicaine, comme François Coppée, Anatole France, George Sand, Émile Zola, pour ne citer que les plus célèbres. En dépit de quelques nuances dans leurs diatribes hystériques anticommunardes, la dénonciation des communards était unanimement partagée par l’ensemble de ces écrivains (aujourd’hui encore édités, publiés, enseignés à l’école). Parmi les plus virulents propagandistes zélés, d’aucuns ont rejoint le chef du pouvoir exécutif Thiers à Versailles pour le seconder dans ses préparatifs de la répression.
Dans leurs violentes campagnes anticommunardes, ces écrivains ont versé dans une outrance verbale haineusement meurtrière, emplie de préjugés de classe. Toute cette engeance littéraire communiait dans une aversion aristocratique des classes laborieuses. Pour ces parasites intellectuels les classes laborieuses étaient avant tout des classes dangereuses. Pour ces plumitifs réactionnaires, la Commune est l’œuvre de la « canaille », de la « populace », « mue par l’envie » (Macron a été à bonne école en usant de termes avilissants contre les Gilets jaunes qualifiés de “foule haineuse”).
Ainsi, tous les écrivains ont apporté leur soutien au régime sanguinaire de Versailles. Ont approuvé cette répression sanglante.
Voici un florilège des textes de ces écrivains enragés engagés contre la Commune.
« La paix et la concorde doivent venir d’en haut, descendre, ne pouvant monter. C’est le devoir des compréhensifs, des forts, de tendre la main aux faibles, aux enténébrés. Comment en vouloir à la foule – puisque l’on ne fait rien pour l’éclairer, l’instruire – d’avoir gardé l’atavique instinct des brutes préhistoriques, au temps où les ancêtres cannibales, dans les forêts monstrueuses, ne se rencontraient que pour se dévorer sur le seuil des cavernes ? Avec un peu de douceur, beaucoup de charité, on apaise les bêtes frustres qui tendent le dos, se soumettent sous l’étonnement d’une caresse ».
Pour certains écrivains, l’esprit égalitaire de la Commune offusquait leur conception élitiste de la société. Ainsi, Taine écrit avec ironie, sur un ton persifleur : « Le patron, le bourgeois, nous exploite, il faut le supprimer. Moi ouvrier, je suis capable, si je veux, d’être chef d’entreprise, magistrat, général. Par une belle chance, nous avons des fusils, usons-en et établissons une République où des ouvriers comme nous soient ministres et présidents ». Renan, pour qui l’Allemagne constitue un modèle, estime que « l’essentiel est moins de produire des masses éclairées que de produire de grands génies et un public capable de les comprendre ».
Un autre écrivain moins célèbre, Ernest Houssaye, déclare quant à lui : « Pas une de ces femmes n’avait une figure humaine : c’était l’image du crime ou du vice. C’était des corps sans âme qui avaient mérité mille fois la mort, même avant de toucher au pétrole. Il n’y a qu’un mot pour les peines : la hideur ».
Texte qui devrait être publié sur FB et dirigé vers nos petites et grosses élites qui ont « quelques réserves » à l’endroit des gilets jaunes qu’elles trouvent pas assez éclairées sur les nouveaux visages des exploitéEs.
@ Hélène
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Merci à l’avance
Robert Bibeau