La lutte des «faucons» et des «colombes» du monétaire est engagée
Par Marc Rousset
La démission surprise, le 30 septembre 2019, deux ans avant la fin de son mandat, de Sabine Lautenschläger, membre du directoire de la BCE, est tout un symbole des tensions qui existent dans cette institution et de la lutte qui va s’engager, dans les semaines qui viennent, entre d’une part les soi-disant «faucons», partisans d’une politique sérieuse d’orthodoxie monétaire correspondant exactement à l’esprit des traités ainsi qu’aux statuts de la BCE, et d’autre part les soi-disant «colombes», partisans d’une politique monétaire laxiste ainsi que d’une fuite en avant vers, à terme, l’inévitable catastrophe hyper-inflationniste.
L’une des conditions de l’insurrection populaire est que la classe du grand capital international ne parvient plus à s’entendre sur la gouvernance de l’économie (économie productive réelle et économie monétaire et financière parasitaire fictive) et de la finance censée refléter virtuellement l’économie de la production et de l’échange. Le présent article relate les tensions en cours parmi les conseillers économiques de l’ombre (à la barre de la BCE) qui quoiqu’ils fassent – faucons ou colombes – ne pourront sauver le cargo européen à la dérive. Alors, les moins pugnaces quittent le rafiot amiral de la BCE, ce qui ne les sauvera pas pour autant du naufrage général et mondial. Bonne lecture. Robert Bibeau http://www.les7duquebec.com
Il ne reste plus qu’à prier le ciel pour que le successeur de Lautenschläger soit Claudia Buch, vice-présidente de la Bundesbank, candidate du président Jens Weidmann de la Bundesbank, et non pas Elga Bartsch, qui a vendu son âme pendant vingt ans à Morgan Stanley et BlackRock, partisan de la stupide théorie de l’hélicoptère monétaire consistant à faire créditer en monnaie de singe par la BCE le compte des particuliers en cas de crise, ou Isabel Schnabel, experte reconnue, mais considérée comme trop « colombe » par de nombreux Allemands.
Quant aux « minutes » de la dernière réunion de la BCE du 12 septembre, elles sont la preuve que Mario Draghi a menti publiquement lors de sa dernière conférence de presse, des réserves ayant été exprimées par Jens Weidmann, président de la Bundesbank, estimant que « la BCE avait dépassé les bornes » en relançant le « QE », tout comme par Klaas Knot, gouverneur de la Banque centrale néerlandaise ainsi que par huit autres gouverneurs ou membres du directoire, dont François Villeroy de Galhau. Ce dernier, compte tenu de sa fonction actuelle à la tête de la Banque de France et des probables appels au secours, pour demain, de la France en faillite d’Emmanuel Macron, s’est cru obligé de préciser benoîtement, lors d’un discours à l’École d’économie de Paris, que ces mesures ne sont pas nécessaires, mais seulement à « l’heure actuelle » !
Le pot aux roses a été la charge violente supplémentaire signée par sept prestigieux anciens banquiers centraux, libres donc aujourd’hui de leurs paroles et épris de vérité, suite à une initiative de Jacques de Larosière, ancien gouverneur de la Banque de France et ancien directeur général du FMI, qui, dans une lettre ouverte du 11 octobre sur la célèbre Agence Bloomberg, ont publié une tribune « activiste » au vitriol anti-Draghi et anti-Lagarde !
Leurs préoccupations concernent la stupidité de la prétendue recherche d’un taux d’inflation à 2 % alors que, selon le traité de Maastricht, le seul souci de la BCE doit être la stabilité des prix, le fait que « la poursuite des achats de titres n’aura guère d’effet positif sur la croissance », mais qu’« en revanche il est de plus en plus fondé de soupçonner que cette mesure repose sur l’intention de protéger les gouvernements lourdement endettés de la hausse des taux d’intérêt ».
Tous ces anciens banquiers centraux constatent également que « d’un point de vue économique, la BCE est déjà entrée sur le territoire du financement monétaire des dépenses publiques, ce qui est strictement interdit par le traité ». De plus, « l’impact négatif de l’environnement à taux d’intérêt extrêmement bas s’étend du système bancaire à l’ensemble du secteur financier en passant par les compagnies d’assurance et les fonds de pension ». La situation “actuelle augmente artificiellement le prix des actifs à un niveau qui à terme risque d’entraîner une correction abrupte du marché ou même une crise profonde”.
Sont également critiqués les prêts LTRO à bas taux de la BCE pour les banques italiennes en quasi-faillite et la « zombification » de l’économie suite aux taux d’intérêt négatifs, constatée par l’OCDE et la BRI. Il y a donc « risque de perte de contrôle de la création de monnaie par la BCE » ! Le scandale, c’est donc que la BCE pratique la politique monétaire actuelle, non pas pour porter l’inflation à 2 %, mais pour sauver les États, tels que la France et l’Italie, de la banqueroute en maintenant très bas d’une façon artificielle les taux d’intérêt négatifs de financement de la dette publique. C’est ainsi que, sinistre et suprême plaisanterie, nous avons appris que la Grèce en faillite irrémédiable, avec un taux d’endettement de 180 % du PIB, qui, suite aux prêts de l’Union européenne, n’a fait que reporter l’exigibilité de sa dette de dix ans avec franchise de remboursement pendant cette période, a pu emprunter, le mercredi 9 octobre, 487 millions d’euros à trois mois, à un taux négatif de -0,02 % !
L’auteur a totalement raison, restreindre le crédit et entrainer la faillite immédiate des emprunteurs insolvables – ou libéraliser encore davantage le crédit et prolonger l’agonie des emprunteurs insolvables – aucune de ces deux fausses solutions ne pourra sauver l’économie capitaliste en faillite… faucons et colombes ne peuvent qu’assister impuissant à l’effondrement du régime. NDLR.