Asie/Afrique

👁‍🗹 Poutine et la mascarade du cessez-le-feu en Ukraine dĂ©confite (Escobar)

Par Pepe Escobar, le 14 mars 2025

Poutine ne sacrifiera jamais les exigences de “la sĂ©curitĂ© indivisible” de la Russie prĂ©sentĂ©es Ă  Washington en dĂ©cembre 2021 – et restĂ©es sans rĂ©ponse.


Il faut voir le “cessez-le-feu” annoncĂ© avec emphase par l’Ă©quipe Trump 2.0 comme un kabuki de pacotille dans une matriochka Ă  deux balles.

Une fois les masques tombés, le dernier à rester dans la matriochka est un travesti transgenre minuscule et danseur : un Minsk 3 façon drag queen.

Retour au cessez-le-feu : le prĂ©sident Poutine, en uniforme pour la deuxiĂšme fois seulement depuis le dĂ©but de l’OSM, trĂšs sĂ©rieux, s’est rendu sur le front Ă  Koursk.

Puis vint l’opĂ©ration de dĂ©peçage proprement dite : la confĂ©rence de presse de Poutine aprĂšs sa rencontre avec Loukachenko Ă  Moscou.

Cessez-le-feu ? Bien sĂ»r. Nous le soutenons. Puis, mĂ©thodiquement, diplomatiquement, le prĂ©sident russe a jouĂ© les Caravage, passant en mode clair-obscur sur chaque dĂ©tail gĂ©opolitique et militaire de la manƓuvre amĂ©ricaine. Une dĂ©construction astucieuse et magistrale.

RĂ©sultat : la balle est maintenant dans le camp de Donald Trump. , le dirigeant de l’Empire du chaos en pleine refonte qui n’a pas, soit dit en passant, les cartes en main.

L’art de la diplomatie

C’est ainsi que fonctionne la diplomatie au plus haut niveau, Ă  des annĂ©es-lumiĂšre des pĂ©quenauds amĂ©ricains du genre de Rubio.

Poutine a eu la gentillesse de remercier

“le prĂ©sident des États-Unis, M. Trump, pour l’attention qu’il porte Ă  la rĂ©solution du conflit”.

AprĂšs tout, les AmĂ©ricains semblent Ă©galement ĂȘtre impliquĂ©s dans

“la rĂ©alisation d’une noble mission, celle de mettre fin aux hostilitĂ©s et aux pertes de vies humaines”.

Puis il a enfoncé le clou :

“Ce cessez-le-feu devra aboutir Ă  une paix durable et permettre d’Ă©liminer les principales causes de ce conflit”.

Et comme dans tous les conflits, les impĂ©ratifs russes – largement connus depuis au moins juin 2024 – devront ĂȘtre satisfaits. AprĂšs tout, c’est la Russie qui est en train de gagner la guerre sur le terrain, et non les États-Unis, l’OTAN – dĂ©jĂ  fragmentĂ©e – et encore moins l’Ukraine.

Poutine a Ă©tĂ© catĂ©gorique sur le cessez-le-feu : “Nous sommes pour”.

Mais on peut nuancer. Et là encore, la diplomatie. À commencer par le contrîle, sans doute le point crucial du raisonnement de Poutine :

“Comment ces 30 jours seront-ils mis Ă  profit ? Pour poursuivre la mobilisation forcĂ©e en Ukraine ? Pour recevoir davantage d’armes ? Pour former les unitĂ©s nouvellement mobilisĂ©es ? Ou bien rien de tout cela ne se produira-t-il ?

“Comment les questions de contrĂŽle et de vĂ©rification seront-elles rĂ©solues ? Comment pouvons-nous ĂȘtre assurĂ©s de l’absence de pareilles situations ? Comment le contrĂŽle s’organisera-t-il ?

“J’espĂšre que tout le monde va faire preuve de bon sens. Ce sont des questions essentielles”.

Et non, l’Eurocratie collective, embourbĂ©e dans une russophobie dĂ©mente, ne fait pas preuve de “bon sens”.

Poutine a une fois de plus fait preuve de diplomatie en renvoyant Ă  la

“nĂ©cessitĂ© de travailler avec nos partenaires amĂ©ricains. Peut-ĂȘtre que je parlerai au prĂ©sident Trump”.

On peut donc s’attendre Ă  un autre appel tĂ©lĂ©phonique trĂšs prochainement.

Trump, pour sa part, toujours en train de planer sur ses envolĂ©es grandiloquentes, a dĂ©jĂ  fait pression pour faire avancer les nĂ©gociations, avant mĂȘme que Poutine ne donne une rĂ©ponse dĂ©taillĂ©e sur le cessez-le-feu.

Il a renforcĂ© les sanctions sur le pĂ©trole, le gaz et les banques russes, permettant ainsi l’expiration cette semaine de la dĂ©rogation sur les ventes de pĂ©trole russe.

Ce qui signifie en pratique que les vassaux de l’UE et autres “alliĂ©s” ne peuvent plus acheter de pĂ©trole russe sans contourner les sanctions amĂ©ricaines.

MĂȘme auparavant, des reprĂ©sentants du gang criminel de Kiev ont implorĂ© l’imposition de nouvelles sanctions contre la Russie dans le cadre du plan de “paix”. Trump a Ă©videmment acceptĂ© en contournant les rĂšgles Ă©lĂ©mentaires de la diplomatie. Il faut avoir un QI infĂ©rieur Ă  zĂ©ro pour croire que Moscou soutiendra un cessez-le-feu/un “processus de paix” alors qu’elle est sanctionnĂ©e pour avoir tentĂ© de mettre fin Ă  une guerre qu’elle est en train de gagner sur le champ de bataille, du Donbass Ă  Koursk.

Les sanctions seront au cƓur des Ă©ventuelles nĂ©gociations entre les États-Unis et la Russie. Au moins une partie de ces sanctions devra ĂȘtre levĂ©e dĂšs le dĂ©but des nĂ©gociations. Il en va de mĂȘme pour les quelque 300 milliards de dollars d’actifs russes “saisis” – c’est-Ă -dire volĂ©s –, dont la plupart sont stockĂ©s Ă  Bruxelles.

J’annexe, donc je suis

Le tableau du Caravage reprĂ©sentant le cessez-le-feu de Poutine rĂ©vĂšle qu’il n’a strictement aucun intĂ©rĂȘt Ă  s’opposer au trĂšs volcanique Trump, ni Ă  mettre en pĂ©ril la possibilitĂ© d’une dĂ©tente entre les États-Unis et la Russie.

Quant Ă  Kiev et les chihuahuas europĂ©ens, ils figurent toujours au menu, mais ne s’assoient pas sur la table.

Comme on pouvait s’y attendre, les mĂ©dias occidentaux, tel un flot de dĂ©chets toxiques frappant un rivage immaculĂ©, font passer la dĂ©claration de Poutine disant “Niet” au stratagĂšme de cessez-le-feu comme un prĂ©lude Ă  l’Ă©chec de toute nĂ©gociation sur le sujet.

Ces spĂ©cimens auraient du mal Ă  saisir le sens du mot “diplomatie”, mĂȘme sous la forme d’une comĂšte dĂ©chirant le ciel.

Quant Ă  l’interprĂ©tation selon laquelle les Britanniques “ont aidĂ©â€Â les AmĂ©ricains et les Ukrainiens Ă  concocter le stratagĂšme du cessez-le-feu, elle ne mĂ©rite mĂȘme pas le pire des sketches des Monty Python.

Les classes dirigeantes britanniques, le MI6, leurs mĂ©dias et leurs think tanks, exĂšcrent tout simplement les nĂ©gociations. Ils sont en guerre directe et frontale avec la Russie, et leur plan A – sans plan B – reste le mĂȘme : infliger une “dĂ©faite stratĂ©gique” à Moscou, comme le SVR le sait pertinemment.

Le cƓur du problĂšme est la mer Noire. L’analyse de Vladimir Karasev, telle qu’elle a Ă©tĂ© exposĂ©e Ă  TASS, ne pourrait ĂȘtre plus juste :

“Les Britanniques sont dĂ©jĂ  entrĂ©s dans la ville d’Odessa, qu’ils considĂšrent comme un lieu clĂ©. Leurs services spĂ©ciaux y sont fortement impliquĂ©s. Les Britanniques ne cachent pas leur intention d’Ă©tablir une base navale Ă  Odessa”.

Odessa fait dĂ©jĂ  partie du large Ă©ventail de ressources ukrainiennes, thĂ©oriquement cĂ©dĂ©es aux Britanniques en vertu de l’accord douteux – et totalement illĂ©gal – signĂ© pour cent ans entre Starmer et le sweatshirt moite de Kiev.

Selon cet accord douteux et ses notes de bas de page obscures, Zelensky a dĂ©jĂ  cĂ©dĂ© aux Britanniques toutes sortes de contrĂŽles sur les minĂ©raux, les centrales nuclĂ©aires, les installations souterraines de stockage de gaz, les ports clĂ©s (dont celui d’Odessa) et les centrales hydroĂ©lectriques.

Quant Ă  la saga en cours sur les minĂ©raux/terres rares dans le pays 404 – ou ce qu’il va en rester -, les Britanniques sont en concurrence directe et acharnĂ©e avec les AmĂ©ricains. La CIA est Ă©videmment au courant. Toute cette affaire va bientĂŽt mal tourner.

Il est sĂ©rieusement question dans les cercles informĂ©s de Moscou que Poutine ne sacrifiera en aucun cas les exigences de “sĂ©curitĂ© indivisible” de la Russie transmises Ă  Washington en dĂ©cembre 2021 – et qui n’ont obtenu aucune rĂ©ponse. L’OTAN ne l’acceptera bien sĂ»r jamais. La dĂ©cision finale devra venir de POTU.S.

Et pour conclure, revenons au rĂŽle pathĂ©tique de l’OTAN, illustrĂ© de maniĂšre frappante par le prĂ©sident des États-Unis, qui, dans le bureau ovale, a joyeusement dĂ©veloppĂ© son projet d’annexion du Canada et du Groenland, tous deux membres de l’OTAN, sous le regard du pitoyable bouffon Tutti Frutti o-Rutti, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’OTAN.

L’amorphe et fade bout de gouda hollandais a non seulement gardĂ© le silence sur les annexions, mais rayonnait comme un poupon devant Trump.

L’OTAN en a pris un coup : la Voix de son MaĂźtre dicte sa loi, et quoi qu’il dĂ©cide, mĂȘme la “sĂ©curitĂ©â€Â et l’intĂ©gritĂ© territoriale des États membres pourraient ĂȘtre en pĂ©ril. Alors, repartez jouer dans votre bac Ă  sable. Place au prochain coup de fil entre Poutine et Trump.

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Robert Bibeau

Auteur et éditeur

7 rĂ©flexions sur “👁‍🗹 Poutine et la mascarade du cessez-le-feu en Ukraine dĂ©confite (Escobar)

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  • robert bibeau

    Il faut se mĂ©fier de PEPE Escobar…il s’emballe facilement en faveur de l’alliance impĂ©rialiste eurasienne qui marque encore ses limites face Ă  l’alliance amĂ©ricaine en plein « chaos », en fait, en plein rĂ©amĂ©nagement – rĂ©organisation – des alliances (je n’ai pas Ă©crit Nouvel Ordre Mondial) j’Ă©cris bien rĂ©organisation-rĂ©amĂ©nagement capitaliste pour perpĂ©tuer l’Ordre Capitaliste mais en prĂ©paration d’une guerre globale Ă  venir.

    Pepe a choisi son camp et cela est son droit. Nonobstant ceci, l’analyse de Pepe Ă©claire cet exercice de maguillonage ubuesque.

    Le camp occidental voudrait refaire MINSK 1 e t 2 comme si le camp asiatique n’avait rien appris

    Robert Bibeau

    Répondre
  • Normand Bibeau

    Poutine disait Ă  Tucker Clarkson que nul ne peut gagner de guerre de propagande avec l’Occident, or, en mordant fermement Ă  l’hameçon de «cesser le feu» bidon proposĂ© fĂ©rocement par Trump dans le plus pur style mafieux, genre:«[J]’ ai une offre que vous ne pouvez refuser», il a rĂ©vĂ©lĂ© sa nature capitaliste retord, toujours partant pour une ronde de fourberie, sachant qu’il ne s’agit lĂ  que d’un marchĂ© de dupes.Peut importe la position qu’il adoptera, la propagande occidentale est dĂ©jĂ  prĂȘte Ă  le condamner.

    Ainsi, Poutine a rĂ©solu de partager l’Ukraine et ses richesses naturelles comme l’ont fait avant lui Ribbentrop et Molotov, en mai 1939, sous la dictĂ©e d’Hitler et Staline, avec la Pologne, une Ă©tape prĂ©liminaire avant le round ultime en Asie contre la Chine.
    Les U$A ont sonnĂ© le rappel des industries stratĂ©giques et des capitaux sur l’üle forteresse amĂ©ricaine avec dĂ©ploiement des va$$aux occidentaux sur le flanc militaire est de l’ennemi asiatique avant de dĂ©ployer son armada de porte-avions et de leur escorte d’accompagnement dans le Pacifique en alliance avec ses va$$aux orientaux en prĂ©paration de l’assaut final.

    Les challengers de l’alliance orientale: Chine, Russie, CorĂ©e du Nord et Iran, privilĂ©gient la guerre Ă©conomique du «libre Ă©change» que la supĂ©rioritĂ© industrielle chinoise et les innombrables ressources naturelles russes, leurs assurent de remporter mais le potentat hĂ©gĂ©monique U$, pleinement conscient de sa dĂ©sindustrialisation, ne l’entend pas de la mĂȘme oreille, il privilĂ©gie pour sa part la guerre militaire que ses 800 bases militaires, sa flotte d’attaque et ses va$$aux belliscistes lui promettent raisonnablement de remporter.

    L’humanitĂ© est Ă  la croisĂ©e des chemins: d’un cĂŽtĂ© guerre Ă©conomique par le clan orientaliste ou guerre militaire par le clan occidentaliste avec des bourgeoisies moribondes et prĂȘtes aux pires monstruositĂ©s comme en tĂ©moignent la guerre en Ukraine et le gĂ©nocide des palestiniens martyrs et de l’autre, la rĂ©volution prolĂ©tarienne avec un prolĂ©tariat divisĂ©, dĂ©sorganisĂ© et surtout dĂ©sorientĂ© par le matraquage idĂ©ologique incessant de la bourgeoisie qui use et abuse de tous les stratagĂšmes imaginables pour dĂ©naturer le marxisme et abrutir les masses laborieuses en rĂ©pandant l’usage de la drogue, de la sexualitĂ© dĂ©viante, du sport professionnel dĂ©cadent Ă  l’art dĂ©bilitant sous toutes ses formes.

    L’AVENIR EST RADIEUX MAIS LES CHEMINS QUI Y CONDUISENT L’HUMANITÉ SONT SINUEUX ET TRÈS DANGEREUX.

    Répondre
  • VALK

    Poutine NE PARTAGERA RIEN et Trump n’aura d’autre choix que de faire comme PONCE PILATE, de s’en laver les mains, face Ă  l’Ă©chec des USA. Le gros bouffon prĂ©sident n’aura de solution que de renvoyer la balle Ă  l’UE, mais toutefois en prenant entente pour leur vendre tout l’armement nĂ©cessaire afin de poursuivre. Cette fois, pas question de tout DONNER.

    Poutine est un GROS POISSON qui ne se laisse pas hameçonnĂ© si facilement……

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