Robert Bibeau

Auteur et éditeur

2 réflexions sur “De l’économie néolibérale à l’économie néoféodale (Michael Hudson)

  • Normand Bibeau

    Le professeur Hudson, né le 14 mars 1939, a obtenu sa licence en philologie avec mineure en histoire de l’Université de Chicago en 1959; son Master en économie de l’Université de New York, en 1963 et son Doctorat (Ph.D.) en économie de NYU,en 1968.

    Depuis, il a occupé de nombreux «emplois» auprès de diverses institutions financières ( Chase Manhattan Bank,1964-1968), Universitaires (New School for Social Research, 1969-1972), cabinets privés et institutions gouvernementales.Il est président d’un Think Thanks U$ (Institut for the Study of Long-Term Economy Trends, ISLET) depuis 1996, à ne point en douter, il s’agit d’un économiste bardé de diplômes et de reconnaissance au sein de la société capitaliste mondiale.

    Ainsi, qu’il appert de cette vidéo qui expose son analyse de l’économie capitaliste mondiale, il ignore la «lutte des classes» comme moteur de l’histoire tout en reconnaissant, du bout des lèvres et presqu’avec gêne, après l’avoir ajouté à la liste des noms des économistes bourgeois traditionnels: Adam Smith, Ricardo, Malthus, le nom de Karl Marx comme économiste classique et jamais comme révolutionnaire communiste.

    Marx lui-même dans le «Manifeste du Parti communiste» a reconnu qu’il avait synthétisé la totalité des oeuvres de tous les économistes majeures du capitalisme auquel il avait ajouté les principes des socialistes utopiques français, le tout à la lumière de la dialectique hégélienne et du matérialisme, pour conclure que «l’histoire de l’humanité n’a été que l’histoire de la lutte des classes» et que le prolétariat serait l’ultime classe sociale qui en détruisant la bourgeoisie par l’abolition de la propriété privée des moyens de production, de commercialisation et de communication se détruirait elle-même et d’où naîtrait la société sans classe sociale, la société communiste.

    Dans son ouvrage «majeur»: «[Super imperialism:The Economic Strategy of American Empire» (1972), le prof. Hudson, soutient qu’avec l’abandon de l’étalon-or et la «fin du système Bretton-Woods», en 1971, par le gouvernement Nixon, l’impérialisme U$ serait passé d’une hégémonie mondiale militaire et territoriale a une hégémonie monétaire et financière, par le biais du «dollar U$», «monnaie fiduciaire» des échanges commerciaux internationaux qui «monopoliserait le crédit mondial» et partant, les institutions «prêteuses» comme le FMI,la Banque mondiale, etc.

    Ainsi, selon Hudson, les dollars U$ auraient remplacé les bombes et les balles dans les relations internationales U$, sûrement à l’insu du million de vietnamiens, cambodgiens et laotiens morts non pas sous une pluie de dollars U$ mais sous celle de l’agent orange U$.

    Dans sa mise à jour de 2021, il ajoute à ces institutions de «monopole monétaire et financier» U$: SWIFT, le marché obligataire, les sanctions financières et commerciales, l’extra-territorialité des lois U$ pour quiconque utilise des dollars U$.

    Bien qu’il soit exact que les gouvernements U$ financent une grande partie de leurs dettes par l’émission d’obligations du trésor U$, libellés en dollars U$, créant par là une dépendance mondiale à la «valeur» du dollar U$, la théorie «monétariste» du prof. Hudson est incapable d’expliquer pourquoi une puissance «super-impérialiste» qui exercerait sa domination dictatoriale par l’émission et le contrôle de la monnaie, le dollar U$ et, le système financier, FMI, Banque centrale, SWIFT,etc., a besoin de maintenir en opération 800 bases militaires de part le monde,7 flottes de guerre, des bases aériennes, plus d’un million de soldats, des milliers d’agents secrets et de terroristes pour la faramineuse somme annuelle pour 2025 de 1,000 milliards de U$D.

    Pourquoi ces «maîtres fiduciaires et financiers du monde» ont-ils besoin de verser 21 milliards de U$D à leurs mercenaires Sionazis israéliens pour génocider le peuple palestinien martyr et terroriser tous les peuples d’Orient occidental afin de leur extorquer leur pétrole et se «libérer de la rente territoriale nationale»?

    Pourquoi subir l’humiliation de défaites ignominieuses en Afghanistan, en Iraq, en Lybie, en Ukraine, en somme, partout où les «super-impérialistes» U$ imposent par la force des fusils et non des $, leur dictature hégémonique mortifère par sa politique de la cannonière?

    Il y a plus encore, bien qu’il soit exact que les U$A exercent une domination «monétaire et financière mondiale» par le dollar U$ et les institutions financières qu’ils contrôlent, ils n’en sont pas pour autant dispensés d’offrir des «biens comestibles» en échanges de ces «dollars U$» pour que la valeur du dollar U$ ne se réduise pas à 0.

    Ainsi, les U$A échangent leurs dollars U$ contre des masses de biens de consommation qu’ils importent de partout à travers le monde pour soutenir leur train de vie parasitaire.Il est économiquement faux de prétendre que la balance commerciale U$ totale soit déficitaire comme le prétend l’agent orangé à la chevelure peroxidée, le psychopathe mythomane, du capital, Trump, pour imposer ses PIZOS MAFIEUX à ses va$$aux mondiaux, en échange de «sa protection», sous peine de les livrer à leurs victimes, les masses populaires du monde entier.

    A l’aide de ces dollars U$ donnés en échange, les autres économies achètent ce que les U$A produisent: des armes, de la sécurité, des systèmes informatiques, des technologies d’Intelligence artificielle et nombre de produits de consommation.Les U$A sont le plus grand pays exportateur d’armes au monde.Ils sont le plus grand pays producteurs de riz, de blé, de sojas, etc.

    Dans son second ouvrage «majeur», le prof. Hudson, expose sa théorie économique «interne»: «Killing the Host: How Financial Parasites and Debt Bondage Trap the Global Economy» (2015).

    C’est cet ouvrage qu’il résume dans ce vidéo, il reprend la distinction faite par les économistes classiques entre:

    «DÉPENSES PRODUCTIVES» (issues de l’investissement industriel réel et du travail)
    et
    «DÉPENSES IMPRODUCTIVES» ( issues des rentes et des intérêts),

    les premières étant «bénéfiques» et les secondes «maléfiques».

    Pour le prof. Hudson, l’impérialisme et la domination sans partage du «capital financier» sur l’économie n’est pas le «stade suprême» naturel et inexorable du capitalisme mais une distorsion «néo-libérale» induite subjectivement dans l’économie capitaliste classique et progressiste par de «vilains rentiers et usuriers» qui ont remplacé les «rentes seigneuriales» et l’«intérêt né de l’usure» par des «rentes capitalistes» et des «intérêts» grâce à la subversion politique.

    Ainsi, il suffirait d’abolir les «intérêts illégitimes», les «rentes locatives, liées aux immeubles» et «les rentes territoriales, liées aux ressources naturelles» pour que le capitalisme reprenne son envol comme au «temps béni» de sa jeunesse.Le prof. Hudson veut faire reculer la roue de l’histoire pour restaurer »un capitalisme productif, industriel et souverain libéré de la domination de la finance rentière», alléluia, alléluia, alléluia.

    Plus d’exploiteurs et d’exploités, de dominants et de dominés, de bourgeois et de prolétaires dans son monde «capitalistes classiques».Adieu le «1% les plus riches de la population mondiale qui accaparent 45,6% de toute la richesse alors que les 50% les plus pauvres n’en détiennent que ~0,75% ».Adieu «le 1,1% de millionnaires qui détiennent ~45% de toute la richesse».

    La domination du «capital financier» comme aboutissement du «capital monétaire» sur «le capital industriel» qu’avait anticipé Marx dans le Capital et le Grundisse est dans la nature même du capitalisme: «[L]a circulation du capital (monètaire) est une fin en soi, non parce que la satisfaction des besoins s’y trouve, mais parce que le mouvement de l’argent est son propre but» ( Grundisse, cahier II).

    Pour Marx contrairement à Hudson, l’«intérêt ne naît pas du capital comme tel, mais de son emploi productif par d’autres» ( Das Kapital, livre III, chapitre 21) car comme l’enseigne la science: «Rien ne se perd, rien ne se crée» ( Lavoisier) et ne naît du néant.

    Le «capital de prêt tend à dominer les autres formes du capital car il contrôle les conditions de sa reproduction (crédit, dettes, liquidités) et bénéficie d’une souplesse et d’une mobilité que n’ont pas les autres forme du capital.

    Ainsi, « [L]e système du crédit accélère les forces motrices du capitalisme, mais il est aussi le ressort le plus puissant de la spéculation et des crises» ( Das Kapital, livre III, chapitre 25).
    Aussi, ««Le crédit organise la domination du capital accumulé (sous forme monétaire) sur le travail vivant et le capital actif» ( Grundisse).

    Marx dans le Livre III du Capital au chapitre 29, expose, prémonitoirement, ce qui sera le «capital financier» en ces termes:«Le capital fictif consiste en titres de propriété, obligations, actions, créances, qui ne représentent pas du capital réel, mais un droit sur le revenu futur», il poursuit: «Ces titres de créance deviennent eux-mêmes des marchandises, et leur prix varie selon les anticipations de revenu, le taux d’intérêt, etc.»

    Ainsi, ce mécanisme naturel du capitalisme d’autonomisation complète du «capital monétaire» en échange de revenus futurs détachés de leur valorisation par une production réelle donne naissance au capital financier.

    «Dans le capital portant intérêt, la forme du capital est devenue indépendante du processus de production; la valeur s’y valorise elle-même» Das Kapital, livre III chapitre 24).

    Pour Marx et les marxistes, le «capital financier» n’est pas une aberration du capitalisme mais son expression ultime, absolue, inéluctable, c’est la transformation de la valeur en une entité autonome, abstraite, autoréférencielle qui domine la production réelle quelle soumet à la dictature de ses détenteurs, les capitalistes financiers dont la sagesse populaire dit :« l’argent attire l’argent».

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