Asie/Afrique

Un schéma écrit dans le sang: le génocide d’Al-Fashir à El-Geneina et son lien avec la guerre des Émirats arabes unis contre le Soudan

Par L’Union du Darfour au Royaume-Uni.

Un schéma écrit dans le sang : la hiérarchie du génocide d’Al-Fashir à El-Geneina et son lien avec la guerre des Émirats arabes unis contre le Soudan

Traduit par Tlaxcala

Depuis près de trois ans, le monde voit des éclats d’horreur émerger du Soudan : une fosse commune découverte ici, un quartier rasé là, un convoi de familles fuyant et poursuivies le long de la route. Cependant, ce qui se passe aujourd’hui à Al-Fashir n’est pas un épisode isolé. C’est le dernier chapitre d’un projet d’extermination plus vaste et méticuleusement organisé. Un schéma de génocide perfectionné d’une ville soudanaise à l’autre : El-Geneina, Kutum, Zalingei, Nyala, El-Obeid, Al-Gezira, culminant désormais avec la ville assiégée et envahie d’Al-Fashir.

«Les mains du Soudan lâchez-vous!» à Londres le 9 novembre 2024. Photo: Mark Kerrison/En images via Getty Images

Ce n’est pas le chaos. Ce n’est pas un « conflit tribal ». Ce n’est pas un effondrement de l’ordre. C’est un système hiérarchique et coordonné de violence, facilité, financé, armé et dirigé avec intention. Et au centre de ce système se trouvent les Forces de Soutien Rapide (RSF) soutenues par les Émirats arabes unis, ainsi que les réseaux étrangers qui les soutiennent.

I. Un génocide avec un plan : le modèle recyclé de l’anéantissement

Ce qui se passe à Al-Fashir s’est déjà produit, presque étape par étape, au Darfour et dans tout le Soudan.
Le modèle est cohérent :

1. Encerclant la ville : siège, points d’étranglement, blocus.

2. Coupure des communications : blackout, ingérences, intimidation des journalistes.

3. Affamer et terroriser : couper la nourriture, l’eau et les médicaments.

4. Envahir avec une violence écrasante : drones, artillerie, colonnes de chasseurs.

5. Séparer les civils par ethnie : hommes exécutés ; Des femmes violées en masse.

6. Pillage, incendie et vidage de la ville : maisons, marchés, hôpitaux.

7. Fosses communes et flaques de sang : tests confirmés par satellite.

8. Envoyer des équipes médiatiques pour blanchir la situation et dire au monde que « la vie est normale ».

El-Geneina a suivi ce scénario en premier.
Puis Kutum et Zalingei. Puis Nyala, Jebel Aulia, Madani et des centaines de villages ruraux.
Et maintenant, Al-Fashir subit la même cruauté calculée, mais à une échelle jamais vue depuis le génocide rwandais.

II. El-Geneina : le premier Al-Fashir

L’Union du Darfour au Royaume-Uni a documenté – de manière étendue, publique et rigoureuse – ce qui s’est passé à El-Geneina à travers des dizaines d’articles sur notre site web.

Dans El-Geneina, comme dans Al-Fashir :

• Des fosses communes étaient creusées en plein jour.
• Des corps gisaient dans les rues, du sang coulant dans les égouts.
• Les femmes ont été violées, souvent devant leur famille.
• Des districts entiers ont été vidés, brûlés et anéantis.
• Le gouverneur du Darfour occidental, Khamis Abbakar, a été tué en détention, un crime fièrement répandu par les auteurs, suivi de la profanation du corps.

Chaque caractéristique de cette campagne d’extermination réapparaît aujourd’hui chez Al-Fashir.
La seule différence réside dans l’ampleur, et la rapidité avec laquelle les RSF passent du massacre à la manipulation médiatique.

III. Violence systématique et hiérarchique, jamais « combattants indisciplinés »

Les atrocités à Al-Fashir ne sont pas des actes spontanés de soldats rebelles. Ils sont le produit d’une chaîne de commandement avec :

• leadership stratégique,
• réseaux logistiques,
• approvisionnements militaires étrangers,
• et un cadre idéologique visant à expulser les communautés non arabes de leurs terres.

Chaque phase – du siège au pillage, des vidéos de torture aux exécutions de masse – répond à une doctrine centralisée rendue possible par les Émirats arabes unis :

• Ils fournissent armes et munitions.
• Ils envoient des drones avancés utilisés pour bombarder des zones civiles.
• Ils fournissent des mercenaires provenant de plusieurs régions.
• Ils contrôlent les centres logistiques au Tchad, en Libye et au Puntland.
• Gérer les récits politiques à travers les médias sous leur contrôle.

Ce n’est pas du soutien. C’est une direction stratégique. Et grâce à ce soutien, les RSF agissent en toute impunité, convaincues que chaque massacre recevra une couverture diplomatique et médiatique.

IV. Effacer les preuves : la guerre médiatique des Émirats arabes unis

Une fois Al-Fashir envahi, les médias alignés sur les Émirats se sont précipités.
Sky News Arabia, détenue par des intérêts émiratis, a envoyé Tsabih Moubarak et d’autres correspondants, non pas pour documenter le génocide, mais pour l’effacer.

Ils ont enregistré des rues sélectionnées.
Ils souriaient près des ruines encore tachées de sang.
Ils évitaient les fosses communes.
Ils évitaient les hôpitaux où des civils blessés étaient exécutés.
Ils évitaient les endroits où des femmes étaient violées en groupe.

C’est la branche médiatique du génocide : une machine de propagande activée dès que les tueries sont terminées, pour remplacer la réalité par la « normalité ».

Et en ligne, des milliers de comptes automatisés, d’influenceurs financés par les Émirats arabes unis et de réseaux coordonnés tentent de noyer les témoignages soudanais sous des récits fabriqués.

Mais sa campagne échoue. Chaque heure, des voix soudanaises brisent le siège. D’autres preuves fuient.
De plus en plus de survivants prennent la parole. D’autres documents émergent. Comme toujours, la vérité prime sur la propagande.

V. Al-Fashir aujourd’hui : un génocide en temps réel

Ce qui se passe actuellement à Al-Fashir n’est pas « post-conflit ». Cela se poursuit toujours.

• Civils exécutés en groupe, souvent après la séparation ethnique.
• Femmes violées par des unités fournies par les Émirats arabes unis.
• Des familles forcées de payer des rançons pour leurs proches kidnappés.
• Des quartiers entiers brûlés.
• Des flaques de sang capturées par les satellites Maxar.
• Des civils torturés en vidéo pour terroriser les autres.
C’est un génocide au présent.

 

VI. Impunité fondée sur le parrainage étranger

Chaque atrocité est facilitée par :

• Armes des Émirats arabes unis (transportées à travers le Tchad, la Libye et la Corne de l’Afrique).
• Bombardements aériens effectués avec des drones fournis par les Émirats qui attaquent des abris, des hôpitaux et des centres alimentaires.
• Stratégie militaire coordonnée par des agents du renseignement émirati intégrée à la structure de commandement des RSF.
• Des équipes médias envoyées à Al-Fashir pour nettoyer le récit.

C’est pourquoi les RSF combattent sans restrictions : parce qu’elles ne combattent pas seules.

VII. Un appel au monde : arrêtez de faire semblant que c’est « local »

Le génocide à Al-Fashir, comme auparavant à El-Geneina, n’est pas « soudanais ». Ce n’est pas « tribal ». Ce n’est pas du « chaos dans un état fragile ».

Il s’agit d’un projet d’extermination transfrontalier parrainé par l’État, avec une logistique bien financée, des armes avancées, un commandement extérieur et une protection politique délibérée. Pour y remédier, le monde doit reconnaître ces faits.

Le silence est complicité. Refuser de nommer les Émirats arabes unis est une complicité. Répéter le langage des RSF est une complicité. Envoyer des journalistes blanchir Al-Fashir est une complicité. Traiter le génocide comme un « conflit » est une complicité.

VIII. Conclusion : Les directives ne prennent fin qu’en cas de confrontation

Al-Fashir n’est pas une anomalie : c’est la preuve la plus récente d’un système de destruction sans contrôle depuis des décennies. Le même avion. Les mêmes armes. La même idéologie. Les auteurs eux-mêmes.
Les mêmes sponsors.

Le génocide se répète quand le monde fait semblant de ne pas le voir.

L’Union du Darfour au Royaume-Uni continuera de documenter, d’exposer et de tenir responsable tout acteur — soudanais ou étranger — qui a contribué à la destruction de notre peuple. Parce que cette fois, le monde ne pourra pas dire : « Nous ne savions pas. »

Nous, l’Union du Darfour au Royaume-Uni et la diaspora soudanaise, exigeons ce qui suit du gouvernement britannique et de la communauté internationale :

1. Imposer des sanctions ciblées aux Émirats arabes unis pour avoir parrainé et facilité le génocide et les crimes de guerre au Soudan.

2. Désigner les Rapid Support Forces (RSF) comme organisation terroriste selon la loi britannique.

3. Ouvrir une enquête parlementaire et judiciaire sur l’utilisation d’armes ou de technologies britanniques au Soudan, ainsi que sur les systèmes financiers qui auraient pu faciliter ces transferts.

4. Condamner publiquement le rôle des Émirats arabes unis aux Nations Unies et dans tous les forums internationaux, et exiger sa coopération avec des enquêtes indépendantes sur les crimes de guerre.

5. Apoyar un acceso humanitario sin restricciones a Al-Fashir y Darfur, priorizando la ayuda médica para víctimas de violencia sexual y hambre.

6. Garantizar la rendición de cuentas por la propaganda de guerra, incluido el uso indebido de medios para ocultar pruebas de crímenes en curso.

 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

2 réflexions sur “Un schéma écrit dans le sang: le génocide d’Al-Fashir à El-Geneina et son lien avec la guerre des Émirats arabes unis contre le Soudan

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