Gilets Jaunes — Tout peut aller très vite dans n’importe quelle direction

ALLAN ERWAN BERGER — Gilets Jaunes… chaque semaine qui passe ouvre ses nouveaux chapitres, qui suivent une dynamique dont on peut sans grandes difficultés identifier la nature du terme lorsqu’on se souvient que les gens qui agissent ici sont acculés, et ne peuvent pratiquement plus rien perdre puisqu’ils perdent déjà quotidiennement – j’en sais quelque-chose : je ne puis vivre sans piocher dans mon épargne, et je viens de terminer de la racler. Pour eux comme pour moi, décembre signifie la fin : en janvier, pour un très grand nombre, commencera l’ère des coupures et des visites d’huissiers, tandis que les délocalisations se poursuivront avec leur lot de plus en plus visible des forcené retranchés et de suicides.

Les Gilets Jaunes sont, dans la population française, les gens acculés. Ils sont donc condamnés à prendre collectivement le pouvoir ou à périr individuellement dans les mois qui viennent.

Pendant ce temps, la cause originelle de tous ces malheurs, qui ne réside ni à Matignon, ni à l’Élysée ni même à Bruxelles ou Francfort, la cause originelle de ce vampirisme frénétique prospère, nullement inquiétée dans sa chair ou ses biens : la famille Mulliez, Bernard Arnault, Vincent Bolloré, quelques autres encore – si peu, et tous tellement fraudeurs – sont hors de portée de la colère Gilet Jaune et de ses petits pavés. Mais des regards commencent à se tourner vers ces lointains objets.

Le mois qui vient verra donc un durcissement dans les deux camps, destiné au gouvernement à protéger coûte que coûte les vampires jusqu’à tenter le blast d’un coup d’État, ultime fusible avant l’apocalypse, et destiné dans la France fracturée à sortir simplement vivante de l’épisode. L’opinion publique, qui fait et défait les régimes, sera la cible unique de toutes les manipulations médiatiques des quinze prochains jours. On peut, sans craindre de se tromper, prophétiser la mise en place de quelques opérations sous false-flag destinées à souiller les images.

Pour prendre l’avantage, ne reste pour les deux camps que le chemin rapide, qui prend de court toutes les procédures : attaquer à la source. Cette option doit probablement être discutée en ce moment même sur les ronds-points comme à l’Élysée, et plus haut encore, et plus bas encore.

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2 réflexions sur “Gilets Jaunes — Tout peut aller très vite dans n’importe quelle direction

  • 15 décembre 2018 à 2 h 20 min
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    C’est aujourd’hui ou jamais…. !
    Hier vendredi ce fut, apparemment, le calme avant la tempête. « Gouv.fr » et « Gouv.com » attendent les émeutiers aux chants (Mars ou Elysées) et ils seront peut-être ailleurs pour rendre les barrages éparpillés en autres lieues et places….Cela va être un sacré cache-cache, même jusqu’à la Bastille dé-érigée depuis belle lurette. Mais un symbole reste un symbole. Ach so, sacrée dispersion…. Leurs lacrymaux n’y pourront rien, ni leurs incapacité à endiguer les foules. Cela sera de toute façon un tsunami : Victoire ou défaite.
    https://wp.me/p4Im0Q-2FC
    Etre, encore, Gilet Jaune, demain : : https://wp.me/p4Im0Q-2Et

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  • 15 décembre 2018 à 10 h 42 min
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    Cette fronde des pauvres ou des presque pauvres est une leçon pour les révolutionnaires en mots et non pas en actes malgré un militantisme permanent assez bureaucratique comme dans le mouvement syndical ou dans les partis communistes et trotskystes . Depuis les années 50 le mouvement communiste a géré l’Etat Keynésien des trente glorieuses par le système électoral bourgeois sous la 4ème et la 5ème république. Son alliance de fait avec le PS à partir des années 60 a permis à la bourgeoisie d’installer l’UE , de détruire petit à petit la souveraineté nationale et d’entraîner la France vers le déclin de son industrie en supprimant la sidérurgie , le textile , la chaussure , les chantiers navals, en délocalisant des milliers d’entreprises avec la mondialisation à bas coûts qui ont entraîné un chômage massif et une précarité d’emploi permanente. Cette négligence révolutionnaire des milieux dirigeants des militants communistes ont abouti à une rupture avec le peuple le plus appauvri par la politique bourgeoise de compromis social. La chute de l’URSS en 1991 a accéléré ce processus de démantèlement social par la bourgeoisie qui pensait n’avoir plus d’entrave à son exploitation. 1968 est une date charnière pour le pouvoir bourgeois avec la fin de l’influence nationale du gaullisme , remplacé par les banquiers d’affaires avec Pompidou-Giscard et la social-démocratie anti-communiste avec Mitterrand. 1968 et ses évènements révolutionnaires ont été une occasion manquée pour les militants communistes qui n’ont pas voulu prendre le pouvoir par peur d’une guerre civile malgré la grève générale de la classe ouvrière. Ce manque d’initiative révolutionnaire a permis à la bourgeoisie de se refaire une santé et de conduire une réorganisation de tout son appareil de production en limitant le nombre d’ouvriers par entreprise par la filialisation et la délocalisation en dehors de la France. S’accrochant au système électoral bourgeois sans la proportionnelle les communistes ne sont pas arrivé à changer quoi que ce soit au système et les pauvres se sont multipliés au fur et à mesure des années Mitterrand-Chirac-Sarkozy-Hollande et aujourd’hui Macron. Les SDF peuplent nos villes, des villages et des quartiers entiers de ville sont laissés à l’abandon. Cette situation ne pouvait pas durer d’où le réveil d’une partie de la population animée par des artisans-commerçants en détresse économique auxquels se sont agrégés des travailleurs précaires, des chômeurs, des femmes seules, des retraités, des jeunes pour créer ces fameux « gilets jaunes » qui envahissent rond-point, péages, rues de nos villes en criant leur désespoir et leur misère.
    Ces 5 semaines d’action des Gilets Jaunes ont accéléré la prise de conscience politique de leurs participants auxquels se sont joint de nombreux militants syndicalistes et politiques , y compris du FN.
    Macron et ses soutiens ont été pris par surprise par ce mouvement de colère qu’il n’ont pas vu venir malgré toutes les grèves et manifestations contre la loi travail et la réforme ferroviaire. La gauche révolutionnaire, empêtrée dans ses habitudes de lutte, attendait l’usure du pouvoir macroniste pour se refaire une santé électorale dans les prochains scrutins à venir. Et miracle le peuple d’en bas se réveille par une méthode de lutte inhabituelle que les militants communistes n’ont jamais expérimenté depuis les révoltes du 19ème siècle écrasés militairement par la bourgeoisie ascendante en 1830-1848-1871. Les technologies modernes ont permis à des milliers de gens de se rassembler, de s’organiser, de construire des revendications démocratiques, de développer l’horizontalité des pouvoirs en liquidant la verticalité des représentations bourgeoises que nous subissons depuis plus de deux siècles avec la révolution de 1789. Alors « ce petit peuple » ignoré, silencieux , sans dent , sans rien, réfractaire , analphabète, sans morale se rebiffe enfin et démontre sa capacité à lutter intelligemment contre les nantis, les oligarques et les rentiers bourgeois. Sa lutte interroge les révolutionnaires dit professionnels car ils n’ont pas appliqué la maxime maoïste « d’être dans le peuple comme un poisson dans l’eau » et ils doivent relire Lénine dans « que faire » pour trouver une stratégie qui permette la victoire contre le capitalisme en crise permanente. Ce bain de jouvence populaire rafraichit les idées progressistes et permet enfin de fragiliser le pouvoir de la bourgeoisie pour l’entraîner vers sa fin historique. Les jours et les semaines à venir seront sûrement pleine de leçons révolutionnaires et la caste au pouvoir va chercher des contre feux idéologiques et même des répressions , des millions de salariés devront alors prendre position pour renverser ce système capitaliste qui fait tant de mal à ce « petit peuple » qui ne veut plus être méprisé, qui veut construire sa vie à sa façon hors de tout influence dite verticale. Les penseurs bourgeois doivent beaucoup s’interroger en ce moment sur leur utilité idéologique . Les penseurs révolutionnaires d’aujourd’hui doivent accorder leurs violons et leurs logiciels que le petit Peuple a actualisé avec vigueur et intelligence ….

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