Je suis un leader… une question d'attitude (10)
CAROLLE ANNE DESSUREAULT :
Voici la suite de l’article sur le changement tiré du livre Je suis un leader… une question d’attitude, de Yvan Gingras.
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OUVERTURE AU CHANGEMENT (SUITE)
Étapes pour s’ajuster au changement
La première étape pour s’ajuster au changement est la prise de conscience. Nous ne pouvons pas changer une chose à moins d’être conscient de son existence. Observons-nous sous un microscope. Être conscient, c’est mettre notre attention sur nos pensées, nos paroles, nos actions, de sorte que nous puissions vivre le moment présent au lieu d’être dirigés à partir des conditionnements du passé ou des attentes du futur. Puis, accepter la situation en nous disant : « Qu’est-ce que j’ai à apprendre pour devenir un meilleur individu, un meilleur professionnel ? » Accepter la vie telle qu’elle se présente, c’est faire preuve de conscience totale.
La deuxième étape pour s’ajuster au changement est la compréhension. Le cerveau est une machine à photocopier toutes sortes de scénarios ; étant un simple outil, il ne fait aucune distinction entre ce qui est réel ou illusoire, il reproduit l’un ou l’autre sans considération. L’écrivain et humoriste américain Mark Twain l’exprime très bien en ces mots : « J’ai eu des milliers de problèmes dans ma vie, dont la plupart n’ont encore jamais eu lieu. » Le psychisme – ego, à tort, est trop souvent considéré comme celui qui commande chez soi. Le corps spirituel — le « Soi », est notre nature authentique. Pour comprendre ce qui nous arrive, il faut s’élever au niveau de la conscience – l’âme. L’ego psychique n’est pas un maître, mais un collaborateur pour l’âme – le « Soi. » Il est ainsi sage de s’exercer à écouter l’intuition et de changer les habitudes et les pensées négatives qui nous habitent.
La troisième étape pour s’ajuster au changement consiste à vivre le changement avec authenticité. La route du succès et du changement est remplie d’embûches et de pièges, et c’est précisément pourquoi la plupart des gens ne la suivent pas. Ils ne veulent pas les grincements, les maux de tête, les responsabilités. Bref, ils ne veulent pas les problèmes. Les gens heureux se perçoivent plus grands que leurs problèmes, alors que les gens malheureux se perçoivent plus petits que leurs problèmes. Si nous ne voulons que la facilité, la vie sera difficile. Mais si nous acceptons les difficultés, la vie sera plus facile. Le rôle de « l’intellect conditionné » est de nous garder là où nous sommes, dans le confort. Si nous voulons atteindre un autre niveau dans notre vie, nous devons élargir notre zone de confort, ceci revient à dire poser des gestes ou actions qui ne nous sont pas familiers, donc de changer. Nous ne pouvons pas répéter les mêmes choses continuellement et s’attendre à des résultats différents.
En fait, il s’agit de donner le meilleur de nous-mêmes. Gardez en tête le principe mentionné plus tôt : nous sommes toujours la bonne personne, au bon endroit, au bon moment, pour la bonne raison, puis dites-vous : « Cette raison est là pour m’aider. » Oui, c’est beaucoup plus difficile d’être positifs et conscients lorsque nous sommes entourés de gens et de circonstances négatifs, mais c’est là notre test ! Tout comme l’acier est renforcé par le feu, si nous pouvons conserver nos valeurs alors que ceux autour de nous doutent et même condamnent, nous grandirons plus vite et deviendrons plus forts. Voici une expérience que j’ai vécue pour illustrer cet aspect.
À la fin des années 70, je dirigeais une équipe d’hockey junior qui jouait en début de saison pour .500 de moyenne ; elle était très jeune et nous avions beaucoup de joueurs blessés. Les résultats tardaient à venir et l’impatience se faisait sentir au niveau de la direction de l’équipe, surtout que nous avions terminé en tête du classement l’année précédente. Alors, le gouverneur de l’équipe me dit qu’il fallait procéder à des changements. Jusque-là, j’étais d’accord.
Cependant, nous ne nous entendions pas sur la nature des changements à effectuer. Il proposait de reconstruire l’équipe à partir du joueur-vedette qui en était à sa dernière année et dont le comportement créait des problèmes. De plus, on me suggérait de retourner un jeune joueur chez lui et de conclure un échange avec un autre jeune joueur. Je voyais non seulement ces deux jeunes comme étant l’avenir du club, mais aussi comme deux excellentes recrues potentielles chez les professionnels.
Je décidai de me départir du joueur-vedette en concluant un échange. Je réussis à obtenir cinq joueurs en retour. Quelques jours plus tard, on m’annonçait que j’étais congédié. À première vue, j’étais le perdant. Vingt-neuf ans plus tard, les résultats sont les suivants : le joueur-vedette n’est jamais parvenu aux rangs professionnels, le jeune qu’on me demandait d’échanger est passé à la Ligue nationale de Hockey et a déjà compté plus de 40 buts lors d’une saison. L’autre jeune, celui qui devait être renvoyé chez lui parce qu’il n’avait pas d’avenir, a non seulement fait une brillante carrière de joueur, mais il est aussi devenu l’entraîneur des Canadiens de Montréal.
Ce fait vécu met en relief le fait qu’il faut affirmer nos valeurs, se tenir debout, défendre sa compétence, être confiant, même si nous pouvons nous sentir isolés et abandonnés par ceux qui sont censés être nos alliés et nos collaborateurs.
Application du changement dans l’entreprise
L’intégration du changement n’est pas une mince affaire au plan de la collectivité. Nous ne changeons jamais pour le simple plaisir de changer. Nous changeons toujours pour le mieux.
Lorsque nous sommes sur le point d’entreprendre une nouvelle étape, il y a trois trois questions à se poser, parce qu’il y a une décision importante au plan individuel et professionnel en regard de l’entreprise. Suis-je prêt à affronter la nouvelle situation ? Quelles leçons faut-il tirer pour accroître mes connaissances et progresser ? Quel environnement et quelles valeurs vont me permettre de travailler au maximum à la réalisation des objectifs ?
Surtout, ne pas prendre de décisions à la hâte sans avoir préalablement considéré les points suivants :
– Discuter de solutions possibles avec notre supérieur immédiat plutôt que des problèmes ;
– Regarder l’ensemble et éviter de nous perdre dans les détails, ce qui favorise le discernement ;
– Demander l’avis des employés qui prendront part à l’action future ;
– Mesurer les conséquences des différentes solutions ;
– Être pratique, pragmatique, pratico- pratique ; cela facilite la mise en application de la solution ;
– Être souple et à l’écoute pour être prêt à changer notre décision si de l’information valable survient en dernier lieu de la part de nos supérieurs ou de nos employés.
La façon dont nous voyons le problème est habituellement le problème. C’est pour cette raison que les recettes miracles ne fonctionnent pas longtemps ou encore d’une façon superficielle. Il n’y a pas de réponse absolue, nous sommes dans un monde où la loi de la relativité règne. Tout est éphémère. Les réponses toutes faites, les recettes, amènent certes une amélioration temporaire. Toutefois, l’expérience démontre que cette approche ne fait pas avancer l’entreprise. Tout change trop vite et trop souvent. Les réponses ne sont jamais définitives.
De plus, donner les réponses aux individus fait en sorte qu’inconsciemment, ces derniers se sentent étrangers à la solution. Alors, une fois la pression ou l’enthousiasme passé, ils doutent et fonctionnent sur le pilote automatique à tous points de vue. L’attention n’est plus présente, les résultats s’effritent peu à peu. On s’illusionne en pensant que le coup de barre ponctuel pourra résoudre toute contrainte.
Ce n’est pas les gens à l’extérieur du problème qui détiennent les solutions. Pour imager ce qui précède, prenons l’exemple de quelqu’un qui veut perdre du poids. Il existe plein de recettes magiques et ça ne semble pas fonctionner chez beaucoup de gens. Alors on s’interroge : « Que dois-je manger ? » « Qu’est la bonne nourriture ? » Il n’y a pas de bonne ou mauvaise nourriture pour tous. Ça dépend de chaque individu, de sa condition particulière de santé. Qui mieux que nous-mêmes peut dire ce qui est bon pour nous ? Assurément nous ! C’est la même chose pour le travail. Il n’y a pas plus qualifié que celui qui accomplit le travail. La maîtrise ne s’acquiert donc qu’en trouvant soi-même les réponses. Nous y croyons, devenons confiants et productifs ; l’intérêt grandit, le sentiment de réussite nous envahit, la collaboration s’installe.
Le changement étant constant, il faut établir un processus permanent d’amélioration, c’est-à-dire une série d’actions qui se répètent sans cesse avec des variations en fonction des contraintes, de sorte que les responsables et toute l’organisation suivent l’évolution au fur et à mesure qu’elle se produit. Cela ne veut pas dire nécessairement que l’on s’améliore tout le temps, car le rythme de la progression demeure variable. Mais les problèmes se règlent dans l’harmonie.
Lorsqu’on gère en fonction des contraintes, des occasions, il est impératif d’informer tout le personnel où se trouvent les contraintes et rappeler à chacun son rôle.
- Déterminer les contraintes et informer le personnel par une communication efficace ;
- Conscientiser tout le monde des effets (impacts) de leurs actions sur les contraintes par une formation continue ;
- Agir en conséquence en reconnaissant tangiblement la performance et l’effort.
Par cette approche, le personnel demeure attentif, et sait exactement ce qu’il doit surveiller pour améliorer les résultats. Voilà la clé pour progresser et soutirer le maximum de la situation. Il est reconnu que les gens ont un taux de succès sept fois plus élevé lorsqu’ils se savent imputables de leurs actions. L’entreprise doit abandonner les vieux points de vue pour d’autres plus récents afin de vivre un niveau d’efficacité et de service constamment amélioré. C’est essentiel pour la survie de l’entreprise autant que pour celle de l’individu.
En tant que leader, il y a des moments où nous nous rendons compte qu’il faut agir, que les choses doivent être exécutées d’une certaine façon :
– nous le faisons selon la vision, le bien de tous (harmonie) ;
– nous laissons les gens agir (responsabilité) ;
– nous nous assurons de la réalisation – la bonne personne au bon endroit (discernement).
Mais il arrive aussi des moments, après avoir fourni des efforts, où un recul est nécessaire, où il faut laisser les énergies, les forces environnantes travailler à travers la situation (effort inversé), ne pas aller contre le courant :
– nous le faisons selon la vision, le bien de tous ((harmonie) ;
– nous laissons les gens agir, et permettons la liberté de choix (responsabilité) ;
– nous observons, écoutons et apprenons de la situation (discernement).
Que ce soit dans notre vie personnelle ou professionnelle, les expériences de problèmes à résoudre sont là pour mettre de l’ordre dans nos forces et pour nous aider à faire face à l’échec et l’isolement. Ainsi, lorsque nous sommes confrontés à la vérité, nous sommes assez forts pour la supporter. Nous sommes tous capables d’une plus grande compréhension, d’un plus grand discernement, tout dépend de notre capacité à accepter et notre degré d’acceptation équivaut à notre degré de conscience.
L’évolution passe par le changement
Foncièrement, l’homme est un être en perpétuel changement. Nous n’avons qu’à regarder notre permis de conduire tous les quatre ans ou encore nos passeport pour le constater. Donc, nous nous harmonisons dans le changement et nous nous y réalisons. Le malheur, c’est que nous agissons souvent contre-nature par des réponses émotives, physiques et intellectuelles qui nous déstabilisent. En plus, nous avons tendance à croire que ces réactions sont naturelles. Les déséquilibres ne sont donc pas issus du changement lui-même, mais des réactions émotionnelles, ces dernières étant causées par l’attitude. Les situations, les événements et les circonstances sont neutres ; ils ne sont ni pour ni contre nous et n’ont aucun pouvoir de créer des émotions en nous.
Le changement en soi n’est pas nuisible ; bien au contraire, il nous permet d’évoluer naturellement. En fait, le plus important n’est pas le changement lui-même, mais le fait d’accepter de se familiariser avec le changement au point d’en faire une nouvelle zone de confort ; ceci indique un état de conscience plus élevé, une évolution autant pour l’employé que pour l’entreprise.
« Lorsqu’on change notre façon de voir les choses, c’est à ce moment seulement que les choses que l’on voit commencent à changer.
SOURCES
www.coachmanagement.ca
Livre Je suis un leader… une question d’attitude de l’auteur Yvan Gingras