Ne vous suicidez pas pour sauver le capital!

Par Khider Mesloub. Le 29.04.2019. Sur le webmagazine Les7duQuébec.com

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Au-delà du slogan « suicidez-vous! », proféré de manière provocatrice par une frange groupusculaire des Gilets jaunes, cette sinistre phrase exprime indirectement le mot d’ordre de l’État bourgeois français distillé de manière subliminale aux policiers: « tuez-vous à la tâche pour préserver les privilèges de la classe dominante ».

 
Cet oukase est l’équivalent, en période de guerre impérialiste, du mot d’ordre adressé à la population subjuguée: « sacrifiez-vous pour la défense de la patrie capitaliste ». Aussi, s’il faut affirmer une évidence, elle est contenue dans cette sentence étatique : « flics, mourez pour la sécurité des riches ». Aujourd’hui, avec l’aggravation de la crise économique et la prolifération des révoltes populaires, la tranquillité de la vie de la bourgeoisie n’est assurée qu’au prix de la mort des policiers de service, et au prix de l’agonie physique et psychique des ouvriers surexploités. C’est la cruelle réalité. La police ne remplit plus sa mission de lutte contre la délinquance et le crime organisé, elle est désormais réduite à assurer l’unique mission de sauvegarde des intérêts de la bourgeoisie en butte à la fronde sociale. Ironie de l’histoire : la police, cette force censée « sécuriser » la population, n’aura jamais autant vécu dans un état d’insécurité physique et psychologique ; et, parallèlement, jamais elle n’aura fait planer autant la terreur de l’État sur tous les « citoyens » de qui elle réclame la pitié compassée.
 
Aujourd’hui, la police travaille dans et par la terreur. La vie du policier est émaillée d’agressions verbales et physiques, parfois létales. Il ne se sent nulle part en sécurité, lui dont la fonction est d’imposer la sécurité… des possédants. Le policier n’est aucunement respecté, même pas par la classe privilégiée qu’il protège. Ni par son employeur (cet État terroriste appliqué aujourd’hui à agresser la vie des travailleurs par ses mesures meurtrières antisociales) qui, de plus en plus, ne recrute ce mercenaire « justicier » que pour assurer les basses besognes répressives contre la majorité de la population précarisée et paupérisée acculée à la délinquance ou contrainte de se révolter. Ni par cette majoritaire population victime de violences policières forcenées. Au reste, les villes populaires gangrenées par la misère et l’insécurité, du fait des restrictions budgétaires, sont livrées aux multiples mafias, transformant la vie des résidents en cauchemar. Tandis que les quartiers bourgeois, devenus des ghettos bunkérisés, sont surprotégés non seulement par une police publique pléthorique mais également par des agences de sécurité privées.
 
De manière générale, la plupart des fonctionnaires de police subit ainsi une double pression, une double punition, matérialisée par l’augmentation exponentielle de la consommation de psychotropes. Le policier contemporain est autant perclus de maladies pathologiques que la population victime de sa violence hystérique incontrôlée commandée par la conjoncture de crise économique systémique régulée chaotiquement par la dictature étatique. Une proportion importante de policiers est atteinte de maladies psychiatriques. La profession assiste à une véritable hécatombe. En son sein, les arrêts maladie de longue durée se multiplient. Les familles se disloquent. Les chiffres des divorces implosent. Les démissions s’amplifient. Et bien sûr le nombre de suicides explose, provoqué par la politique d’affrontement instituée par les gouvernements successifs pour gérer violemment les mouvements sociaux en révolte contre la dégradation des conditions sociales engendrée par les mesures antisociales décrétées par les pouvoirs de gauche comme de droite (mais aussi par l’augmentation exponentielle de l’insécurité dans les villes rongées par le trafic des stupéfiants et la délinquance).
 
La gestion de la crise par la violence est devenue l’unique moyen de gouvernance pour la bourgeoisie décadente. Sa ligne politique de négociation se résume en l’alignement de forces policières postées sur les lieux névralgiques afin d’étouffer dans le sang toute contestation sociale. La police est devenue l’unique feuille de route des dirigeants politiques, leur seul programme « politique ». Cette police qu’ils dressent vainement comme des chiens de garde pour se protéger de l’assaut du prolétariat révolté. La police est le dernier rempart de L’État capitaliste en crise. Aujourd’hui, le Léviathan dévoile sa vraie nature répressive, totalitaire et réactionnaire.
 
Pourtant, notamment au travers du discours des syndicats collaborateurs, aucune voix ne s’élève pour dénoncer les responsables de la dégradation des conditions de travail de ces policiers transformés en véritable milices privées chargées de la protection des classes possédantes. Une chape de plomb s’est abattue sur les récriminations des policiers réduits au silence. Ne sont-ils pas contraints au droit de réserve: « travaillez à réprimer et taisez-vous ». Qu’à cela ne tienne ! La dernière saillie d’une poignée de manifestants Gilets jaunes, exprimée par un slogan en forme de boutade, doit être saisie comme un rappel à l’ordre par ces forces de l’ordre broyées par une machine étatique despotique œuvrant au service des classes possédantes. La police doit comprendre de quel côté de la barricade se situe ses alliés. A plus forte raison, cette boutade sonne comme un tocsin à destination de ces policiers réduits à réprimer leurs frères de classe pour sauver un système capitaliste sénile.
 

Oui, « suicidez-vouspour l’État bourgeois! » est le mot d’ordre subliminal de l’État français asséné aux policiers contraints de jouer les pères fouettards de ce pouvoir aux abois. Pour preuve: au lendemain du slogan proféré par une poignée de manifestants, le ministre de l’intérieur et tous les syndicats aux ordres se sont précipités aux créneaux afin de porter plainte contre les auteurs anonymes du slogan « suicidez-vous! ». Mais les suicides de policiers datent de bien avant ce slogan. En vérité, cette hâtive réaction hypocrite vise à exonérer la responsabilité de l’État bourgeois, coupable de l’explosion du nombre de suicides et de la dégradation de la santé des policiers. En tout état de cause, ce n’est pas ce slogan qui a provoqué le 28e suicide de policier de l’année 2019, survenu la veille de la manifestation, mais la poursuite de la politique de la terre brûlée engagée par le gouvernement Macron. Au demeurant, avec l’aggravation de la crise économique, les révoltes sociales vont se multiplier et se radicaliser. Or, la bourgeoisie dégénérée est dans l’incapacité d’accorder la moindre concession aux revendications sociales des travailleurs en lutte.

 
Quoi qu’il en soit, depuis cinq mois maintenant, la seule réponse apportée par le gouvernement Macron aux revendications légitimes du prolétariat en révolte contre la dégradation de ses conditions de vie et de travail, est la répression. En fait de dialogue social, le pouvoir bourgeois envoie la police pour assurer la négociation à sa manière brutale. Au reste, depuis cinq mois, tous les débats animés sur toutes les chaînes des médias de propagande bourgeoise se focalisent sur la question de la sécurisation des lieux publics, mais jamais ils n’abordent le problème de la précarisation et de la paupérisation des classes laborieuses. Ainsi, l’État bourgeois est parvenu à criminaliser la révolte sociale du « peuple en jaune ». Pourtant, dans ce combat d’usure entre forces de l’ordre épuisées et le peuple jaune déterminé, l’issue de la bataille est évidente : le peuple finira par l’emporter.
 
Au final, pour éviter l’accentuation de l’hécatombe suicidaire policière, il ne reste à la majorité des fonctionnaires policiers enrôlés dans cette Guerre Sociale contre le peuple, que la désobéissance, la démission, ou encore mieux, leur ralliement au combat du peuple en lutte contre l’État bourgeois et son système pathogène capitaliste.
 

Aujourd’hui, le peuple laborieux en lutte lance ce cri d’alerte aux policiers : Ne vous suicidez pas pour cet État capitaliste déliquescent ! Rejoignez-nous sur les barricades sociales ! Comme le scandaient certains Gilets jaunes à de multiples occasions lors des manifestations: «vous êtes des pauvres en bleu, nous sommes des pauvres en jaune», nous avons besoin de votre force pour neutraliser les criminels sociaux capitalistes installés aux commandes de L’État des riches.

 
 
 

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