7 au Front

La Petite Fleur du Fascisme Ordinaire

YSENGRIMUS — Les deux premières semaines de novembre sont les deux semaines d’éclosion de la fameuse Petite Fleur du Fascisme Ordinaire. D’un seul coup d’un seul, tous nos suppôts tranquilles et confortables du militarisme onctueux, moelleux, et mielleux s’affichent ouvertement et sans pudeur, en arborant à la boutonnière un pseudo coquelicot de plastique en référence à un poème, non pas pacifiste mais cessez-le-feu-iste (c’est crucialement différent), écrit par quelque troupier anglo-canadien des années de la Grande Guerre (son nom est John McCrae et le titre du poème en question est In Flanders Fields, pour ceux que ce genre de zinzin fascine). Nés et élevés à Toronto (Canada), mes deux fils Tibert-le-chat et Reinardus-le-goupil se sont particulièrement fait bassiner dans tous les sens, annuellement, notamment à l’école, par les promoteurs gentillets et suaves de cette exécrable Petite Fleur du Fascisme Ordinaire et de tout l’endoctrinement militariste insidieux qui vient avec. Je me souviens avoir dû moi-même, un certain nombre de fois, payer de ma modeste personne en demandant, à la porte de quelque supermarché, à de jeunes cadets ahuris fringués en troupiers de guignol bleus poudre, qui cherchaient à me la fourguer, de bien daigner s’épingler dans le cul ce faux symbole floral de paix. Disons la chose avec toute la candeur requise. Le champ de coquelicots flamands du soldoque brunâtre qui nous barba avec le barda de sa poésie larmoyante de bidasse d’autrefois, je chie dedans copieusement et, qui plus est, maintenant que nous voici installés à Montréal, je suis bien curieux de voir si la prégnance ethnoculturelle de la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire est aussi gluante et toxique ici que dans la portion anglo-rouge-blanc-blême de notre beau Canada bicéphale. Je décide donc de tenir ce bref petit journal, consignant, une fois pour toutes, mes observations et mes réflexions concernant l’haïssable coquelicot conformiste. Le petit bêtisier éphéméride ici présent s’intitule: Elle est revenue. Elle est parmi nous. La Petite Fleur du Fascisme Ordinaire.

.

1 novembre: Je ne pense pas du tout à la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire. Je ramasse des feuilles mortes avec mes voisins. Il fait doux, c’est l’automne, on est bien. On jacasse politique politicienne locale. Pas de Petite Fleur du Fascisme Ordinaire en vue, au milieu de l’harmonie polychrome des feuilles mortes de ce tout petit début de novembre.

2 novembre: Toujours sans avoir la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire à l’esprit, je me rend chez un fleuriste du quartier et y fait l’acquisition joyeuse d’une belle rose blanche à la tige longiligne. Il n’y a rien de plus joli dans une maison à l’automne qu’une rose blanche fichée dans une vieille bouteille à vin. La chose est un pur et simple petit plaisir concret, exempt du moindre symbolisme. Et surtout, la coïncidence florale est ici parfaitement fortuite.

3 novembre: Mon amie Lindsay Abigaïl Griffith me téléphone depuis un parc du centre-ville de Toronto. Observant les toutous (qu’elle aime) et les humains les tenant en laisse (qu’elle aime bien moins déjà) déambuler, elle constate tristement qu’elle est revenue et qu’elle est parmi «eux», la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire. Lindsay me le signale alors et j’ai un sursaut. Je n’y avais même pas pensé, à cette vilaine insupportable petite fleur, mais c’est bien que trop vrai. Je décide ipso facto d’ouvrir l’œil et le bon, et de procéder à la rédaction de ce court journal.

4 novembre: Je me rends chez un boulanger un peu éloigné, pour me procurer du bon pain boulangé du jour. Une solide demi-heure de bus dans un quartier populaire, vu qu’il faut ce qu’il faut. Nombre de Petites Fleurs du Fascisme Ordinaire dans le transport en commun et dans les rues de cette section de l’urb montréalaise: zéro. Lindsay Abigaïl a eu la gentillesse de faire un pointage analogue dans le métro et les rues de Toronto, pour cette même journée. Son décompte des Petites Fleurs du Fascisme Ordinaire: trente-quatre (incluant sur le col du tailleur d’une de ses collègues – c’est pourtant beaucoup moins, me dit-elle, que ce qu’elle voyait sur Toronto dans son enfance). Lindsay Abigaïl note aussi que, dans un dispositif urbain pourtant hautement multiculturel comme celui de Toronto, tous les arborateurs de Petites Fleurs du Fascisme Ordinaire sont de race blanche.

5 novembre: Promenade dans le Quartier Latin montréalais. Pas de Petite Fleur du Fascisme Ordinaire à l’horizon entre le Carré Saint Louis et la rue De Montigny. Déjeuner dans une petite gargote rue Saint-Denis avec un copain de la maison d’édition. Néant floral. Mais, mais, mais… dans un supermarché un peu plus loin, j’ai vu, sur un comptoir d’accueil du public, un petit présentoir de carton isolé rempli à ras bord de Petites Fleurs du Fascisme Ordinaire et personne qui ne s’en occupait. Il y avait aussi une boite de conserve fendue, pour faire tinter sa petite obole militariste. J’ai discrètement soupesé la boite de conserve, elle était pleine de piécettes aux trois quarts. Oh, oh, oh… le fascisme ordinaire est donc à nos portes… J’ai justement mandaté, depuis le trois novembre, mon amour de fils adoré Reinardus-le-goupil (qui n’y pensait absolument pas, lui non plus) de surveiller les manifestations de la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire, dans l’espace scolaire et parascolaire de son école secondaire montréalaise. Absolument rien à signaler. Pas de fleur. Pas de ronron sur «nos» troupes. Pas de rhétorique du ruban jaune-caca-trouille. Pas de mention de quoi que ce soit de factieux ou de militaire. Rien. C’est la cas de la dire: la saudite paix… J’ai pu confirmer de visu l’observation de mon fils lors de la rencontre parents-enseignants, tenue le soir même. L’école était bondée et absolument personne, ni parents, ni enseignants, ni administrateurs de l’école n’arborait la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire.

6 novembre: Intrigué par mon acrimonieuse animosité sur la question, mon fils Reinardus-le-goupil se croise les bras, s’adosse au mur de la cuisine et me demande ce qu’il y a de si mal, finalement, avec la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire? Elle commémore une victoire légitime de la Première Guerre Mondiale, non? Ma réponse: j’imagine (sans en être complètement certain, côté légitimité des victoires militaires du vieil Empire Britannique). Sauf que, depuis deux générations, on nous raconte et nous re-raconte qu’on s’en va sauver l’Europe… en Corée, au Vietnam, en Irak et dans toutes les guerres impérialistes de théâtres auxquelles on s’associe, on sauve et re-sauve la redondante vieille Europe de la ritournelle des guerres mondiales…  puis on sauve le Vietnam du «communisme»… puis on sauve les femmes Afghanes, puis etc… On sauve toujours, les armes à la main, le coutelas entre les dents, quelqu’un ou un autre ou une autre et son père, et le carnage se poursuit, imperturbable. Le Canada étant un pays fondamentalement mollasson, confortable, fallacieux et hypocrite, il se donne une propagande militariste fondamentalement mollassonne, confortable, fallacieuse et hypocrite. C’est pour cela qu’au lieu de promouvoir nos guerres de théâtres avec des baïonnettes en sucre d’orge et des maquettes de chars d’assaut scintillantes, on nous endoctrine doucereusement via des commémorations de toc, mobilisant notamment la sempiternelle Petite Fleur du Fascisme Ordinaire.

7 novembre: Je me rends à Pointe-Calumet par le train de banlieue. Ma toute première petite fleur effectivement arborée l’est par une jeune guichetière des chemins de fer. J’ai un sursaut déçu et lui annonce, faussement mièvre: Vous êtes mon premier coquelicot… Elle me regarde comme si j’étais Jack L’Éventreur, dit, sans aménité, en touchant légèrement sa boutonnière: Ah oui, le coquelicot… et me file mon billet en me faisant la tronche. Je vais apercevoir une douzaine d’autres Petites Fleurs du Fascisme Ordinaire dans l’immense Gare Centrale de Montréal, qui est bondée. Elle est revenue… elle est parmi nous… Un autre employé des chemins de fer d’age mûr, quelques vieux caucasiens bien blanc cassis (dont un dans le train, portant béret), deux élégantes hautaines, des cadors en trench-coat, un baba-cool de notre temps en barbe et cheveux et un jeune homme bien mis, de race noire. Pointe-Calumet a une portion de sa population qui est anglophone. Il y fait un froid vif. La seule anglophone que j’arrive à y rencontrer est une conseillère municipale aux longs cheveux noirs, aux yeux brumeux et sans petite fleur. Sinon, pas d’anglophone et bien peu de coquelicots dociles dans ce patelin (deux dames d’âge mûr, aux cheveux gris, courts et au manteau épais forment le tout de mon bilan floral Pointe-Calumetesque). De retour, je constate que ça y est, par contre. Nos folliculaires électroniques se mettent graduellement à se gargariser avec les effets visuels et intellectuels (si tant est) de la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire. Journaleux minables, suppôts convulsionnaires de l’ordre établi et du conformisme pense-petit, copieusement, je vous conchie.

8 novembre: L’enseignante d’histoire de Reinardus-le-goupil leur a fait un laïus fort négatif sur la guerre au vingt-et-unième siècle et sur ceux qui la commanditent. Les soldoques ne défendent pas leur pays, mais les intérêts financiers de la bourgeoisie de leur pays. Les soldoques d’un empire meurent pour que leur bourgeoisie s’approprie les richesses de la bourgeoisie d’un autre empire. Il n’y a absolument aucun honneur, aucune valeur et aucune décence à cela. Merci ma bomme dame. Les femmes et le militarisme n’ont jamais fait très bon ménage. La civilisation, la vraie, nous viendra bien des femmes, allez… Toujours pas trop trop de Petites Fleurs du Fascisme Ordinaire dans les rues de Montréal, à ce jour. Elles sont en minorité, c’est indubitable. J’en ai vu, aujourd’hui, une seule, à la boutonnière d’un jeune dandy avec barbichette navy cut et chapeau canaille, dans un disquaire chic de la rue Sainte-Catherine. Lindsay Abigaïl, qui continue de scruter la chose avec attention sur Toronto, me signale aujourd’hui que, believe it or not, dans le bureau de son patron, un haut fonctionnaire provincial de l’Ontario, elle a aperçu, pieusement encadré, un article écrit par ledit haut fonctionnaire, dans un canard national anglophone, le mettant lui-même en vedette, oeuvrant scrupuleusement à «conscientiser» son fils sur les vertus mémorialistes de la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire.

9 novembre: Vive le Québec Pacifiste. Il est de plus en plus observable que la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire n’a pas d’existence significative dans la culture québécoise. Lindsay Abigaïl est en déplacement sur Ottawa (capitale du Canada) et me téléphone de là-bas. Son décompte quotidien de Petites Fleurs du Fascisme Ordinaire dans ce recoin canadien hautement cocardier: quarante-trois. Bande de crypto-militaristes, vous fourmillez en notre capitale en transportant vos pétales rouges sang de fleurs dénaturées et mortes. Je suis vraiment suprêmement écoeuré qu’on confonde la paix avec la fin de la guerre. La paix n’est pas la fin de la guerre mais l’absence de guerre, c’est radicalement différent. La fin de la guerre c’est un armistice et un armistice c’est rien de plus qu’une trêve. On occulte cyniquement cette vérité toute simple. On en vient insidieusement à agir comme si la troupe contrôle la paix, vu qu’elle contrôle l’armistice, vu qu’en fait, elle contrôle la guerre. Et pourtant l’armistice est indissolublement lié au conflit qu’il coiffe, momifie et anoblit. Fondamentalement, rendre hommage à un armistice ce n’est pas rendre hommage à la paix mais à la guerre. Ce n’est pas pour rien que la majorité des arborateurs de la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire sont des soldoques parcheminés, avec bérets factieux malodorants et xylo de médailles.

10 novembre: Vive Henri Barbusse, Abel Gance et Charles Yale Harrison. Ne les injurions surtout pas en leur collant un prix Nobel sur le dos, brimborion tout aussi fallacieux et inepte que la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire. D’ailleurs, puisqu’on en parle, moi les caciques toxiques du Nobel, ils se sont irrémédiablement coulés à mes yeux quand il l’ont donné au gros antisémite Lech Walesa en 1983, vile moustache droitière totalement décotée, que certains commentateurs français appellent fort judicieusement: l’ancien gonflé devenu gonflant. Cela, après le Nobel de littérature à l’autre gros antisémite Soljenitsyne en 1970, a parachevé pour jamais le naufrage Nobel… En fait, pour tout dire, il faudrait créer un Prix Nobel à Enquiquiner-les-Régimes-qui-indisposent-l’Occident. Beaucoup des prix «de la Paix» passés et présents devraient ensuite y être reclassés en absolue priorité… Tout comme la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire, le Prix Nobel de la Paix est un symbole complètement faux, fallacieux, faussé, saboté et distordu.

11 novembre: Je n’ai absolument aucun respect pour la soldatesque, passée ou future. Conscrits de Panurge autrefois, mercenaires insensibles aujourd’hui, les soldoques sont des tueurs en tous temps. Le fond militariste de ce Jour Apologue de la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire me répugne profondément. Mon père, ancien combattant, ne le commémore jamais et il a bien raison. Né en 1923, mort en 2015, mon père avait donc dix-neuf ans en 1942. C’est l’année où il se portait volontaire sur les navires de marine marchande canadiens chargés de livrer des armes en Angleterre et en Russie. Il y a goûté. Navire torpillé, séjours dans Londres rationnée et bombardée, bref, le folklore WWII en cinémascope et quadraphonie, le vieux, il connaît. Et, pour coiffer l’affaire, le gouvernement canadien, seul gouvernement allié à ne pas avoir indemnisé ses anciens combattants volontaires (sous prétexte qu’ils étaient «volontaires»… partez moi pas là-dessus, comme on dit ici), niaisa ensuite cinquante ans avant de pensionner cette catégorie d’anciens combattants… Un jour, Je demande à mon père pourquoi donc il s’était porté volontaire, comme ça. Il me répond alors, avec cette simplicité désarmante des gens naturellement modestes: «Bien, pour aller combattre le nazisme. Il fallait y aller. Ça ne pouvait pas continuer comme ça…».  Voilà. Distordre l’action modeste, directe et circonscrite de ces gens ordinaires pour la transmuter en ce type de militarisme hypocrite indissolublement associé, par notre petite société de planqués, à la symbolique fétide de la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire, c’est une cynique promotion belliciste qui ne dit tout simplement pas son nom.

12 novembre: Je suis pour un moratoire militaire universel, immédiat et inconditionnel. Abolissons toutes les armées. L’armée est NOTRE ennemie. Non à cette sarabande faisandée de célébrations absurdes pour boutefeux nombrilistes de l’arrière, ayant eu lieu hier. Les troupes m’horripilent profondément, surtout les «nôtres». Leur «protection» me fait vomir. La Petite Fleur du Fascisme ordinaire et la Fleur au Fusil sont EXACTEMENT la même fleur. Le coquelicot haïssable et haineux, des Flandres ou d’ailleurs, ne promeut pas la paix, il entérine vénalement les guerres passées et actuelles.

13 novembre: J’écoute Jacques Brel. Dans la sublime chanson Jaurès, il transforme l’expression pompeuse et inepte mourir au champ d’honneur. Sous sa plume, elle devient: s’ouvrir au champ d’horreur. Bien dit. Noter qu’on nous bassine constamment avec nos cent cinquante-sept petits gars qui s’ouvrirent au champ d’horreur de la résistance afghane mais on ne nous informe nullement sur les hommes, les femmes et les enfants que nos petits gars massacrèrent en silence et en toute impunité, pendant vingt ans, dans ce coin du monde. C’est tout simplement inique.

14 novembre: Je conclus ce hargneux petit exercice d’observations et de réflexions sur les guerres absurdes de notre temps en me fredonnant intérieurement ce couplet crucial de L’Internationale. Tous en chœur:

Les rois nous soulaient de fumée.
Paix entre nous, guerre au tyran.
Appliquons la grève aux armées.
Crosse en l’air et rompons les rangs.
S’ils persistent, ces cannibales
À faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux…

15 novembre: Je publie le présent billet au petit matin, dès potron-minet. Ma belle grande rose blanche n’est pas du tout flétrie. Elle dure bien. Déjà, par contre, plus personne ne porte en boutonnière la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire, même (surtout) au Canada anglais. Émanation bien rodée d’un gestus traditionnel, suiveux, conformiste, la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire est tombée, abruptement, comme tombèrent les masques d’Halloween deux semaines plus tôt et tomberont les décorations de Noël après (ou avant) les Rois… On se reverra dans un an, pour une nouvelle montée circonscrite de rougeole belliciste. Il y a deux jour, Lindsay Abigaïl a vu, sur le quai de la gare du train de banlieue la menant au boulot depuis Mississauga (Ontario), une Petite Fleur du Fascisme Ordinaire, face contre terre, salie, aplatie et abandonnée, le canon miniature de son aiguillette pointant dérisoirement vers le plafond de la gare, lui tenant lieu de ciel blafard des Flandres contemporaines. La portion de saison de la Petite Fleur du Fascisme Ordinaire est bel et bien de nouveau révolue. Conclueurs, concluez sur la prégnance en nos systèmes de valeur si mécaniquement chronométriques de cet objet ethnoculturel crypto-militariste, intégralement répréhensible et sidéralement non avenu.

.

La petite fleur du fascisme ordinaire
Elle est revenue. Elle est parmi nous. La Petite Fleur du Fascisme Ordinaire.

.

3 réflexions sur “La Petite Fleur du Fascisme Ordinaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur les 7 du quebec

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture