7 au Front

La révolte populaire : seule candidate capable de transformer la situation

Par Khider Mesloub. Le 4.03.2019. Sur http://www.les7duquebec.com
 

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On peut soutenir sans risque d’être contredit que rarement élection présidentielle algérienne n’aura mobilisé autant de participants résolus à voter, mais avec leurs pieds, en battant le pavé de la révolte contre le système du capital. Autant d’électeurs désillusionnés par les mascarades électorales successives, mais pleins d’espoirs dans leurs luttes contre la reconduction du président actuel à la magistrature suprême (sic). Autant d’enthousiasme subversif porté par un peuple algérien conscient de sa mission historique.
Loin de ces rideaux de fumée proposés par les isoloirs, où régulièrement l’électeur atomisé est appelé à déposer son oraison funèbre, le peuple algérien, dans un sursaut collectif emblématique, a pris l’audacieuse résolution de voter dans la rue, à ciel ouvert, le bras levé, la démarche altière. Sa voix fait trembler le système. Car c’est une voix collective audible depuis la résidence présidentielle. Non une voix électorale individuelle inoffensive, exprimée dans l’isolement et dans l’anonymat d’un suffrage factice et obséquieux.
Dans une société politique algérienne dévorée par la corruption, jamais campagne présidentielle n’aura été aussi corrompue, menée avec autant de cynisme, de démagogie, de mépris. Outre un candidat fantôme, au pouvoir depuis l’indépendance de l’Algérie, plusieurs candidats se présentent unanimement comme « antisystème » à cette énième mascarade électorale. Alors que ces derniers sont des défenseurs patentés du régime qu’ils ont toujours soutenu mais dont ils voudraient aujourd’hui collecter la plus-value. Ou des charlatans affairistes expectorés par la France rance, ou saltimbanques islamistes à l’idéologie macabre importée de ces sultans, princes et cheiks ténébreux. Ces nouveaux “démocrates” de la dernière heure, comme il y eut des Moudjahidin de la dernière minute, prétendent être porteurs d’un programme politique différent… qu’en est-il sinon de changer le nom des bénéficiaires des largesses du régime ?
 
À la vérité, portés par une commune vision du monde, ces candidats, chantres de la conservation de l’ordre établi, font partie du sérail gouvernemental ou de ses aspirants. Toutes obédiences confondues, ces candidats ont en vérité un programme économique et sociale identique : la poursuite de la politique libérale dans le cadre du capitalisme national algérien. Ces aspirants gestionnaires du capital vont mener la même politique antisociale, au prix d’une répression de tous les mouvements sociaux.
 

 
Ainsi, depuis plus de deux décennies, à chaque campagne électorale le système tente de vendre le même candidat, escorté par une escouade de candidats acteurs politiques chargés de jouer leur rôle de figuration pour insuffler une dimension spectaculaire à la scène politique algérienne déprimante. La politique spectacle a ses acteurs et ses spectateurs. Ses marchandises et ses consommateurs. Avec ces candidats programmés à gouverner dans l’intérêt du système, la politique est une éternelle répétition de la misère de la politique, qui est en même temps une politique de la misère, qui indiffère le prolétariat de la peine.
Aussi, aucun changement réellement positif, émancipateur, ne peut provenir des urnes, ces réceptacles des illusions du peuple. C’était vrai hier, à l’époque de la prospérité économique; c’est encore plus manifeste aujourd’hui, à l’époque de profonde crise du capitalisme où tous les États, à plus forte raison l’Algérie dépendante de ses revenus pétroliers en baisse, n’ont aucune marge de manœuvre en matière économique. Sinon celle de se délester de leurs fonctions “sociales”, notamment par la démolition des concessions sociales, le démantèlement des services publics, par la gestion répressive des masses précarisées ou devenues inutiles d’un point de vue économique, par le durcissement sécuritaire.
Dans un climat de condamnation virulente de la corruption, ces candidats prétendent “moraliser” la politique par l’élection de politiciens « intègres » ( !) Pourtant, la corruption des gestionnaires de l’État est structurelle. Jamais contingente. En effet, dans une société de classe, comment des individus privés poursuivant leur intérêt personnel, une fois élus, pourraient-ils se métamorphoser en hommes politiques intègres gouvernant dans l’intérêt général, pour le bien commun ? C’est une contradiction insoluble.
 
Aucune moralisation de la politique n’est possible dans une société divisée en classes antagonistes poursuivant des intérêts foncièrement divergents. Dans une société où le pouvoir politique est monopolisé par une caste œuvrant au service de la Finance. Dans une société où la structure organisationnelle de gouvernement permet à la même aristocratie politique de s’accaparer les rênes des instances gouvernementales, parlementaires, et autres institutions publiques et privées au service du grand capital international.
 
De façon générale, certains déclarent voter pour un moindre mal, sans aucune illusion sur l’issue de leurs suffrages. C’est le naufrage de la pensée exprimée dans toute sa nudité et nullité intellectuelle. Qu’ils ne s’étonnent pas de devoir se préparer ensuite, après le vote, à livrer une lutte sociale sans merci contre leur propre candidat, auteur des mesures antisociales, responsable de leur perpétuelle misère.
 
Seule la prise en main réelle des institutions gouvernementales par le prolétariat, administrée directement par des candidats issus du prolétariat, élus et révocables à tout moment, ne jouissant d’aucun avantage, pourrait mettre un terme à la sempiternelle mascarade électorale élitiste, à la perpétuation de la misère populaire.
 
Depuis quelques semaines, par un sursaut populaire aussi soudain qu’inattendu, le peuple algérien renoue avec ses racines révolutionnaires. Dans le sillage des révoltes populaires internationales, la révolte du peuple algérien prend le chemin de la Lutte des Libérations sociales. Les chemins de la liberté authentique, de l’affranchissement de la femme, de l’émancipation de l’aliénation religieuse, de la libération sociale, de la décolonisation économique du capital, de l’indépendance véritable de l’Algérie prolétarienne internationale. Dans une Algérie amie de tous les prolétaires opprimés et en lutte.
 
Mesloub Khider
 
 

8 réflexions sur “La révolte populaire : seule candidate capable de transformer la situation

  • @ tous
    J’ai auditionné le DÉBAT ci-haut sur la chaîne PressTV et voici ce que j’en pense :
    Ce DÉBAT est sans intérêt pour souhaite proposer une position politique prolétarienne aux algériens. – Dans ce DÉBAT On y nage en plein complotisme franco-israélo-étatsunien-avec d’ex-trotskyste-socialiste-pro-Israël et les services secrets qui manipulent la foule imbécile (sic). Ce rififi est techniquement possible j’en conviens, mais quel intérêt d’entendre tout cela pour qui souhaite proposer une alternative au prolétariat algérien ??? Que fait le militant prolétarien – une fois qu’il sait que les israéliens – Étatsuniens – franco-facho et autres pataugent en eau trouble en Algérie ????????
    Pour notre part nous disons le militant prolétarien doit regarder ce mouvement à travers son prisme de classe et voir comment il peut l’orienter dans le sens de ses intérêts de classe qui sont simple et unique = renverser le capitalisme en Algérie et construire le mode de production prolétarien.
    Nous y reviendrons
    Robert Bibeau Éditeur http://www.les7duquebec.com

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  • @ tous
    Nous militants prolétariens partons du principe que les prolétaires ne sont pas des imbéciles ni des moutons.
    Ensuite nous pensons que si des dizaines de milliers d’individus se rassemblent pour manifester et se faire matraquer dans une douzaine de pays différents (au Canada notamment 2000 manifestants à Montréal) c’est qu’il doit y avoir un motif puissant de mécontentement.
    Toutefois, ces constats étant fait = ceci ne détermine pas la nature de classe du mouvement de protestation = à savoir quelle doit être la position prolétarienne dans ce mouvement ??
    Ainsi, à titre d’exemple, lors de l’immolation d’un jeune tunisien désespéré qui amorça le printemps arabe – les revendications de la rue étaient clairement prolétarienne = Les ouvriers tunisiens ne réclamaient pas le limogeage de Ben Ali – ils demandaient du pain et des jobs et des salaires décents pour vivre VOILÀ CE QUI DÉTERMINA LA NATURE DE CLASSE PROLÉTARIENNE DE CE MOUVEMENT.
    AUTRE EXEMPLE, en Égypte il en fut de même – le prolétariat égyptien se souleva spontanément et massivement pour défendre ses conditions de vie (logement entre autre) et de travail (des jobs et des salaires décents). Ce mouvement était prolétarien. Par la suite, la petite-bourgeoisie infiltrant le mouvement – via des services secrets – des puissances étrangères c’est comme vous souhaitez ça n’a pas d’importance du point de vue de classe – la revendication principale devient LA SUPPOSÉE DÉMOCRATIE BOURGEOISE – débarquer Ben Ali – chasser Moubarack – et autres fadaises petites-bourgeoises et après cette récupération étouffement du mouvement tunisiens et égyptiens se retrouvèrent avec des gouvernements de laquais sous la gouverne de nouveaux polichinelles dont le maréchal SISSI.
    En Algérie cette fois c’est différent – d’emblée le mouvement réclame le dégagement du leader Bouteflika typiquement une revendication bourgeoise sans aucun intérêt pour le prolétariat. Il est clair qu’une bataille à la succession de cette épave est en cous au sommet des apparatchiks ce dont l’opposition bourgeoise profite pour se donner de la visibilité… espérant s’approcher de l’auge à purin
    Il est aussi évident que des puissances impérialistes qui souhaitent se repartager l’Afrique se sont mises à l’oeuvre pour pêcher en eau trouble.
    le prolétariat doit-il se faire tuer pour soutenir une faction ou une autre en guerre pour la succession ? NON aucunement. Le remplaçant de Boute sera pire que le vieux malade -l e prolétariat algérien n’a rien à foutre de cette revendication. Soit il reste sagement au travail = soit il met de l’avant ses revendications de vie et de travail et il transforme cette guerre de palais en INSURRECTION POPULAIRE
    VOILA CE QUE MESLOUB DÉCLARE DANS SON ARTICLE

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  • Je me demande s’il faut pas résumer tout ceci au fait que la peur encore présente de la décennie noire, en plus d’un chauvinisme très présent qui cherche à éloigner le spectre de la révolte et la contenir, et en plus de la rareté de bannières syndicales, bannières associatives, bannières tout court remplacées par de simples pancartes individuelles écrites à la main…tout à la faveur d’un drapeau algérien omniprésent et brandit par tous, et qui questionne l’indépendance des institutions, la liberté d’expression, en plus de dénoter le caractère nationaliste encore trop pesant en Algérie, font craindre que tout ceci se tasse aussi vite qu’il a apparu et que le régime et la nomenklatura peuvent encore dormir sur des deux oreilles… que le pauvre prolétarien peut toujours espérer…dans un pays ou le régime use d’idéologie marxiste comme façade pour mieux niquer le peuple !

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  • BAILLERGEAU

    « Seule la prise en main réelle des institutions gouvernementales par le prolétariat, administrée directement par des candidats issus du prolétariat, élus et révocables à tout moment, ne jouissant d’aucun avantage…. »
    Cette solution n’est qu’un rêve sans relation avec la situation.
    *Le relai des équipements laissés par la colonisation n’a pas été pris.
    *La rente pétrolière a permis à une clientèle d’obligés d’épauler le « clan des voyous d’Oujda » dans sa prédation des richesses depuis 57 ans
    *Un équipement touristique international a été refusé par bigoterie musulmane.
    * Après avoir joué avec l’islamisme, il leur a sauté à la gueule.
    *La démographie folle…l’emploi le plus basique totalement absent…..
    Pas de solution connue
    Avis perso ? Un général cultivé et républicain – pas bigot – qui sait choisir ses collaborateurs = pour la transission
    Un constitution suisse, la meilleure
    Puis un cursus plus classique
    Ce serait pas glorieux, mais moins pire que ce qui va venir – un futur comme depuis 57 ans….

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  • QUI VEUT UN NOUVEAU PRINTEMPS ARABE ? (I): SCENARIO A LA SYRIENNE EN ALGERIE.
    LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
    Luc MICHEL pour EODE/
    Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
    2019 03 04/
    « Les citoyens ont offert des roses aux policiers; c’est beau, mais je
    rappelle qu’en Syrie, ça a commencé aussi avec des roses »
    – Le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia ce 28 février.
    Certains parlent à nouveau du soi-disant « printemps arabe ». Pas
    échaudés par la catastrophe géopolitique qui de la Libye a déstabilisé
    l’Afrique saharienne et sub-saharienne, Mali, Centrafrique … Voilà les
    mêmes fourriers de malheur qui veulent lancer des foules en détresse
    dans la rue et dans le chaos ; En Algérie (qui était fin 2010 la
    première cible de ce « printemps arabe » qui s’est révélé un hiver
    glaciaire) ou au Soudan notamment.
    J’ai débattu ce 3 mars sur PRESS TV (Iran) du dossier algérien :
    * Voir sur PANAFRICOM-TV/
    PRESS TV (IRAN) DEBAT AVEC LUC MICHEL:
    SCENARIO A LA SYRIENNE EN ALGERIE.
    QUI VEUT UN NOUVEAU PRINTEMPS ARABE ?
    sur https://vimeo.com/321302777

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  • @ Luc,
    Personne n’en veut d’un autre printemps arabe qui soit total comme à la Syrienne ou la Lybienne, Mais un printemps à la Tunisienne est souhaitable, bien que peu probable en Algérie, car d’abord Bouteflika n’est pas Ben Ali, il a un soutien humain pour son âge, et un certain support politique pour avoir su arrêter l’effusion de sang après la décennie noire et négocié avec aussi bien les généraux que les islamistes radicaux ! Mais il y a aussi et surtout le poids de l’armée et certains de ses clients du FLN, ceux là, sont le véritable problème et tumeur de l’Algérie et leur racines sont profondément incrustées dans le pays ! Tout ce que les Algériens peuveut espérer, c’est qu’une transition se fasse dans ces deux corps rongés par la corruption et le totalitarisme, et pour ça, cela ne saurait se réaliser sans rebellion et révolte populaire… à mon humble avis !

    Répondre
  • Alors que l’Algérie vit depuis plusieurs jours au rythme des manifestations contre la cinquième candidature du président Abdelaziz Bouteflika, mardi 5 février, le porte-parole de la diplomatie états-unienne, Robert Palladino, a expliqué que « les États-Unis soutiennent le peuple algérien et leur droit à manifester pacifiquement ».
    La marche des étudiants le 3 mars à Tizi Ouzou (Photo : EL WATAN)
    Parallèlement, la Commission européenne a appelé au respect « de la liberté d’expression et de réunion » en Algérie. La veille, le Quai d’Orsay avait expliqué souhaiter « que l’élection présidentielle [algérienne] se déroule dans de bonnes conditions. C’est au peuple algérien qu’il appartient de choisir ses dirigeants et de décider de son avenir » (1).
    Que signifient réellement ces déclarations de bonnes intentions des chancelleries occidentales qui aiment tant revêtir le noble costume de « défenseur des droits de l’homme » et de la « démocratie » ?
    Ne nous laissons pas illusionner par des costumes d’apparat plus dignes du carnaval de Venise que des réalités historiques. Paris, Washington ou Bruxelles se moquent totalement de la « démocratie » et du respect des « droits de l’homme » en Algérie comme dans l’ensemble des pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique du Sud.
    Du coup d’État contre le Premier ministre iranien, Mohammad Mossadegh, en 1953, à l’instigation du coup d’État contre Salvatore Allende en 1973 au Chili ou à l’invasion de la Grenade en 1983 pour renverser Maurice Bishop, du soutien à la dictature de Suharto en Indonésie, à celle de Mobutu au Zaïre, au soutien au régime de l’apartheid en Afrique du Sud, en passant par la guerre contre le Vietnam (1964-1973) ou à celle contre l’Irak (2003), nous savons parfaitement que les États-Unis n’ont que faire des « droits de l’homme » et de la « démocratie » qu’ils sont les premiers à violer.
    De son côté, l’ancienne puissance coloniale n’a jamais été plus vertueuse en matière de « droits de l’homme » et de « démocratie ». La France a colonisé l’Afrique pendant un siècle puis elle a participé, après les indépendances, à maintenir un système néocolonial en renversant tous les responsables politiques africains contestant son hégémonie. Elle a ainsi soutenu tous les régimes lui étant inféodés. Concernant l’Algérie, la France y a établi une colonisation de peuplement durant cent trente deux ans qui a violé les droits humains les plus élémentaires à commencer par le droit à la vie. Comme disait l’une des figures du nationalisme algérien, Messali Hadj, pour dénoncer cette colonisation : « Ma mère m’a donné la naissance, et la France m’a donné la souffrance » (2).
    Après l’indépendance, la France n’a jamais reconnu et condamné sa politique génocidaire (3), ses violations systémiques des droits de l’homme et encore moins fait condamner ses tortionnaires, donc en matière de respect des droits humains sa crédibilité est totalement nulle. Son droit-de-l’hommisme dégoulinant pue comme un poisson avarié.
    Alors que soutiennent réellement ces puissances impérialistes en Algérie ?
    Elles soutiennent l’État profond, indéfectiblement lié à l’Occident en général et à la France en particulier, qui manœuvre en parallèle des mobilisations populaires pour imposer son candidat. Lié à une bourgeoisie compradore qui s’est rapidement enrichie dans le monde des affaires, le candidat de l’État profond mettra en place un programme néo-libéral au niveau économique, aliénant au niveau culturel, fondé sur la remise en cause de la place de la langue arabe au profit du français, et d’alignement sur l’Occident au niveau diplomatique et militaire.
    Éclairés par le passé révolutionnaire de l’Algérie, nombre d’Algériens qui manifestent dans les rues ne s’y sont pas trompés en dénonçant les velléités d’ingérences occidentales.
    Comme disait Che Guevara, « on ne peut jamais se fier à l’impérialisme, pas même pour la moindre des choses, rien de rien ».
    Youssef Girard

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