7 au Front

👁‍🗹 Un gĂ©nocide planifiĂ© contre les arabes de Gaza

👁‍🗹 Un gĂ©nocide planifiĂ© sur  (5) 👁‍🗹 Un gĂ©nocide planifiĂ© – by Spirit’s FreeSpeech

Une seule solution : Mettre fin au gĂ©nocide des palestiniens. DĂ©manteler le sionisme. LibĂ©rer toute la Palestine, du fleuve Ă  la mer. Tout le reste n’est que verbiage bourgeois.

Bilan des victimes du gĂ©nocide Ă  Gaza (7 octobre 2023 – 25 mars 2025) 


Introduction

Le 7 octobre 2023, le rĂ©gime fasciste israĂ©lien a durci son projet colonial en lançant une campagne d’extermination militaire Ă  grande Ă©chelle contre le peuple palestinien Ă  Gaza, campagne indissociable de la violence coloniale plus largement exercĂ©e dans toute la Palestine occupĂ©e depuis 80 annĂ©es. Sous couvert d’un discours Ă©culĂ© sur la “sĂ©curitĂ©â€Â et la “lutte contre le terrorisme”, cette offensive a rĂ©vĂ©lĂ© dĂšs les premiĂšres heures son intention gĂ©nocidaire : non pas contenir la rĂ©sistance, mais d’anĂ©antir toute vie dans l’enclave – ou camp d’extermination sioniste. Au cours des 18 mois qui ont suivi, Gaza, dĂ©jĂ  bloquĂ©e et fragmentĂ©e par des dĂ©cennies de blocus, a Ă©tĂ© transformĂ©e en camp de mort.

Des quartiers entiers ont Ă©tĂ© rasĂ©s, les rĂ©seaux d’approvisionnement en eau et les hĂŽpitaux ont Ă©tĂ© dĂ©libĂ©rĂ©ment dĂ©truits, et des familles entiĂšres ont disparu sous les dĂ©combres ou dans des fosses communes. Le blocus s’est transformĂ© en famine organisĂ©e. Les maladies se sont propagĂ©es dans les zones de dĂ©placement surpeuplĂ©es. Les soins mĂ©dicaux se sont rarĂ©fiĂ©s. Des enfants sont morts de faim dans les campements, tandis que les bombes israĂ©liennes creusaient des cratĂšres jusque dans leurs abris.

Ce rapport reconstitue le rĂ©cit complet et sans concession de cette mort massive. S’appuyant sur des tĂ©moignages de survivants, des documents recueillis sur le terrain et une analyse dĂ©coloniale, il dĂ©taille Ă  la fois les meurtres ostensibles et l’extermination lente et systĂ©matique perpĂ©trĂ©e par la privation. En partant d’une donnĂ©e de rĂ©fĂ©rence rĂ©visĂ©e Ă  ~128 761 morts directes au 25 mars 2025, bien supĂ©rieure aux chiffres manipulĂ©s par l’occupant, on tient Ă©galement compte des personnes toujours portĂ©es disparues, non identifiĂ©es ou non recensĂ©es en raison de l’effondrement des infrastructures. Les enfants reprĂ©sentant au moins 44 % des personnes tuĂ©es, le gĂ©nocide Ă  Gaza doit ĂȘtre compris comme, selon les termes de Philippe Lazzarini de l’UNRWA, “une guerre contre les enfants… contre leur enfance, contre leur avenir”.

“Les habitants de Gaza luttent pour survivre dans des conditions apocalyptiques, mais personne n’est en sĂ©curitĂ© nulle part, personne n’est Ă©pargnĂ© et aucune issue n’est possible pour fuir cette enclave dĂ©truite”,

a dĂ©clarĂ© le Dr Christopher Lockyear de MĂ©decins Sans FrontiĂšres. Cette rĂ©alitĂ©, cette violence sans issue, constituent le socle de cette analyse. Nous rejetons tous les euphĂ©mismes et les fausses symĂ©tries. Il ne s’agit pas d’un “conflit”. Ce n’est pas une aberration. Il s’agit d’une campagne dĂ©libĂ©rĂ©e et prolongĂ©e de gĂ©nocide colonial. Ce rapport Ă©nonce un dĂ©compte dĂ©taillĂ© des victimes directes et indirectes, des scĂ©narios prĂ©visionnels et des tĂ©moignages de survivants sur la vie sous le blocus. Il replace l’assaut contre Gaza dans le contexte de la fragmentation gĂ©nocidaire du peuple palestinien et appelle Ă  la justice, non pas par la rhĂ©torique, mais par la responsabilitĂ© concrĂšte, une rupture politique et la solidaritĂ© mondiale avec le droit au retour, Ă  la rĂ©paration et Ă  la libĂ©ration.

Recenser les morts : sources et épistémologie des survivants

Recenser les morts Ă  Gaza est Ă  la fois une tĂąche mĂ©dico-lĂ©gale et un acte sacrĂ© de mĂ©moire. Il ne s’agit pas simplement de chiffres, mais de l’affirmation de l’existence palestinienne face Ă  une tentative systĂ©matique d’effacement. La principale source d’information sur les victimes est le ministĂšre de la SantĂ© de Gaza (MOH) qui, malgrĂ© les bombardements incessants, les coupures d’Ă©lectricitĂ© et les attaques ciblĂ©es contre les infrastructures mĂ©dicales, s’est efforcĂ© de recenser les noms, les Ăąges et les causes de dĂ©cĂšs de ceux qu’il a pu localiser. En mars 2025, le dĂ©compte officiel du MOH dĂ©passait les 50 000 morts, un chiffre stupĂ©fiant quel que soit le contexte, mais qui ne tient compte que des victimes directes des frappes aĂ©riennes, des tirs d’artillerie et d’autres formes de violence ouverte. Il n’inclut pas ceux qui sont morts de faim Ă  cause du blocus, infectĂ©s par l’eau contaminĂ©e ou privĂ©s de soins mĂ©dicaux Ă  la suite de la destruction dĂ©libĂ©rĂ©e des infrastructures.

En septembre 2024, le ministĂšre de la SantĂ© a publiĂ© une liste de 34 344 victimes identifiĂ©es, avec leur date de naissance et leur sexe, en signe de dĂ©fi face Ă  la propagande du rĂ©gime colonial et aux tentatives des mĂ©dias internationaux de remettre en cause le nombre de victimes palestiniennes. À cette date, 44 % des dĂ©cĂšs confirmĂ©s sont des enfants, un chiffre tragiquement conforme Ă  la dĂ©mographie de Gaza (oĂč environ 40 % de la population est ĂągĂ©e de moins de 14 ans), mais qui reflĂšte d’autant plus la nature arbitraire et ciblĂ©e de l’attaque.

Pourtant, le bilan officiel ne reflĂšte pas l’ampleur rĂ©elle des pertes. Des milliers de personnes sont toujours portĂ©es disparues sous les dĂ©combres, impossibles Ă  retrouver car les bulldozers ont interdiction d’entrer, le carburant est bloquĂ©, ou parce que plus personne n’est plus lĂ  pour les rechercher. DĂšs janvier 2024, les Nations unies ont estimĂ© que plus de 10 000 corps sont probablement enfouis sous les dĂ©combres. Ces morts ne seront peut-ĂȘtre jamais dĂ©nombrĂ©s par les institutions, mais ils sont pleurĂ©s nommĂ©ment dans les foyers de Gaza, commĂ©morĂ©s dans des tĂ©moignages oraux, et pleurĂ©s par leurs proches.

Pour aggraver la situation, le systĂšme de santĂ© de Gaza, dĂ©jĂ  exsangue aprĂšs des annĂ©es de blocus, a Ă©tĂ© dĂ©libĂ©rĂ©ment dĂ©truit : les hĂŽpitaux ont Ă©tĂ© bombardĂ©s, les ambulances prises pour cibles, les mĂ©decins exĂ©cutĂ©s ou enlevĂ©s, et les Ă©quipements mĂ©dicaux confisquĂ©s. De nombreux blessĂ©s n’ont jamais pu ĂȘtre soignĂ©s. De nombreux dĂ©cĂšs n’ont jamais Ă©tĂ© enregistrĂ©s. Des familles entiĂšres ont Ă©tĂ© tuĂ©es dans des zones isolĂ©es, dont on ne connaĂźt l’existence que grĂące aux tĂ©moignages de voisins, Ă  des bribes d’informations sur les rĂ©seaux sociaux ou Ă  leur absence obsĂ©dante dans le quotidien de la communautĂ©.

Dans ce vide institutionnel, les rĂ©cits des survivants sont devenus la principale source d’information. Les familles et les bĂ©nĂ©voles ont dressĂ© des listes de morts, recherchĂ© leurs proches disparus sur les rĂ©seaux sociaux, et créé des registres indĂ©pendants. Les rĂ©seaux locaux ont diffusĂ© les noms, enregistrĂ© les tĂ©moignages et archivĂ© l’annonce de la mort des victimes afin de prĂ©server la mĂ©moire des Ăąmes rayĂ©es de la carte. Ces actes de prĂ©servation de la mĂ©moire collective ne sont pas de simples archives, ils relĂšvent de la rĂ©sistance. Ils refusent la tentative de l’État colonial de rĂ©duire les Palestiniens en poussiĂšre anonyme.

Des experts internationaux sont intervenus pour confirmer ce que les Palestiniens savent depuis longtemps. Une analyse publiĂ©e dans The Lancet et Ă©valuĂ©e par des pairs a calculĂ© 64 260 morts directes (violentes) Ă  Gaza entre le 7 octobre 2023 et le 30 juin 2024, un chiffre nettement supĂ©rieur Ă  ceux avancĂ©s par l’occupant. L’Ă©tude a projetĂ© plus de 70 000 morts directes pour octobre 2024 et a notĂ© que le ministĂšre de la SantĂ© de Gaza a sous-estimĂ© d’au moins 41 % les dĂ©cĂšs liĂ©s aux traumatismes. Plus accablant encore, le rapport indique que les dĂ©cĂšs dus Ă  la faim, Ă  l’absence de soins mĂ©dicaux et aux contaminations n’ont pas Ă©tĂ© pris en compte, alors qu’ils rĂ©sultent eux aussi de la politique d’extermination israĂ©lienne. À Gaza, les habitants ne sont pas seulement tuĂ©s par les bombes. Ils meurent lorsque les appareils de dialyse s’arrĂȘtent, lorsque le pain vient Ă  manquer, lorsqu’une cĂ©sarienne ne peut ĂȘtre pratiquĂ©e parce que l’hĂŽpital a Ă©tĂ© rasĂ©.

Au vu de ces vĂ©ritĂ©s – tĂ©moignages, projections Ă©pidĂ©miologiques et rĂ©alitĂ© brute de l’effondrement structurel –, on estime Ă  128 761 le nombre de morts directes au 25 mars 2025. Ce chiffre comprend ceux dont la mort a Ă©tĂ© confirmĂ©e lors des bombardements, ainsi que les dizaines de milliers d’autres qui n’ont jamais Ă©tĂ© retrouvĂ©s, jamais enregistrĂ©s ou dĂ©libĂ©rĂ©ment effacĂ©s dans le chaos gĂ©nocidaire. C’est un calcul macabre, mais qui reflĂšte l’engagement Ă  nommer tous les morts. DerriĂšre chaque chiffre, il y a une vie. Un enfant. Une grand-mĂšre. Un Ă©tudiant. Une sage-femme. Un poĂšte. Un corps enterrĂ© non seulement par les bombes, mais aussi sous le poids du silence du monde. Les nommer, c’est un premier pas vers la justice. Les compter, c’est un acte d’opposition : refuser d’oublier, de normaliser ou d’accepter l’anĂ©antissement comme une fatalitĂ©.

Une guerre contre les enfants

DĂšs les premiers instants de la campagne gĂ©nocidaire d’IsraĂ«l contre Gaza, les enfants palestiniens ont Ă©tĂ© dĂ©libĂ©rĂ©ment et massivement massacrĂ©s. En novembre 2024, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a confirmĂ© que 44 % des victimes Ă  Gaza sont des enfants, un chiffre stupĂ©fiant mĂȘme pour l’une des populations les plus jeunes de la planĂšte. Ce n’est pas un hasard. Ce n’est pas le rĂ©sultat d’une “guĂ©rilla” ou d’un “terrain accidentĂ©â€. C’est la consĂ©quence directe de la violence Ă©tatique systĂ©matique, aveugle et souvent ciblĂ©e qui s’abat sur les familles, les maisons, les Ă©coles et les hĂŽpitaux dans une enclave assiĂ©gĂ©e. Le commissaire gĂ©nĂ©ral de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a Ă©noncĂ© une Ă©vidence avec une rare franchise : “Cette guerre est une guerre contre les enfants. C’est une guerre contre leur enfance, contre leur avenir”. En quelques mois seulement, plus d’enfants ont Ă©tĂ© tuĂ©s Ă  Gaza que dans tous les conflits armĂ©s du monde au cours des quatre derniĂšres annĂ©es rĂ©unis.

D’ici mars 2025, plus de 60 000 enfants palestiniens – nourrissons, tout-petits, enfants scolarisĂ©s et adolescents – auront probablement Ă©tĂ© tuĂ©s. Certains dans leur lit, d’autres en Ă©treignant leurs parents, d’autres encore pulvĂ©risĂ©s dans des abris que l’ONU a faussement qualifiĂ©s de “sĂ»rs”. Beaucoup ont Ă©tĂ© Ă©crasĂ©s sous les dĂ©combres. D’autres sont morts lentement, affamĂ©s par le blocus ou privĂ©s de mĂ©dicaments. La plus jeune victime connue est un nouveau-nĂ©, ĂągĂ© de quelques heures seulement, tuĂ© lorsque son incubateur a Ă©tĂ© privĂ© d’Ă©lectricitĂ© Ă  la suite d’un blocus sur le carburant. Le jour le plus meurtrier pour les enfants a Ă©tĂ© celui oĂč plus de 300 enfants ont Ă©tĂ© tuĂ©s en 24 heures, lors du bombardement israĂ©lien qui a rasĂ© 72 maisons. Aucun combat ne justifie cela. Aucune excuse ne peut en faire un acte moral. Les enfants de Gaza ne sont pas des “dommages collatĂ©raux” : ils ont Ă©tĂ© pris pour cible dans une campagne d’extermination.

Ceux qui ont survĂ©cu ne sont pas moins affectĂ©s. Pour le million d’enfants de Gaza, plus aucun lieu n’est sĂ»r, ni les hĂŽpitaux, ni les abris de l’ONU, ni mĂȘme les bras de leurs parents. Des enquĂȘtes menĂ©es sur le terrain ont rĂ©vĂ©lĂ© que 96 % des enfants de Gaza vivent dans la peur constante de la mort, marquĂ©s par le traumatisme incessant des frappes aĂ©riennes, des dĂ©placements et de la famine. Beaucoup ont perdu leur famille entiĂšre. Des milliers d’entre eux vivent dĂ©sormais amputĂ©s, brĂ»lĂ©s ou handicapĂ©s Ă  vie. Gaza compte le plus grand nombre d’enfants amputĂ©s par habitant au monde, un symbole dĂ©vastateur de la “prĂ©cision” militaire israĂ©lienne. L’UNICEF, Save the Children et d’autres organisations humanitaires ont clairement dĂ©clarĂ© que Gaza est l’endroit le plus meurtrier de la planĂšte pour les enfants.

DĂ©but 2024, plus de 3 100 enfants de moins de cinq ans avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© tuĂ©s. Ce bilan s’est depuis alourdi, la famine et l’effondrement du systĂšme mĂ©dical ayant fait de nombreuses victimes supplĂ©mentaires. Ce ne sont pas seulement des chiffres. Chaque enfant avait un nom, un jeu prĂ©fĂ©rĂ©, un rire, un avenir qui lui a Ă©tĂ© volĂ©. Un pĂšre palestinien, berçant le souvenir de ses enfants, a dĂ©clarĂ© :

“Ils n’ont pas seulement tuĂ© mes enfants. Ils ont tuĂ© tous mes rĂȘves de les voir grandir”.

Ce degrĂ© de violence contre les enfants n’est pas fortuit, il relĂšve du gĂ©nocide. La Convention des Nations unies sur le gĂ©nocide inclut, parmi ses caractĂ©ristiques essentielles, l’intention de dĂ©truire “tout ou partie” d’un peuple par le meurtre de ses enfants. Lorsque 44 % des morts sont des enfants et que le blocus est dĂ©libĂ©rĂ©ment conçu pour que mĂȘme ceux qui survivent aux bombes meurent de faim, de dĂ©shydratation ou de maladies non soignĂ©es, il ne peut ĂȘtre question de bonne foi. On ne saurait trop le rĂ©pĂ©ter : toute une gĂ©nĂ©ration d’enfants palestiniens est en train d’ĂȘtre rayĂ©e de la carte, sous nos yeux, en temps rĂ©el, avec la complicitĂ© de la communautĂ© internationale.

Ce qui se passe Ă  Gaza n’est pas seulement une guerre contre un peuple. C’est une guerre contre l’avenir mĂȘme des Palestiniens. Une guerre contre la mĂ©moire, contre l’hĂ©ritage, contre l’espoir. Enterrer cette vĂ©ritĂ© sous des euphĂ©mismes, c’est participer au crime. La nommer est le premier pas vers la justice.

Morts directes et indirectes : au-delĂ  des bombes

Les images de Gaza les plus souvent diffusĂ©es par les mĂ©dias internationaux – des corps ensanglantĂ©s sous les dĂ©combres, des bĂątiments rĂ©duits Ă  l’Ă©tat de squelettes de bĂ©ton et de ferraille – focalisent l’attention du monde sur les morts directes. Mais derriĂšre le spectacle visible du carnage sĂ©vit une vague de mort plus lente, moins photogĂ©nique : les morts indirectes, tout aussi intentionnelles, tout aussi gĂ©nocidaires. Ces morts ne sont pas causĂ©es par des missiles, mais par la privation. Elles ne sont pas causĂ©es par des explosions, mais par le blocus. À Gaza, la mort sous blocus est devenue aussi banale – et souvent plus meurtriĂšre – que la mort sous les bombes.

Les morts directes dĂ©signent celles provoquĂ©es spĂ©cifiquement par la violence militaire : bombardements aĂ©riens, tirs d’artillerie, tirs de snipers, effondrement de bĂątiments. Elles sont brutales, rapides et indĂ©niables. Les morts indirectes, en revanche, rĂ©sultent de la destruction calculĂ©e des conditions essentielles Ă  la vie. Un enfant meurt d’une diarrhĂ©e non traitĂ©e parce que l’eau est contaminĂ©e et qu’il n’y a plus d’antibiotiques. Un vieil homme diabĂ©tique sombre dans un coma fatal parce que les livraisons d’insuline ont Ă©tĂ© bloquĂ©es. Un nouveau-nĂ© suffoque dans une tente non chauffĂ©e aprĂšs que son incubateur a cessĂ© de fonctionner Ă  cause d’une coupure d’Ă©lectricitĂ©. Ce ne sont pas des accidents. Ce sont les consĂ©quences dĂ©libĂ©rĂ©es d’une guerre de blocus, peaufinĂ©e au fil de dĂ©cennies d’expĂ©rimentation coloniale.

Dans la plupart des guerres longues, les morts indirectes finissent par excĂ©der les morts directes. À Gaza, on en est dĂ©jĂ  lĂ . Le blocus n’a pas dĂ©butĂ© en 2023 – il dure depuis prĂšs de deux dĂ©cennies –, mais l’ampleur des destructions des infrastructures depuis le 7 octobre 2023 tĂ©moigne de l’anĂ©antissement des derniers moyens de survie. Les hĂŽpitaux ont Ă©tĂ© systĂ©matiquement bombardĂ©s. Les usines de dessalement de l’eau dĂ©truites. Les livraisons de vivres dĂ©libĂ©rĂ©ment bloquĂ©es. Les couloirs humanitaires sont transformĂ©s en zones d’exĂ©cution. Selon MĂ©decins Sans FrontiĂšres (MSF), le nombre de “morts additionnelles” – dĂ©cĂšs dus Ă  la famine, Ă  la maladie et Ă  l’effondrement du systĂšme mĂ©dical – est dĂ©jà “probablement beaucoup plus Ă©levĂ©â€Â que le nombre de victimes directes de la violence. Et ce bilan s’alourdit jour aprĂšs jour.

Facteurs multiplicateurs de mortalité chez les enfants et les adultes

Les enfants sont particuliĂšrement vulnĂ©rables aux causes indirectes de mortalitĂ©. Leurs corps se dĂ©shydratent plus rapidement. Ils sont plus sensibles aux infections, aux blessures et aux chocs. Ils ne peuvent se procurer ni nourriture ni eau potable par eux-mĂȘmes. Dans les zones de guerre, la mortalitĂ© infantile et juvĂ©nile atteint gĂ©nĂ©ralement 3 Ă  5 fois les niveaux d’avant-guerre en raison de facteurs indirects. Mais Gaza n’est pas une zone de guerre ordinaire. Gaza est une prison Ă  ciel ouvert soumise Ă  un blocus total, sans aucun moyen de fuite et sans aucune aide humanitaire. Dans ce contexte, la mortalitĂ© infantile atteint des proportions catastrophiques.

Pour estimer le nombre rĂ©el de morts Ă  Gaza, on applique un multiplicateur de 9 pour les enfants et de 6 pour les adultes, chiffres basĂ©s sur les donnĂ©es de mortalitĂ© en temps de guerre, mais revus Ă  la hausse pour tenir compte du niveau extrĂȘme de destruction et de privation Ă  Gaza. Cela signifie que pour chaque enfant tuĂ© directement par les bombes ou les balles israĂ©liennes, environ neuf enfants mourront au total, y compris ceux qui succomberont Ă  la famine, aux infections et aux maladies non traitĂ©es. Pour chaque adulte tuĂ© directement, environ six mourront au total, en tenant compte des dĂ©cĂšs causĂ©s par l’effondrement de l’aide mĂ©dicale, la destruction des infrastructures et la violence insidieuse du dĂ©placement. Ces multiplicateurs ne reflĂštent pas des scĂ©narios hypothĂ©tiques. Ils reflĂštent la trajectoire actuelle du gĂ©nocide sous blocus total.

Sur la base d’une estimation corrigĂ©e du nombre de morts directes, qui s’Ă©lĂšve à environ 128 761 en mars 2025, les enfants reprĂ©sentant environ 44 Ă  47 % des morts, l’on obtient la rĂ©partition suivante :

  • Enfants (0 Ă  17 ans) :
  • ~56 000 morts directes × 9 = ≈504 000 morts d’enfants au total
  • → Ce qui implique ~448 000 morts indirectes d’enfants
  • Adultes (18 ans et plus) :
  • environ 72 000 morts directes × 6 = environ 432 000 morts adultes au total
  • → Ce qui implique environ 360 000 morts indirectes parmi les adultes
  • Bilan total : environ 504 000 enfants + environ 432 000 adultes = environ 936 000 Palestiniens tuĂ©s (directes + indirectes)

Tableau : Projections du nombre de dĂ©cĂšs d’ici mars 2025

Ces chiffres ne sont pas spĂ©culatifs, ils reflĂštent la logique macabre d’un blocus total. PrĂšs d’un million de Palestiniens Ă  Gaza, soit 40 % de la population totale, sont peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  morts ou mourants des consĂ©quences de ce gĂ©nocide. Plus de la moitiĂ© sont des enfants. Ce n’est pas une exagĂ©ration. Ce sont des calculs arithmĂ©tiques Ă©tayĂ©s par des modĂšles Ă©pidĂ©miologiques, des rapports humanitaires et la rĂ©alitĂ© vĂ©cue sur le terrain.

Certains ont peut-ĂȘtre du mal Ă  accepter l’ampleur de ce bilan. Mais Gaza a dĂ©jĂ  fourni de nombreuses preuves. Fin 2024, les responsables de la santĂ© de Gaza eux-mĂȘmes ont mis en garde contre “plusieurs milliers de dĂ©cĂšs supplĂ©mentaires” dus aux Ă©pidĂ©mies et Ă  l’absence de soins. Des agents humanitaires internationaux ont dĂ©crit avoir vu des enfants mourir de dĂ©shydratation et des femmes mourir en couches sans assistance mĂ©dicale. Dans une enquĂȘte sur le terrain, plus de 60 % des Palestiniens ont dĂ©clarĂ© avoir perdu au moins un membre de leur famille depuis le dĂ©but du gĂ©nocide. Dans les familles de six Ă  huit personnes, cela signifie des pertes multiples par foyer. La souffrance est collective, elle est intimement liĂ©e au processus mĂȘme de survie.

Et pourtant, bon nombre de ces dĂ©cĂšs ne sont pas comptabilisĂ©s, non pas parce qu’ils sont invisibles, mais parce que le monde a choisi de regarder ailleurs. L’homme ĂągĂ© qui meurt parce qu’il n’a pas accĂšs Ă  la dialyse. Le nourrisson qui vomit du sang Ă  cause de la typhoĂŻde. L’adolescent dont la blessure infectĂ©e dĂ©gĂ©nĂšre en septicĂ©mie dans une tente. Toute une famille qui meurt de faim, au milieu de champs de cĂ©rĂ©ales qu’elle n’a pas le droit de toucher. Il ne s’agit pas de morts “indirectes” au sens Ă©thique du terme. Elles sont au cƓur mĂȘme de la machine d’extermination. Elles font de ce gĂ©nocide non pas un Ă©vĂ©nement ponctuel, mais un systĂšme permanent.

L’ampleur de ce dĂ©sastre n’est pas toujours visible dans les images diffusĂ©es par les mĂ©dias. Mais il est gravĂ© dans les donnĂ©es dĂ©mographiques de Gaza. Il rĂ©sonne dans le dernier message vocal d’un mĂ©decin dĂ©semparĂ©, incapable de soigner ses patients. Il transparaĂźt dans les tĂ©moignages des parents qui enterrent leurs enfants les uns aprĂšs les autres. Et il est codifiĂ© Ă  chaque dĂ©cision politique bloquant l’aide humanitaire, bombardant les hĂŽpitaux et qualifiant la famine de “pression nĂ©cessitaire”.

Les morts indirectes sont peut-ĂȘtre plus difficiles Ă  photographier, mais elles n’en sont pas moins rĂ©elles, moins intentionnelles et mĂ©ritent tout autant d’ĂȘtre pleurĂ©es et dĂ©noncĂ©es. Elles constituent un gĂ©nocide dĂ©guisĂ©. Un meurtre Ă  petit feu. Et elles doivent ĂȘtre recensĂ©es.

Projections multi-scénarios : estimations basses, moyennes et élevées

Il est intrinsĂšquement complexe d’estimer l’ampleur rĂ©elle des morts massives durant un gĂ©nocide, en particulier dans des conditions de blocus, de black-out mĂ©diatique et d’extermination systĂ©matique. Les corps restent ensevelis sous les dĂ©combres. Les hĂŽpitaux ne disposent plus d’aucun systĂšme d’enregistrement. Les survivants meurent avant d’avoir pu parler. La dĂ©sinformation coloniale inonde le discours mondial. Et pourtant, comme pour toute atrocitĂ©, refuser de compter les morts est une autre forme de complicitĂ©.

Pour rĂ©pondre Ă  cette incertitude sans rien occulter, ce rapport propose trois projections de mortalitĂ© pour Gaza entre le 7 octobre 2023 et le 25 mars 2025. Ces scĂ©narios – faible, moyen et Ă©levĂ© – ne sont pas des hypothĂšses thĂ©oriques. Ils s’appuient sur des donnĂ©es rĂ©elles, des rapports de terrain et un modĂšle de mortalitĂ© en cas de gĂ©nocide. Chacun reflĂšte un ensemble d’hypothĂšses distinctes sur le nombre de Palestiniens tuĂ©s non seulement par les bombes israĂ©liennes, mais aussi par l’infrastructure de mort construite autour d’eux.

Prévision minimale (estimation prudente) : décÚs directs confirmés uniquement

Ce scĂ©nario inclut uniquement les dĂ©cĂšs officiellement documentĂ©s par le ministĂšre de la SantĂ© de Gaza et corroborĂ©s par les agences des Nations unies, soit actuellement environ 50 000 Palestiniens confirmĂ©s tuĂ©s en mars 2025 (dont environ 48 000 Ă  Gaza). Ce chiffre exclut les morts encore sous les dĂ©combres, ceux qui sont morts de faim, de dĂ©shydratation, d’infection, de complications lors de l’accouchement ou de blessures non soignĂ©es.

Il s’agit d’une base de rĂ©fĂ©rence, et non d’une image rĂ©aliste, d’un minimum statistique, et non d’un minimum moral. MĂȘme dans ce cas, ce chiffre “minimum” est effrayant. Il dĂ©passe le nombre total de morts civils dans de nombreuses guerres sur plusieurs annĂ©es. Il dĂ©passe le bilan immĂ©diat d’Hiroshima. Et contrairement Ă  un Ă©vĂ©nement isolĂ©, il rĂ©sulte d’une campagne militaire et politique soutenue et dĂ©libĂ©rĂ©e, sous les yeux du monde entier, sans grandes rĂ©percussions. À lui seul, ce scĂ©nario constituerait dĂ©jĂ  un massacre historique de civils au regard de toute norme juridique ou morale.

Scénario intermédiaire (probabilité modérée) : nombre corrigé de morts directes + indirectes partielles

Ce scĂ©nario se base sur le nombre corrigĂ© de dĂ©cĂšs directs, soit environ 128 761, qui tient compte des cas non signalĂ©s, des personnes disparues et des corps non retrouvĂ©s. Il applique ensuite un multiplicateur prudent pour les dĂ©cĂšs indirects, tirĂ© de prĂ©cĂ©dents dans des zones de conflit. Par exemple, si l’on estime que pour chaque personne tuĂ©e directement, une autre meurt indirectement, le nombre total de morts double pour atteindre environ 257 500. Si le multiplicateur augmente modestement, par exemple Ă  1,5 fois le nombre de dĂ©cĂšs indirects, le bilan atteint environ 322 000 morts.

L’estimation mĂ©diane est fixĂ©e Ă  environ 300 000 morts, ce qui correspond Ă  un scĂ©nario oĂč une partie de l’aide humanitaire a Ă©tĂ© acheminĂ©e aux civils, certains hĂŽpitaux ont fonctionnĂ© de maniĂšre intermittente et toutes les infrastructures n’ont pas Ă©tĂ© totalement dĂ©truites, conditions qui, malheureusement, n’ont Ă©tĂ© remplies que de maniĂšre sporadique. Cette estimation moyenne implique que plus d’un Palestinien sur huit Ă  Gaza est mort, soit une mortalitĂ© comparable Ă  celle du gĂ©nocide rwandais, oĂč une personne sur sept a Ă©tĂ© tuĂ©e en 100 jours.

C’est toujours un gĂ©nocide. Et pourtant, cela implique une survie partielle, et non un effondrement total. Ce scĂ©nario reflĂšte une version des Ă©vĂ©nements dans laquelle le pire a Ă©tĂ© attĂ©nuĂ©, malgrĂ© de nombreuses preuves que les forces israĂ©liennes ont bloquĂ© l’aide, bombardĂ© des convois et utilisĂ© la famine comme arme.

Scénario élevé (projection génocidaire dans le pire des cas) : nombre total de morts directes et indirectes

Ce scénario est extrapolé à partir des multiplicateurs de mortalité détaillés dans la section précédente :

  • Multiplicateur de 9 pour la mort d’enfants, reflĂ©tant l’extrĂȘme vulnĂ©rabilitĂ© et la forte proportion de jeunes dans la population de Gaza.
  • Multiplicateur de 6 pour la mort d’adultes, reflĂ©tant l’effondrement des systĂšmes de santĂ©, des systĂšmes alimentaires et des infrastructures de base causĂ© par le blocus.

Dans ce contexte, le nombre total de morts prĂ©vu atteint entre 936 000 et 960 000 Palestiniens, soit prĂšs d’un million d’ĂȘtres humains, dont la majoritĂ© sont des enfants. Cela signifie que le gĂ©nocide aurait dĂ©jà exterminĂ© entre 40 % et 45 % de la population totale de Gaza en mars 2025. Il ne s’agit pas d’une projection fantaisiste. C’est la consĂ©quence logique d’une campagne soutenue et sans relĂąche de destruction, de famine, de propagation de maladies, de privation de soins mĂ©dicaux et de bombardements indiscriminĂ©s.

Les signes annonciateurs d’un tel scĂ©nario, partiel ou total, sont dĂ©jĂ  perceptibles :

  • Le taux brut de mortalitĂ© Ă  Gaza a dĂ©passĂ© les seuils de crise mondiale.
  • Les cimetiĂšres sont dĂ©bordĂ©s.
  • Des cadavres gisent dans les rues.
  • Des fosses communes sont creusĂ©es par des enfants.
  • Des gens meurent en faisant la queue pour obtenir de la farine.
  • Des enfants sont abattus alors qu’ils courent aprĂšs des camions d’aide humanitaire.
  • Les responsables israĂ©liens continuent de parler de “rayer Gaza de la carte” sans aucune rĂ©percussion internationale.

Si rien ne change, le scĂ©nario pessimiste n’est pas seulement plausible, il est hautement probable.

Tableau récapitulatif des scénarios

GĂ©nocide total – multiplicateurs de 9×/6× appliquĂ©s aux dĂ©cĂšs d’enfants/d’adultes.

MĂȘme le scĂ©nario le plus prudent – 50 000 civils confirmĂ©s tuĂ©s – constitue un crime contre l’humanitĂ© d’une ampleur historique. Ce chiffre rivalise ou dĂ©passe le nombre total de victimes civiles de la guerre de Bosnie en trois ans. Il est comparable au bombardement d’Hiroshima, qui a tuĂ© environ 70 000 personnes instantanĂ©ment. Il dĂ©passe de loin le nombre de victimes d’atrocitĂ©s plus largement reconnues, et pourtant le monde continue de lĂ©gitimer la destruction de Gaza au nom de la “sĂ©curitĂ©â€.

La projection mĂ©diane de 300 000 morts classerait ce gĂ©nocide parmi les massacres civils les plus meurtriers depuis la Seconde Guerre mondiale, Ă©clipsant le nombre de morts proportionnel au Rwanda. En chiffres absolus, cela place la campagne d’IsraĂ«l au mĂȘme rang que les gĂ©nocides mondiaux, mais elle se dĂ©roule en temps rĂ©el, sous les yeux du monde entier, avec la complicitĂ© des puissances mondiales qui la financent, l’arment et la justifient.

Le scĂ©nario le plus pessimiste, qui approche le million de morts, est Ă  peine concevable. Et pourtant, il n’est pas impensable. Il est statistiquement et structurellement cohĂ©rent avec les destructions dĂ©jĂ  orchestrĂ©es par IsraĂ«l, avec ce blocus qui perdure et les dĂ©clarations publiques des responsables israĂ©liens appelant Ă  l’anĂ©antissement total des infrastructures civiles de Gaza.

En rĂ©sumĂ©, les trois scĂ©narios, mĂȘme le plus “modeste” d’entre eux, aboutissent Ă  la mĂȘme conclusion :

L’assaut d’IsraĂ«l contre Gaza est gĂ©nocidaire tant dans son intention que dans ses effets.

Que “seulement” 50 000 personnes aient Ă©tĂ© tuĂ©es ou prĂšs d’un million, il ne s’agit pas lĂ  des dommages collatĂ©raux de la guerre. Il s’agit de l’Ă©radication ciblĂ©e d’une population protĂ©gĂ©e par le blocus, les bombardements, la famine, la destruction des infrastructures et les traumatismes psychologiques et physiques de masse.

Dans les chapitres suivants, je dĂ©taille comment cette mort massive n’est pas un alĂ©a de la guerre, mais le rĂ©sultat d’une politique dĂ©libĂ©rĂ©e, dĂ©montrant que le gĂ©nocide, n’est pas une consĂ©quence, mais bien la stratĂ©gie elle-mĂȘme.

La vie (et la mort) sous blocus : famine, soif et maladie

“Ils ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s de force Ă  maintes reprises vers des zones qui ne sont ni sĂ»res ni salubres. Les gens n’ont pas accĂšs Ă  l’essentiel, comme la nourriture, l’eau potable, les mĂ©dicaments et le savon, en raison d’un blocus et d’un siĂšge impitoyables”.

— Dr Chris Lockyear, MĂ©decins Sans FrontiĂšres (MSF)

Il ne s’agit pas d’une crise humanitaire, mais d’une stratĂ©gie gĂ©nocidaire dĂ©libĂ©rĂ©e. AprĂšs le 7 octobre 2023, le rĂ©gime israĂ©lien a intensifiĂ© son offensive contre Gaza en imposant un “blocus total” : un bouclage complet interdisant l’accĂšs Ă  la nourriture, Ă  l’eau, Ă  l’Ă©lectricitĂ©, aux mĂ©dicaments, au carburant et Ă  l’aide humanitaire. Cela n’a pas Ă©tĂ© dissimulĂ©. Cela a fait l’objet de dĂ©clarations publiques. Les dirigeants israĂ©liens ont ouvertement jurĂ© de traiter les Palestiniens comme des “animaux humains”, justifiant la famine, la dĂ©shydratation et l’effondrement du systĂšme mĂ©dical comme des objectifs tactiques. Ce faisant, ils ont transformĂ© le blocus en un systĂšme d’extermination systĂ©matique, une exĂ©cution lente de toute une population par la privation forcĂ©e.

Au cours des mois suivants, le blocus est devenu plus qu’une punition collective, il s’est muĂ© en condamnation Ă  mort. Les infrastructures de Gaza n’ont pas seulement Ă©tĂ© dĂ©tĂ©riorĂ©es, elles ont Ă©tĂ© dĂ©truites. IsraĂ«l a bombardĂ© des boulangeries, rasĂ© des terres agricoles, attaquĂ© les rĂ©seaux d’approvisionnement en eau et coupĂ© l’Ă©lectricitĂ© et le carburant. Des camions d’aide humanitaire ont Ă©tĂ© bombardĂ©s. Les checkpoints frontaliers ont Ă©tĂ© fermĂ©s. Des convois ont Ă©tĂ© bombardĂ©s en plein jour. RĂ©sultat : non pas le chaos, mais une privation systĂ©matique et calculĂ©e. Et Ă  mesure que le blocus s’intensifiait, le nombre de morts indirectes a explosĂ©.

La famine, une politique, et non un coup du sort

Au dĂ©but de l’annĂ©e 2024, la faim s’est transformĂ©e en famine dans plusieurs secteurs. L’UNRWA a averti que les rĂ©serves alimentaires s’Ă©puisaient et que la famine sĂ©vissait dĂ©sormais dans presque toute la bande de Gaza. Des familles ont dĂ©clarĂ© passer plusieurs jours sans manger. Certains ont survĂ©cu en se nourrissant de feuilles. D’autres ont mangĂ© de la nourriture pour animaux ou bu du bouillon de mauvaises herbes. Les mĂšres ont diluĂ© le lait en poudre jusqu’Ă  ne plus ĂȘtre de l’eau sale. Les enfants de Gaza, dĂ©jĂ  mal nourris aprĂšs des annĂ©es de blocus, ont commencĂ© Ă  mourir de faim sous les yeux de leur famille. Il ne s’agit pas d’une “consĂ©quence non intentionnelle” mais d’une famine orchestrĂ©e, facilitĂ©e par l’obstruction coordonnĂ©e de l’aide humanitaire et le bombardement systĂ©matique des infrastructures agricoles.

Il est devenu presque impossible de trouver de l’eau potable. IsraĂ«l a bombardĂ© les usines de dessalement, les canalisations d’eau et les systĂšmes d’assainissement de Gaza. Sans carburant, les puits municipaux ne peuvent plus fonctionner. Les habitants ont commencĂ© Ă  boire de l’eau contaminĂ©e par les Ă©gouts. Les enfants ont succombĂ© Ă  des maladies diarrhĂ©iques Ă  un rythme record. Dans l’un des tĂ©moignages les plus glaçants, un responsable de la santĂ© Ă  Gaza a dĂ©clarĂ© :

“On ne meurt pas seulement Ă  cause des bombes, mais aussi Ă  cause de l’eau”.

Ce ne sont pas des cas isolĂ©s. L’ensemble des infrastructures civiles de Gaza a Ă©tĂ© dĂ©truit, intentionnellement.

Le systÚme médical, théùtre des combats

Les hĂŽpitaux n’ont pas Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©s. Ils ont Ă©tĂ© pris pour cibles. En dĂ©cembre 2024, moins de la moitiĂ© des 36 hĂŽpitaux de Gaza Ă©taient encore partiellement fonctionnels. Beaucoup ont Ă©tĂ© directement pilonnĂ©s. L’embargo sur le carburant a paralysĂ© les gĂ©nĂ©rateurs. Les blocs opĂ©ratoires ont Ă©tĂ© plongĂ©s dans le noir. Les mĂ©decins ont amputĂ© sans anesthĂ©sie, Ă  la lumiĂšre des lampes torches de leurs tĂ©lĂ©phones portables, dans des salles d’opĂ©ration maculĂ©es de sang. Les machines de dialyse, les rĂ©animateurs et les respirateurs ont cessĂ© de fonctionner. Les patients atteints de cancer et les diabĂ©tiques sont morts dans le silence. Les nouveau-nĂ©s en soins intensifs ont luttĂ© pour respirer, faute d’incubateurs.

L’Organisation mondiale de la santĂ© a recensĂ© plus de 100 attaques contre des hĂŽpitaux et des cliniques, qualifiant cette situation de l’une des agressions les plus soutenues contre des infrastructures mĂ©dicales de l’histoire moderne. MSF a elle-mĂȘme signalĂ© 41 attaques contre ses installations et ses convois au cours de la premiĂšre annĂ©e. Les ambulances ont Ă©tĂ© prises pour cible ou interceptĂ©es. Des mĂ©decins ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, torturĂ©s ou tuĂ©s. Les soins de santĂ© ne constituent pas des dommages collatĂ©raux, mais bien une cible privilĂ©giĂ©e.

À l’intĂ©rieur de ces hĂŽpitaux assiĂ©gĂ©s, les conditions sont apocalyptiques. Les stocks s’Ă©puisent. Il n’y a plus de gants, d’antiseptiques, de perfusions, ni de gaze. Emad Jibreel, un patient de l’hĂŽpital Al-Shifa, raconte avoir passĂ© huit jours sans que sa blessure infectĂ©e ne soit soignĂ©e :

“Les mĂ©decins et les infirmiĂšres ne pouvaient pas s’occuper de nous parce qu’ils n’avaient ni gants ni gaze”.

Des hĂŽpitaux entiers sont devenus des prisons. Les patients, les familles dĂ©placĂ©es et le personnel mĂ©dical ont Ă©tĂ© piĂ©gĂ©s durant les assauts israĂ©liens. À Al-Shifa, Al-Quds et Ă  l’hĂŽpital indonĂ©sien, des survivants ont rapportĂ© s’ĂȘtre vu refuser l’Ă©vacuation pendant des jours. Des enfants blessĂ©s se sont vidĂ©s de leur sang parce que les soldats refusaient de les laisser partir. Un garçon, touchĂ© Ă  l’abdomen, a Ă©tĂ© contraint d’attendre “des heures” avant d’ĂȘtre libĂ©rĂ©. Mais il Ă©tait trop tard.

Ce ne sont pas des morts accidentelles. Chaque vie perdue Ă  cause du blocus sur le carburant, de l’effondrement des hĂŽpitaux ou des frappes aĂ©riennes ciblĂ©es est une mort due Ă  une politique, un meurtre perpĂ©trĂ© par le mĂ©canisme du blocus.

Effondrement du systÚme de santé publique et propagation des maladies

Au dĂ©but de l’annĂ©e 2025, tous les indicateurs de survie humaine Ă  Gaza ont chutĂ©. La malnutrition infantile a augmentĂ©. MSF a observĂ© des cas de retard de croissance et de dommages cognitifs irrĂ©versibles dus Ă  la famine. Des femmes enceintes ont accouchĂ© de bĂ©bĂ©s mort-nĂ©s Ă  cause de complications non traitĂ©es et d’un stress psychologique intense. De nouvelles Ă©pidĂ©mies de rougeole, de polio et de tuberculose se sont propagĂ©es dans les camps surpeuplĂ©s avec l’effondrement des programmes de vaccination. Les personnes dĂ©placĂ©es ont vĂ©cu dans des campements de fortune, sans abri ni installations sanitaires. Des gens sont morts de froid en hiver. Des Palestiniens handicapĂ©s, incapables de fuir les bombardements, ont Ă©tĂ© brĂ»lĂ©s vifs dans leurs maisons.

Les troubles psychiques se sont multipliĂ©s. Les tentatives de suicide ont augmentĂ© Ă  mesure que le dĂ©sespoir s’est emparĂ© de la population. Les habitants de Gaza, dont 90 % ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s de force, ont vĂ©cu dans des conditions propices Ă  la souffrance. Selon MSF :

“L’eau est devenue une arme de guerre”.

Le blocus n’est pas seulement une attaque contre les infrastructures. C’est une attaque contre toute Ă©ventualitĂ© de survie. Il condamne mĂȘme ceux qui ont survĂ©cu Ă  la premiĂšre vague de bombardements Ă  une mort lente et avilissante par attrition, famine, dĂ©shydratation, exposition aux intempĂ©ries, infections et blessures non traitĂ©es.

La famine comme crime de guerre, le blocus comme génocide

Il ne s’agit pas d’une violation thĂ©orique du droit international, mais d’une atrocitĂ© en cours, avec une intention claire et documentĂ©e. Human Rights Watch a dĂ©clarĂ© sans Ă©quivoque :

“Le gouvernement israĂ©lien a recours Ă  la famine comme arme de guerre contre les civils dans la bande de Gaza, commettant un crime de guerre en violation du droit international”.

L’impact est tangible dans les donnĂ©es. En juin 2024, The Lancet a rapportĂ© que le taux brut de mortalitĂ© Ă  Gaza a Ă©tĂ© multipliĂ© par dix, principalement en raison de causes indirectes directement liĂ©es aux conditions du blocus. Cette hausse ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme collatĂ©rale : c’est le rĂ©sultat quantifiable d’une stratĂ©gie qui a transformĂ© tous les besoins humains en armes.

En termes juridiques, ces conditions répondent à la définition du génocide selon la Convention des Nations unies :

“Le fait de soumettre intentionnellement un groupe Ă  des conditions d’existence devant entraĂźner sa destruction physique totale ou partielle”.

Quelle meilleure preuve faut-il ? La nourriture de Gaza est bombardée. Son eau est empoisonnée. Ses hÎpitaux sont attaqués. Ses médecins sont massacrés. Son aide humanitaire est bloquée. Ses enfants meurent de faim. Ses malades sont abandonnés. Ses blessés sont exécutés ou laissés pour morts. Leurs corps sont enterrés dans des fosses communes car les cimetiÚres sont pleins.

Ce n’est pas de la nĂ©gligence. C’est un gĂ©nocide par blocus.

La communautĂ© internationale doit comprendre que le blocus n’est pas seulement une tactique, c’est une machine Ă  tuer. Il tue sans explosions, sans incendies, mais avec une certitude absolue. Le gĂ©nocide de Gaza ne se chiffre pas seulement en bombes larguĂ©es, mais aussi en nourriture confisquĂ©e, en mĂ©dicaments interdits et en souffrances endurĂ©es.

Ces morts peuvent ĂȘtre qualifiĂ©es d’“indirectes”, mais elles sont directes dans leur conception, directes dans leur intention et directes dans leur responsabilitĂ©.

“Nulle part oĂč se rĂ©fugier” : les hĂŽpitaux, les Ă©coles et les camps de rĂ©fugiĂ©s pris pour cibles

ParallĂšlement Ă  la famine provoquĂ©e par le blocus, le rĂ©gime israĂ©lien a systĂ©matiquement attaquĂ© les refuges les plus vitaux de Gaza : hĂŽpitaux, Ă©coles, abris de l’ONU, camps de rĂ©fugiĂ©s. Ces sites, protĂ©gĂ©s par le droit international, sont devenus des zones de mort dĂ©libĂ©rĂ©es, transformĂ©s de lieux de soins et de refuge en lieux de carnage et de mort massive. Ces attaques ne sont pas fortuites. Elles sont dĂ©libĂ©rĂ©es. Elles constituent une attaque non seulement contre des corps, mais aussi contre la survie collective de Gaza.

Le schĂ©ma est sans Ă©quivoque : dĂ©truire tout ce qui protĂšge, soigne ou Ă©duque la population. Bombarder les lieux mĂȘmes vers lesquels les familles sont invitĂ©es Ă  fuir. Nier totalement le concept de refuge. Cette stratĂ©gie gĂ©nocidaire ne se limite pas Ă  l’anĂ©antissement physique, elle vise Ă©galement Ă  dĂ©truire psychologiquement, en inspirant la terreur Ă  l’idĂ©e mĂȘme et Ă  la notion de sĂ©curitĂ©.

Les hĂŽpitaux : de lieux de soins Ă  des sites d’exĂ©cution

Les hĂŽpitaux de Gaza, bondĂ©s de malades, de blessĂ©s et de personnes dĂ©placĂ©es, sont devenus des cibles militaires. L’exemple le plus tristement cĂ©lĂšbre s’est produit en novembre 2023, puis Ă  nouveau en mars 2024, lorsque l’hĂŽpital Al-Shifa, le plus grand centre mĂ©dical de Gaza, a Ă©tĂ© envahi par les troupes israĂ©liennes. Des chars ont encerclĂ© le complexe. Des snipers ont pris position sur les toits. Des services entiers ont Ă©tĂ© pris d’assaut. Des grenades assourdissantes ont Ă©tĂ© lancĂ©es dans les couloirs encombrĂ©s de civils. Des patients et des mĂ©decins ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s, arrĂȘtĂ©s ou ont disparu. Plus de 30 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es durant les raids et des centaines d’autres ont Ă©tĂ© enlevĂ©es dans l’enceinte de l’hĂŽpital.

Al-Shifa accueillait des prĂ©maturĂ©s, des patients en soins intensifs et des milliers de familles dĂ©placĂ©es qui s’abritaient des bombardements. Lorsque les forces israĂ©liennes se sont retirĂ©es, l’hĂŽpital Ă©tait dĂ©truit et inutilisable. NPR a interviewĂ© des survivants qui ont vu les soldats ouvrir le feu dans les couloirs et emmener les mĂ©decins menottĂ©s. Un mĂ©decin a simplement dĂ©clarĂ© :

“Nous ne comprenons pas le but de cette destruction totale et absolue… derriĂšre les meurtres, la torture, le blocus. Nous sommes des civils. Nous n’avons personne d’autre que Dieu”.

Mais Al-Shifa n’Ă©tait pas un cas isolĂ©. Il s’agissait du maillon d’une chaĂźne d’attaques plus gĂ©nĂ©ralisĂ©e :

  • L’hĂŽpital Al-Ahli Arab a Ă©tĂ© frappĂ© par une puissante explosion le 17 octobre 2023, tuant entre 200 et 300 civils qui s’y Ă©taient rĂ©fugiĂ©s. MalgrĂ© les dĂ©nĂ©gations israĂ©liennes, une enquĂȘte internationale a permis d’Ă©tablir que l’explosion provenait de munitions israĂ©liennes.
  • L’hĂŽpital Al-Quds a Ă©tĂ© bombardĂ© Ă  plusieurs reprises et a reçu des ordres d’Ă©vacuation sous le feu.
  • L’hĂŽpital indonĂ©sien a Ă©tĂ© assiĂ©gĂ©, son personnel travaillant dans l’obscuritĂ© Ă  la lueur des bougies.
  • En mars 2025, l’hĂŽpital Nasser de Khan Younis a Ă©tĂ© frappĂ©, tuant au moins cinq personnes, poussant MSF Ă  condamner cette attaque comme “absolument inacceptable”.

Fin 2024, plus de 32 Ă©tablissements mĂ©dicaux ont Ă©tĂ© bombardĂ©s. Des dizaines d’ambulances ont Ă©tĂ© dĂ©truites. Plus de 120 professionnels de santĂ© ont Ă©tĂ© tuĂ©s, dont au moins 25 mĂ©decins et plus de 50 infirmiĂšres. L’Organisation mondiale de la santĂ© a qualifiĂ© Gaza de “zone de mort sanitaire”.

Chaque hĂŽpital dĂ©truit constituait un double coup dur : l’agression tuait ceux qui s’y trouvaient et privait de soins d’innombrables personnes qui auraient pu survivre. Les rĂ©percussions de chaque bombardement ont touchĂ© l’ensemble de la population. Une artĂšre sectionnĂ©e qu’on laisse se vider de son sang. Une fiĂšvre non traitĂ©e. Un nouveau-nĂ© qui agonise dans une piĂšce sombre, sans oxygĂšne. Ce sont lĂ  les consĂ©quences dĂ©libĂ©rĂ©es d’un rĂ©gime qui criminalise l’acte de sauver des vies palestiniennes.

Écoles et abris de l’ONU : fin de la zone de sĂ©curitĂ©

Tout au long du gĂ©nocide, les Palestiniens ont reçu l’ordre, souvent par le biais de tracts de propagande israĂ©liens ou d’agences internationales, d’Ă©vacuer vers des “zones de sĂ©curitĂ© dĂ©signĂ©es”. Ces zones comprenaient des Ă©coles et des abris de l’ONU, dont beaucoup avaient communiquĂ© leurs coordonnĂ©es GPS exactes aux forces israĂ©liennes. MalgrĂ© cela, elles ont Ă©tĂ© attaquĂ©es Ă  plusieurs reprises.

À la mi-2024, les Nations unies ont recensé au moins 50 attaques contre ses installations. Parmi celles-ci :

  • Le 31 octobre 2023, une frappe aĂ©rienne israĂ©lienne sur le camp de rĂ©fugiĂ©s de Jabalia a touchĂ© une Ă©cole bondĂ©e de l’ONU, tuant au moins 50 personnes.
  • L’Ă©cole Al-Fakhura à Jabalia, qui abritait des centaines de personnes, a Ă©tĂ© bombardĂ©e – une nouvelle fois – rappelant le tristement cĂ©lĂšbre bombardement dont elle a Ă©tĂ© victime durant l’assaut israĂ©lien sur Gaza en 2009.
  • En mars 2025, 178 membres du personnel de l’UNRWA, dont des enseignants, des ingĂ©nieurs et des travailleurs humanitaires, ont Ă©tĂ© tuĂ©s dans l’exercice de leurs missions humanitaires.

Les familles palestiniennes rĂ©fugiĂ©es dans ces abris “sĂ»rs” ont ensuite Ă©tĂ© vues en train de fouiller les dĂ©combres des bĂątiments scolaires Ă©croulĂ©s pour retrouver les corps de leurs enfants. L’expression “il n’y a plus nulle part oĂč se rĂ©fugier” n’est plus seulement un cri de dĂ©sespoir, mais une rĂ©alitĂ© empirique, relayĂ©e par des milliers de tĂ©moignages de survivants.

Camps de réfugiés et zones résidentielles : la densité civile prise pour cible

Les camps de rĂ©fugiĂ©s de Gaza, parmi les endroits les plus densĂ©ment peuplĂ©s de la planĂšte, ont Ă©tĂ© frappĂ©s avec un acharnement inouĂŻ. Fin 2024, plusieurs frappes aĂ©riennes massives ont creusĂ© des cratĂšres au cƓur du camp de Jabalia, dĂ©truisant des immeubles entiers. Des familles Ă©largies, comptant parfois 30 ou 40 membres, ont Ă©tĂ© rayĂ©es de la carte. Les camps d’Al-Shati (Beach) et de Maghazi ont Ă©galement subi des bombardements dĂ©vastateurs.

Le motif officiel est toujours le mĂȘme : la prĂ©sence prĂ©sumĂ©e de combattants Ă  proximitĂ©. Mais l’issue est toujours la mĂȘme : des massacres de civils, des corps d’enfants extraits des dĂ©combres, des quartiers rayĂ©s de la carte. Une enquĂȘte de l’ONU a rĂ©vĂ©lĂ© que 70 % des victimes de ces frappes sur des zones rĂ©sidentielles sont des femmes et des enfants, illustrant clairement le caractĂšre alĂ©atoire des attaques et le mĂ©pris systĂ©matique pour la vie des Palestiniens.

Les tĂ©moignages comme preuves : ce qu’ont vu et vĂ©cu les survivants

Nariman Qanita, une survivante vivant prĂšs de l’hĂŽpital Al-Shifa, se souvient de l’horreur des raids :

“On pouvait encore entendre les cris des enfants couchĂ©s dans leur chambre, des enfants de 12 et 13 ans. Ils criaient ‘baba, baba’. Nous avons vu un enfant se vider de son sang… Sa blessure Ă©tait large d’au moins 20 centimĂštres”.

Le garçon a saignĂ© pendant des heures, sans qu’aucun secours mĂ©dical ne soit autorisĂ©. AprĂšs que les forces israĂ©liennes ont Ă©vacuĂ© de force le bĂątiment, Nariman est revenue pour trouver sa maison rĂ©duite en ruines.

“On ne peut plus vivre dans des maisons dĂ©truites. OĂč pouvons-nous aller ?” a-t-elle suppliĂ©.

“Pendant que vous prĂ©parez vos beaux habits et vos gĂąteaux pour l’AĂŻd, nous prĂ©parons des linceuls et rĂ©flĂ©chissons Ă  la maniĂšre de rĂ©cupĂ©rer les corps enfouis sous nos maisons. Ça suffit maintenant”.

Ses paroles n’ont rien d’exceptionnel. Elles sont universelles parmi les survivants de Gaza, ceux qui ont survĂ©cu Ă  une sĂ©rie d’attaques pour finalement enterrer leurs familles et dormir dans les ruines.

Génocide planifié : pas de refuge, pas de survie

Ces attaques ne sont ni alĂ©atoires, ni lĂ©gitimes au regard du droit de la guerre. Elles s’attaquent Ă  la notion mĂȘme de refuge. Chaque hĂŽpital dĂ©truit est un avertissement : guĂ©rir est interdit. Chaque Ă©cole bombardĂ©e proclame : vos enfants ne sont pas en sĂ©curitĂ©. Chaque refuge transformĂ© en charnier tĂ©moigne d’une logique implacable : les Palestiniens ne doivent avoir nulle part oĂč vivre, se reposer, rĂȘver ou survivre.

Le but n’est en rien l’autodĂ©fense. Il s’agit d’une destruction sociĂ©tale, destinĂ©e Ă  briser les lieux de rĂ©silience de la communautĂ©, Ă  anĂ©antir ses institutions civiles et Ă  terroriser la population jusqu’Ă  la priver de toute existence viable. Telles sont les stratĂ©gies clĂ©s du nettoyage ethnique et du gĂ©nocide. DĂ©truire les maisons. DĂ©truire les cliniques. DĂ©truire les Ă©coles. Et ne laisser aux survivants d’autre choix que les fosses communes ou l’exil dĂ©finitif.

Que reste-t-il lorsqu’il n’y a plus d’hĂŽpitaux, plus d’Ă©coles, plus de refuges et plus de rĂȘves ?

Ce qui reste, c’est le gĂ©nocide, non par omission, mais Ă  dessein.

Chaque bombe larguĂ©e sur un hĂŽpital, chaque frappe sur une salle de classe, chaque enfant tuĂ© alors qu’il se rĂ©fugiait sous le drapeau de l’ONU n’est pas qu’un acte de guerre, c’est un crime de guerre, un crime contre l’humanitĂ©, qui s’inscrit dans une campagne d’extermination planifiĂ©e. Le monde doit cesser de se voiler la face.

Analyse décoloniale : la violence coloniale effrénée

Pour saisir l’ampleur et la structure du gĂ©nocide Ă  Gaza, il faut le replacer dans le continuum historique de la violence coloniale sioniste, sans le rĂ©duire Ă  un “conflit” isolĂ© ou Ă  une rĂ©action aux Ă©vĂ©nements du 7 octobre 2023. Les massacres qui se sont dĂ©roulĂ©s Ă  partir de 2023 et se poursuivent en 2025 ne sont pas une exception, mais l’aboutissement prĂ©visible d’un projet colonial vieux de plusieurs dĂ©cennies visant Ă  Ă©liminer, asservir et fracturer la population palestinienne autochtone. Gaza n’est pas seulement une bande de terre assiĂ©gĂ©e, c’est une poche de concentration de rĂ©fugiĂ©s, oĂč la majoritĂ© des habitants sont des survivants (ou des descendants de survivants) de la Nakba de 1948, expulsĂ©s de force de leurs foyers Ă  travers la Palestine historique.

Depuis plus de 75 ans, cette population est systĂ©matiquement ghettoĂŻsĂ©e, surveillĂ©e, bombardĂ©e, bloquĂ©e et privĂ©e de retour. La transformation de Gaza en enclave carcĂ©rale, puis en camp de la mort, n’a pas dĂ©butĂ© en 2023. Elle est le rĂ©sultat d’une longue idĂ©ologie fondatrice de l’État colonial : les Palestiniens sont des obstacles Ă  Ă©liminer. Ce Ă  quoi nous assistons aujourd’hui n’est pas un Ă©cart, mais la poursuite de la logique fondamentale du sionisme : l’Ă©limination coloniale.

La rhétorique génocidaire comme modÚle politique

Les dirigeants israéliens ont clairement exprimé leurs intentions. Dans les jours qui ont suivi le 7 octobre, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré :

“Nous combattons des animaux humains… Nous agirons en consĂ©quence”.

Le prĂ©sident Isaac Herzog a affirmĂ©Â â€œqu’il n’y ait pas d’innocents Ă  Gaza”,

autorisant ainsi les massacres de masse aveugles.

Un haut responsable israĂ©lien a parlĂ© de “rayer la bande de Gaza de la scarte”, et un porte-parole militaire a dĂ©crit Gaza comme “une ville de tentes” à raser.

Ce langage n’est pas rhĂ©torique, c’est une doctrine opĂ©rationnelle. Il reflĂšte l’incitation au gĂ©nocide d’autres rĂ©gimes : les Tutsis qualifiĂ©s de “cafards” au Rwanda, les Juifs qualifiĂ©s de “vermines” par les nazis, les peuples autochtones considĂ©rĂ©s comme des “sauvages” par les empires coloniaux. Ce langage pave la voie Ă  l’extermination. Il permet aux soldats, aux pilotes, aux opĂ©rateurs de drones et aux colons d’assassiner des civils en masse sans aucun remords, car la population a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© qualifiĂ©e de sous-humaine et de sacrifiable.

Au-delà du “Hamas” : cibler le peuple

Les discours dominants prĂ©sentent souvent l’assaut israĂ©lien comme une campagne visant à “dĂ©truire le Hamas”. Mais le prisme colonialiste rĂ©vĂšle que la vĂ©ritable cible est le peuple palestinien lui-mĂȘme : ses vies, ses maisons, ses institutions, sa mĂ©moire et son avenir. L’attitude de dĂ©fi de Gaza – son refus de se soumettre Ă  l’apartheid, sa revendication du droit au retour, sa capacitĂ© Ă  rĂ©sister – est depuis longtemps perçue par l’extrĂȘme droite israĂ©lienne comme un “problĂšme Ă  rĂ©soudre”. La rĂ©ponse : l’anĂ©antissement.

La sĂ©rie d’Ă©vĂ©nements qui a suivi le 7 octobre – massacres, dĂ©placements forcĂ©s, blocus total, destruction des infrastructures, bombardements d’abris, d’hĂŽpitaux, de sources d’eau et d’Ă©coles – suit un scĂ©nario colonial bien connu :

  1. Terroriser la population pour la pousser vers l’exil.
  2. Rendre la terre inhabitable.
  3. Utiliser le déplacement comme ingénierie démographique.
  4. Punir la survie comme une forme de résistance.

Les responsables israĂ©liens ont ouvertement Ă©voquĂ© la possibilitĂ© de pousser les Palestiniens vers le SinaĂŻ Ă©gyptien, invoquant la logique du nettoyage ethnique. C’est lĂ  la fonction essentielle du gĂ©nocide colonial : il ne s’agit pas simplement de tuer, mais d’Ă©liminer les autochtones pour s’approprier leur terre. Comme l’a dĂ©clarĂ© AgnĂšs Callamard, secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale d’Amnesty International :

“Pendant des mois, IsraĂ«l s’est acharnĂ© Ă  commettre des actes gĂ©nocidaires, pleinement conscient du prĂ©judice irrĂ©parable qu’il inflige aux Palestiniens de Gaza”.

La dĂ©finition juridique du gĂ©nocide – “l’intention de dĂ©truire, tout ou partie, d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux” – est indĂ©niablement Ă©tablie lorsque l’on met en parallĂšle ces actes avec la rhĂ©torique et les objectifs Ă  long terme.

Complicité mondiale et pouvoir colonial

Le gĂ©nocide Ă  Gaza s’est dĂ©roulĂ© dans une impunitĂ© quasi totale, grĂące aux armes, au financement et Ă  la couverture diplomatique des États-Unis et de l’Europe. Des milliards d’aide militaire, des vetos Ă  l’ONU et une ingĂ©nierie de propagande ont protĂ©gĂ© IsraĂ«l des rĂ©percussions de ses crimes. Gaza, quant Ă  elle, reste un territoire occupĂ©, colonisĂ© et privĂ© d’État, dont la population est sĂ©questrĂ©e, collectivement punie et privĂ©e de la reconnaissance Ă©lĂ©mentaire de son humanitĂ©.

L’asymĂ©trie est absolue. IsraĂ«l est un État dotĂ© de l’arme nuclĂ©aire, d’un complexe militaro-industriel puissant et d’une couverture mĂ©diatique mondiale. Les Palestiniens de Gaza sont des civils piĂ©gĂ©s, en grande majoritĂ© des rĂ©fugiĂ©s, soumis depuis des dĂ©cennies Ă  un processus de dĂ©mantĂšlement et Ă  une famine intentionnelle. Il n’y a pas de “guerre d’Ă©gal Ă  Ă©gal”. Il y a un colonisateur et des colonisĂ©s. Un geĂŽlier et des prisonniers. Un État colon et le peuple autochtone qu’il cherche depuis longtemps Ă  effacer.

B’Tselem, une organisation israĂ©lienne de dĂ©fense des droits humains, l’a clairement indiquĂ© Ă  l’aube du gĂ©nocide :

“Il ne s’agit pas d’‘autodĂ©fense’. Il s’agit de violence coloniale par excellence, visant Ă  briser l’esprit d’un peuple opprimĂ© et Ă  ancrer un apartheid permanent”.

Gaza, un pogrom d’une ampleur sans prĂ©cĂ©dent

Ce Ă  quoi nous assistons n’est pas simplement un crime de guerre. C’est un pogrom d’une ampleur inimaginable, retransmis en temps rĂ©el dans le monde entier, dont les auteurs sont applaudis par bon nombre des gouvernements qui prĂ©tendaient autrefois s’opposer au gĂ©nocide. Gaza est devenue le laboratoire d’un double discours mondial, oĂč la mort par blocus, famine et frappes aĂ©riennes est justifiĂ©e parce que les victimes sont palestiniennes.

Les Palestiniens ne sont pas punis pour leur “terrorisme”, mais pour le simple fait d’exister, d’avoir survĂ©cu Ă  75 ans de dĂ©placement, d’occupation et d’exil. Pour avoir refusĂ© de renoncer Ă  leur identitĂ©, Ă  leur histoire et Ă  leur droit au retour. Pour continuer Ă  vivre. Le terme “chĂątiment collectif” ne suffit plus. L’effacement total des moyens de subsistance, de la langue, du patrimoine et de l’identitĂ© communautaire d’un peuple au nom d’un objectif militaire explicite est un gĂ©nocide, enracinĂ© dans le fantasme colonialiste sĂ©culaire d’une Palestine sans Palestiniens.

Cette vĂ©ritĂ© ne dĂ©pend pas de la politique de quiconque. Elle est visible sur les cadavres, dans les chiffres, dans les dĂ©clarations des responsables israĂ©liens et dans ce paysage de ruines qu’est Gaza. Elle est inscrite dans les donnĂ©es Ă©pidĂ©miologiques, dans les taux de famine, dans les cratĂšres oĂč se trouvaient hier encore des Ă©coles et dans les charniers oĂč gisent des enfants.

La décolonisation, seul espoir de justice

Ce gĂ©nocide ne prendra pas fin grĂące aux seuls cessez-le-feu. Les gestes symboliques et les miettes humanitaires n’y mettront pas un terme. Seul le dĂ©mantĂšlement du systĂšme colonial qui a engendrĂ© ce gĂ©nocide pourra y mettre fin. La paix vĂ©ritable ne peut se construire sur l’apartheid. La sĂ©curitĂ© ne peut coexister avec le blocus. La libertĂ© ne peut Ă©merger de l’occupation permanente.

L’analyse dĂ©coloniale soutient que la justice exige plus que la survie. Elle exige la libĂ©ration – de la terre, de la mĂ©moire, du retour. Elle exige que le peuple palestinien, Ă  Gaza et au-delĂ , soit reconnu non pas comme des victimes Ă  gĂ©rer, mais comme une nation dotĂ©e de droits inaliĂ©nables : le droit d’exister, le droit au retour, le droit de vivre libre de toute domination Ă©trangĂšre.

Comme au Darfour, Ă  Sarajevo et Ă  Alep, le gĂ©nocide doit ĂȘtre nommĂ©. Mais le nommer n’est qu’un dĂ©but. L’avenir de Gaza ne doit pas ĂȘtre dictĂ© par les armes de ses occupants, mais par la volontĂ© et la rĂ©sistance de son peuple, ainsi que par la solidaritĂ© de ceux qui refusent de regarder ailleurs.

ParallÚles historiques et comparaisons des taux de mortalité en temps de guerre

La campagne gĂ©nocidaire menĂ©e contre Gaza de 2023 Ă  2025 se distingue comme l’une des atrocitĂ©s les plus dĂ©vastatrices du XXIe siĂšcle, non seulement par son ampleur, mais aussi par son cynisme, son impunitĂ© et la destruction dĂ©libĂ©rĂ©e d’une population civile assiĂ©gĂ©e. Si chaque gĂ©nocide et chaque crime de guerre s’inscrit dans un contexte qui lui est propre, la comparaison entre Gaza et les atrocitĂ©s de masse commises par le passĂ© nous permet de mieux apprĂ©hender son ampleur, son intention structurelle et sa cruauté sans pareille. Ces comparaisons ne visent pas Ă  banaliser l’histoire, mais Ă  montrer comment Gaza s’inscrit dans la lignĂ©e des prĂ©cĂ©dents les plus extrĂȘmes en matiĂšre de massacres perpĂ©trĂ©s par un État, voire les dĂ©passe Ă  certains Ă©gards.

Comparaison du nombre de victimes : Gaza, un champ de bataille moderne

MĂȘme selon les estimations les plus prudentes (50 000 morts dĂ©but 2025), le gĂ©nocide de Gaza a largement dĂ©passĂ© le bilan des escalades rĂ©gionales passĂ©es :

  • Assaut de Gaza en 2014 : environ 2 250 morts
  • Guerre du Liban en 2006 : environ 1 100 morts
  • Guerre de Bosnie (1992-1995) : environ 38 000 Ă  40 000 civils tuĂ©s

Les estimations moyennes (environ 250 000 à 300 000 morts) placent Gaza parmi les campagnes les plus meurtriÚres depuis la Seconde Guerre mondiale, avec des chiffres comparables à ceux des événements suivants :

  • Le gĂ©nocide rwandais (environ 800 000 morts en seulement 100 jours)
  • La guerre amĂ©ricaine en Irak (2003-2011), avec des estimations allant de 200 000 Ă  500 000 morts violentes et indirectes au total

Les estimations les plus Ă©levĂ©es (~936 000-960 000 morts) placent Gaza au mĂȘme niveau que :

  • La partition de l’Inde (1947) : ~200 000-2 millions de morts dans des violences communautaires
  • Holodomor (1932-1933) : des millions de personnes sont mortes de faim sous le rĂ©gime de Staline
  • Guerre du Vietnam (environ 2 millions de victimes civiles), mais sur une dĂ©cennie, pas 18 mois

Mais Gaza n’est pas un continent, un pays, ni mĂȘme une grande ville. C’est une prison Ă  ciel ouvert de 40 km de long, plus petite que de nombreux districts mĂ©tropolitains. Si prĂšs d’un million de personnes sont mortes ou mourantes dans cet espace, ce serait l’un des taux de mortalitĂ© par habitant les plus Ă©levĂ©s de l’histoire moderne. Gaza n’est pas simplement une zone de guerre. C’est une zone de concentration soumise Ă  une extermination high-tech.

Proportion de la population tuée : Gaza, territoire sous génocide

Le nombre brut de morts est certes important, mais le génocide se mesure également en pourcentage de population exterminée. Ici, les souffrances de Gaza prennent des dimensions encore plus terrifiantes :

  • Estimation minimale (environ 50 000 morts) = environ 2 % de la population de Gaza (2,3 millions)
  • Estimation moyenne (environ 300 000 morts) = environ 13 % de la population
  • Estimation Ă©levĂ©e (environ 900 000 morts) = environ 40 % de la population, soit prĂšs de la moitiĂ©

À titre de comparaison :

  • Rwanda (1994) : environ 11 % de la population, environ 75 % de la communautĂ© tutsie
  • Cambodge sous les Khmers rouges (1975-1979) : environ 13 Ă  20 %
  • L’Holocauste : environ 67 % des Juifs d’Europe (1 Ă  2 % de la population totale de l’Europe)
  • GĂ©nocide armĂ©nien : environ 70 Ă  90 % des ArmĂ©niens sur le territoire ottoman

Si 40 % de la population de Gaza est tuĂ©e, Gaza figurera parmi les populations proportionnellement les plus exterminĂ©es de l’histoire moderne, et les enfants auront Ă©tĂ© les cibles d’une campagne meurtriĂšre prolongĂ©e des plus barbares .

La mort d’une gĂ©nĂ©ration : les enfants victimes de Gaza

La plupart des gĂ©nocides touchent de maniĂšre disproportionnĂ©e les populations vulnĂ©rables. À Gaza, le ciblage des enfants a atteint des proportions stupĂ©fiantes. Alors que dans de nombreuses guerres, les enfants reprĂ©sentent 10 Ă  20 % des victimes, Ă  Gaza :

  • DonnĂ©es vĂ©rifiĂ©es (2024) : 44 % des morts Ă©taient des enfants
  • Projections de mortalitĂ© indirecte due au blocus : plus de 50 % des morts sont des enfants

Aucune guerre moderne, pas mĂȘme au Rwanda, en Syrie ou au YĂ©men, n’a connu une Ă©limination aussi systĂ©matique d’enfants Ă  une telle Ă©chelle en si peu de temps. Lors du massacre de Srebrenica, les principales cibles Ă©taient les hommes et les adolescents. À Gaza, des nourrissons, des enfants en bas Ăąge, des Ă©coliers et des adolescents des deux sexes sont exterminĂ©s en masse, dans leurs maisons, leurs Ă©coles et leurs hĂŽpitaux.

Il ne s’agit pas de dommages collatĂ©raux. C’est structurel. C’est dĂ©libĂ©rĂ©.

Taux de mortalité en temps de guerre : ratio entre le nombre de civils et de combattants tués à Gaza

Historiquement, les conflits du XXe siĂšcle ont fait plus de victimes civiles que militaires :

  • Seconde Guerre mondiale : le nombre de morts parmi les civils est environ deux fois plus Ă©levĂ© que celui des militaires
  • Vietnam : le nombre de victimes civiles dĂ©passe largement celui des combattants

Mais Gaza reprĂ©sente une inversion sans prĂ©cĂ©dent : une attaque militaire oĂč la grande majoritĂ© des victimes sont des civils non armĂ©s. MĂȘme si l’on admet les affirmations non prouvĂ©es d’IsraĂ«l selon lesquelles 5 000 Ă  10 000 combattants du Hamas ont Ă©tĂ© tuĂ©s :

  • Sur un total de 50 000 morts → 80 Ă  90 % de civils
  • Sur plus de 300 000 morts → 96 Ă  98 % de civils

Le ratio civils/combattants est donc de 10 pour 1, voire plus, un chiffre qui dĂ©passe largement celui des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, oĂč la plupart des victimes Ă©taient des civils, mais ces frappes Ă©taient des Ă©vĂ©nements isolĂ©s. Gaza est le théùtre d’une campagne soutenue de bombardements aveugles visant des civils. Des juristes et des experts en droits de l’homme ont qualifiĂ© ces Ă©vĂ©nements de “massacre politique”.

C’est pire que Guernica. Pire que Dresde. C’est un gĂ©nocide qui se dĂ©roule en temps rĂ©el, sous la surveillance satellitaire, retransmis en direct dans le monde entier, et pourtant accueilli dans le silence ou avec l’approbation des grandes puissances.

Tactiques génocidaires : des schémas historiques récurrents

Les tactiques utilisées à Gaza rappellent les signes distinctifs des génocides historiques :

  • Transfert forcĂ© de population : IsraĂ«l a ordonnĂ© Ă  1,1 million de Palestiniens d’Ă©vacuer le nord de Gaza en octobre 2023, reproduisant ainsi les marches forcĂ©es des ArmĂ©niens, le transport par bus des musulmans bosniaques ou la Piste des larmes.
  • La famine comme arme : la famine provoquĂ©e par le blocus fait Ă©cho au blocus de Leningrad, aux famines massives en Union soviĂ©tique et Ă  la situation à Alep et dans la Ghouta orientale en Syrie, mais Ă  une Ă©chelle plus intense et avec moins d’intervention internationale.
  • Bombardement d’hĂŽpitaux et de travailleurs humanitaires : comme à Srebrenica ou lors du massacre de civils tamouls au Sri Lanka en 2009, Gaza a vu des abris de l’ONU, des ambulances et des hĂŽpitaux transformĂ©s en zones de mort.
  • Ciblage des infrastructures de l’ONU : mĂȘme les rĂ©gimes les plus brutaux ont toujours Ă©vitĂ© d’attaquer directement les installations de l’ONU. IsraĂ«l a à plusieurs reprises frappĂ© des Ă©coles, des abris et des convois de l’ONU, reflĂ©tant sa certitude d’impunitĂ© totale soutenue par les puissances occidentales.
  • Guerre psychologique et effacement : les dĂ©placements, la famine, les assassinats ciblĂ©s et l’effacement de la vie civile (archives, bibliothĂšques, universitĂ©s) rappellent le blocus du ghetto de Varsovie, mais ici, il s’agit d’un État dotĂ© de drones, de systĂšmes de guidage par intelligence artificielle et des armes les plus sophistiquĂ©es au monde qui attaque une population civile assiĂ©gĂ©e.

Gaza, laboratoire du génocide colonial

Le gĂ©nocide de Gaza n’est pas seulement un cas de mort massive, c’est un laboratoire oĂč se perfectionne la violence coloniale grĂące Ă  la surveillance, Ă  la technologie et Ă  la propagande. Ce n’est pas seulement un massacre, c’est une doctrine, testĂ©e et normalisĂ©e. Gaza 2023-2025 pourrait entrer dans l’histoire comme :

  • Le ghetto de Varsovie du XXIe siĂšcle, mais avec les rĂŽles inversĂ©s : ici, le mur de la prison est numĂ©rique, aĂ©rien et gĂ©opolitique.
  • Le Stalingrad des enfants, mais ici, c’est la puissance assiĂ©geante qui utilise la famine, les bombardements et la dĂ©shumanisation pour briser la vie civile.
  • Le Guernica de notre temps, mais au quotidien, depuis plus d’un an, et continue de bĂ©nĂ©ficier d’une aide militaire.

Les futurs historiens compareront Gaza non seulement au Rwanda ou au Darfour, mais aussi aux gĂ©nocides qui ont Ă©tĂ© observĂ©s, documentĂ©s et qu’on a laissĂ© se perpĂ©tuer. La comparaison se fera non pas avec le recul, mais dans la honte.

“Plus jamais ça” doit signifier nommer Gaza

Les comparaisons ci-dessus ne sont pas rhĂ©toriques, elles sont empiriques. Elles s’appuient sur le dĂ©compte des morts, des Ă©tudes dĂ©mographiques, des Ă©tudes de mortalitĂ© en temps de guerre et des tĂ©moignages oculaires. Et elles mĂšnent toutes Ă  la mĂȘme conclusion :

Ce qui se passe à Gaza est un génocide.
Il se déroule en temps réel.
Et le monde regarde sans rien faire.

Si Gaza n’est pas reconnue comme un gĂ©nocide, l’expression “Plus jamais ça” ne sera rien d’autre qu’un slogan de deuil sĂ©lectif. Aujourd’hui, nous ne devons rien attendre des tribunaux rĂ©trospectifs. Nous devons nommer, documenter et dĂ©manteler le systĂšme qui permet ce gĂ©nocide.

Gaza n’est pas seulement une zone de guerre. C’est le cimetiĂšre de nos responsabilitĂ©s. Et si le monde n’agit pas, elle deviendra la matrice de futurs rĂ©gimes cherchant Ă  effacer un peuple au nom de la gĂ©opolitique.

Ce moment exige la lucidité :

Pas la neutralité.
Pas les lamentations.

Reconnaissance. Résistance. Réparation.

Conclusion : dĂ©manteler le sionisme, rendre justice —
l’unique solution pour mettre fin au gĂ©nocide

Les preuves sont irrĂ©futables. Les chiffres. Les tĂ©moignages. Les hĂŽpitaux bombardĂ©s. Les enfants affamĂ©s. Les quartiers rasĂ©s. Ensemble, ils tĂ©moignent d’une seule et mĂȘme vĂ©ritĂ© :

Gaza a Ă©tĂ© victime d’un gĂ©nocide.

Ce n’est pas une “guerre”.
Ce n’est pas une “riposte”.
Ce n’est pas un “conflit”.

Il s’agit d’une campagne systĂ©matique orchestrĂ©e par l’État visant Ă  tuer, affamer, terroriser, dĂ©placer et effacer un peuple autochtone. Un gĂ©nocide, planifiĂ© au vu et au su de tous, diffusĂ© en temps rĂ©el et soutenu par les gouvernements les plus puissants du monde.

Comme l’a confirmĂ© Amnesty International dans son rapport de dĂ©cembre 2024, l’attaque d’IsraĂ«l contre Gaza rĂ©pond aux critĂšres juridiques du gĂ©nocide. Mais les dĂ©finitions juridiques ne sont pas la norme suprĂȘme. Ce qui importent avant tout, ce sont les limites morales auxquelles Gaza nous confronte.

Allons-nous permettre Ă  un rĂ©gime colonialiste de terminer ce qu’il a commencĂ© dans les annĂ©es 1880 et officialisĂ© en 1948 ?

Car les rĂ©gimes gĂ©nocidaires ne cessent pas d’eux-mĂȘmes.

Ils doivent ĂȘtre stoppĂ©s.
Ils doivent ĂȘtre dĂ©mantelĂ©s.
Ils doivent rendre des comptes

Cela vaut également pour Israël.


Pour honorer les morts et protéger les vivants, la justice doit aller au-delà des condamnations rhétoriques et passer à une intervention matérielle, politique et structurelle.

1. Cessez-le-feu immédiat et protection des personnes

  • Un cessez-le-feu inconditionnel et immĂ©diat est le minimum absolu.
  • Toutes les parties doivent permettre l’acheminement sans restriction de l’aide humanitaire : nourriture, eau, carburant, mĂ©dicaments, matĂ©riaux de construction.
  • Le blocus doit prendre fin dĂ©finitivement.
  • Des forces de protection internationales – ou des observateurs dĂ©coloniaux sous Ă©gide non impĂ©rialiste – pourraient ĂȘtre nĂ©cessaires pour garantir le droit au retour, empĂȘcher les expulsions massives et protĂ©ger les Palestiniens de futurs massacres.

Comme l’a exigĂ© MĂ©decins Sans FrontiĂšres :

“La destruction totale de la vie palestinienne à Gaza doit cesser”.

Pas de pause. Pas de trĂȘve. L’arrĂȘt total.

2. Responsabilité totale pour les crimes de guerre et le génocide

  • La Cour pĂ©nale internationale doit cesser de tergiverser et dĂ©livrer des mandats d’arrĂȘt contre les plus hauts responsables israĂ©liens, du Premier ministre aux commandants sur le terrain et aux pilotes de drones.
  • Les preuves – ciblage de civils, blocus visant Ă  affamer la population, obstruction Ă  l’aide mĂ©dicale, extermination massive – sont accablantes.
  • Les commandants, les architectes de la politique, les ingĂ©nieurs de la surveillance et les propagandistes doivent ĂȘtre tenus responsables, comme Ă  Nuremberg, au Rwanda, en Sierra Leone et en Yougoslavie.
  • Le veto amĂ©ricain ne confĂšre aucune immunitĂ©. Le monde n’a pas rĂ©ussi Ă  empĂȘcher le gĂ©nocide. Il ne doit pas Ă©chouer Ă  rendre justice.

3. La prévention du génocide est un devoir juridique et moral

  • La Convention sur le gĂ©nocide oblige tous les États Ă  agir pour prĂ©venir, arrĂȘter et punir.
  • Les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Canada, la France et l’Australie, qui ont financĂ©, armĂ© et protĂ©gĂ©le massacre, sont complices Ă  moins de changer de cap dĂšs maintenant.
  • Tous les transferts d’armes doivent ĂȘtre arrĂȘtĂ©s. Toute couverture diplomatique doit ĂȘtre levĂ©e.
  • Le soutien au gĂ©nocide est un gĂ©nocide.

Comme l’a dĂ©clarĂ© MSF :

“Les alliĂ©s d’IsraĂ«l doivent agir sans dĂ©lai pour protĂ©ger la vie des Palestiniens et faire respecter les rĂšgles de la guerre”.

Si l’Occident a pu se mobiliser pour l’Ukraine, il peut aussi se mobiliser pour Gaza. Et s’il ne le fait pas, sa complicitĂ© sera exposĂ©e au grand jour.

4. Réparations et reconstruction à grande échelle

  • Gaza est en ruines. Les hĂŽpitaux, les maisons, les mosquĂ©es, les routes, les Ă©coles ont Ă©tĂ© rasĂ©s. Des dizaines de milliards seront nĂ©cessaires.
  • Mais l’argent seul ne suffira pas Ă  guĂ©rir les blessures.

La reconstruction doit inclure :

  • La levĂ©e permanente du blocus
  • Le retour en toute sĂ©curitĂ© de tous les Palestiniens dĂ©placĂ©s
  • La libertĂ© de circulation, le droit au retour et le rapatriement des rĂ©fugiĂ©s
  • Des soins psychologiques et mĂ©dicaux Ă  long terme, en particulier pour les enfants orphelins, mutilĂ©s et traumatisĂ©s de Gaza

C’est le minimum pour que justice soit faite.

Sinon, nous ne ferons que planter le décor du prochain massacre.

5. DĂ©manteler l’apartheid israĂ©lien et mettre fin au projet sioniste

  • Ce gĂ©nocide n’a pas commencĂ© en 2023.
  • Il n’a pas commencĂ© en 1948.

Il a commencĂ© avec le projet colonial sioniste des annĂ©es 1880, un projet fondĂ© sur la spoliation des terres, l’ingĂ©nierie dĂ©mographique et la suprĂ©matie raciale.

  • Gaza n’est pas une aberration. C’est le sionisme en action.
  • Tant qu’IsraĂ«l existera en tant que rĂ©gime colonialiste et d’apartheid, le gĂ©nocide restera non seulement possible, mais inĂ©vitable.

La justice ne se limite pas Ă  l’arrĂȘt des bombes.

Elle signifie :

  • Mettre fin Ă  l’occupation
  • DĂ©manteler l’apartheid
  • Abolir l’État sioniste
  • Rendre leurs terres, leur droit au retour et leur souverainetĂ© aux Palestiniens, dans toute la Palestine historique
Cela n’a rien d’excessif.
C’est une question de survie.
C’est le strict minimum.

6. Priorité aux survivants, restauration de la souveraineté narrative

Les survivants de Gaza, ceux qui ont perdu leur famille, un membre, leur maison, leur avenir, sont les autorités épistémiques de ce génocide. Ce sont leurs récits qui définissent les faits. Pas les médias occidentaux. Pas les analystes impérialistes. Pas les institutions sionistes qui blanchissent les atrocités pour leur conférer une légitimité.

Un travailleur humanitaire palestinien, aprÚs avoir nommé 36 membres de sa famille assassinés, a posé la question suivante :

“Combien en faudra-t-il encore avant que vous n’agissiez ?”

Le monde n’a pas encore rĂ©pondu.

Mais ce rapport le fait :

Vous auriez dĂ» agir depuis longtemps.

Et maintenant, vous devez aller de l’avant, sans plus attendre.

7. La libĂ©ration, pas la “paix” : vers une Palestine libre

Aucun cessez-le-feu ne peut ressusciter les morts de Gaza.

Aucun mensonge technocratique sur la “solution à deux États” ne peut effacer le nettoyage ethnique.

Seule la libération décoloniale le peut.

Le monde doit :

  • Mettre fin Ă  tout soutien au sionisme
  • Soutenir la rĂ©sistance, le retour et la libĂ©ration menĂ©s par les Palestiniens
  • DĂ©manteler tous les systĂšmes politiques, juridiques et idĂ©ologiques qui ont permis ce gĂ©nocide

Si les morts de Gaza ont un sens, c’est bien celui-ci :

“Plus jamais” ne doit pas ĂȘtre sĂ©lectif.

Cette promesse ne saurait s’appliquer uniquement aux corps blancs, aux États occidentaux ou aux victimes validĂ©es par l’OTAN.

Plus jamais doit signifier plus jamais pour la Palestine.

Faites vivre Gaza. Libérez la Palestine.

DerriÚre chaque chiffre rapporté dans ce document, il y a une vie :

  • Une mĂšre berçant son bĂ©bĂ© dans les dĂ©combres
  • Un poĂšte enseveli sous un bĂątiment effondrĂ©
  • Un enfant dĂ©terrant le corps de son pĂšre dans les cendres

Ce ne sont pas des abstractions. Ce sont des histoires effacĂ©es avec prĂ©cision, en toute impunitĂ© et avec l’approbation de ceux qui se disent “civilisĂ©s”.

Et pourtant, Gaza respire encore. Elle résiste. Elle se souvient.

Nous ne pleurons pas passivement. Nous sommes en colÚre. Nous nous organisons. Et nous faisons le serment que ce génocide ne se terminera pas dans le silence.

Il se terminera par la libération.

Laissez vivre Gaza. Laissez vivre la Palestine. Et que le monde comprenne : cela ne prendra fin que lorsque la machine gĂ©nocidaire d’IsraĂ«l sera dĂ©mantelĂ©e, Ă  la racine.

Tout le reste n’est que complicitĂ©. Tout le reste, c’est une condamnation Ă  mort pour la prochaine gĂ©nĂ©ration.

Nous choisissons la vie.
Nous choisissons la justice.
Nous choisissons la décolonisation.

Maintenant, le monde doit aussi choisir.


Ce n’est pas une aberration, c’est le plan directeur

Les données et les témoignages mettent en évidence une vérité irréfutable :

la destruction de Gaza n’est pas qu’une horreur isolĂ©e. C’est la phase la plus visible d’un gĂ©nocide prolongĂ© et ininterrompu menĂ© contre tous les Palestiniens, du fleuve Ă  la mer.

Il n’a pas commencĂ© en 2023. Il n’a pas commencĂ© en 1947.

Il a commencĂ© dans les annĂ©es 1880, lorsque l’idĂ©ologie sioniste a cherchĂ© pour la premiĂšre fois à dĂ©placer, remplacer et effacer le peuple autochtone de Palestine.

Ne parler que de Gaza –ou seulement de ce moment–, c’est tomber dans un piĂšge :

“L’une des tactiques de propagande sioniste les plus insidieuses a Ă©tĂ© la fragmentation artificielle de la Palestine, en traitant Gaza, la Cisjordanie et les terres de 1948 (l’actuel IsraĂ«l) comme autant de questions distinctes plutĂŽt que comme parties d’un mĂȘme territoire colonisĂ©â€.

— Story Ember leGaïe

Nous rejetons ce morcellement.

Gaza n’est pas distincte de la Cisjordanie. La Cisjordanie n’est pas distincte de JĂ©rusalem. JĂ©rusalem n’est pas distincte de HaĂŻfa, de Lydd, de Jaffa.

Le mur.
Les checkpoints.
Les snipers.
Les arrestations.
Les destructions de maisons.
Le blocus.
Les milices de colons.
Les bombes.
L’eau volĂ©e.
La famine.
La surveillance.
La propagande.

Un seul systÚme. Un seul moteur. Un seul génocide.

Ce n’est pas une guerre, c’est une machine coloniale

IsraĂ«l ne “se dĂ©fend” pas.

Il met en Ɠuvre un programme colonial visant à effacer les populations autochtones.

  • Les bombes sur Gaza relĂšvent du mĂȘme systĂšme que les expulsions Ă  Sheikh Jarrah.
  • Les missiles Ă  Rafah relĂšvent de la mĂȘme logique que les permis, les prisons et les bulldozers Ă  Masafer Yatta.
  • Le blocus de Deir al-Balah relĂšve de la mĂȘme politique que le refus de rĂ©sidence Ă  Lydd, l’apartheid de l’eau Ă  HĂ©bron, les snipers dans les rues de Naplouse.

C’est une seule et mĂȘme guerre. Un seul rĂ©gime. Un seul gĂ©nocide colonial.

Et les rĂ©gimes gĂ©nocidaires ne s »amendent pas. Ils ne s’excusent pas. Ils ne font pas de “pause”.

Ils doivent ĂȘtre dĂ©mantelĂ©s. Ils doivent ĂȘtre abolis.

Le dĂ©mantĂšlement du sionisme n’est pas une option, c’est la seule voie Ă  suivre

  • Les cessez-le-feu font office de triage.
  • L’aide est insuffisante.
  • Les procĂšs de la CPI ont trop tardĂ©.

Mais la vraie justice passe par le démantÚlement du systÚme qui a rendu ce génocide possible : le sionisme.

Cela nécessite :

  • La fin du blocus de Gaza
  • La fin de l’occupation militaire de la Cisjordanie
  • La fin de l’apartheid Ă  l’intĂ©rieur de la Palestine de 1948
  • Mettre fin au vol de terres, aux expulsions forcĂ©es et Ă  la criminalisation de la vie palestinienne
  • Mettre fin au projet sioniste dans son ensemble

On ne peut pas libĂ©rer un peuple tout en prĂ©servant la structure créée pour l’Ă©liminer.

La Palestine est une — et sa libĂ©ration doit ĂȘtre totale

“Pour comprendre ce gĂ©nocide, nous doivent rejeter les perspectives historiques fragmentĂ©es qui sĂ©parent artificiellement Gaza de la Cisjordanie, ou la Cisjordanie de la Palestine de 1948”. — Story Ember leGaĂŻe

La Palestine est une. Le sionisme l’a toujours traitĂ©e comme telle. Nous devons en faire autant.

La libération ne consiste pas seulement à mettre fin aux frappes aériennes.

Il s’agit de :

  • Retour
  • Terre
  • MĂ©moire
  • RĂ©parations
  • SouverainetĂ©
  • Le dĂ©mantĂšlement permanent de tous les systĂšmes de domination coloniale

Laissez vivre Gaza. Laissez vivre toute la Palestine. Démantelez le sionisme.

Aux survivants : Nous vous voyons. Nous croyons en vous. Nous pleurons avec vous. Nous nous soulevons avec vous.

Aux collaborateurs :

Le silence ne lavera jamais le sang sur vos mains.

Au monde :

C’est votre Ă©preuve.

Il n’y a pas de “neutralitĂ©â€Â face aux enfants brĂ»lĂ©s vifs, privĂ©s de nourriture et exterminĂ©s en masse.

Une seule solution :

Mettre fin au génocide.

Démanteler le sionisme.

Libérer toute la Palestine, du fleuve à la mer.

Tout le reste n’est que trahison.


Traduit par Spirit of Free Speech


RÉFÉRENCES

Sur (5) 👁‍🗹 Un gĂ©nocide planifiĂ© – by Spirit’s FreeSpeech
et autres rĂ©fĂ©rences :   👁‍🗹 Les maux de fin de rĂšgne – by Spirit’s FreeSpeech
👁‍🗹 Le dernier chapitre du gĂ©nocide  et  (5) 👁‍🗹 IsraĂ«l bombarde des tentes Ă  Khan Younis & al-Mawasi, massacrant des dizaines de personnes

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

5 rĂ©flexions sur “👁‍🗹 Un gĂ©nocide planifiĂ© contre les arabes de Gaza

  • Jacques Abel

    Toute cette lecture est totalement inutile maintenant, il n’y a pas de dĂ©mantĂšlement qui soit possible, plus de nĂ©gociation et partage qui pourrait faire sens dans l’avenir, comme le message est parti, comme il est arrivĂ© Ă  destination.
    Celles et ceux qui ont jouĂ© de la religion pour se hisser indĂ»ment au-dessus des Hommes pour leur marcher dessus, en ce jour qui symbolise Tout, doivent savoir qu’ici-bas, rien n’est fortuit ni hasard, aujourd’hui est le jour oĂč est annoncĂ© Ă  l’humanitĂ© qu’elle sera dans une avenir dont elle n’imagine mĂȘme pas la proximitĂ©, lavĂ©e et dĂ©barrassĂ©e de toute cette impuretĂ© dont elle ne cesse de souffrir depuis des siĂšcles.

    Saluez la guerre et les désolations, car elles, elles vous saluent!

    Répondre
  • mouchet

    Effroyable gĂ©nocide surtout aprĂšs nos 2 grandes guerres. Les grands esprits de l’obĂ©dience de croyances juives immigrĂ©es aux USA de1933 Ă  1945 ont jurĂ© de se venger en prenant une partie du pouvoir aux USA afin d’ĂȘtre soutenus lors de l’agrandissement d’IsraĂ«l crĂ©e bien avant 1948 c’est Ă  dire juste aprĂšs la fin de la guerre 1939-1945.
    Le rĂ©sultat on le voit maintenant et personne n’ose se mettre en travers des USA commanditaires pour des raisons Ă©conomiques de dettes financiĂšres, afin d’Ă©viter un effondrement trop brusque. Le monde arabe reste sur ses monarchies multimilliardaires les BRICS ont leur soucis de ne plus utiliser le dollars et s’unir contre l’occident. Ainsi va l’humanitĂ© en fournissant toujours des millions de morts. Puisque la fin de la deuxiĂšme guerre mondiale a vu presque autant de morts avec les guerres des USA partout dans le monde la Palestine en faisant partie soit environ 40 millions de morts depuis la guerre de CorĂ©e et toutes les suivantes

    Répondre
  • Normand Bibeau

    Tous les faits relatĂ©s par cet article COUP DE POING au visage de quiconque s’est lire et dispose d’un minimum de luciditĂ© et d’honnĂȘtetĂ© intellectuelle offre la seule solution acceptable,efficace et rĂ©volutionnaire au gĂ©nocide des arabes gazaouis palestiniens martyrs: DÉPORTER LES MERCENAIRES GÉNOCIDAIRES SIONAZIS ISRAÉLIENS DE CE «PEUPLE RÉACTIONNAIRE TOUT ENTIER» dans leur pays d’origine ou dans ceux de leurs sponsors respectifs.

    Ce rĂ©quisitoire doit ĂȘtre complĂ©tĂ©, entre autre, de cet autre:«[B]lanchir le gĂ©nocide, encore & encore.Comment l’ONU blanchit les atrocitĂ©s Ă  Gaza», Spirit’s FreeSpeech from * Spirit Of Free Speech, du 13 avril 2025.

    Dans ce rĂ©quisitoire complĂ©mentaire, les auteurs rĂ©visent l’histoire de la «partition» illĂ©gale et inique de la Palestine et la dĂ©claration unilatĂ©rale et illĂ©gale, du 14 mai 1948, de la «crĂ©ation» de l’État coloniale, suprĂ©maciste, raciste et thĂ©ocratique «IsraĂ«l» , l’État «d’un peuple rĂ©actionnaire tout entier», inventĂ© de toute piĂšce par l’impĂ©rialisme et le social-impĂ©rialisme sur des prĂ©tentions religieuses obscurantistes moyenĂągeuses frauduleuses comme «coin» et «gendarme» des intĂ©rĂȘts capitalistes au Levant et assurer leur domination sur les hydrocarbures, pĂ©trole et gaz naturel, et les voies de transport entre l’Asie et l’Europe.

    DĂšs 1909, suite Ă  la dĂ©couverte du pĂ©trole en Iran en 1908, les impĂ©rialistes britanniques, français et russes lors d’une ConfĂ©rence «secrĂšte» qui s’est tenue Ă  Paris, ont rĂ©solu de mettre en Ɠuvre un programme divisif, de «planter des ‘coins’» dans le panarabisme alors naissant» afin d’assurer leur domination hĂ©gĂ©monique sur l’or noir, le sang vital de l’industrie capitaliste et du moteur Ă  explosion fraĂźchement adaptĂ© Ă  l’automobile, le tout financĂ© par les compagnies pĂ©troliĂšres sous la supervision de leurs estafettes politiciennes et couvert du brouillard merdiatique des merdias mainstream des milliardaires.

    Ce programme réactionnaire de planter des «coins» au Levant se développa sous de nombreuses formes étatiques.
    Ainsi, Il dĂ©buta par la 1 iĂšre Guerre mondiale, le dĂ©membrement et la balkanisation de l’empire Ottoman et la crĂ©ation d’États disfonctionnels rĂ©sultant d’amalgames confessionnels conflictuels.

    A ce premier niveau d’implantation de «coins» rĂ©actionnaires au Levant, l’impĂ©rialisme ajouta le recours systĂ©mique Ă  des coups d’État militaires afin de porter au pouvoir des gouvernements Ă  leur service et dĂ©pendants totalement de l’armement qu’il leur vendait au prix de leur or noir.

    Parmi ces programmes impĂ©rialistes rĂ©actionnaires, s’ajouta celui tout particuliĂšrement rĂ©actionnaire, de crĂ©ation d’«un peuple rĂ©actionnaire tout entier», l’impitoyable projet «sioniste» de crĂ©ation d’un «foyer national juif» Ă  l’exclusion des autres confessions religieuses et en opposition systĂ©mique avec ses voisins au service de l’impĂ©rialisme, par la dĂ©claration Balfour de 1917 dans le mandatorat britannique sur la Palestine.

    Ce projet impĂ©rialiste d’implantation d’un «coin» divisif» consistait Ă  bĂątir en Palestine, au cƓur du Levant et en conflit avec l’entiĂšretĂ© de la langue, de la culture, de la religion et de l’économie locale, une colonie de peuplement composĂ©e de «missionnaires judaĂŻques» conformĂ©ment au modĂšle de colonisation dĂ©ployĂ©e en AmĂ©rique et en Afrique.

    Ces «missionnaires judaĂŻques» en raison mĂȘme de leurs origines, de leur «mission» et de leur vulnĂ©rabilitĂ© dĂ©pendraient totalement du financement, de l’approvisionnement, de l’armement et de la protection des impĂ©rialistes, ce qui en feraient des obligĂ©s absolus aux dictats de ces mĂȘmes impĂ©rialistes car «celui qui paie et fournit les instruments commandent la musique», en somme, «un peuple rĂ©actionnaire tout entier» comme les a dĂ©fini Engels dans sa correspondance.

    DĂšs ses premiers balbutiements, ce projet «sioniste» se caractĂ©risa par son financement impĂ©rialiste par la banque britannique Rothschild et les associations «caritatives» bidons de l’impĂ©rialisme «juif» et le recours aux pires tactiques terroristes fascistes contre les arabes palestiniens autochtones.

    La rĂ©action mondiale, la rĂ©volution bolchevique d’octobre 1917 ,la 1iĂšre Guerre mondiale, la montĂ©e du nazisme, la «Shoah» et la Seconde Guerre mondiale mirent sous la houlette de la discrimination et de la sĂ©grĂ©gation «religieuse» une multitude de «militants religieux judaĂŻques», les mettant soit sur la route de l’émigration ou sur celle de la persĂ©cution, voire du gĂ©nocide.

    Les «judaĂŻques» soviĂ©tiques choisirent en grand nombre celle de l’émigration qui les conduisit sous la dictĂ©e impĂ©rialiste europĂ©enne en Palestine qui devint en quelque sorte, la poubelle des rĂ©actionnaires soviĂ©tiques et des persĂ©cutĂ©s de l’occident chrĂ©tien, une formule explosive qui a revĂȘtu des couleurs confondantes et mystificatrices allant des «kolkhozes» au sinagogues talmudiques.

    DĂ©pourvu de quelques bases industrielles que ce soit et de pĂ©trole, ces Ă©migrants «judaĂŻques» en furent rĂ©duits Ă  se faire offrir d’ĂȘtre soit «agriculteurs» ou mercenaires.L’immense majoritĂ© se vit imposer de se faire mercenaires pour «se protĂ©ger des autochtones dĂ©possĂ©dĂ©s et rĂ©duit Ă  n’ĂȘtre que des Ă©trangers sur leur territoire et des citoyens privĂ©s de leurs droits et aux voisins hostiles Ă  leur invasion et Ă  leurs ingĂ©rences dans leurs affaires internes».
    Les envahisseurs rĂ©actionnaires «judaĂŻques» s’employĂšrent avec frĂ©nĂ©sie Ă  servir leurs maĂźtres impĂ©rialistes mondiaux Ă  travers 29 guerres d’agressions, la NAKBA, une persĂ©cution continue et depuis le 8 octobre 2023, Ă  un gĂ©nocide pur et simple contre les palestiniens autochtones et reçurent en remerciement pour leurs loyaux et rĂ©actionnaires services Ă  l’impĂ©rialisme mondial, tant occidental qu’oriental, la reconnaissance de l’ONU, le financement, l’armement, le peuplement et la plus vaste campagne de propagande dĂ©magogique que l’histoire ait connue, dĂ©passant en menterie et en horreur, autant celle contre les amĂ©rindiens, les indiens, les africains que les «judaĂŻques europĂ©ens» car toutes ces campagnes de propagande dĂ©magogiques bĂ©nĂ©ficiĂšrent de l’ignorance, ce dont la campagne de propagande contre le peuple palestinien martyr ne bĂ©nĂ©ficie pas, du moins totalement.

    Le monde entier sait qu’un gĂ©nocide, une «Shoah par bombes 2.0», se dĂ©roule en Palestine aux mains des mercenaires gĂ©nocidaires SIONÉONAZIS israĂ©liens de ce «peuple rĂ©actionnaire tout entier», gĂ©nocide perpĂ©trĂ© pour le compte de l’impĂ©rialisme mondial, tant U$,qu’U€, qu’OTAN, chinois, russe, iranien, des rĂ©actionnaires arabes des pĂ©tromonarchies, des rĂ©gimes militaires et thĂ©ocratiques musulmans et cela malgrĂ© le matraquage dĂ©mentiel et dĂ©magogique des merdias mainstream des milliardaires et celui des estafettes politiques bourgeois.

    HONTE À CETTE HUMANITÉ QUI VOIT, ENTEND ET SAIT QU’ON GÉNOCIDE la finance, l’arme et la justifie.

    Tout électeur canadien qui est doté de conscience doit condamner quiconque ne condamne pas ce génocide quelque en soit le prétexte.

    Aucun compromis n’est acceptable avec les dieux du gĂ©nocide que sont les gĂ©nocidaires capitalistes libĂ©raux, conservateurs et bloquistes.

    Les SIONAZIS ISRAÉLIENS HORS DE PALESTINE.

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