La signification politique de l’assassinat du Général Qassem Soleimani

Par OCF (France)

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La signification politique de l’assassinat du Général iranien Qassem Soleimani

Après l’assassinat du Général iranien Soleimani, par ailleurs très haut responsable de l’état iranien peut être est il temps de faire le point. Certains parlent de guerre imminente. Ce n’est pas notre point de vue. La guerre n’est pas qu’une question militaire. C’est d’abord et avant tout, pour les impérialistes, une « solution » à une crise économique qu’ils n’arrivent plus à contrôler. L’économie est la base de tous les phénomènes historiques. Dans cette affaire il faut considérer que lors de la dernière semaine de 2019 des manœuvres militaires de grande ampleur avaient lieu dans le Golfe Persique et l’Océan Indien regroupant les armées de la Chine et de la Russie et de l’Iran (30% du pétrole mondial passent par le détroit d’Ormouz (qui « ferme » le Golfe Persique !). Considérons aussi que dans cette même période La Turquie va envoyer des troupes en Libye. Là aussi ça sent le pétrole. Le jour même jour de cette annonce, 02 janvier 2020, Chypre, la Grèce et Israël (et derrière ceux-là … l’Europe !) signent un accord (Eastmed ) pour exploiter les gisements gaziers de la méditerranée orientale et les faire transiter par l’Europe via la Grèce. Autant de faits majeurs en si peu de temps montrent l’empressement des puissances impérialistes à profiter du déclin inexorable des U$A. Oui nous avons bien dit U$A.
Ce pays ne vit que par le crédit illimité qu’il s’accorde (grâce aux dollars monnaie de comemrce international. NDLR) et sa force militaire. Mais à ce jeu on ne peut pas durer longtemps. Les accords économiques spéciaux entre Chine, Inde, Russie, visant à se détacher de la monnaie de singe étasunienne qui est aussi un outil de sanction puissant aux mains des U$A, brisent de fait un pan de l’hégémonie des U$A.
 

A quoi assistons-nous ?

Le nouveau partage du monde est en cours. Depuis Yalta quelques lignes ont bougées à l’Est de l’Europe mais pour l’essentiel la stabilité était préservée entre impérialistes par suite du développement inégal de leurs économies. Les imbéciles qui applaudirent la « chute du mur » n’étaient que les idiots qui regardaient le doigt alors que le sage montrait la lune. Depuis la Chine puis la Russie (avec des modèles économiques de développement très différents) sont sortis de l’état pitoyable ou d’un coté le Kroutchévisme, de l’autre le retard séculaire de l’économie chinoise et les errements de la politique maoïste, les avaient conduits. Loin de réaliser le socialisme sous « un jour nouveau », comme le prétendent certains intellectuels, ces deux pays ont réussi à se hisser à une indépendance nationale forte puis à un niveau de stabilité et d’engagements militaires grandissants. Ils sont devenus des rivaux impérialistes des U$A. Leurs bourgeoisies veulent une part du gâteau mondial et ne se laisseront plus dicter quoique ce soit.
 
Tantôt ensemble (comme dans les manœuvres militaires avec l’Iran) quand leurs intérêts l’exigent; tantôt en opposition quand leurs intérêts divergent (rapports inégaux dans les échanges commerciaux), l’entente l’emporte pourtant face à la nécessité de ne plus céder un pouce de terrain aux occidentaux, Washington en tête. A coté de ces deux impérialismes montants, certains pays anciennement dominés politiquement et économiquement par les gangsters de Washington veulent s’émanciper. L’Iran, l’Inde, la Turquie, trépignent. L’inde s’arme auprès de la Russie en payant en Roubles et en Roupies malgré les menaces de Trump. L’Iran, saigné par un embargo meurtrier, s’engage militairement sur tous les fronts ou U$A et sionistes sont aux avant postes. Rien de ce qui se fait en Irak ne peut se réaliser sans l’accord politique de l’Iran. Et conscient de sa fragilité l’Iran poursuit – à juste titre – son programme d’armement nucléaire dont, par ailleurs personne ne dit mot lorsqu’il s’agit de l’entité sioniste israélienne, sur-armée atomiquement par la France de …De Gaulle. Alors, oui, il est clair que nous sommes au bord d’une guerre. La situation historique est comparable à celle d’avant 1914. Au lendemain de Yalta les «alliés» étasuniens et européens n’eurent de cesse que de continuer à piller «leurs » colonies et ….. ils les perdirent. Ils n’eurent de cesse que de vouloir imposer leur «modèle démocratique» pour le plus grand bonheur des affairistes et capitalistes et aujourd’hui dans cette année 2020 qui commence, partout dans le monde – du Chili à Paris – jusqu’à Beyrouth et Alger, la confiance dans cet «american way of life» qui devait apporter bonheur et prospérité à tous, se déchire. Mais le meurtre du Général Qassem Soleimani, grande perte pour le peuple iranien, n’est qu’un triste épisode. Les capitalistes ne recourent à la guerre qu’en dernière limite. Quand leur économie chancèle complètement, quand il faut mâter leurs peuples révoltés en fabriquant des soldats pour les envoyer à la mort.
 

L’économie capitaliste n’a pas atteint ce stade.

 
La Chine et la Russie n’ont pas encore le niveau économique et militaire suffisant et considèrent qu’il vaut mieux une paix de vendus qu’une guerre incertaine. Chine et Russie ont encore beaucoup de business à faire dans le sous-continent indien et …. En Afrique. L’Afrique, cette chasse gardée de l’impérialisme européen où au nom de la lutte contre le terrorisme on mobilise des milliers d’hommes pour contrôler , en fait, au Sud l’Afrique noire et au Nord ce Maghreb qu’on a déjà en partie détruit (Libye), ou acheté (Maroc) et dont l’Algérie reste cette épine douloureuse (et bourrée de pétrole) pour les héritiers des colons revanchards qui sévissent dans le gouvernement français.
 

Décidément, il y a encore des opportunités de pillages, de magouilles, en perspectives pour «grands» et «petits» impérialistes et ceci d’autant plus que les classes sociales qui au sein même de ces pays seraient en mesure de se révolter et de s’organiser pour abolir le règne du capital sont majoritairement comme le signalait Engels en 1882 «Ici, point de parti ouvrier, il n’y a que des radicaux conservateurs et libéraux; quant aux ouvriers, ils jouissent en toute tranquillité avec eux du monopole colonial de l’Angleterre et de son monopole sur le marché mondial » (Lettre à Kautsky, in L’impérialisme stade suprême du capitalisme ( Lénine).

Mais pour les communistes le constat reste identique : les conditions préalables pour faire échec à une guerre restent: la prise de conscience et l’organisation des classes ouvrières de ces pays impérialistes contre le système capitaliste lui-même. Non pour changer «nos maîtres» par des élections comme le préconisent tous les partis politiques de notre pays, mais par le renversement de l’état des capitalistes.  Mais cela ne tombera ni du ciel ni de «l’auto formation» des ouvriers. La création de Partis Communistes de type bolchéviks reste le passage obligé de tout reversement de l’état des capitalistes.
Le seul moyen d’avoir la paix et la justice sociale.
OCF – Janvier 2020
ocf@kominform.org
 
 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

8 réflexions sur “La signification politique de l’assassinat du Général Qassem Soleimani

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