7 au Front

Critique de la théorie « réaliste » de l’hégémon de John Mearsheimer

Par Normand Bibeau et Robert Bibeau.

Lorsque j’entends Mearsheimer (voir: La Chine deviendra l’hégémon de l’Asie, voilà le « Nouvel Ordre Mondial Capitaliste » (John Mearsheimer) – les 7 du quebec  ou  https://les7duquebec.net/archives/300151 )  parlé des États-Unis, de la Chine, de la Russie, de l’Union Européenne et de chacun des «pays» reconnus ou non, membres de l’ONU, comme d’entité monolithique-indépendante,  j’en suis profondément irrité car ma perception de chacun de ces États ne me les représente nullement comme «monolithique-indépendant-autonome», bien au contraire,  j’y perçois de profondes divisions, de fortes liaisons et d’innombrables conspirations et collusions.

Ainsi, l’hégémon américain est divisé entre sa faction Républicaine et sa faction Démocrate; l’hégémon chinois entre sa faction «confucéenne» et «socialiste à la chinoise»; l’hégémon russe entre sa faction «orientaliste» et sa faction «européiste»; l’hégémon européen entre sa faction «européiste» et sa faction «nationaliste-patriotique» et chaque État capitaliste, petit ou grand, est tiraillé entre les forces «centrifuges-nationales» et les forces «centripètes-mondialistes»… aspirant tous à dominé sa région afin de  s’emparer des richesses et des marchandises que chacun de ces cupides  « clubs financiers » convoite. (Voir cet article:  De quelle « Révolution » Trump est-il le nom? – les 7 du quebec).

A ce niveau de «contradiction», il faut ajouter ceux  liés à la nature: sexe, âge et identité; ceux liés à l’histoire : la langue, la culture, la religion, aux coutumes, aux traditions, etc. et, ultimement, les contradictions  irréconciliables opposant les  classes sociales: esclaves et maîtres; serfs et seigneurs; prolétaires-esclaves salariés et bourgeois-capitalistes… ce dont Mearsheimer ne souffle mot dans sa théorie. (Voir l’article ici: https://les7duquebec.net/archives/300151#comments).

Dans pareilles circonstances conflictuelles, comment Mearsheimer peut-il scientifiquement traiter les U$A, la Chine et la Russie comme des entités monolithiques-indépendantes? Il ne le peut pas, ce qui pose la question de pourquoi un «expert ‘réaliste’ des relations internationales» aussi primé que Mearsheimer, professeur émérite de l’Université de Chicago et père américain de l’école de «realpolitic» ou du «réalisme offensif», induit-il l’opinion publique en erreur sur la réalité des parties constitutives des conflits pour l’hégémonie mondiale?

Pour comprendre ce qui explique cette réthorique, il faut en saisir la «finalité recherchée», l’objectif poursuivi, l’intérêt qu’elle sert. Cet intérêt, Mearsheimer, l’énonce dès ses premières phrases: «le système international vit sous le règne de l’anarchie où il n’existe aucune autorité supérieure aux États, par conséquent, chaque État doit s’auto protéger contre les autres États concurrents» qu’il postule prédateur et seule une «autorité supérieure» pourrait, à la rigueur, contrôler cette prédation anarchique naturelle.

Théoriser que les États bourgeois puissent  n’être autre chose que «prédateur» et toujours ambitionner d’exploiter les autres États à moins d’en être dissuader par une puissance militaire supérieure n’entre pas dans la théorie « réaliste » de Mearsheimer. Pour sa théorie, les États comme les humains naissent «méchants» par nature et seule la force dominatrice opposée peut contenir cette méchanceté originelle, Mearsheimer n’est certainement pas un disciple de Rousseau, mais peut-être est-il un disciple du rébarbatif Christianisme anglo-saxon.

Ce qui rend attrayante pour les intellectuels bourgeois la théorie dite: «réaliste» de Mearsheimer, c’est qu’elle décrit l’«anarchie» que peut refléter la conjoncture internationale mais elle pêche à deux  égards:

Premièrement, elle n’explique pas l’origine même de cette «anarchie»: pourquoi les États plus puissants militairement envahissent les États militairement moins puissants autrement que par l’ambition «naturelle» des États. N’aurait-il pas des ambitions bassement matérielles comme «piller, brigander, voler» les États plus faibles et asservir leur prolétariat pour s’enrichir?

Deuxièmement, elle n’explique pas comment y remédier autrement qu’en construisant un hégémon qui serait cette puissante «autorité supérieure» capable de vaincre l’anarchie qui entraîne les guerres incessantes entre les États.

Cette théorie «réaliste» n’en a que le nom car qui a-t-il de «réaliste» dans la mort et la désolation pour ceux qui de «chair à patrons» sont fait «chair à canons» et meurent au «champ d’honneur pour la patrie» et qui voit leur pays dévasté? Les seuls qui y gagnent sont ceux qui n’en meurent pas et font mourir  les autres, ceux-là même qui propriétaires d’actions dans les compagnies des deux  belligérants s’enrichissent autant de la victoire que de la défaite pour peu qu’ils misent sur les deux camps, ce que l’actionnariat transnational leur permet.

L’anarchie dans les relations internationales capitalistes n’est que le reflet de l’anarchie dans le mode de production capitaliste (MPC) où la «loi du plus fort est la règle» tant de l’économie que de «cet ordre juridique international gouverné par des règles».

Les puissances capitalistes mondiales ont répudié totalement «l’ordre international gouverné par le droit international né des traités sous la supervision de l’ONU» pour faire place à un «ordre international gouverné par la règle du plus fort» comme le démontre présentement la politique de la canonnière des « Trumpistes » anarchistes et décadents.

Il n’est pas certain que l’hégémon américain et ses vassaux canadien, européens, japonais et australien sera l’héhémon victorieux de cette Troisième  Guerre Mondiale qu’ils projettent, loin s’en faut et si le prolétariat mondial n’arrache pas des mains de ces bouchers sanguinaires le couteau nucléaire, le monde est menacé, au mieux, de retourner à l’âge de pierre et au pire de disparaître.

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https://www.editions-harmattan.fr/catalogue/livre/de-l-insurrection-populaire-a-la-revolution-proletarienne/77706

 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

4 réflexions sur “Critique de la théorie « réaliste » de l’hégémon de John Mearsheimer

  • Jacques Abel

    Tout, absolument tout ici-bas, à l’heure actuelle, est dû et uniquement dû, au fait religieux.
    Je l’ai dit à plusieurs reprises, si on ne tient pas compte du rapport entre le nathinæus (terme, qui depuis 2015 il très difficile de trouver la définition, et pour cause, elle est quasiment la même que celle du), prolétaire de Marx.
    En gros, des gens qui naissent pour servir une espèce « d’élite » autoproclamée, ce qui nous ramène à un passage biblique:

    « Je connais tes oeuvres. Voici, parce que tu as peu de puissance, et que tu as gardé ma parole, et que tu n’as pas renié mon nom, j’ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer. Voici, je te donne de ceux de la synagogue de Satan, qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui mentent; voici, je les ferai venir, se prosterner à tes pieds, et connaître que je t’ai aimé. »

    Que cherchons-nous, que voulons-nous, où allons-nous, est-ce qu’à l’époque où nous sommes, la Vérité, c’est quelque chose, ou Quelqu’un?

    La politique et la théologie, ne sont pas des sciences, si on entend par là, produire un effort intellectuel pour construire une synthèse rationnelle, des faits.
    De sorte que, c’est de la véritable expérience humaine impossible à échapper à notre connaissance, que peuvent venir nos conclusions, et non sur la déification de tel ou telle (car l’avis de certaines femmes est précieux), j’entends par là que, la véritable réflexion, requière beaucoup d’intelligence et très peu d’intellectualité.
    Il n’existe pas d’enchainement d’idées sensées qui ne puisse pas rencontrer le réel de l’Homme, qui est pour celui-ci, la glorification de la Vie, puisqu’à ma connaissance, mais je peux me tromper, il n’existe aucun concept intellectuel qui engendre la Vie

    Par contre, pour ce qui est d’engendrer la mort, que n’avons-nous pas à notre disposition?

    Hiérarchiser la condition de chaque Homme en une appartenance de classe ne me semble absolument pas susceptible d’en faire sortir aucun de cet enfermement, ô combien bourgeois, où le marxisme les tient tous enfermés afin qu’ils puissent servir cette « élite » incapable et inapte à penser humainement.
    De mon point de vue, une idée pour être vraie doit obligatoirement être, existentielle, penser correctement signifie nécessairement réfléchir avec une certaine affectivité, c’est le fond très secret de chaque Homme qui se livre en ça, là où se joue son ouverture sur, la Vie.

    Toutes les théories sur lesquelles nous voudrions nous appuyer pour faire cesser d’exister l’odieuse condition où sont enfermés les masses d’Hommes, nous ne le voyons malheureusement pas, mais, elles conduisent toujours plus à l’endurcissement à son égard.
    Les illusions, aussi agréables à regarder soient-elles, ne sont pas des faits de Vérité, ce sont des illusions, or, à quoi nous sert-il vraiment de prendre une illusion pour en combattre d’autres?

    Les théoriciens auxquels nous nous référons, sont certes, des intellectuels, mais d’autant plus aveugles que moins intelligent, des réalités.
    Je ne suis pas là en tant que prêcheur, je n’en suis pas un, toutefois, à chaque fois qu’une société humaine s’est mise à dogmatiser une forme ou une autre d’athéisme, elle a toujours fini par terre, l’ex-URSS ne fait pas exception à cette règle.
    Alors, à un moment donné, il faudra bien que nous cessions de concevoir dans l’enfermement où « on » nous convainc, du dualisme et du dirigisme, car les deux ne provoquent que des déchirures dans l’Homme, qu’aucun système de pensée incapable d’exploser les anciennes théories ne peut raccommoder, le dualisme ne sait que nous diviser chacun de l’autre, quand le dirigisme délimite drastiquement la sphère où nous pouvons agir librement sans que notre activité ne puisse être entravée par quelqu’un d’autre.
    Encore une illusion forte, celle de liberté.

    Le fameux: « La liberté des uns, s’arrête là où commence celle des autres. » Ineptie!
    Dans le monde humain présent, quel État, incarne une valeur ou un pouvoir moral tel, qu’il puisse s’arroger une telle propension de « son » droit sur nous?

    D’accord que le droit puisse constituer une barrière à l’empiètement de quiconque sur autrui, mais certainement pas au point d’entraver les libertés, pourtant c’est exactement ce dans quoi nous vivons, en nous contentant d’agir et voir que là où « on » nous a aliéné à le faire.

    Dans la situation mondiale actuelle, « pré-apocalyptique », en occident, quel droit avons-nous chacun à sa place?
    Certainement pas celui d’exiger ou d’obtenir légalement par contrainte, si nécessaire, ce normalement dû en tout point, alors, quels sont réellement nos Droits, si nous n’avons pas cette possibilité d’obtention?
    Le droit ne peut être que rationnel, c’est une puissance normative ou censée l’être, si, moralement les conditions sociales l’exigent, il ne devrait pas pouvoir se dérober à nous si nos exigences sont légitimes face à la raison, or, tant qu’il peut se dérober et que nous laissons faire, la vraie question que nous devrions nous poser, selon moi c’est la suivante:

    Quel genre humain acceptons-nous d’être, puisque chaque occidental depuis au minimum 30 ans, renonce avant qu’il ne soit promesse de naissance, de vivre en Être n’ayant pas son Droit, donc, n’ayant un Pouvoir?
    Même celui sur l’instant et les conditions de notre mort nous sommes prêts à l’abandonner sans broncher, c’est dire.

    Qui est-il vraiment fautif et à blâmer dans tout ça, la bourgeoisie, le capitalisme ou je ne sais quoi d’autre, mais surtout pas l’Être humain?
    C’est trop faible tout ça, c’est même faire preuve de beaucoup de zèle envers soi-même (attention, ce propos n’est nullement adressé aux auteurs, c’est une généralité, comme le reste de la réflexion d’ailleurs), je crois en l’esprit humain en tant que faculté d’ordre et d’objectivation.
    Bien évidemment que je suis pour une totale remise à plat de tous les préceptes qui nous font tourner jusqu’à notre mort comme des vers à soie, mais, j’ai aussi totalement conscience de cette dynamique de l’indétermination que favorise notre mentalité dualiste, que somme toute, nous chérissons, au fond.

    Très honnêtement, je ne crois pas une seconde à l’anéantissement planétaire donc au retour de l’âge de pierre, autrement, tout mon développement n’aurait aucun sens, pour autant, même en exécrant profondément la guerre, il m’est impossible de nier que, l’intelligence ne reparaîtra pas en masse, si la vie humaine n’est pas massivement menacée.
    Ça n’est pas du cynisme, mais quand on peut vendre la mort aussi sereinement qu’on le fait actuellement, il est évident pour moi que la vie a perdu sa sacralité dans la tête de l’Homme, alors, il faut réconcilier la pensée et la sagesse chez lui

    Qui mieux que la guerre peut faire ça aujourd’hui?

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  • Jacques Abel

    Erratum.

    « Quel genre humain acceptons-nous d’être, puisque chaque occidental depuis au minimum 30 ans, renonce avant qu’il ne soit promesse de naissance, de vivre en Être ayant son Droit, donc, ayant un Pouvoir? »

    Brève explication à cette phrase, si les géniteurs eux-mêmes ont renoncé avant de procréer, leur perpétuation ne remettra rien en question quant à ça, sauf à l’aune d’une révolution intellectuelle, et pas que…

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